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"Disney100 : L'Exposition"
À Paris Expo, Porte de Versailles

L'article

rédigé par Karl Derisson
Publié le 19 avril 2025

Fondés le 16 octobre 1923, les studios Disney ont fêté, en 2023, leur centième anniversaire. Afin de célébrer dignement ce premier siècle d’existence, plusieurs événements ont alors été organisés aux États-Unis et à travers le monde. Parmi eux, l’exposition itinérante Disney100: The Exhibition a notamment offert aux visiteurs de découvrir certains des plus beaux trésors entreposés depuis cent ans dans les archives de l’entreprise. Présentée pour la première fois à Philadelphie, aux États-Unis, et à Munich, en Allemagne, celle-ci a ensuite voyagé, passant par Londres, Chicago, Kansas City et Séoul. Le 10 avril 2025, c’est au tour du public français d’accueillir la manifestation présentée à Paris Expo, Porte de Versailles, sous le nom Disney100 : L’Exposition.

Un peu d’histoire…

L’histoire des studios Disney débute à la fin des années 1910. Tout juste revenu d’Europe où il a servi comme ambulancier au lendemain de la Première Guerre mondiale, Walt Disney est un artiste en herbe désireux de faire carrière. Alors âgé de dix-huit ans, il refuse en effet de suivre la voie tracée par son père, Elias, qui a investi ses économies dans une usine de fabrication de sodas. Faisant le choix de quitter le domicile familial, le jeune Walt trouve ainsi une place chez Pesmen-Rubin où il est chargé de concevoir des affiches publicitaires. Là, il se lie d’amitié avec son collègue, Ub Iwerks, avec qui il s’affranchit et fonde son premier studio, l’Iwerks-Disney-Commercial Artists. Pleine de promesses, l’aventure se solde néanmoins par une faillite retentissante… Retrouvant un emploi à la Kansas City Film Ad Company, Walt Disney n’attend pas pour retenter sa chance et crée, le 23 mai 1922, la Laugh-O-Grams Films. Iwerks est une nouvelle fois de la partie avec d’autres partenaires tels qu’Hugh Harman et Rudolf Ising. Malgré l’enchaînement de petits films divertissants, la société boit rapidement la tasse et ferme à l’automne...

Sur la paille, Walt Disney décide d’abandonner son Midwest natal afin de rejoindre son frère, Roy O., en convalescence en Californie. Sans le sou, il n’a avec lui qu’une simple valise remplie de vêtements bon marché, ainsi que la bobine d’un court-métrage inachevé, Alice’s Wonderland, dans lequel une jeune actrice est projetée dans un monde animé. Arrivé à Los Angeles, Walt Disney loue le garage de son oncle Robert et, le 16 octobre 1923, fonde avec Roy un nouveau studio, le Disney Brothers Studio, rebaptisé en 1926 Walt Disney Studio. Pour commencer, le jeune cinéaste achève son film vendu à la distributrice new-yorkaise Margaret Winkler qui passe commande de six nouveaux courts-métrages. Une nouvelle collection voit le jour, les Alice Comedies, couronnée d’un beau succès. En 1927, un nouveau héros voit à son tour le jour, Oswald, le Lapin Chanceux.

Marié à Lillian Bounds, Walt Disney est plus optimiste que jamais. Ses petits films amusent le public. Pour la première fois, il parvient à vivre de son art. Mais ses projets sont rapidement réduits à néant lorsque Charles B. Mintz, le mari de Margaret Winkler, le dépossède de son personnage. Si Disney est le créateur des aventures d’Oswald, ce dernier appartient en effet au distributeur qui décide de débaucher tous les artistes des studios et de poursuivre à son compte la collection de dessins animés. Une énième faillite semble alors se profiler à l’horizon. La légende raconte que sur le chemin du retour vers la Californie, Walt Disney imagine un nouveau héros prénommé, sur une proposition de Lillian, Mickey Mouse. Mise en scène dans deux premiers cartoons, L’Avion Fou et Le Gaucho, la souris permet à son créateur d’entrer définitivement dans l’histoire en apparaissant le 18 novembre 1928 en train de siffloter à la barre d’un navire dans Willie le Bateau à Vapeur, le tout premier court-métrage animé sonore de l’Histoire. La carrière de Mickey est ainsi lancée. Disney transforme rapidement l’essai en réalisant en parallèle une nouvelle série, les Silly Symphonies, alliance formidable entre le dessin et la musique.

Accumulant les Oscars et les récompenses, Walt Disney est loin de se reposer sur ses lauriers. L’innovation est son mot d’ordre. En 1932, il introduit la couleur dans le court-métrage Des Arbres et des Fleurs. Il perfectionne au passage la technique de ses artistes, tous renvoyés sur les bancs de l’école, à l’Institut Chouinard. Il fait par ailleurs le choix de développer de nouvelles technologies pour parfaire son art, à l’image de la caméra Multiplane qui offre profondeur et perspective à ses films. Ce travail de formation et d’innovation est alors utilisé pour produire son premier long-métrage animé et sonore, Blanche Neige et les Sept Nains (1937), qui marque pour toujours l’Histoire du cinéma. C’est le début d’une formidable série de longs-métrages : Pinocchio (1940), Fantasia (1940), Dumbo (1941), Bambi (1942).

Frappé de plein fouet par la grève de 1941, témoin de la défiance d’une partie de ses équipes à son encontre, et par la Seconde Guerre mondiale qui lui ferme le marché européen et entame les finances de ses studios, Walt Disney débute dans la douleur la décennie 1940. Durant cette période, il sert activement l’effort de guerre avant de reprendre une activité « normale » en 1944. Exsangue, son entreprise participe à la politique de bon voisinage des États-Unis avec l’Amérique du Sud grâce à Saludos Amigos (1943) et Les Trois Caballeros (1945). Disney combine par ailleurs certains courts-métrages dans des films d’anthologie tels que La Boîte à Musique (1946), Coquin de Printemps (1947), Mélodie Cocktail (1948) et Le Crapaud et le Maître d’École (1949). Il se lance enfin dans la production de films mêlant animation et prises de vues réelles avec Mélodie du Sud (1946) et Danny, le Petit Mouton Noir (1949). Voyant une partie des bénéfices de ses films bloqués en Europe, il envoie ses équipes au Royaume-Uni où il met en chantier ses premiers films entièrement avec des acteurs, L’Île au Trésor (1950), Robin des Bois et ses Joyeux Compagnons (1952), La Rose et l’Épée (1953) et Échec au Roi (1954). La diversification de ses activités se poursuit en parallèle avec la production de documentaires animaliers, notamment L’Île aux Phoques (1948), La Vallée des Castors (1950), Le Désert Vivant (1953) et La Grande Prairie (1954) qui inaugurent la série des True-Life Adventures.

Fort du succès de Cendrillon (1950), Peter Pan (1953) et, dans une bien moindre mesure, d’Alice au Pays des Merveilles (1951), Walt Disney ne tarde pas à rapatrier la réalisation de ses films live en Amérique, à commencer par celle de 20 000 Lieues Sous les Mers, l’un de ses plus grands triomphes du moment (1954). La production de nouveaux longs-métrages animés se poursuit avec La Belle et le Clochard (1955) et La Belle au Bois Dormant (1959). Disney s’invite également dès 1954 sur les ondes avec plusieurs programmes spéciaux puis une toute nouvelle émission de télévision, Disneyland, grâce à laquelle il réunit une partie de l’argent nécessaire pour l’édification de son parc, Disneyland, inauguré le 17 juillet 1955 à Anaheim. Devenu l’un des rois du divertissement, Walt Disney est sur tous les fronts. Son entreprise est prospère. Les 101 Dalmatiens (1961) pulvérise le box-office, tout comme Quelle Vie de Chien ! (1959), Pollyanna (1960), Les Robinson des Mers du Sud (1960), La Fiancée de Papa (1961) ou bien encore Mary Poppins (1964), son plus gros succès récompensé par une pluie d’Oscars. À la télévision, ses parts d’audience accumulent les records. Son parc ne désemplit pas, devenant de fait un modèle du genre. Le nom de Disney s’affiche partout, notamment à Squaw Valley, lors des VIIIe Jeux olympiques d'hiver en 1960, ou à New York lors de la Foire internationale de 1964.

Le 15 décembre 1966, le monde est sous le choc en apprenant la mort de Walt Disney, décédé à l’âge de – seulement – soixante-cinq ans. La question de la survie de ses studios se posent alors inévitablement. L’entreprise est heureusement maintenue à flots grâce aux artistes, à une direction solide réunie autour de Card Walker, Ron Miller et Donn Tatum, et surtout grâce à Roy qui poursuit malgré tout l’activité. Les productions du (Le) Livre de la Jungle (1967), Le Fantôme de Barbe-Noire (1968), Les Artistochats (1970), entre autres, sont achevées. La construction d’un second Parc en Floride, Walt Disney World, est lancée. Il est inauguré en octobre 1971 par Roy qui décède quelques semaines plus tard. Les projets les plus coûteux et les moins prometteurs sont remisés au placard à l’image de la station de sports d’hiver de Mineral King. D’autres sont minorés comme EPCOT, la ville du futur transformée en Epcot, un second Parc construit en Floride.

L’absence de projet d’envergure entame la réputation des studios Disney dans les années 1970. Si les Parcs restent lucratifs, la branche cinéma est en plein désarroi avec des films moins ambitieux tels que Pas Vu, Pas Pris (1972), Robin des Bois (1973), Le Nouvel Amour de Coccinelle (1974), Les Aventures de Bernard et Bianca (1977), Rox et Rouky (1981)… Disney est le grand absent des cérémonies des Oscars qui se succèdent. Au moment où la vieille garde se retire, la jeune génération doit relever le défi de préserver l’héritage Disney. Vendu pompeusement comme le « nouveau Blanche Neige et les Sept Nains », Taram et le Chaudron Magique (1985) manque d’enterrer une fois pour toute la division animation sauvée grâce à de petits films moins ambitieux, Basil, Détective Privé (1986) et La Petite Sirène (1988), prémices d’un nouvel âge d’or. La Montagne Ensorcelée (1975), Le Trou Noir (1979) et Tron (1982) offrent également à la branche cinéma de prendre de l’envergure.

Renforcés par la filiale Touchstone Pictures grâce à laquelle des films plus adultes sont proposés, comme Splash (1984), La Couleur de l’Argent (1986), Good Morning Vietnam (1987), Cocktail (1988) et Pretty Woman (1990), les studios Disney connaissent un regain d’activité et de popularité dans les années 1990 sous la direction de Michael Eisner, Frank Wells et Jeffrey Katzenberg. Chérie, J’ai Rétréci les Gosses (1989), La Belle et la Bête (1991), Les Petits Champions (1992), Aladdin (1992), Hocus Pocus, les Trois Sorcières (1993), Rasta Rockett (1993), Le Roi Lion (1994), Super Noël (1994), Les 101 Dalmatiens (1996) et À Nous Quatre (1998) font main basse sur le box-office. Toy Story (1996), premier film animé en imagerie numérique, inaugure le partenariat entre Disney et Pixar. À la télévision, des séries comme La Bande à Picsou (1987-1990) et Gargoyles – Les Anges de la Nuit (1994-1997) deviennent des classiques du genre permettant notamment à Disney Channel de décoller (1983). La branche télévision se développe avec l’acquisition d’ABC en 1996. Le marché de la vidéo prend son envol. Le modèle des Parcs Disney s’exporte en Asie avec Tokyo Disneyland (1983) et en Europe avec Disneyland Paris (1992). Le 1er janvier 1998, les passagers embarquent à bord du Disney Magic, le premier paquebot de la Disney Cruise Line fondée en 1995.

La décennie 2000 est à son tour ponctuée par de réussites, en particulier Pirates des Caraïbes, la Malédiction du Black Pearl (2003), l’adaptation de la célèbre attraction des Parcs Disney qui continuent de se déployer à Hong Kong (2005) puis Shanghai (2016). Alice au Pays des Merveilles de Tim Burton (2010) inaugure la tradition des adaptations de classiques animés en prises de vues réelles. En 2005, Disney devient propriétaire de Pixar dont les succès au box-office s’enchaînent avec Monstres et Cie (2001), Le Monde de Nemo (2003), Les Indestructibles (2004), Ratatouille (2007), Là-Haut (2009). Alors que l’animation 2D vit ses derniers instants avec La Princesse et la Grenouille (2008) et Winnie l’Ourson (2011), Raiponce (2010), Les Mondes de Ralph (2012) et surtout La Reine des Neiges (2013) deviennent de beaux succès qui compensent les résultats décevant du (Le) Drôle de Noël de Scrooge (2009) et Milo sur Mars (2011) nés de la collaboration avec ImageMovers Digital. Les studios Disney poursuivent leur expansion avec les rachats de Marvel (2009), Lucasfilm, Ldt. (2012) et 21st Century Fox (2019). En novembre 2019, Disney+ marque l’entrée dans le secteur de la vidéo à la demande. Alors que Disney fête ses cent ans, le public s’émerveille devant Encanto, la Fantastique Famille Madrigal (2021), Cruella (2021), Avatar : La Voix de l’Eau (2022) et Vice-Versa 2 (2024). L’héritage de l’entreprise transparaît dans d’autres films – parfois moins glorieux – tels qu'Il Était une Fois un Studio (2023), Wish – Asha et la Bonne Étoile (2023) et Blanche Neige (2025).

Le concept : offrir une fenêtre sur les archives de Disney à travers le monde entier

Créée par les équipes de The Walt Disney Research Library dirigées par Becky Cline, Disney100 : L’Exposition est pensée comme un moyen d’offrir au public du monde entier une petite fenêtre sur les archives accumulées années après années par les studios Disney. Depuis un siècle, des dizaines, des centaines de milliers d’artefacts ont en effet été rassemblés. Durant les premières décennies, leur conservation n’était en aucun cas une priorité. De son vivant, il n’était ainsi pas rare que Walt Disney offre des dessins d’animations, des feuilles de celluloïds ou des décors peints de ses productions à ses amis ou aux invités prestigieux visitant ses studios. D’autres étaient mis à la disposition de la galerie d’art Courvoisier qui, après les avoir joliment encadrés, les proposaient en vente. Entre septembre 1955 et septembre 1966, les visiteurs de Disneyland à Anaheim pouvaient eux-mêmes s’offrir un morceau d’histoire en achetant un celluloïd au Art Corner ouvert à Tomorrowland. Quant aux décors et aux accessoires de cinéma, beaucoup ont été réutilisés, encore et encore, et parfois détruits à la fin d’un tournage.


Concept art de la section « Au Commencement »

Seuls les objets les plus qualitatifs et les plus mémorables étaient ainsi conservés par Walt Disney et ses équipes, à l’image des chevaux de manège de Mary Poppins entreposés durant des années dans des caisses en bois, à l’abri de la lumière, du temps et du regard du public. L’idée de créer un véritable endroit pour garder ces trésors est réellement née en 1970. À l’époque, Roy O. Disney envisage de collecter et de préserver l’héritage de son frère et de son entreprise pour les générations futures. Pour ce faire, il met sur pied une nouvelle division chargées des archives. Celle-ci est alors confiée à un jeune employé, Dave Smith, missionné en premier lieu pour faire l’inventaire de toutes les affaires et autres meubles contenus dans le bureau même de Walt, à l’abandon depuis le décès de ce dernier. Smith devait également consacrer son temps au sauvetage des pièces les plus endommagées. Il pouvait par ailleurs racheter les objets, livres et autres œuvres d’art disséminés çà et là au fil du temps.


Concept art de la section « D'où viennent les histoires ? »

Rapidement, Dave Smith, puis ses successeurs, en particulier Becky Cline, ont eu à cœur d’ouvrir les archives au public. Les animateurs et les artistes des studios ont été les premiers autorisés à plonger dans les documents d’antan. Les chercheurs et les historiens ont été les suivants. Les visiteurs occasionnels des studios Disney étaient eux-mêmes guidés vers certaines salles où quelques artefacts étaient exposés. Graal suprême, certains pouvaient prendre la pose en tenant fièrement entre leurs mains l’Oscar du Meilleur Film Documentaire gagné par Le Grand Désert Blanc en 1959. Dès les années 1980, plusieurs expositions itinérantes ont permis à certains trésors d’aller à la rencontre du plus grand nombre. Parmi les plus importantes, figure notamment l’exposition D23 Presents Treasures of the Walt Disney Archives ouverte le 6 juillet 2012 à la (The) Ronald Reagan Presidential Foundation and Library. Inaugurée en 2001, l’année du centenaire de Walt Disney, l’attraction Walt Disney: One Man’s Dream présentait elle-même une belle collection d’objets aux visiteurs des Disney’s Hollywood Studios. L’émission documentaire Souvenirs de Tournage est elle-même conçue en 2020 pour présenter certains objets iconiques aux abonnés Disney+.


Concept art de la section « L'Esprit de l'aventure et de la découverte »

Pour fêter le centenaire des studios Disney, Becky Cline et ses collègues ont passé quatre ans à mettre sur pied l’exposition Disney100: The Exhibition. L’idée est alors de présenter 250 « joyaux de la couronne » appartenant à tous les médias et à toutes les époques parcourues par la société. Réunis autour de dix thématiques, plusieurs affiches, costumes, maquettes et objets originaux sont sortis des entrepôts. Plusieurs documents, dessins, celluloïds et décors sont pour leur part digitalisés et réimprimés avant d’être encadrés. Des centaines d’extraits de films sont par ailleurs montés. Un prologue inédit est enfin réalisé permettant de ressusciter Walt Disney afin que celui-ci se charge « en personne » d’accueillir le public.

Deux versions de l’exposition ont été conçues. La première, la version A, est initialement destinée à voyager à travers l’Amérique du nord. La seconde, la version B, doit quant à elle parcourir le monde. Installée à Philadelphie du 18 février au 27 août 2023, la version A s’installe à Chicago du 18 novembre 2023 au 4 avril 2024, puis à Kansas City du 24 mai au 30 novembre 2024. Présentée à l’Olympiapark de Munich du 18 avril au 3 septembre 2023, la version B arrive à Londres du 13 octobre 2023 au 23 juin 2024. Exceptionnellement, les deux versions de l’exposition sont sorties des États-Unis en 2025. La version B est ainsi présentée à Séoul du 18 octobre 2024 au 1er juin 2025. La version A – « l’Américaine » – est celle montrée à Paris du 10 avril au 5 octobre 2025.

L’écrin : Paris Expo, Porte de Versailles

Inaugurée le mercredi 9 avril 2025, et ouverte au public dès le lendemain, le jeudi 10 avril 2025, Disney100 : L’Exposition s’installe, pour sa troisième étape européenne, au sein du pavillon 2.1 de Paris Expo, Porte de Versailles.

Le chantier du premier palais des expositions est lancé en 1923 afin d’accueillir la Foire de Paris qui, jusqu’à présent, était organisée sur le Champ-de-Mars, au pied de la Tour Eiffel. Trente-cinq hectares de terres sont alors sélectionnés au croisement de Paris, Issy-les-Moulineaux et Vanves, sur l’emplacement de l’ancienne enceinte de Thiers, détruite pour l’occasion. Une vingtaine de halls sont dessinés par les architectes Paul Viard et Marcel Dastugue. Construits le long du boulevard Lefebvre et de l’avenue Ernest-Renan, ces derniers accueillent pour la première fois la Foire de Paris en 1926. En 1937, le site est orné d’une entrée monumentale prenant la forme de quatre tourelles illuminées imaginées par Louis-Hippolyte Boileau et Léon Azéma. Festif, l’endroit est fermé et réquisitionné par l’armée allemande durant la Seconde Guerre mondiale.


Le parc des expositions de Paris, 1953
(photographie de Roger Henrard, Musée Carnavalet, Paris)

Le palais des expositions commence une nouvelle vie dans les années 1950 et 1960 avec, entre autres, l’arrivée du Concours Général Agricole (puis du Salon de l’agriculture en 1964) et du Salon de l’automobile en 1962. Des travaux d’envergure sont accomplis dans les années 1970 pour agrandir sa superficie. Une large partie des bâtiments d’origine sont démolis pour être remplacés par des installations plus modernes, trois amphithéâtres et des salles de réunion. D’autres événements s’ajoutent, comme le Salon nautique et le Salon du livre, en plus d'expositions ponctuelles dédiées, entre autres, au Titanic ou bien à Harry Potter… Chantier lancé en 2008, la Tour Triangle vient changer une nouvelle fois l’apparence des lieux qui, ponctuellement rebaptisés Arena Paris Sud, accueillent, durant l’été 2024, certaines épreuves des Jeux olympiques et paralympiques (volleyball, tennis de table, boccia, handball, haltérophilie).

Le vernissage, jeudi 9 avril 2025

Le jeudi 9 avril 2025, de 17h00 à 21h00, une partie de la presse, des influenceurs et quelques sites de fans sont invités au vernissage de Disney100 : L’Exposition à la Porte de Versailles. Pour l’occasion, les petits plats ont été mis dans les grands. Becky Cline, la directrice de The Walt Disney Research Library a fait le déplacement pour prononcer le discours d’inauguration.


Becky Cline

Bienvenue ! 

Je suis ravie d’être ici, parmi vous, aujourd’hui, pour l’inauguration de cette exposition. Disney100 : L’Exposition est la première du genre à être présentée ici, en Europe. Nous l’avons lancée à Munich il y a deux ans. Et aujourd’hui, la voici qui arrive à Paris, un moment mémorable pour l’ensemble de notre équipe.

Comme vous le savez sans doute, en 2023, les studios Disney ont célébré une étape importante dans leur Histoire, un siècle d’histoires, de créativité et de magie. Au sein des Archives, nous sommes heureux de partager un moment unique qui célèbre les personnages emblématiques et les récits ayant marqué le cœur du public à travers le monde entier.
Walt Disney a dit un jour : « J’espère que personne ne perdra jamais de vue que tout a commencé par une souris ». Je pense qu’il était, ce jour-là, un peu trop modeste. Tout a en réalité commencé bien avant que Mickey Mouse ne sifflote à la barre de son navire. Tout a débuté le 16 octobre 1923, lorsqu’un brillant jeune homme a signé un contrat pour produire une série de films muets.


Becky Cline

Pour raconter l’Histoire des studios Disney, nous sommes remontés aux origines et nous sommes intéressés à la façon dont Walt a créé sa propre magie et à la manière dont il a développé sa propre philosophie et ses idées, lesquelles continuent, aujourd’hui encore, d’influencer tout ce qui se fait au sein de la compagnie.

Aujourd’hui, nous invitons l’ensemble d’entre vous à revivre cent ans de magie en parcourant nos neuf galeries interactives. Chacune d’elles est consacrée aux idées de Walt et à la manière dont ceux qui marchent dans ses pas continuent de perpétuer la magie.

Je vous remercie tous d’être venus pour passer avec nous cette soirée spéciale.

J’ai à présent l’honneur de vous présenter un membre très spécial de la famille Disney – qui est également un très bon ami. Merci d’accueillir Roy P. Disney.

Roy P. Disney, fils de Roy E. Disney, petit-fils de Roy O. et petit-neveu de Walt, monte sur scène.


Roy P. Disney

Bonjour ! Bonsoir ! Je parle un petit peu français, mais pas très bien. (en français dans le texte)
Alors, en anglais, per favor ! (en espagnol dans le texte !)

Merci Becky pour ton chaleureux accueil et bonsoir à tous.
C’est un plaisir d’être ici ce soir pour célébrer l’ouverture de Disney100 : L’Exposition à Paris. Cette exposition montre l’incroyable héritage de The Walt Disney Company que mon grand-père, Roy Oliver, a fondée avec son frère Walt, mon grand-oncle, le 16 octobre 1923. Les galeries que vous vous apprêtez à traverser mettent la lumière sur l’incroyable histoire de Disney au cours des cent dernières années.

La première d’entre elle, baptisée « Au commencement » présente la manière dont mon grand-père et son frère Walt ont fondé The Disney Brothers Cartoon Company. Lorsque mon grand-père a validé la création des archives, il y a cinquante-cinq ans, il a engagé Dave Smith, le premier archiviste de la société, et la première tache qui lui a été confiée fut de faire l’inventaire intégral du bureau de Walt. L’un des objets que vous verrez dans cette première galerie s’appelle un zootrope, l'un des premiers appareils d’animation datant du XIXe siècle et originaire de France. Walt l’avait exposé fièrement dans son bureau. 

Au cours des années, les archives Disney et leurs collections se sont considérablement étendues, ce qui permet aujourd’hui aux équipes de créer des expériences uniques comme celle-ci pour le plus grand plaisir de générations de fans.

Un artefact spécial que vous allez découvrir dans cette exposition est un télégramme envoyé par Walt à mon grand-père. Celui-ci marque l’un des grands moments dans l’Histoire de la compagnie. En 1928, le destin avait rendez-vous avec Walt qui apprenait qu’il avait perdu le contrôle sur son personnage vedette, Oswald, le lapin chanceux. Sa femme Lillian et lui ont alors entamé le voyage du retour vers Los Angeles. Assis dans ce train, il n’avait plus de personnage et plus aucun projet d’avenir. Il a envoyé ce télégramme à mon grand-père pour le rassurer et lui dire que tout allait bien se passer. Walt a ensuite raconté l’histoire selon laquelle c’est durant ce voyage qu’il eut l’idée de créer un nouveau personnage dont vous avez peut-être déjà entendu parler… Mickey Mouse ! Walt avait vu juste. Tout allait effectivement bien se passer.


Roy P. Disney

J’aimerais partager avec vous le lien particulier que j’ai avec ce pays, car ma famille trouve ses racines en France. Mes ancêtres viennent d’une petite ville de la côte normande connue sous le nom d’Isigny-sur-Mer. Un noble de cette bourgade, Hugues Suard, a rejoint avec son fils Robert les troupes de Guillaume de Conquérant durant la Bataille d’Hastings en 1066 – Je n’y étais pas personnellement ! Sa victoire a permis à Guillaume de s’assoir sur le trône d’Angleterre. Suard était connu sous le nom de Seigneur d’Isigny. Le nom de la famille s’est ensuite anglicisé pour devenir Disney.

Merci d’être ici ce soir pour célébrer l’héritage de mon grand-père et de son frère Walt.
À présent, si vous me le permettez, j’aimerais accueillir sur scène deux amis très spéciaux. Nous avons à peu près le même âge, à quelques années près ! Mickey et Minnie Mouse !

Vêtus de leur habit de fête, Mickey et Minnie arrivent sur scène, tout comme Becky Kline, prête à couper le ruban.

Et maintenant, je déclare ouverte cette exposition à Paris !

L'expérience : L'exposition de Paris

Disney100 : L’Exposition propose d’emmener les visiteurs à travers un voyage dans le temps divisé en neuf parties, précédées d’une rétrospective dans la file d’attente puis d’un prologue.

Rétrospective : La Magie de Disney (The Wonder of Disney)

En attendant de pouvoir entrer dans l’exposition, le portrait officiel de Mickey réalisé par Bret Iwan puis cinq livres géants offrent un aperçu du siècle qui vient de s’écouler.

Rassemblant des visuels divers et variés, ainsi que quelques objets, les ouvrages mettent la lumière sur les décennies successives. Les années 1920-1940 sont incarnées par les premiers produits dérivés à l’effigie de Mickey, le premier Mickey Mouse Club et les premiers classiques comme Le Dragon Récalcitrant (1941). Les années 1950-1960 évoquent la télévision, avec notamment Davy Crockett, Zorro, Les Aventures de Spin & Marty et l’incontournable Mickey Mouse Club, ainsi que les comédies maison portées par Fred MacMurray ou Hayley Mills, à l’image de Quelle Vie de Chien ! (1959) et Pollyanna, sans oublier l'animation avec Les Instruments de Musique (1953) ou Donald au Pays des Mathémagiques (1959) et, bien sûr, l’inauguration de Disneyland en 1955.

Les années 1960-1970 sont symbolisées par les nouvelles attractions créées pour la Foire internationale de New York, au premier rang desquelles « it’s a small world », puis par l’ouverture de Walt Disney World en Floride. Au cinéma, le public découvre Un Neveu Studieux (1965), Un Amour de Coccinelle (1968), Les Aristochats (1970), L’Apprentie Sorcière (1971), Robin des Bois (1973) ou Le Petit Âne de Bethléem (1978). Les décennies 1980-1990 permettent de se remémorer Tron (1982), Qui Veut la Peau de Roger Rabbit (1988), Les Aventures de Rocketeer ( (1991), Hocus Pocus – Les Trois Sorcières (1993) et L’Étrange Noël de Monsieur Jack (1993), sans oublier les séries animées Disney et les inaugurations d’Epcot en Floride et de Disneyland Paris en France.

Les années 2000-2020 se focalisent sur la télévision avec Lost : les Disparus (2004-2010), La Maison de Mickey (2006-2016), High School Musical : Premiers Pas sur Scène (2006) ou bien encore Phineas et Ferb (2007-2015). Au cinéma, le public découvre Le Monde de Nemo (2003). Le spectre Disney continue de s’élargir avec le jeu vidéo Epic Mickey, la revue Disney Twenty-Three, les événements D23, l’ouverture du parc Walt Disney Studios en France...

Le prologue

Après avoir traversé un siècle de magie Disney, le public est invité à entrer dans une première pièce. Plongée dans le noir, celle-ci est équipée de trois écrans. Sur les deux écrans latéraux, des images extraites de différentes productions rappellent l’héritage immense de la compagnie. Sur l’écran central, Mickey apparaît bientôt. Comme à la grande époque du Mickey Mouse Club, il salue alors le public. « Let the show begin ! ». Il laisse ensuite sa place à Walt Disney « en personne ».

Recréé grâce à une intelligence artificielle, Walt s’adresse au public comme du temps de ses émissions hebdomadaires. « C’est toujours très satisfaisant de faire d’une simple idée une réalité. Lorsque nous nous lançons dans un nouveau projet, nous le soutenons jusqu’au bout avec la certitude d’avoir les moyens de le mener à bien. Nous travaillons alors très dur afin de fournir le meilleur travail possible. Il n’y a pas de recette magique. Nous continuons simplement à aller de l’avant ».

Au Commencement (Where It All Began)

La première partie de l’exposition est consacrée aux origines des studios Disney. Le visiteur est ainsi invité à remonter dans le temps, dans les années 1920, à l’époque des Laugh-O-Grams, des Alice Comedies, des aventures d’Oswald et des premiers cartoons de Mickey.

Le contrat des Alice Comedies, document fondateur des studios Disney, trône au milieu de photographies d’enfance de Walt, d’affiches et de dessins d’animation. Le télégramme envoyé par Disney à son frère Roy après s’être fait roulé dans la farine par Charles Mintz introduit les premiers pas de Mickey et de ses amis Minnie, Pluto, Dingo, Donald et Daisy. Un concept art et un dessin d’animation évoquent La Danse Macabre (1929) et Des Arbres et des Fleurs (1932), deux des plus célèbres Silly Symphonies. L’innovation est le maître mot avec quelques informations sur le son, la musique, la couleur et la caméra Multiplane.

D’où viennent les histoires ? (Where Do the Stories Come From?)

La partie suivante plonge le visiteur au cœur des contes de fées et des récits ayant inspiré, au fil des décennies, les artistes de Disney. Concept arts et autres esquisses sont projetés sur des diamants posés au centre de la pièce, tout autour d’ouvrages originaux écrits par James Barrie, Hans Christian Andersen, les frères Grimm, Lewis Carroll, Felix Salten, A.A. Milne ou bien Charles Perrault.

Parmi les artefacts exposés, trône le livre qui s’ouvre au tout début de Blanche Neige et les Sept Nains (1937) et une jolie marionnette de Pinocchio. Un livre interactif permet de revivre l’histoire de La Belle au Bois Dormant (1959), avec son ouvrage orné de pierres précieuses également mis à l’honneur. La pantoufle de verre de Cendrillon (version 2015) est un autre trésor brillant de mille feux. Près de Simplet en train de dormir gentiment, l’Angleterre s’offre un corner avec un très beau dessin, le cheval de carrousel de Mary Poppins et la boule à neige renfermant une miniature de la Cathédrale Saint-Paul rappelle l’histoire de la nounou magicienne (1964). Mary Blair est à l’honneur avec deux magnifiques esquisses de Cendrillon (1950) et Alice au Pays des Merveilles (1951). Les aventures de la jeune fille occupent également une vitrine renfermant quelques accessoires du film réalisé par Tim Burton en 2010. Winnie l’ourson (Jean-Christophe et Winnie, 2018) ainsi que Big-Ben – dont les aiguilles ont été cassées depuis l’exposition de Philadelphie – et Lumière (La Belle et la Bête, 2017) convoquent eux aussi les adaptations live des grands classiques animés.

Sur les murs, des dizaines de croquis, dessins et décors de Blanche Neige et les Sept Nains (1937), Pinocchio (1940), Cendrillon (1950), Alice au Pays des Merveilles (1951), La Belle au Bois Dormant (1959), Mary Poppins (1964), Les Aventures de Winnie l’Ourson (1966-…), La Belle et la Bête (1991), La Princesse et la Grenouille (2009), Raiponce (2010) et La Reine des Neiges (2013). Certains sont identifiés comme des reproductions. D’autres semblent être des originaux.

L’illusion de la vie (The Illusion of Life)

Dans la troisième pièce, les visiteurs en apprennent davantage sur la conception des personnages Disney et la manière de leur insuffler une personnalité propre.

Une vitrine remplie de magnifiques maquettes d’animation rend hommage à certains des plus beaux personnages de l’écurie Disney et Pixar : Donald, La Muraille, Pocahontas, Gaston, Bernard, Meiling, Peter, le Juge DeMort, Mulan, Rémi, Jiminy Cricket, Karl Fredricksen, Pégase, Martin, Timothée, le Génie, Anna et Elsa.

Une partie de l’exposition est consacrée à trois personnages emblématiques des studios. Cruella d’Enfer ouvre la marche, entre la version animée par Marc Davis et les versions plus récentes incarnées par Glenn Close et Emma Stone. Olaf est présenté entre sa version animée et la version Broadway. Quelques concepts arts et dessins d’animation mettent l’accent sur Ariel avec, en prime, le costume porté par Auli'i Cravalho dans La Petite Sirène Live !.

L’Esprit d’aventure & de découverte (The Spirit of Adventure and Discovery)

En quittant Ariel, le visiteur pénètre dans le monde de l’aventure. À gauche de l’entrée, le costume d’Hector Barbosa, incarné à l’écran par Geoffrey Rush, évoque la saga Pirates des Caraïbes. De l’autre côté, la panoplie d’Indiana Jones, interprété par Harrison Ford, fait référence à la dernière incursion de l’archéologue au cinéma dans Indiana Jones et le Cadran de la Destinée (2023). Les trois parties du fameux cadran d’Aristote sont elles-mêmes présentes dans une vitrine. À l’opposé, le crochet du célèbre Capitaine joué par Jude Law et le collier de Wendy rappellent le long-métrage Peter Pan & Wendy (2023). Des concept arts de Lilo et Stitch (2002) et quelques peintures digitales de Vaiana, la Légende du Bout du Monde (2016) permettent de poursuivre le voyage dans les îles.

Dans la perspective de l’entrée, les visiteurs peuvent s’amuser à actionner un levier permettant d’ouvrir le hublot du Nautilus de 20 000 Lieues Sous les Mers (1954), l’occasion de plonger dans d’autres aventures sous-marines de Disney. Les plus habiles peuvent également résoudre les énigmes contenues dans deux coffres renfermant des trésors issus de Pirates des Caraïbes : La Malédiction du Black Pearl (2003) et Benjamin Gates et Le Livre des Secret (2007). Les Parcs Disney ne sont pas oubliés avec quelques croquis de la Jungle Cruise inspirés de dessins réalisés par Marc Davis.

Au détour d’une cloison, le visiteur se retrouve projeté dans l’espace avec un hommage aux émissions de Walt Disney. Sans transition, il passe ensuite dans l’univers de Star Wars. Un point photo permet de poser aux côtés de Chewbacca, C-3PO et R2-D2. Dans les vitrines, se trouvent les dés de Han Solo, BB-8, un Porg, un ouvrage ancien Jedi, un sabre laser et un costume de Stormtrooper. Les héros Marvel sont eux-mêmes évoqués avec différents casques portés par Thor, Ajak, Peter Quill, Iron Man, Ajak, la Guêpe et Loki. Le bouclier de Captain American et les costumes de Black Panther et Captain Marvel terminent la plongée dans l’univers des comics.

La Magie du son et de la musique (The Magic of Sound and Music)

La musique occupe une place de choix dans l’œuvre de Disney. La cinquième partie de l’exposition lui est consacrée avec différentes partitions, parmi lesquelles celle de Sifflez en Travaillant, et différents dessins rappelant les films musicaux de Disney tels que Les Trois Petits Cochons (1933), Les Trois Caballeros (1945), Cendrillon (1950), Le Livre de la Jungle (1967), Encanto, la Fantastique Famille Madrigal (2021), Mélodie Cocktail (1948), Les Instruments de Musique (1953) et Fantasia (1940).

La robe de la princesse Gisèle, ainsi qu’une pomme empoisonnée font référence à Il Était une Fois (2007) et aux comédies musicales à la sauce Disney. La guitare de Jimmie Dodd est une émouvante allusion aux chansons du Mickey Mouse Club (1955-1959). Divers objets permettent de comprendre la création des effets sonores imaginés par James MacDonald et les ingénieurs du son de Disney. Broadway n’est pas en manque avec un sublime costume de Mufasa dans Le Roi Lion et les Playbills de La Belle et la Bête, Aïda et Newsies.

Un écran géant offre de voir ou revoir certains passages musicaux incontournables de l’œuvre de Disney et de Pixar, à l’instar de Fantasia (1940), Cendrillon (1950), La Belle et le Clochard (1955) et, plus récemment, Soul (2020). Un mur permet au visiteur d’écouter quelques tubes Disney dont les pochettes de disques sont assemblées telles une mosaïque.

Le Monde autour de nous (The World Around Us)

Les True-Life Adventures ont démocratisé le genre du documentaire animalier en lui conférant ses codes encore utilisés aujourd’hui. La sixième partie de l’exposition rend hommage à cette branche de la filmographie des studios Disney.

Une affiche française de La Grande Prairie, l’Oscar reçu par Au Pays des Ours et plusieurs photographie et esquisses rappellent les True-Life Adventures et les longs-métrages Disneynature. Les grands espaces sont également évoqués avec des dessins de Bambi (1942), Rox et Rouky (1981), Pocahontas, une Légende Indienne (1995), Raya et le Dernier Dragon (2021) et divers concept arts des Parcs Disney.

Le voyage en Amérique du Sud d’El Grupo en 1941 est à l’honneur dans une vitrine renfermant le pantalon de gaucho et le scrapbook offerts à Walt par ses hôtes latino-américains. La petite caméra utilisée sur place par le cinéaste est également exposée au milieu de photos et d’esquisses.

Innoventions

Mot valise créé à partir d’invention et innovation, le segment « Innoventions » est consacré à l’ingéniosité des artistes et des artisans de Disney qui, année après année, ont innové afin de parfaire leur art.

La technique du storyboaring est mise en avant avec des dessins du court-métrage Dans le Sac avec l'ours Humphrey et le Ranger Woodlore (1956) et du long-métrage Il Était une Fois (2007). La technologie des Audio-Animatronics est évoquée avec un automate d’oiseaux en cage ainsi que la console permettant d’actionner une main et la tête robotisée – dépourvue de sa peau pourtant présente à Philadelphie – d’Abraham Lincoln créées pour la Foire internationale de New York en 1964.

Une reproduction du concept art de Disneyland réalisé par Herb Ryman en 1954 introduit la partie sur les Parcs avec leurs véhicules novateurs : les trains d’époque, le Monorail, les engins de Tron Lightcycle Power Run… Le mémo annoté par Walt permet de se souvenir des premiers mots prononcés lors de l’inauguration du Parc en 1955.

Le premier modèle d’ordinateur utilisé par les studios Pixar fait allusion à l’entrée dans l’ère du numérique. Plus ancienne, une maquette de la Multiplane créée à l'époque de la production du (Le) Vieux Moulin (1937) rappelle l’introduction de la perspective dans l’univers de l’animation traditionnelle.

Votre monde Disney (Your Disney World)

La huitième salle de l’exposition est consacrée aux Parcs et à la présence mondiale de Disney.

Les prémices de Disneyland sont rappelées à l’aide de concept-arts. Une vitrine renferme le badge porté par Walt, un pass permettant d’accéder gratuitement au parking le jour de l’inauguration, un carnet de tickets, un livre sur la conception du Parc. Le visiteur aperçoit ensuite la poupée de Mickey qui avait accompagné Walt à bord de la locomotive de l’E. P. Ripley, l’un des trains du Disneyland & Santa Fe Railroad.

D’autres artefacts de Disneyland complètent l’espace, un diablotin de l’attraction Mr. Toad’s Wild Ride, un engin des Matterhorn Bobsleds, un véhicule de Peter Pan’s Flight, une poupée d’"it’s a small world" et une maquette du château de Walt Disney World.

La France n’est pas oubliée avec un encart spécial consacré à Disneyland Paris. Sur les murs, le public peut profiter de quelques photos du chantier, complété par des documents d’époque. Un petit diorama est inspiré de Phantom Manor.

Nous ne faisons que commencer (We Are Just Getting Started)

Avant de partir, le visiteur aperçoit en un coup d’œil le passé et l’avenir de Disney projeté sur des écrans. Les œuvres d’antan croisent les projets actuels et à venir. Blanche Neige et les Sept Nains (1937) est confronté à Blanche Neige (2025). Le Bossu de Notre-Dame (1996), Encanto, la Fantastique Famille Madrigal (2021), Ant-Man (2015), Star Wars : Le Réveil de la Force (2015), La Reine des Neiges II (2019), La Petite Sirène (2023), Vaiana, la Légende du Bout du Monde (2016)… font partie des œuvres rappelant de nombreux souvenirs. Elio (2025) des studios Pixar sera à son tour l’un des événements de l’année 2025.

L’ultime pièce connecte une dernière fois Disney avec la France grâce à cinq photographies montrant les différents passages de Walt dans l’Hexagone, en 1918 durant la Première Guerre mondiale, en 1935 lors d’un séjour avec sa femme et son frère, en 1962 avec sa famille. En soulevant un rideau, le visiteur peut voir ou revoir le court-métrage Il Était une Fois un Studio (2023).

Après avoir pris la pose aux côtés de Dingo ou bien d’une reproduction de la statue Parners créée par Blaine Gibson, chacun peut explorer la boutique de l’exposition à la recherche de quelques souvenirs, livres, mugs, vêtements, accessoires et autres babioles de toutes sortes.

Bilan de l’expérience

La visite présentée ici a eu lieu le mercredi 9 avril 2025, jour du vernissage de l’exposition. Dès l’entrée dans la première salle, la magie opère et force est de constater que Disney100 : L’Exposition est un bonheur absolu pour tout fan Disney. Le fait d’avoir à porter de vue tant de trésors exhumés des archives de Burbank est forcément un plaisir.

Passionnante, l’exposition possède une architecture ingénieuse et particulièrement bien construite. En ne respectant pas la continuité chronologique au profit d’une trame thématique, elle évite l’écueil qui aurait consisté à mélanger toutes les facettes de l’Empire Disney avec le risque de se répéter décennie après décennie. À la place, chaque partie est axée sur une particularité de l’entreprise, de ses débuts à son avenir, en passant par l’art de créer des personnages, de mettre les films en musique, de projeter le spectateur dans des mondes imaginaires et de mettre en valeur la nature.

Chaque salle est richement décorée et offre un cadre dépaysant. La boucle musicale qui reprend les thèmes des plus grands succès de Disney, au cinéma ou dans les parcs, aide parfaitement à s'immerger dans l'ambiance. Il est dommage, d’ailleurs, de ne pas pouvoir acheter une copie de cette brillante bande originale dans la boutique du musée. À noter que la version parisienne de l'exposition fait le choix de se démarquer de la version américaine en prenant le parti de débuter « par la fin ». Contrairement à la mise en scène de Philadelphie, les cinq ouvrages résumant l'histoire de Disney au fil des décennies sont en effet placés dès le début de la visite. Aux États-Unis, ces derniers étaient conçus comme le résumé de tout ce que les spectateurs venaient de voir en parcourant les différentes salles. Ici, à Paris, ils font office de passe-temps en attendant de pouvoir accéder au prologue.

Durant les deux heures (minimum) de promenade, les visiteurs plongent sans retenue dans l’héritage Disney et aucune parcelle de l’entreprise n’est oubliée. Si les expositions habituelles mettent surtout l’accent sur les plus grands succès, Disney 100 : L’Exposition prend pour sa part le temps de s’arrêter sur des œuvres parfois plus discrètes et moins connues. Quel bonheur, dès lors, de se balader de période en période, des Alice Comedies à Elio. Quelle surprise de découvrir, parfois furtivement, des références à des œuvres qui, malgré leur splendeur, sont souvent moins mises en avant, à l'image de Saludos Amigos, La Grande Prairie, L’Apprentie Sorcière, Le Bossu de Notre-Dame ou bien encore des émissions sur l’espace datant des années 1950.

Les personnes ayant visité les expositions de Munich et/ou de Londres peuvent se réjouir. La proposition parisienne est en effet différente puisqu'il s'agit en réalité de celle inaugurée en 2023 à Philadelphie. Aussi, si environ la moitié des œuvres sont identiques, l’autre partie est quant à elle inédite pour le public européen. Parmi les œuvres de la version américaine, figurent ainsi des artefacts qui n’étaient pas montrés à Munich puis Londres, tels que le livre en anglais de Blanche Neige et les Sept Nains (qui remplace la version allemande), la marionnette de Pinocchio (qui remplace la maquette d'une pendule), le livre de La Belle au Bois Dormant (qui remplace le livre de Cendrillon), les accessoires de tournage d’Alice au Pays des Merveilles (qui remplacent les objets liés à Mary Poppins), le cheval de manège de Mary Poppins (qui remplace celui de Bert), la version Broadway d’Olaf (qui remplace la version Disney Cruise Line), le costume de Black Panther (qui remplace le costume de Black Widow), le diablotin de Mr. Toad’s Wild Ride (qui remplace l'ourson du Country Bear Jamboree), le véhicule des Matterhorn Bobsleds (qui remplace la voiture de Mr. Toad's Wild Ride) ou bien encore la maquette du château de Walt Disney World (qui remplace celle du château de Shanghai Disneyland)...

L’exposition parisienne bénéficie en outre d’une petite poignée d’objets et d’œuvres inédits. Certains concept arts accrochés sur les murs sont ainsi nouveaux, à l’image des esquisses – sublimes – de Mary Blair, du pastel représentant Mary et Bert en pleine discussion avec un couple de tortues, du crayonné de la princesse Aurore par Marc Davis… Certains ajouts correspondent aux dernières productions sorties en salle récemment, comme le court extrait d'Elio ou le costume d’Indiana Jones placé près du Cadran de la Destinée. Enfin, les fans parisiens ont l’exclusivité de cet espace consacré à Disneyland Paris avec sa une de presse, ses photographies, son costume et ses portraits lenticulaires. L’allusion aux visites de Walt en France est elle aussi un privilège.

Étonnamment, les cartouches présents à côté des œuvres semblent indiquer que beaucoup d’entre elles sont des originaux. À Philadelphie, mais aussi à Londres, la très grande majorité des dessins, peintures et autres crayonnés étaient clairement identifiés comme étant des fac-similés. Cette décision pouvait s’entendre au vu de la fragilité de certains documents. Ici, les copies semblent plus rares. Est-ce une amélioration ou bien simplement un oubli de mention ? La question est posée.

Heureux de ces petites attentions, les visiteurs parisiens avertis pourront malgré tout avoir quelques minuscules regrets. La magnifique maquette du Nautilus présentée à Philadelphie est ici absente. L’explication réside peut-être dans la fragilité de l’objet et dans les contraintes inhérentes à son transport de l’autre côté de l’Atlantique. De plus, l’exposition tournant depuis maintenant deux ans, celle-ci a été victime de quelques casses. Ainsi, le pauvre Big Ben a perdu les aiguilles de son cadran. La tête Audio-Animatronic d’Abraham Lincoln est entièrement dépourvue de sa peau en latex. La maquette du Génie est elle aussi brisée, la mèche de cheveux surmontant la tête du personnage ayant disparu. Plusieurs maquettes sont d’ailleurs absentes de la vitrine, comme celle de Dingo, de Frozone, de Monsieur Tumnus ou de Sparky.

Avec ses qualités et ses – maigres – défauts, Disney100 : L’Exposition est au final un spectacle absolument merveilleux. Restant indéniablement ce qui se fait de mieux en termes d’exposition sur le thème de Disney, elle jouit d’une très belle scénographie et d’un choix d’œuvres et d’objets en tout point judicieux. En couvrant tous les prismes de The Walt Disney Company, elle honore avec maestria, respect et justesse le premier siècle d’existence des studios.

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