Titre original :
Encanto
Production :
Walt Disney Animation Studios
Date de sortie USA :
Le 24 novembre 2021
Genre :
Animation 3D
Réalisation :
Jared Bush
Byron Howard
Charise Castro Smith
Musique :
Germaine Franco
Lin-Manuel Miranda
Durée :
99 minutes
Disponibilité(s) en France :
Autre(s) disponibilité(s) aux États-Unis :

Le synopsis

Dans une vallée verdoyante nichée au cœur des montagnes colombiennes vit une famille pas comme les autres. Chaque membre du clan Madrigal possède en effet des pouvoirs magiques qu'il utilise pour apporter bonheur et bienfaits à la communauté. Seule Mirabel n'a reçu aucun don particulier...

La critique

rédigée par
Modifiée le 21 janvier 2022

Encanto, la Fantastique Famille Madrigal, le 60e long-métrage des Walt Disney Animation Studios, voit le retour du compositeur Lin-Manuel Miranda ainsi que des réalisateurs Byron Howard et Jared Bush. Ils proposent ici une ode à la famille, aussi magique que colorée, à l'animation époustouflante et aux chansons entraînantes. Pour autant, malgré de belles qualités, le film laisse ses spectateurs un peu sur leur faim ; la faute à un récit qui manque d'envolée épique et de ritournelles qui freinent l'histoire au lieu de la faire avancer.

Les derniers opus des Walt Disney Animation Studios ont connu des succès très divers. Après une année 2015 sans film, 2016 voit non pas une mais deux pépites arriver au cinéma avec Zootopie et Vaiana, la Légende du Bout du Monde. Le premier surprend son monde en récoltant plus d'un milliard de dollars au box-office mondial tandis que le second se défend bien avec plus de 600 millions de dollars, en plus d'être devenu un triomphe en vidéo, en merchandising et sur Disney+. Après cela, le studio enchaîne avec deux suites. La première, Ralph 2.0 déçoit un peu avec seulement un peu plus de 500 millions de dollars, ce qui reste tout de même au dessus de l'opus original Les Mondes de Ralph. Si les résultats sont corrects, le deuxième long-métrage de Ralph reste sûrement l'un des films les moins populaires des studios sur la décennie 2010. La Reine des Neiges II est, quant à elle, la deuxième suite proposée consécutivement par les studios, chose qui n'était jamais arrivée de leur histoire. Néanmoins, de par sa qualité, l'opus ravit les fans du premier qui se ruent massivement dans les salles et lui réservent un triomphe, rapportant 1,447 milliard de dollars dans le monde, le plus gros score du studio et le deuxième box-office historique pour un film d'animation, battu seulement par les 1,654 milliard de dollars du remake du (Le) Roi Lion sorti la même année. Prévu pour Noël 2020, Raya et le Dernier Dragon se voit lui décalé à mars 2021 à cause de la pandémie de COVID-19. Disney décide finalement de le sortir conjointement sur Disney+ et au cinéma. En France, à cause du confinement et de nombreux décalages, il est proposé uniquement sur la plateforme de streaming trois mois après le reste du monde. La conséquence de cette sortie hybride est sans appel : le film ne rapporte que 130 millions de dollars au box office ; le chiffre le plus bas depuis Winnie l'Ourson en 2011.

Encanto, la Fantastique Famille Madrigal a, quant à lui, été imaginé par trois artistes. Le premier est un de ses deux réalisateurs, Byron Howard. Né en 1968, il grandit à Lansdowne, dans la banlieue de Philadelphie, en Pennsylvanie, avant de déménager avec sa famille à l'âge de 10 ans à Seattle de l'autre côté des États-Unis. Il se passionne très tôt pour l'animation et le cinéma au point de faire des études de photographie et de littérature à l'Evergreen State College dans l'État de Washington où il obtient une licence. Son vrai déclic pour l'art de l’animation se fait dans la foulée en 1988 quand il découvre Qui Veut la Peau de Roger Rabbit. Il apprend dans le même temps que le nouveau Parc Disney-MGM Studios, en Floride ouvre une succursale. En 1990, il se fait donc embaucher pour servir de guide dans l'attraction The Magic of Disney Animation. Mais il ne rêve que d'une chose : passer de l'autre côté de la vitre et travailler avec les animateurs. C'est chose faite en 1994 où il intègre officiellement les Walt Disney Animation Studios de Floride et débute son nouveau métier en tant qu'intervalliste sur Pocahontas, une Légende Indienne. Il est ensuite nommé animateur sur Mulan puis sur John Henry, Lilo & Stitch et Frère des Ours. Peu après, il est muté en Californie aux studios de Burbank où il travaille sur l'histoire de Chicken Little. En 2008, il est choisi en qualité de coréalisateur (et sauveur !) de Volt, Star Malgré Lui puis, décidément pompier de service, prend en 2010 la relève de Glen Keane sur Raiponce. En 2016, il conçoit et réalise son film le plus personnel, Zootopie.

Jared Bush, pour sa part, est le second réalisateur d'Encanto, la Fantastique Famille Madrigal. Né le 12 juin 1974 à Gaithersburg dans le Maryland, il débute sa carrière en 2000 en tant qu'assistant que cela soit à la production du film de Robert Zemeckis, Apparences, chez 20th Century Fox ou au scénario sur la série DAG chez NBC Studios. Durant les années 2000, il est ensuite scénariste sur différentes séries en prises de vues réelles comme Baby Bob chez Viacom Productions ou All of Us chez Warner Bros. Television mais également sur une émission de télé-réalité Who Wants to Marry My Dad? pour NBC. Au début des années 2010, il rentre chez Disney Television Animation et entame la conception de la série Penn Zero : Héros à Mi-Temps dont la diffusion débute en 2014. Il passe ensuite chez les Walt Disney Animation Studios où il décroche le poste de coréalisateur sur Zootopie. Il aide également au scénario de Vaiana, la Légende du Bout du Monde tandis qu'il intègre l'équipe créatrice des studios participant aux sessions de « story trust » sur tous les films des Walt Disney Animation Studios depuis Les Nouveaux Héros.

Le troisième artiste à l'origine d'Encanto, la Fantastique Famille Madrigal est l'un des grands noms de Broadway, Lin-Manuel Miranda. Né le 16 janvier 1980 à New York, ce compositeur, parolier et acteur américain d'origine porto-ricaine se fait connaître avec le musical In the Heights en 2005 mais obtient vraiment la gloire pour le musical Hamilton en 2015, récompensé de onze Tony Awards, dont il écrit les paroles, la musique, le livret et au sein duquel il interprète également le personnage principal d'Alexander Hamilton. La captation de ce musical sera même proposée, avec beaucoup de succès, sur Disney+ en 2020. Chez Disney, Lin-Manuel Miranda débute en tenant un petit rôle dans le film du label Disney de 2012, La Drôle de Vie de Timothy Green. Il est ensuite choisi pour écrire les chansons du film d'animation Vaiana, la Légende du Bout du Monde. Il continue après cela à travailler pour Disney à travers plusieurs projets : en faisant la voix du personnage de Robotik dans le reboot de la série animée de La Bande à Picsou mais aussi en tenant le rôle de Jack dans Le Retour de Mary Poppins. Il est également choisi pour composer de nouvelles chansons avec Alan Menken pour le remake en prises de vues réelles de La Petite Sirène dont la sortie est prévue pour 2023.

Les deux réalisateurs se font également épauler par une coréalisatrice, Charise Castro Smith. Cette Cubano-Américaine débute sa carrière en tant que scénariste de pièces de théâtre avant de travailler pour la télévision à partir de 2015. Elle se fait remarquer sur des séries horrifiques comme L'Exorciste chez 20th Century Fox Television ou The Haunting of Hill House chez Paramount Television. Elle est alors embauchée par les Walt Disney Animation Studios afin d'apporter du sang neuf avec des artistes venant d'horizons nouveaux. Elle est d'abord scénariste avant de très vite se voir proposer le poste de coréalisatrice.

L'origine d'Encanto, la Fantastique Famille Madrigal remonte en réalité à la fin 2016, lors de la sortie de Vaiana, la Légende du Bout du Monde. Byron Howard, Jared Bush et Lin-Manuel Miranda sont approchés par John Lasseter, alors responsable des studios d'animation Disney et Pixar, afin de faire ensemble un nouveau film. Les deux premiers ont déjà réalisé conjointement Zootopie tandis que les deux derniers ont travaillé de concert sur la princesse des îles. Très vite, deux thèmes ressortent de leur discussion : ils veulent faire un long-métrage sur la famille qui soit un film musical aux ambiances latino-américaines. Le but est de parler de la richesse des relations dans une famille, d'abord au travers de tout ce qu'elle peut apporter de positif à chaque membre mais aussi les non-dits et les secrets cachés qui peuvent se trouver en fouillant au-delà de la belle façade qu'elle veut bien montrer. Au début, les artistes pensaient mettre à l'honneur une famille ordinaire ; les pouvoirs magiques viendront en effet plus tard dans le processus de création, permettant une plus belle métaphore et caricature des personnalités de chacun des membres. La coréalisatrice et scénariste Charise Castro Smith va apporter également sa touche en allant plus loin dans le développement des personnages tout en amenant un aspect davantage dramatique en approfondissant notamment le passé d'Abuela Alma, définissant ainsi le traumatisme profond qui va s'installer petit à petit dans la famille. La scénariste se permet alors d'aborder des éléments comme l'héritage par amour mais également des problématiques plus sociales de réfugiés qui se doivent de reconstruire leur vie ailleurs après avoir été contraints de quitter leur pays.

Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que les Walt Disney Animation Studios réalisent des films dont l'action se situe en Amérique latine. Il y a évidemment déjà eu Saludos Amigos en 1943, Les Trois Caballeros en 1945 et Kuzco, l'Empereur Mégalo en 2000. Pour Encanto, la Fantastique Famille Madrigal, Byron Howard, Jared Bush et Lin-Manuel Miranda ont mis du temps pour savoir où situer exactement l'action. La seule chose qu'ils savaient, c'est qu'ils ne voulaient pas d'un lieu fictif qui aurait juste été une ambiance culturelle et folklorique. Ils ont finalement opté pour la Colombie, place centrale de la culture latino-américaine d'après eux. Les réalisateurs et le compositeur partent alors dans un voyage de repérage en 2018. Plusieurs étapes de leur visite vont les enthousiasmer et servir de base pour leur film. La maison de la famille Madrigal, le village aux alentours ainsi que leur emplacement dans la vallée verdoyante s'inspirent ainsi grandement de la ville de Salento près de la Vallée de Cocora mais aussi de cités comme Barichara ou San Basilio de Palenque. Revenus à Burbank, ils ont aussi voulu rester le plus authentique possible par rapport à la culture du pays. Pour cela, ils ont mis en place durant le développement et la production du film le « Colombian Cultural Trust », un groupe de journalistes, d'architectes, de musiciens, d'artistes et de botanistes, afin de les aider à être le plus proche de la réalité et de ne trahir en rien la culture locale. Ils ont également fait attention à de nombreux détails comme les accents des personnages, les couleurs de peau en n'oubliant pas les Afro-Colombiens, l'apparence des maisons mais aussi la musique, la nourriture, les habits et leurs textures sans oublier la croyance des habitants en une magie réaliste. Notamment, les Colombiens pensent que les pueblos mágicos existent ; des lieux spirituels que les habitants appellent encantos, qui pourrait se traduire par enchantements en français. Cette dénomination a tellement inspiré les réalisateurs qu'ils l'ont utilisée comme titre pour leur long-métrage.

La thématique principale d'Encanto, la Fantastique Famille Madrigal, comme son titre français le souligne parfaitement, est celle de la famille. Un miracle a donné à l'aïeule de la famille Madrigal, Abuela Alma, une bougie magique qui a la capacité de transmettre un don à chaque descendant direct de la grand-mère. Cette dernière a eu trois enfants : Bruno, Julieta et Pepa. À leur tour, les deux filles ont eu chacune trois enfants. Pepa est mariée avec Felix et a eu une fille et deux garçons : Dolores, Camilo et Antonio. Julieta, quant à elle, a épousé Agustín avec qui elle a eu trois filles : Isabela, Luisa et Mirabel. Chacun des enfants ou des petits-enfants possède des pouvoirs magiques qui les rendent exceptionnels et uniques. Julieta est capable de guérir les gens grâce à sa cuisine ; Pepa contrôle la météo en fonction de son humeur ; Dolores est capable d'entendre tout ce que les gens chuchotent ; Camilo a la possibilité de prendre l'apparence de n'importe qui ; Antonio parle aux animaux ; Luisa a une force colossale tandis qu'Isabela, la perfection même, fait pousser des fleurs sur son passage. Tout le monde est ainsi en mesure d'aider la communauté à vivre heureux et en harmonie. Mais dans cette famille à nul autre pareil, Mirabel dénote car... elle n'a aucun don ! Elle est une jeune fille tout ce qu'il y a de plus normal. À partir de ce canevas extraordinaire, les artistes Disney font une jolie métaphore des familles nombreuses où chaque membre a ses propres spécificités. Ainsi, le spectateur retrouve la fille parfaite, le petit rigolo, la commère, l'oncle bizarre ou la tante lunatique. La dynamique de la famille Madrigal est ainsi incroyablement réaliste.

Avec le personnage de Mirabel, Encanto, la Fantastique Famille Madrigal propose aussi un message sur la différence et le fait de s'accepter soi-même tout en découvrant ses propres qualités. La jeune fille a, en effet, du mal à trouver sa place dans une famille où tout le monde est extraordinaire. La morale que propose le long-métrage est ainsi plutôt intéressante. Comment faire ses preuves quand ses parents ou ses grands-parents considèrent que leur enfant a échoué à atteindre les ambitions qu'ils avaient pour lui ? Le fils ou la fille a beau faire son maximum, ce n'est jamais assez car il ou elle est trop différent de ce qu'ils attendent et sort fatalement du cadre qu'ils avaient imaginé. Et donc, intrinsèquement, cette caractéristique qui définit l'enfant devient pour lui une contrainte insurmontable qui fait qu'il sera toujours jugé pour ce qu'il n'est pas, empêchant par conséquent de s'épanouir pour ce qu'il est réellement. Le long-métrage met ainsi particulièrement bien en avant la honte qui pèse sur Mirabel et qu'elle tente de cacher via un optimisme à toute épreuve et une énergie débordante. Elle veut tout de même aider sa famille et toujours bien faire dans toutes les situations. Malheureusement, malgré ses efforts, ses implications tournent souvent à la catastrophe. Ainsi, si ses parents sont aimants et l'encouragent dans tout ce qu'elle fait, sa grand-mère la voit comme une empotée et un fardeau. Le propos est ici assez classique mais s'avère particulièrement efficace et touchant.

Encanto, la Fantastique Famille Madrigal aborde aussi une autre thématique, celle des secrets et des mystères qu'il peut y avoir au sein d'une famille. Dans toute fratrie, il y a toujours des non-dits ou des choses cachées aux autres frères et sœurs. Certains doivent souvent jouer un rôle pour être la personne que la famille veut mais cela les oblige parfois à enfouir leur propre personnalité et leurs propres goûts. Ainsi, de nombreux membres de la famille Madrigal se mettent une pression énorme et n'osent pas avouer à leur entourage ce qu'ils ressentent vraiment. Derrière le vernis, cette famille si parfaite est en réalité plus dysfonctionnelle qu'il n'y parait. Mais l'aspect le plus intéressant est tout ce qui tourne autour de Tío Bruno. L'oncle de Mirabel a étrangement disparu et un mystère plane autour de son départ. La jeune fille essaie de comprendre ce qu'il en est en se renseignant auprès du reste de la famille mais à chaque fois, elle tombe sur un mur que ce soit auprès de sa grand-mère, ses parents, ses oncles et tantes ou ses sœurs et ses cousins. Elle décide alors de trouver les réponses elle-même. La quête de la vérité est alors très intéressante. En revanche, sa résolution est un tantinet rapide. Il lui manque indéniablement un petit quelque chose : peut-être est-ce dû au personnage même de Bruno qui est plus intéressant quand le mystère est total et non encore dévoilé.

Ce n'est pas la première fois que les Walt Disney Animation Studios mettent en scène une famille nombreuse. Déjà dans Bienvenue Chez les Robinson en 2007, la famille Robinson était en effet pléthorique, à tel point que la présentation de tous les membres était à la fois trop rapide, fastidieuse et plombait même la dynamique du film qui par ailleurs ne déméritait pas tant que cela. Ici, ce piège est en grande partie évité. La plupart des personnages ont une personnalité globalement bien définie, et certains sont même approfondis. De plus, une trouvaille visuelle fait qu'il est facile pour le spectateur de s'y retrouver. Les couleurs chaudes, jaunes et oranges, représentent en effet la branche de Pepa, c'est-à-dire son mari Felix et ses trois enfants, Dolores, Camilo et Antonio. Les couleurs froides, du bleu au turquoise, sont pour la branche de Julieta avec son époux Agustín et ses trois filles, Isabela, Luisa et Mirabel. Abuela Alma est, quant à elle, plutôt en rose et Bruno, lui, en vert. Pour autant, malgré les efforts des scénaristes, tous les personnages ne ressortent pas. Il sont encore trop nombreux ; le spectateur ayant du mal au final à s'attacher à la plupart des membres de la famille.
Mais parmi ceux qui se démarquent, il y a bien sûr Mirabel. Le personnage n'est pas fatalement original de par sa personnalité mais plutôt par son apparence. Il est en effet incroyablement rafraîchissant de voir Disney s'éloigner des canons de beauté pour proposer une jeune fille comme tout le monde, portant notamment des lunettes, et qui ne manque pas de caractère tout en étant très attachante. Elle ne rêve que d'une seule chose : se sentir utile et surtout être tout aussi exceptionnelle que ses sœurs ou ses cousins. Derrière sa joie de vivre, se cache en réalité une blessure qu'elle n'arrive pas à guérir. Le personnage est, en tout cas, merveilleusement doublé par Stephanie Beatriz en version originale et par Camille Timmerman en français.

Tío Bruno est, quant à lui, le personnage secondaire le plus central d'Encanto, la Fantastique Famille Madrigal. Pourtant, il n'arrive qu'en plein milieu du film alors qu'avant cela il est présenté comme un être mystérieux, plein de secrets, à la limite de porter malheur à la famille et dont le nom ne doit jamais être prononcé. La réalité est tout autre comme va finir par le découvrir Mirabel. L'écriture et la définition du personnage sont toutefois en dents de scie. L'oncle Bruno est, il est vrai, plus intéressant quand le spectateur en sait le moins sur lui qu'après. Il s'avère être un peu trop loufoque et excentrique pour être vraiment attachant même s'il possède un côté touchant qui plaira à une partie du public. En attendant, son doublage est parfaitement interprété par John Leguizamo en anglais et par José Garcia en français qui revient ici une deuxième fois chez Disney après avoir été un Mushu magistral dans Mulan et Mulan 2 : La Mission de l'Empereur !
Abuela Alma est un autre personnage primordial du film. La grand-mère de la famille Madrigal est d'abord celle qui a reçu, par miracle, la bougie magique qui donne leurs dons aux membres de la famille. Mais, c'est aussi elle qui est la gardienne du temple de sa communauté. Elle veut que ses enfants et petits enfants œuvrent pour le bien de tous. Il lui est ainsi primordial que tout soit parfait afin de toujours remercier le destin qui leur a donné ce cadeau inestimable. Le personnage est intéressant car il est ambivalent. Plutôt stricte, elle cherche à apporter le bien sans se rendre compte qu'elle s'y prend peut-être un peu mal. Là encore, María Cecilia Botero en anglais et Dominique Quesnel en français apportent un ton idéal à Abuela Alma.

Un autre personnage, assez étonnant, ressort d'Encanto, la Fantastique Famille Madrigal : la Casita, la maison de la famille Madrigal. Grâce à la magie de la bougie, elle s'avère presque vivante. Elle a, en effet, la possibilité de bouger ses briques, ses tuiles, ses volets, ses escaliers, ses meubles ou ses ustensiles. Ce qui impressionne est que la Casita arrive à être un personnage à part entière, capable de donner son opinion et de transmettre quelques émotions. Colorée, pleine de vie, la maison est ainsi un lieu / personnage extraordinaire, représentante parfaite de la magie qu'il y a dans le long-métrage mais aussi celle que possède la famille. Il s'agit sûrement de la meilleure idée de tout l'opus d'autant plus que Casita est presque le lieu unique de l'action. D'habitude, les héros Disney partent dans une quête lointaine, très éloignés de leur demeure d'enfance. Ils vivront alors d'étonnantes aventures qui les feront grandir. Ici, tout est centré autour de Casita. La quête de Mirabel a lieu en son sein. Mais l'ennui et la promiscuité n'ont pourtant pas leur place. Il faut dire que la maison propose des pièces et des recoins impensables, plein de surprises, aussi incroyables que variés. Cela donne à Encanto, la Fantastique Famille Madrigal un cachet assez original car les décors arrivent à changer tout en étant cohérents avec le cheminement des personnages. Enfin, en plus d'être un personnage et le lieu de l'action, Casita est aussi le moteur du récit. La magie présente dans la maison, qui est l'identité et le ciment même de la famille, est en train de se flétrir. Mirabel décide alors de comprendre pourquoi et de lui rendre son éclat d'antan.

Encanto, la Fantastique Famille Madrigal offre, en résumé, un récit classique avec une quête personnelle de l'héroïne chère à Disney où le vilain petit canard va se révéler être un beau cygne. L'héroïne va en effet se prouver et prouver à ceux qui doutent d'elle qu'elle est tout sauf insignifiante. La construction en trois actes se révèle plutôt efficace pour amener les personnages à mener leurs introspections. Le premier acte, celui de l'exposition de la famille, est une entame parfaite, aussi enjouée que rythmée. Le second, centré sur la résolution du mystère entourant Bruno, est haletant à souhait notamment car, à ce moment du long-métrage, l'histoire sort des sentiers battus et part sur des pistes inattendues. Le spectateur est d'ailleurs assez étonné que cette quête soit relativement vite solutionnée avant d'entamer le dernier acte. La fin du film prend alors des rails bien plus balisés avec une conclusion assez évidente une fois qu'il est compris le pourquoi de la disparition de la magie. Le long-métrage perd alors un peu d'impact à cause d'une émotion, certes palpable, mais qui arrive un peu abruptement après deux tiers aussi colorés que rythmés. Le film aurait nécessité de prendre plus de temps pour exposer les raisons du traumatisme de la famille, qui était certes sous-jacent mais un peu caché. La conclusion est ainsi somme toute trop rapide, sans envolées épiques et méritait d'être bien plus fouillée. Néanmoins, la dernière scène du long-métrage n'en demeure pas moins belle et touchante, terminant le récit par une note d'optimisme où tous les personnages retrouvent un nouvel équilibre.

Encanto, la Fantastique Famille Madrigal est une nouvelle comédie musicale des Walt Disney Animation Studios. Lin-Manuel Miranda offre ici huit chansons dans le film dont une est reprise dans le générique. Et elles seront sûrement les éléments qui diviseront le plus les spectateurs. Elles laissent en effet une impression étrange à leur première écoute. Elles sont à la fois rythmées et joyeuses, avec une remarquable ambition mélangeant les genres comme la salsa, le merengue, le reggaeton ou le RnB, mais aussi incroyablement bavardes. En réalité, elles sont vraiment typiques des créations du compositeur, là où sur Vaiana, la Légende du Bout du Monde il était resté globalement dans un style Disney. Assez semblables aux airs qu'il a composés pour Broadway, notamment Hamilton, elles apportent ainsi beaucoup d'informations, font certes battre des pieds en rythme mais restent difficiles à suivre. Il faut, en effet, être particulièrement concentré pour comprendre ce qui est dit au risque de passer à côté d'une information importante. Chose encore plus étonnante pour Disney, deux chansons semblent inutiles au sens où elles ne font pas avancer l'histoire mais au contraire l'alourdissent en ralentissant le rythme du film. Au final, le spectateur les appréciera en fonction de son goût pour le style du compositeur. Peu resteront en tête à la fin de la première séance et surtout seront particulièrement difficiles à fredonner. Ainsi, au premier abord, aucune ne semble en capacité de devenir un tube comme Libérée, Délivrée ou Le Bleu Lumière. Et pourtant... Il faut absolument faire l'effort de les réécouter pour se rendre compte de leur incroyable efficacité ! Preuve en est, en décalage de la sortie cinéma du film, lorsque le long-métrage est disponible partout dans le monde sur Disney+, la bande originale du film se hisse alors aux premiers rangs des charts. Un tel succès pour une bande originale n'était ainsi pas arrivé chez Disney depuis Pocahontas, une Légende Indienne, dépassant même La Reine des Neiges ! Une chanson en particulier se démarque, Ne Parlons pas de Bruno, qui affole TikTok, Spotify et les sites de téléchargement. Même Disney s'avoue surpris de sa popularité ; le studio ne l'ayant pas choisi pour représenter le film aux Oscars.

La première chanson est ainsi La Famille Madrigal, chantée par le personnage de Mirabel, qui a la lourde tâche de présenter toute la famille et qui y arrive parfaitement. Pleine de joie et de bonne humeur, avec une musique très latino, elle liste chaque personnage et leur pouvoir. Toujours dans un rythme latino, il sera apprécié deux excellentes chansons interprétées en espagnol en voix off : la pétillante Colombia, Mi Encanto par Carlos Vives et la ballade Dos Oruguitas par Sebastián Yatra. Cette dernière est d'ailleurs reprise en anglais dans le générique de fin. J'attends le Miracle est la chanson "I Want" typique chantée par Mirabel mais sans aucune imagination ni dans ses paroles ni dans sa mélodie. Ce qui est surtout étonnant ici est le fait qu'il n'y est pas une mais trois chansons "I Want" présentes dans le film puisque, étonnement et un peu inutilement, les deux sœurs de Mirabel y ont droit aussi. Sous les Apparences, la chanson de Luisa, est ainsi un mix de reggaeton et de pop assez détonant et étrange, rehaussé par une animation étonnante et une superbe mise en scène. Que Sais-je Faire d'Autre ?, la chanson d'Isabela, est elle, en revanche, purement pop et totalement oubliable. La chanson la plus ambitieuse, très salsa, souvent en canon, est sûrement Ne Parlons pas de Bruno, interprétée par de nombreux membres de la famille. Exigeante, très Broadway, elle mérite une grande attention pour suivre toutes les informations qui y sont distillées. Pour autant, il s'agit sûrement de la chanson la plus réussie du film et la plus appréciée. Pour la Vie, la chanson finale s'inscrit d'ailleurs dans le même style mais demeure nettement moins réussie, reprenant tous les thèmes des différents personnages entendus auparavant. Enfin, la musique instrumentale est composée par Germaine Franco (Coco, Life Size 2 : A Christmas Eve) qui apporte une ambiance colombienne vraiment emmitouflante et dépaysante.

Là où tout le monde tombera d'accord, en revanche, c'est sur l'aspect technique d'Encanto, la Fantastique Famille Madrigal qui est d'une beauté à couper le souffle. Les couleurs, les textures, la lumière, la fluidité de l'animation, les décors superbes des maisons, la luxuriance de la végétation, les effets de magie : tout est un ravissement pour les pupilles. Les parties chantées ont eu elles aussi droit à l'excellence grâce à la contribution des chorégraphes Jamal Sims et Kai Martinez qui proposent des danses dynamiques. D'un point de vue visuel, le film est ainsi chaleureux, plein de joie et solaire, apte à redonner le moral aux spectateurs qui sont certains d'en ressortir avec du baume au cœur, subjugué par la magnificence de l'animation.

Encanto, la Fantastique Famille Madrigal sort le 24 novembre 2020, lors du week-end de Thanksgiving aux États-Unis, avec en amont des bonnes critiques de la presse qui saluent son histoire, ses personnages et sa musique. Le public qui va voir le film semble conquis et le long-métrage dispose d'un bon bouche-à-oreille. Pour autant, les spectateurs ne se ruent pas en salle, si bien qu'il ne réalise pas un box-office exceptionnel, avec seulement 40 millions de dollars sur cinq jours aux États-Unis pour finir à 92 millions de dollars après Noël, signant là l'un des plus mauvais scores de Disney, d'habitude bien plus haut. Ce résultat décevant est sûrement dû aux conséquences de la pandémie : les spectateurs n'ayant pas encore repris totalement le chemin des salles de cinéma, en particulier pour les films familiaux. Encanto, la Fantastique Famille Madrigal n'aura pas, quoiqu'il arrive, le temps de s'installer dans la durée puisqu'il ne va rester qu'un seul mois à l'affiche avant son arrivée sur Disney+, partout dans le monde à l'exception de la France, à partir du 24 décembre 2021 pour le réveillon de Noël. Et c'est d'ailleurs à ce moment-là que la popularité du film explose sur les réseaux sociaux ! Contrairement au reste du monde où le lancement de l'opus a été largement en deçà des attentes, le démarrage du long-métrage en France sort du lot en devenant le premier territoire international, devant même la Colombie où se passe pourtant l'action, avec 2 601 773 entrées sur ses sept premières semaines, le meilleur résultat pour un film d'animation depuis la pandémie mais évidemment à des années lumières des scores habituels des derniers Disney de Noël.

Même s'il possède une fin un peu décevante ainsi que des chansons certes sympathiques mais peu entêtantes à la première écoute, Encanto, la Fantastique Famille Madrigal n'en est pas moins un film enchanteur, coloré, joyeux et rythmé, avec un joli message sur la famille, apte à plaire aux petits et aux grands.

L'équipe du film

1958 • ....

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