Mark Henn

Avec La Petite Sirène sorti en 1989, les studios Disney connaissent un nouvel Âge d’or grâce à des films dont la qualité et le succès reposent essentiellement sur le talent de la nouvelle génération d’artistes ayant pris la relève des anciens à partir des années 1970. Parmi eux, figure notamment Mark Henn, animateur de génie ayant, entre autres, travaillé sur toutes les princesses et héroïnes principales de la décennie 1990.

Mark Henn

Mark Alan Henn naît le 6 avril 1958 à Dayton, dans le sud-ouest de l’Ohio. Dès le plus jeune âge, il développe une véritable passion pour les films des studios Disney. La découverte sur grand écran de Cendrillon, le classique de 1950 qui ressort en salle en 1965, laisse en particulier dans sa mémoire une trace indélébile. Mark Henn est également fasciné par Le Dragon Récalcitrant grâce auquel il découvre les coulisses de la fabrication des grands films Disney. Une scène, parmi d’autres, retient son attention. Assis derrière son bureau, Ward Kimball montre son travail au comédien Robert Benchley. Se saisissant d’une feuille, l’animateur trace alors la silhouette de Dingo en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Ajoutant son esquisse par-dessus une pile de dessins déjà prêts, Kimball feuillète ensuite ses feuilles. Et voilà que Dingo se met à prendre vie et à danser. Pour Mark Henn, c’est une révélation. Le petit garçon sait ce qu'il fera plus tard... Il sera animateur chez Disney !

Élève de la Trotwood-Madison High School d’où il sort diplômé en 1976, Mark Henn poursuit ses études au Sinclair Community College, à l’université de Dayton puis à l’université de Bowling Green. En 1978, il quitte finalement son Ohio natal pour la Californie afin de s’inscrire à l’Institut CalArts. Il intègre alors le Disney Character Animation Program créé quatre ans plus tôt par Jules Engels. Avec ses camarades de promotion, Mark Dindall, Joe Ranft ou bien encore Anthony DeRosa, il suit les cours d’artistes aussi prestigieux que Jack Hannah, Kenneth O’Connor, Thornton (T.) Hee, Elmer Plummer et Robert (Bob) McCrea qui furent tous dans leur domaine des piliers des studios Disney. Henn a également la chance d’assister aux leçons de design dispensées par William M. (Bill) Moore, l’un des vétérans de l’école qui, depuis les années 1930, a vu passer dans sa classe la majorité des meilleurs animateurs de Hollywood.

Parmi les artistes les plus prometteurs de sa génération, Mark Henn est engagé par les studios Disney en 1980. Il est alors confié aux bons soins d’Eric Larson, le dernier des Neuf Vieux Messieurs encore en poste qui lui apprend que l’animation n’est rien d’autre que l’art de la sincérité. N’occupant pour l’heure qu’un poste d’intervalliste, Henn est rapidement intégré à l’équipe de Glen Keane qui, à l’époque, travaille sur Rox et Rouky. La production du film est en passe d’être achevée. Le temps presse pour achever dans les temps les dernières scènes. Mark Henn prête main forte pour terminer la séquence du combat contre le Grizzly. Il aide aussi ponctuellement l’équipe chargée d’animer les effets spéciaux.

Élevé au rang d’animateur, Mark Henn enchaîne avec Le Noël de Mickey. Inspiré du célèbre (Un) Conte de Noël de Charles Dickens, il s’agit alors du premier galop d’essai de la nouvelle génération à présent seule aux commandes aux côtés du réalisateur Burny Mattinson et d’Eric Larson, employé comme simple consultant. Au moment de distribuer les personnages aux animateurs, Mark Henn hérite du personnage de Bob Cratchit incarné à l’écran par Mickey Mouse. Si la simple idée de donner vie à la célèbre souris peut paraître intimidante, l’artiste se régale. Particulièrement exalté par le défi, Henn donne le meilleur de lui-même. Pour ce faire, il étudie les apparitions passées de Mickey créées en leur temps par des légendes telles que Fred Moore, Frank Thomas et Ollie Johnston. L’Apprenti Sorcier, Le Brave Petit Tailleur, Chien d’Arrêt ou Le Tourbillon sont alors des sources d’inspiration inestimables. Mark Henn supervise en particulier la scène du cimetière durant laquelle Bob Cratchit pleure la mort prématurée de son petit garçon, Tiny Tim. Vraiment très émouvant, ce passage marque d'une pierre blanche la carrière de Mickey, montré pour la première fois à l'écran avec les larmes aux yeux. En plus de Cratchit, Mark Henn dessine également quelques apparitions de Dingo dans le rôle de Jacob Marley, de Jiminy Cricket dans celui des Fantômes des Noëls passés, de Tiny Tim ainsi que divers personnages mineurs.

L’expérience de Mark Henn sur Le Noël de Mickey est vraiment joyeuse. La suivante possède quant à elle un goût d’inachevé. Henn est en effet associé à la production de Taram et le Chaudron Magique. Adapté de l’œuvre de Lloyd Alexander, le film est, sur le papier, absolument excitant. Mais la réalisation demeure chaotique. Le changement de direction à la tête des studios, les réécritures successives de certaines scènes, le caractère morbide de certains passages ne sont pas sans poser problème aux artistes qui tentent de faire au mieux. Mark Henn supervise le personnage de Crapaud. Il conçoit aussi quelques passages avec Eilonwy, Ritournel et Gurgi.

Au moment de la production de Taram et le Chaudron Magique, le département animation des studios Disney a perdu toute sa superbe. Les derniers films en date n’ont pas remporté le succès escompté au box-office. Avant même sa sortie, Taram et le Chaudron Magique laisse augurer un score d’autant plus médiocre que le budget a totalement explosé. La nouvelle direction des studios confiée à Frank Wells, Michael Eisner, Jeffrey Katzenberg et Roy E. Disney s’accorde pour prendre des mesures fortes. Le prochain film sera produit avec des coûts réduits. Surtout, les animateurs sont priés de faire leurs cartons et de quitter leurs bureaux dans le bâtiment réservé à l’animation pour se replier dans des préfabriqués situés au 1420 Flower Street, à Glendale. Exilé à plus de trois kilomètres du campus historique de Burbank, les artistes sont déboussolés. Tous sont néanmoins prêts à se retrousser les manches pour prouver que l’animation Disney n’est pas morte. Ils planchent alors sur Basil, Détective Privé d’après la série de livres pour enfants d’Eve Titus et Paul Galdone. Promu superviseur de l’animation, Mark Henn se charge en particulier d’animer Basil, le docteur Dawson et Olivia. Il dessine également la confrontation entre le héros et l’infâme professeur Ratigan.

Après Basil, Détective Privé qui remporte un beau succès d’estime dans les salles, les animateurs sont mis au travail sur Oliver & Compagnie. Inspiré d’Oliver Twist de Charles Dickens, le film voit son intrigue déplacée dans le New York des années 1980. Mark Henn supervise l’animation du petit héros, le chaton Oliver. Il anime également la petite héroïne, Jennifer. Il imagine aussi quelques plans avec Fagin et Roublard. Si le projet est plaisant, c’est vraiment avec le film suivant que Mark Henn sort son épingle du jeu pour entrer dans la légende. Au milieu des années 1980, l’animation Disney renoue avec ses premières amours en adaptant un nouveau conte de fées, La Petite Sirène. C’est alors un retour aux sources, trente ans après la sortie de La Belle au Bois Dormant.

Parmi les premiers animateurs engagés sur le projet, Mark Henn reçoit la lourde tâche de concevoir Ariel, l’héroïne. C’est ainsi son tout premier personnage « humain » qu’il imagine en binôme avec son collègue Glen Keane qui donne à la sirène son apparence définitive. Pour mener à bien son travail, Henn passe des heures à étudier la manière de nager des phoques. Il peut aussi compter sur l’aide de la comédienne Sherri Stoner, engagée pour tourner quelques scènes de référence. Mark Henn crée notamment la première apparition d’Ariel, lorsque celle-ci fouille dans une épave de navire à la recherche de trésors venus de la surface. Il anime ensuite la princesse qui, devenue aphone, découvre le monde des humains. Mark Henn boucle la boucle en se chargeant du baiser final entre Ariel et Éric. En plus du personnage principal, il s’occupe de quelques personnages plus secondaires comme Grimsby durant la scène du naufrage.

Le projet suivant est synonyme, pour Mark Henn, d’un changement de vie radical. Galvanisée par le triomphe incroyable de La Petite Sirène, la direction des studios a en effet pris la décision d’augmenter la cadence de production de ses films en ouvrant de nouveaux locaux en Floride. Installés au cœur-même des Disney-MGM Studios (actuels Disney’s Hollywood Studios), l’un des Parcs de Walt Disney World, cette filiale, baptisée Walt Disney Animation Florida, a alors besoin de recrues. Mark Henn juge au départ l’idée très mauvaise. L’image de marque et surtout la qualité des productions maison risquent, selon lui, d’être altérées si les talents des studios sont ainsi dilués sur deux sites différents. Après un an de réflexion, il décide toutefois de quitter la Californie avec son épouse Debbie afin de s’installer en Floride, en se disant que les nouveaux artistes auront besoin de mentors.

Acceptant de donner des cours d’animation, de participer à diverses conférences et autres lectures, Mark Henn est associé à la production de Bernard et Bianca au Pays des Kangourous. Pour lui, c’est un ravissement de pouvoir plancher sur Bernard et Bianca, des personnages qu’il adore énormément. Il chapeaute aussi quelques plans avec le grand méchant, Percival McLeach. Le studio floridien ayant principalement été mis sur pied pour produire des courts et des moyens métrages, Henn travaille sur Lapin Looping et Panique au Pique-Nique, deux cartoons spéciaux mettant en scène le personnage de Roger Rabbit. Il retrouve par ailleurs les personnages de Mickey et Dingo dans Le Prince et le Pauvre, une nouvelle adaptation du classique de la littérature signé Mark Twain.

Après Ariel, Mark Henn fait équipe avec James Baxter et supervise avec lui sa deuxième princesse Disney, Belle, dans La Belle et la Bête. Un temps proposée à Andreas Deja qui préfère finalement se consacrer à l’animation de Gaston, la jeune femme est un nouveau et beau défi. Mark Henn supervise notamment la séquence durant laquelle elle se risque à pénétrer dans l’aile ouest. Il conçoit également la scène suivant l’attaque des loups et durant laquelle Belle soigne la Bête, animée par Aaron Blaise. Henn et Blaise se voient également confier la séquence d’hiver illustrée par la chanson Je ne Savais Pas. Écrite par Howard Ashman et Alan Menken, cette dernière est ajoutée au script final à la toute fin de la production. Grand fan de comédies musicales, Mark Henn ne boude alors pas son plaisir tant il aime ces scènes chantées qu’il trouve si amusantes à animer.

Après Belle, Mark Henn est nommé superviseur de Jasmine, l’héroïne d’Aladdin. Il s’agit encore et toujours d’une princesse. Refusant de se répéter, il souhaite créer un personnage unique. Il insuffle ainsi un caractère plus volontaire et plus audacieux au personnage. Pour son apparence, il s’inspire d’une photographie de sa sœur Beth ainsi que des vidéos tournées durant l’enregistrement des dialogues par la comédienne Linda Larkin. Si Henn est rodé à l’exercice, l’animation de Jasmine est un autre défi car elle doit le plus souvent donner la réplique à Aladdin animé depuis la Californie par Glen Keane. Plus de quatre-mille kilomètres, et trois heures de décalage horaire, séparent dès lors les deux superviseurs de l’animation, obligés de s’envoyer presque quotidiennement par la poste leurs séquences afin que celles-ci soient vérifiées et complétées !

Lorsque débute la production du (Le) Roi Lion, Mark Henn peut enfin passer à autre chose. Fini les héroïnes ! Henn est ravi. Immédiatement, il témoigne de tout l’intérêt qu’il porte au personnage de Scar, le grand méchant. Don Hahn, le producteur, lui explique toutefois que l’histoire repose intégralement sur les épaules de Simba. Les réalisateurs et lui doivent donc s’assurer que le personnage sera créé par un artiste chevronné capable de lui donner toute sa force, sous peine de compromettre le succès du film. Avec une part de dépit, Henn renonce à Scar, finalement offert à Andreas Deja, pour s’occuper de Simba enfant. Il l’imagine alors comme un petit garçon immature, trop confiant qui ne comprend pas les enjeux inhérents à sa position de jeune prince. La chanson Je Voudrais Déjà Être Roi démontre en particulier le caractère arrogant et superficiel du héros. Pour Henn, le but est que les parents qui iront voir le film retrouvent dans le personnage le caractère de leurs propres enfants. Mark Henn anime en outre le passage à l’âge adulte de Simba durant la chanson Hakuna Matata avant de passer le relai à Ruben A. Aquino pour le reste de l’intrigue.

Fier de Simba, mais pétri de regrets concernant le personnage de Scar, Mark Henn passe à Mulan dont la production est entièrement délocalisée en Floride. Le script n’est cependant pas encore finalisé. En attendant que les auteurs achèvent leur histoire, Henn aide à finaliser Pocahontas, une Légende Indienne. Il collabore alors avec Glen Keane, en charge de l’héroïne. Si ce travail est amusant, il revêt malgré tout une certaine difficulté pour Henn qui doit s’attacher à respecter à la lettre le style défini par son collègue et ami.

Pour préparer la réalisation de Mulan, Mark Henn participe au voyage d’étude en Chine organisé par les studios. En compagnie des réalisateurs Barry Cook, Tony Bancroft et d’une équipe restreinte d’artistes, il passe ainsi à deux semaines d’explorations de la culture chinoise. Tous se rendent notamment dans la région où la légende est située. Ils rencontrent les habitants, découvrent le respect que ces derniers ont pour leur héroïne nationale, en apprennent davantage sur les usages du pays. De retour en Floride, le défi pour Mark Henn est de créer Mulan en veillant à ce que la vision de cette dernière soit respectueuse des traditions et appréciée des Chinois. Il est aidé pour cela de l’artiste taïwanais Chen Yi Chang. Henn s’occupe aussi d’animer Fa Zhou, le père de Mulan. Il se sert alors de sa propre expérience de père. L’idée de donner les deux personnages au même animateur permet d’accentuer encore la relation très forte qui existe entre Mulan et son papa.

À la fin de la production de Mulan, Mark Henn est déjà prêt à faire ses cartons pour rentrer en Californie. Avant cela, il reçoit la mission de réalisation un court-métrage inspiré de la légende de John Henry. Unique film réalisé par Henn, le court-métrage permet à ce dernier de témoigner de sa passion pour l’histoire américaine. L’épopée de John Henry était l’une de ses histoires favorites lorsqu’il était enfant. Il apprécie en outre le message véhiculé selon lequel l’homme et la machine jouent parfois l’un contre l’autre. Pour mener à bien le projet, Mark Henn réalise un énorme travail de recherche en amont. Il fait en particulier le choix d’offrir au film un style graphique très particulier inspiré du mouvement Harlem Renaissance et des couvertures en patchwork typiques de l’Amérique du XIX^e siècle. Aidé par l’artiste Brian Pinkney, invité à venir aux studios, il décide également d’utiliser la technique du scratchboard consistant à rehausser les dessins de lignes noires saillantes.

En 1999, Mark Henn est de retour en Californie. Avant son départ de Floride, les réalisateurs Chris Sanders et Dean Deblois avaient imaginé lui confier l’animation de Stitch dans Lilo & Stitch. L’offre tombe malheureusement à l’eau lorsque Henn décide de rentrer sur la côte Ouest. Stitch est alors donné à Alex Kupershmidt. Henn se voit toutefois proposer d’animer la scène d’ouverture avec les danseuses de hula. La mission est drôle mais ardue. Il s’aide donc de films de référence tournés avec des danseurs authentiques. Animateur occasionnel sur Kuzco, l’Empereur Mégalo, Mark Henn retrouve à la même époque le personnage de Belle qu’il anime dans la séquence inédite Humains à Nouveau incluse dans la version longue de La Belle et la Bête proposée en salle en 2002. Dix ans après la sortie initiale du grand classique, il retrouve Aaron Blaise qui s’occupe de donner vie à la Bête.

Le projet suivant est un rêve devenu réalité. Mark Henn a en effet toujours voulu travailler sur un western. Cela lui rappelle sa jeunesse dans le Midwest. Cela réveille une fois encore sa passion pour l’histoire des États-Unis. La Ferme se Rebelle est donc une belle opportunité pour lui. Mark Henn supervise l’animation de la vache Grace. Il s’amuse aussi énormément sur le personnage de Wesley. Il chapeaute aussi Pearl Gesner et le chien Rusty.

Si La Ferme se Rebelle l’amuse beaucoup, le film marque un tournant dans la carrière de Mark Henn et l’histoire des studios Disney. Faute de résultat honorable au box-office, l’avenir de l’animation traditionnelle est définitivement compromis. Comme certains de ses collègues, Henn est formé à l’animation assistée par ordinateur. Il fait alors ses gammes en animant Lewis et différents membres de la famille Robinson dans Bienvenue Chez les Robinson. L’expérience est formatrice mais frustrante. Mark Henn ne cache pas qu’il n’aime pas travailler avec l’outil informatique. Préférant largement l’animation traditionnelle, il estime qu’un ordinateur ne permet pas d’obtenir un résultat aussi satisfaisant qu’avec un crayon. Lui qui adore dessiner ne prend pas vraiment de plaisir.

La réalisation d’Il Était Une Fois lui permet d’affuter de nouveaux ses crayons. Comme Andreas Deja, il est alors prêté par Disney au studio fondé par James Baxter. Pendant deux ou trois mois, il s’occupe des apparitions animées de la princesse Giselle. Alors que retentit le chant du cygne de l’animation traditionnelle Disney, Mark Henn poursuit avec Comment Brancher son Home Cinéma et surtout La Princesse et la Grenouille.

Devenu le spécialiste incontesté des princesses, il supervise l’animation de Tiana. Pour concevoir le personnage et peaufiner l’histoire, toute l’équipe du film s’isole durant un week-end entier dans un hôtel. Une matinée est nécessaire à Henn pour définir l’apparence et le caractère de Tiana, en partie inspiré de l’interprétation de la comédienne Anika Noni Rose. Si donner vie à l’héroïne est un énième défi, Mark Henn s’amuse follement à la dessiner enfant, adulte mais aussi transformée en grenouille. La version batracienne de la princesse permet de caricaturer ses gestes et ses mimiques. Henn adore en outre deux scènes durant lesquelles Tiana, enfant puis adulte, prie la bonne étoile.

Après la production de La Princesse et la Grenouille, Mark Henn collabore en 2009 au court-métrage Pups of Liberty, une reconstitution de la Boston Tea Party avec des chats et des chiens supervisée par Jennifer Cardon Klein et Bert Klein pour le compte de Picnic Pictures. Il participera à une suite, Pups of Liberty: The Dog-claration of Independence, en 2015. Pour Disney, il reçoit la mission de donner vie à Winnie l’Ourson et Jean-Christophe dans Winnie l’Ourson. Le long-métrage est alors précédé par La Ballade de Nessie, un court-métrage sur le célèbre monstre du Loch-Ness dont il supervise l’animation avec Andreas Deja, Dale Baer, Randy Haycock et Ruben Aquino. Les projets 2D se raréfiant, Mark Henn retrouve Mickey et Pat Hibulaire dans À Cheval ! avant d’animer la fée Clochette dans une reconstitution de l’émission Walt Disney Presents insérée dans le long-métrage Dans l’Ombre de Mary - La Promesse de Walt Disney.

Le 2 février 2013, Mark Henn est honoré par l’International Animated Film Society qui lui remet un Winsor McCay Award pour l’ensemble de sa carrière au cours de la quarantième cérémonie des Annie Awards. Devenu comme Eric Larson jadis un véritable mentor, il poursuit dans le même temps d’enseigner l’art de l’animation aux jeunes animateurs engagés par les studios Disney. Il leur expose alors les principes de l’animation traditionnelle afin que ces derniers les utilisent avec leur ordinateur.

Incitant les artistes à travailler au préalable sur une feuille de papier puis de superposer leurs dessins avec leurs personnages en 3D afin de leur mieux leur donner vie, Mark Henn planche lui-même sur La Reine des Neiges, Les Nouveaux Héros, La Reine des Neiges : Une Fête Givrée, Zootopie, Raison, Déraison, Vaiana, la Légende du Bout du Monde, Ralph 2.0 (dans lequel il anime notamment la courte apparition de l'ours Humphrey et du Ranger J. Audubon Woodlore), La Reine des Neiges II, Encanto, la Fantastique Famille Madrigal, Zootopie+, Avalonia, l’Étrange Voyage et Wish - Asha et la Bonne Étoile. Lorsque l’animation 2D est ressuscitée, Mark Henn est évidemment de la partie comme c’est le cas avec Le Retour de Mary Poppins ou bien les courts-métrages Comment Mettre un Masque, Apprendre à Cuisiner, Le Binge Watching, Oswald, le Lapin Chanceux, Mickey in a Minute inclus dans le documentaire Mickey Mouse : L'Histoire d'une Souris, et Il Était une Fois un Studio. Il participe par ailleurs lui-même au programme Esquisses créé pour Disney+ et dans lequel il revient sur l'animation de Simba.

Mark Henn anime par ailleurs la souris et d’autres personnages mis en scène dans divers spectacles destinés aux Parcs Disney. Parmi eux, figurent notamment le son et lumière Celebrate The Magic joué à Walt Disney World, World of Color à Disney’s California Adventure, Ignite the Dream, A Nighttime Spectacular of Magic and Light à Shanghai Disneyland, Disney Gifts Of Christmas à Tokyo Disneyland, We Love Mickey! à Hong Kong Disneyland, ou bien encore Disney Illuminations à Disneyland Paris.

En parallèle de sa carrière au cinéma, Mark Henn consacre une bonne partie de son temps libre à la peinture et à la sculpture. Il est ainsi le créateur de dizaines de toiles et autres sublimes statues en bronze largement inspirées de sa passion pour l’histoire des États-Unis et de ses habitants. En 2003, sa ville natale de Dayton, dans l’Ohio, lui passe commande d’une statue grandeur nature des frères Wright afin de commémorer le centenaire de leur premier vol en avion motorisé. Une autre statue représentant le tambour Willie Johnston pendant la Guerre de Sécession trône pour sa part au cœur de la Santa Clarica Historical Veterans’ Plaza. Sa représentation d’Abraham Lincoln fait en outre partie de la collection de la Lincoln Presidential Library de Springfield, dans l’Illinois.

Présent dans de nombreuses collections privées et publiques, et souvent récompensé pour ses toiles et ses sculptures, Mark Henn est commissionné par les studios Disney eux-mêmes qui lui demandent en 2018 de peindre le nouveau portrait officiel de Mickey. La souris fête cette année-là son quatre-vingt-dixième anniversaire. Mark Henn a l’idée de la représenter suspendue dans le ciel par des ballons. Le sourire jusqu’aux oreilles, le héros répand alors de la poussière de fée sur le monde. Pour concevoir sa toile, l’artiste s’inspire en particulier des portraits précédents réalisés par John Hench. Il étudie également les anciens films Disney, notamment Cendrillon, Peter Pan, La Belle au Bois Dormant et Merlin l’Enchanteur pour voir comment les artistes de l’époque avaient représenté la poussière de fée. Titré Spreading Happiness Around the World, le tableau – sublime – est présenté au public le 20 juillet 2018 lors du Comic Con de San Diego.

Le 14 décembre 2023, Mark Henn annonce qu’il décide finalement de prendre sa retraite après quarante-trois années passées au service de l’animation Disney. « Pour moi, l’animation est l’alchimie entre plusieurs disciplines réunies ensemble pour concevoir un film », expliquait-il dans un entretien réalisé en 2007 par Jérémie Noyer, « Il s’agit d’un art hybride, dans lequel se mêlent le dessin et l’art de jouer la comédie. L’animation, c’est l’art de donner vie à des personnages ou à des objets inanimés qui, de fait, n’existent pas. Tout ceci est possible grâce à l’habileté du dessinateur, mais aussi grâce à sa sensibilité et sa capacité à incarner ses créations ». Pour le remercier de sa contribution à l'œuvre de Disney, ses collègues et amis décident de célébrer comme il se doit le départ de Mark Henn en lui offrant une statue représentant le premier personnage qu'il a animé pour les studios, Mickey Mouse dans le rôle de Bob Cratchit.