Le Dragon Récalcitrant
(Les Secrets de Walt Disney)

Titre original :
The Reluctant Dragon
Production :
Walt Disney Animation Studios
Date de sortie USA :
Le 20 juin 1941
Genre :
Animation 2D / Film "Live"
Réalisation :
Hamilton Luske (Animation)
Jim Handley (Animation)
Ford Beebe (Animation)
Erwin Verity (Animation)
Jasper Blystone (Animation)
Alfred L. Werker (Prises de vues réelles)
Musique :
Frank Churchill
Charles Wolcott
Larry Morey
Durée :
72 minutes
Disponibilité(s) en France :
Autre(s) disponibilité(s) aux États-Unis :

Le synopsis

L'humoriste Robert Benchley visite les Studios Disney pour essayer de vendre à Walt une idée pour un film d'animation : l'histoire du Dragon Récalcitrant.
Tout en essayant d'échapper à un jeune guide du studio, Benchley traverse divers départements, décortiquant la réalisation d'un film d'animation : la classe d'art, les effets sonores (où il verra les artistes réaliser les bruitages d'un petit cartoon de Casey Junior, le train qui sera de nouveau vu dans Dumbo), la caméra Multiplane (le film se colorise alors et présente ainsi une scène de Bambi et une autre avec Donald), l'atelier peinture, la session de story-board pour le segment Baby Weems, une pré projection du court-métrage de Dingo, Dingo Fait de l'Équitation. L'humoriste arrive finalement à trouver Walt dans une salle de projection proposant... Le Dragon Récalcitrant !
La séquence Baby Weems narre l'histoire d'un bébé qui naît avec le don de la parole et une extrême intelligence. Véritable phénomène de foire, le bambin est rapidement accaparé par les plus grands du monde entier au détriment de ses parents. Mais un mauvais rhume viendra remettre les choses à leur place : le bébé perd en effet toutes ses capacités extraordinaires et redevient un enfant comme les autres...
Dans Dingo Fait de l'Équitation, le héros maladroit apprend, dans le tout premier épisode de la série des « How To », comment monter à cheval...
Enfin dans Le Dragon Récalcitrant, un petit garçon rêve d’être chevalier et chasseur de dragon jusqu'à ce qu'il découvre la cachette d’un spécimen pas comme les autres. Ce drôle de dragon aime en effet prendre du bon temps, jouer et chanter. Il ne crache pas de feu et, plus que tout, déteste se battre. Le petit garçon décide de lui apprendre à se comporter comme un véritable dragon...

La critique

rédigée par
Modifiée le 21 août 2024

Le Dragon Récalcitrant est une œuvre à part dans la filmographie de Walt Disney. À mi-chemin entre le film d'anthologie, le documentaire didactique et l'opération publicitaire, le long-métrage n'offre ainsi pas un propos global très palpitant mais n'en demeure pas moins une pépite historique pour tous les passionnés du studio aux grandes oreilles. Il est aussi rehaussé par trois bijoux animés dont l'incroyable Baby Weems, un chef d'œuvre du genre.

Le succès de Blanche Neige et les Septs Nains apporte une sécurité financière et un foisonnement d'idées pour de nouveaux longs-métrages. Sont ainsi lancés Pinocchio, Fantasia et Bambi mais aussi des études sur Peter Pan ou Alice au Pays des Merveilles. Avec l'ambition de sortir un film par an, les locaux où étaient situés les studios, au 2719 Hyperion Avenue, commencent à devenir trop petits et pas assez fonctionnels. Il faut dire que les studios Hyperion ont accompagné l'aventure hollywoodienne des frères Disney depuis qu'ils s'y sont installés en janvier 1926 et ont vu naître Oswald, Mickey et Blanche Neige. Au fur et à mesure que les cartoons Disney deviennent populaires, le studio se développe, souvent de façon désordonnée voire chaotique. Les bâtiments existants sont agrandis tandis que des bâtisses à proximité sont absorbés et même récupérées de l'autre côté de la rue. À la fin des années 1930, le semblant de complexe est littéralement plein à craquer. Mais cela n'empêche pas une énergie créatrice et une atmosphère dynamique d'y régner, où les artistes déambulent dans une myriade d'édifices et d'espaces de travail contraints. Pour autant, les plans visant à étendre davantage l'emplacement d'Hyperion Avenue se révèlent finalement irréalistes, si bien que Walt et son frère Roy O.Disney commencent à réfléchir à se déplacer sur un tout nouveau site.

Walt Disney décide alors d'utiliser les énormes recettes de son premier long-métrage d'animation - et encore elles ne seront pas suffisantes ! - pour construire son tout nouveau studio au 500 South Buena Vista Street à Burbank, un ville située au nord de Los Angeles. Il fait pour cela appel à un jeune architecte, Kem Weber, qui sous l'impulsion du maître de l'animation, va proposer un bâtiment à la pointe du progrès qui allie modernité, efficacité et beauté architecturale. Conçu à partir d'un bâtiment central en forme de H de deux étages, l'Animation Building est entouré d'immeubles annexes à l'exemple du Camera Building où est installé le département de tournage, le Ink and Paint Building en charge du traçage et gouachage, du Cutting Building où sont montés les films ou encore du Main Theater, la salle de projection interne au studio. La couleur des studios se veut douce, s'inscrivant dans les tons de sables avec une différence pour chaque étage et chaque bâtiment. Les allées pleines de verdures avec leur bancs installés de-ci de-là font ressembler le complexe à un campus universitaire invitant à la flânerie. Le studio est désormais à la pointe de la modernité avec notamment la climatisation, un luxe pour l'époque, mais aussi un restaurant, une salle de sport et même un coiffeur ! Un penthouse sur le toit du bâtiment principal, offrant détente et bain de soleil, est également réservé aux collaborateurs de longue date. Le déménagement débute en août 1939 mais se déroule principalement entre le 26 décembre 1939 et 5 janvier 1940. Walt Disney dépense alors sans compter, persuadé qu'il est d'avoir fait construire le meilleur studio d'animation qui soit. Pour autant, les artistes seront beaucoup moins enthousiastes, regrettant l'ambiance foisonnante et familiale d'Hyperion Avenue. Ils trouvent ainsi le nouveau studio austère et formel. L'arrivée dans les nouveaux locaux va en effet s'accompagner d'un renforcement hiérarchique. Les avantages sociaux tels que l'accès au restaurant, au gymnase ou à la salle de détente se voient, par exemple, limités aux scénaristes en chef et aux grands animateurs du studio, qui bénéficient également de bureaux plus grands et plus confortables avec de la moquette tandis des assistants sous-payés travaillent eux dans des pièces bruyantes avec du lino au sol. Cette disparité va contribuer à dégrader le dialogue social dans l'entreprise et être à l'origine d'un changement profond et définitif au sein des studios Disney.

Pinocchio sort le 7 février 1940 mais les résultats ne sont pas bons, signant même un échec commercial lors de sa sortie initiale, plombée en partie par la Seconde Guerre mondiale qui coupe les revenus des marchés européen et asiatique représentant tout de même 45% des recettes pour les studios. Entre ces désillusions au box office et l'investissement dans son nouveau studio, Walt Disney se retrouve alors contraint de mettre en production des films au budget limité qui lui permettront, il l'espère, de renflouer les caisses. L'un d'eux est ainsi un "petit" film d'animation sur un éléphant volant : Dumbo. Le second est ce qui deviendra Le Dragon Récalcitrant. Pour contenir le coût de réalisation tout en maintenant une qualité d'exécution, Walt décide de jouer avec la durée d'animation pure. Pour cela, il se doit de combler avec des séquences en prises de vues réelles. Il s'agit là de la première incursion dans le genre pour le studio, excepté deux courts-métrages documentaires et publicitaires sortis pour promouvoir Blanche Neige et le Sept Nains, A Trip Through The Walt Disney Studios en 1937 et How Walt Disney Cartoons Are Made en 1938. Pour autant, le tournage en prises de vues réelles n'est pas totalement inconnu pour Walt Disney. La première série des studios de 1923 à 1927, Alice Comedies, était en effet un mélange d'animation et de scènes "live" où le Maître dirigea plusieurs fillettes dans le rôle de l'héroïne. En proposant plusieurs courts-métrages liés dans un seul long-métrage, Walt Disney poursuit par ailleurs dans un autre genre ce qu'il a commencé à exploiter avec Fantasia : celui des films d'anthologie, qui dans la décennie à venir avec Saludos Amigos ou La Boîte à Musique, deviendront la norme chez Disney ; ceci afin de sortir des films relativement facilement, et ce malgré les difficultés financières dans lesquelles il se trouvait pendant et à la sortie de la guerre.

Walt Disney choisit ensuite, pour le premier rôle, l'acteur et humoriste Robert Benchley. Né le 15 septembre 1889, ce dernier débute sa carrière dans le journalisme en écrivant pour le New York Tribune ou Vanity Fair. En parallèle, il s'essaye au théâtre en signant quelques pièces. Au début des années 20, il devient humoriste dans la revue The Treasurer's Report où il obtient un grand succès auprès du public, hilare devant sa performance. En 1928, il débute au cinéma en tournant une adaptation en court-métrage de The Treasurer's Report dont il écrit également le scénario. En parallèle, il décroche un poste au New Yorker en tant que critique de théâtre. Son vrai premier long-métrage, dans un second rôle, arrive en 1933 avec sa participation à Idylle sous les Toits. MGM lui propose alors d'écrire et de jouer dans des courts-métrages ludo-éducatifs, les « How to... », dont le premier How to Sleep en 1935 gagne l'Oscar du Meilleur Court-Métrage. Au final, il tournera plus d'une vingtaine de courts-métrages pour le studio au lion jusqu'en 1940. Ce sont ainsi ces courts-métrages qui le font remarquer par le créateur de Mickey. Quand il tourne Le Dragon Récalcitrant, sa carrière est en effet déjà derrière lui, ayant perdu son contrat avec MGM ainsi que ses chroniques pour le New Yorker. Il décède d'une cirrhose en 1945 après avoir passé ses dernières années d'un studio à l'autre, sans grand succès.

Malgré ce que Le Dragon Récalcitrant laisse à penser, la grande majorité des employés vus dans le long-métrage sont en réalité joués par des acteurs professionnels. Parmi eux, il sera noté Nana Bryant dans le rôle de la femme de Robert Benchley, Frank Faylen en tant que chef d'orchestre de bruitage, Buddy Pepper dans celui du jeune guide strict des studios, Frances Gifford en tant qu'artiste bruiteuse et coloriste, Lester Dorr en tant que cameraman, Alan Ladd en tant que scénariste ou Verna Hillie en tant que sculpteuse.

Pour réaliser le film, Walt Disney fait appel à Alfred L. Werker. Le réalisateur commence sa carrière en 1917 en tant qu'assistant puis obtient son premier long-métrage en tant que co-réalisateur en 1928 avec The Pioneer Scout. Il connaît ensuite une carrière prolifique jusqu'à son dernier film The Young Don't Cry en 1957. Si nombre de ses réalisations passeront inaperçues, il peut tout de même être cité La Maison des Rothschild en 1934 pour 20th Century Pictures ainsi que Mon Mari l'Assassin et Sherlock Holmes, tous deux sortis en 1939 chez 20th Century Fox. Walt Disney aime tellement le travail du réalisateur qu'il imagine lui confier, en cas de succès du (Le) Dragon Récalcitrant, un film sur la vie de Hans Christian Andersen qu'il a dans les cartons mais qui finalement ne se fera jamais. Alfred L. Werker apprécie, lui aussi, le travail au sein des studios. Il y découvre d'ailleurs le procédé du storyboard qu'il n'avait jamais été utilisé pour les films à prises de vues réelles, et devient ainsi le premier réalisateur d'Hollywood à en faire usage. La technique se popularisera au point d'être ensuite courante pour les films "live", utilisée par de grands noms du 7e art comme Alfred Hitchcock...

Le projet du (Le) Dragon Récalcitrant est vraiment lancé en mai 1940 tandis que le tournage se déroule du 9 octobre au 2 novembre 1940. Walt Disney veut ainsi proposer aux spectateurs une visite de son tout nouveau studio tout en leur expliquant le processus de création d'un film d'animation. Il faut dire qu'à l'époque, presque tous les grands studios d'Hollywood proposaient des visites de leurs plateaux ; Disney étant l'exception la plus emblématique. C'est donc l'une des raisons de la curiosité répétée des spectateurs sur la fabrication des courts et longs-métrages Disney. Pour autant, la tentative de décrypter pour le grand public la production de films d'animation n'est pas forcément la plus franche réussite du (Le) Dragon Récalcitrant. Le film, voulu sans doute trop ludique, n'apporte en effet qu'une explication sommaire avec de nombreux raccourcis et omissions. Il faut dire que si les prises extérieures ont été faites directement dans les allées du studio, les scènes intérieures ont été, pour la plupart, tournées en plateau en reconstituant les différents services, ceci à cause principalement de problèmes d'éclairage. Les studios utilisent ainsi le même bâtiment insonorisé qui avait servi à filmer les séquences de l'orchestre pour Fantasia. De plus, le déroulé du récit s'appuie beaucoup sur l'humour de son personnage principal afin d'être relativement fictionnel en ne cherchant pas à être forcément un documentaire formel et didactique. Là encore, Walt Disney s'essaye pour la première fois à un exercice où il excellera dans les années à venir : celui des productions éducatives mélangeant savoir et divertissement. Pour ce premier essai, Le Dragon Récalcitrant cherche donc maladroitement à concilier ses trois objectifs, à savoir divertir le spectateur, instruire le curieux d'animation et faire visiter les studios. Si sur les deux premiers il y arrive à moitié, le troisième, par contre, est un franc succès. Surtout, avec le recul des années, le film s'avère être une pépite historique où presque chaque scène en apprend beaucoup sur ce qu'était le studio à l'époque au crépuscule de son premier âge d'or.

Ainsi pour le passionné Disney, Le Dragon Récalcitrant est particulièrement grisant dans la quête de clins d'œil généreusement disséminés tout du long. Déjà, le générique de début commence par proposer, pour les artistes s'étant chargés des séquences animées, des caricatures en face de chacun des noms, amenant un petit air de fantaisie bon enfant. Après la mise en place de l'histoire, Robert Benchley arrive au studio où l'activité foisonnante bat son plein. D'ailleurs pour illustrer cette ambiance studieuse mais légère, la musique instrumentale propose l'air de la chanson Siffler en Travaillant de Blanche Neige et les Sept Nains. L'humoriste essaye alors de se repérer quand il arrive devant un panneau indicateur bien particulier. Situé au Pluto's Corner, il indique deux directions : Mickey Avenue avec un Mickey montrant le chemin à suivre de sa main pour aller vers les départements « Animation », « Multiplane » et « Ink & Paint » et Dopey DriveSimplet fait de même pour les départements « In Bt Ween», « Special EFX» et « Layout Dept.». Il faut savoir que ce panneau a été créé spécialement pour le film et que les directions qu'il pointe sont totalement fantaisistes. Cet objet de tournage est depuis devenu tellement iconique qu'il est resté sur le campus du studio exactement à l'endroit où il avait été placé en 1941 et ceux qui ont la chance de visiter les studios aiment s'y prendre régulièrement en photo devant.

Wolfgang Reitherman (au milieu)
Retta Scott

Le premier département que l'humoriste visite est la classe d'art. Il s'attend alors à voir des modèles humains mais tombe en réalité sur des élèves qui dessinent un éléphant vivant. Il s'agit sûrement d'une préparation pour le film qui sortira quelques mois plus tard, Dumbo. Autre détail intéressant, de nombreux dessins préparatoires de Bambi peuvent être observés sur les murs. Deux animateurs connus signent aussi une apparition dans la séquence. Se remarque d'abord Wolfgang Reitherman, l'un des futurs Neuf Vieux Messieurs, qui fait un crayonné d'un éléphant un peu trop idiot d'après son formateur. Juste à côté de lui, Retta Scott, la première animatrice des studios Disney, propose une caricature de Robert Benchley avec un corps d'éléphant alors qu'il est justement en train de se moquer de l'animal pour son aspect un peu stupide. Tout de suite après, l'acteur assiste à la séance d'enregistrement des personnages de Clara Cluck et de Donald Duck par leurs doubleurs officiels, Florence Gill et Clarence Nash. Ce dernier en profite alors pour proposer un cour particulier à l'humoriste pour faire la voix si particulière du canard de Disney.

Florence Gill
Clarence Nash

La séquence suivante est celle des effets sonores. Elle est à la fois intéressante et trompeuse. La scène fait, il est vrai, croire que la musique et les bruitages sont enregistrés en même temps comme le montre la présence de l'orchestre, ce qui n'est évidement pas le cas. Par contre, elle montre l'inventivité des ingénieurs du son pour trouver des objets qui imitent ou parodient les bruits qu'ils cherchent à reproduire. Ce passage est aussi intéressant pour deux autres raisons. D'abord, il est possible de remarquer Jimmy Macdonald qui deviendra par la suite l'un des responsables du département Disney Sound Effects et surtout, à partir de 1946, la voix officielle de Mickey, prenant la place de Walt Disney. Dans Le Dragon Récalcitrant, il peut ainsi être vu soufflant dans un gros tube afin de simuler la corne de brume d'un bateau. L'autre fait intéressant est bien sûr le petit cartoon Casey Junior qui sert d'illustration à cette séquence. Malgré ce qu'affirme le film, il ne s'agit pas d'une scène de Dumbo mais bien d'un petit court-métrage inédit où le petit train joue le rôle principal. Les fans français retrouveront des décennies plus tard ce train, en vrai, grâce à l'attraction de Disneyland Paris, Casey Jr. - le Petit Train du Cirque. Le cartoon raconte ainsi comment Casey Junior quitte la gare et voyage gaiement sur les rails. Mais en chemin, il lui arrive plein de misères comme un pont qui se lève pour laisser passer un bateau en lui coupant la route, un gros train électrique qui fonce sur lui sans oublier un pont suspendu qui s'écroule. La diffusion du cartoon épouse trois formats, soit vu de loin montrant en même temps les ingénieurs du son, soit en plein écran pour faire dérouler le récit, soit en fond sonore afin de zoomer sur les techniques de bruitages.

Jimmy Macdonald (à gauche)
Casey Junior

Alors que le début était proposé en noir-et-blanc, pour le passage sur la caméra et le tournage, Le Dragon Récalcitrant passe alors en couleur, un peu à la façon du film de MGM, Le Magicien d'Oz sorti deux ans plus tôt. Robert Benchley illustre ce changement en citant l'utilisation du procédé Technicolor mais aussi en regardant son dessous de corps d'un rouge pétant. Le film fait alors une démonstration de la caméra Multiplane, une technique révolutionnaire d'animation peaufinée et améliorée par les studios Disney pour apporter de la profondeur à un décor. Ainsi, une partie du décor à l'huile était proposée en premier plan sur une plaque de verre, puis le second plan sur une autre plaque, et ainsi de suite. Entre deux plaques de décors, se voit glissée une plaque de celluloïd avec des personnages en mouvement. Actuellement, il ne reste plus que trois caméras Multiplane au monde, dont une se trouve à Disneyland Paris dans l'antichambre de la salle de spectacle Animation Celebration au Parc Walt Disney Studios, lieu de l'ancienne attraction Art of Disney Animation. Dans Le Dragon Récalcitrant, pour illustrer le procédé, un décor en mouvement de Bambi est utilisé.

Toujours dans le passage consacré au département caméra, le processus des mouvements des images dessinées est expliqué grâce à une caméra plus basique. Un long décor peint qui peut bouger de droite à gauche et vice versa, permet en effet de photographier un celluloïd d'un personnage ; chaque cellulo ayant un dessin légèrement différent. Ainsi, une vitesse de plusieurs images par seconde permet de donner l'illusion du mouvement. Ici, la technique est démontrée par Donald Duck lui-même via un extrait du cartoon Donald Fermier dont la sortie est prévue quelques mois après Le Dragon Récalcitrant. Il s'agit en réalité d'une animation totalement inédite où Donald part traire sa vache en fredonnant la chanson Old MacDonald Had a Farm ; seuls les décors du court-métrage étant repris...

Robert Benchley arrive ensuite au département peinture et gouachage où de nombreuses artistes sont en charge de la conception des différentes teintes ainsi que de la mise en couleur des celluloïds. Un ballet de mise en pot de la peinture est d'ailleurs proposé sous l'air des premières notes de la chanson Heigh-Ho ! de Blanche Neige et les Sept Nains. Ensuite, le spectateur assiste aux dernières touches de peinture d'un celluloïd du personnage de Bambi qui est ensuite placé sur un décor afin d'illustrer à nouveau le mouvement. Cette courte scène était d'ailleurs, à l'époque de la sortie du film, une belle avant-première de Bambi qui ne se sera lui sur les écrans qu'un an plus tard.

Plus intéressant encore est la partie autour du département sculpture. Au delà de la caricature de l'humoriste, il est surtout intéressant de voir toutes les statuettes qui recouvrent l'étagère. Ces sculptures permettent en effet d'avoir un modèle en trois dimensions de personnages afin que les animateurs puissent les animer en ayant une vision d'eux sous tous les angles possibles. Le spectateur remarque alors des personnages tirés de Pinocchio, de Dumbo et de Fantasia. D'ailleurs pour ce dernier, il note la présence d'une des centaurettes noires, qui ventile le dieu Bacchus, sauf qu'à la différence du produit fini, ici, elle ne porte pas de soutien-gorge. Encore plus notable, le public reconnaîtra aussi les premières ébauches de Monsieur Mouche et du Capitaine Crochet du film Peter Pan mais aussi de Tante Sarah et de ses chats Si & Am du film La Belle et le Clochard, et ce plus de dix ans avant la sortie des longs-métrages concernés ; preuve que le travail avait bien commencé sur eux avant la Seconde Guerre mondiale.

Le département suivant où Robert Benchley se perd est celui du scénario et du storyboard. Il y voit une nurse rentrer dans le bureau où une bande de scénaristes s'affaire à croquer un petit bébé. Il est alors amusant de noter la différence de mentalité des années 40 par rapport à aujourd'hui. Si le temps de repos syndical est bien pris en compte pour le bébé, personne ne s'offusque qu'un des artistes fume à côté du bambin. La séquence est intéressante car elle démontre l'intérêt et le fonctionnement du storyboard. La technique a été mise en place au sein des studios Disney au début des années 30 par le scénariste Webb Smith. Il s'agit de faire des dessins sommaires sur des feuilles de papier séparées, puis les punaiser les unes après les autres sur un panneau. Cela permet ainsi au réalisateur d'avoir une vision globale du film sans avoir à passer par le stade coûteux de l'animation. Durant cette scène, le spectateur reconnaîtra aussi Frank Churchill au piano, l'un des grands compositeurs maison de Disney. Cette apparition dans Le Dragon Récalcitrant est marquante à plus d'un titre car le musicien se suicidera près d'un an après la sortie du film.

Storyboard
Frank Churchill

Commence alors le court-métrage Baby Weems, sans aucun doute le meilleur passage du film, un véritable petit chef d'œuvre. Écrit par Joe Grant et Dick Huemer, la réussite du cartoon vient des formidables dessins de John Parr Miller. Le style métropolitain est en effet plein de charme et de vivacité, très moderne dans son approche pour l'époque, tout en gardant un attrait extraordinaire aujourd'hui. Pour mettre en avant l'aspect storyboard, les artistes ont ainsi l'idée d'utiliser une technique d'animation minimaliste et maintenue très proche de l'étape sommaire des dessins de construction du scénario. Il s'agit là d'ailleurs d'une première en animation qui annonce, avec dix ans d'avance, les productions plébiscitées dans les années 50 comme celles des studios UPA ou de certains cartoons Disney à l'image du court-métrage oscarisé Les Instruments de Musique. Ici, pour Disney, ce choix s'est révélé payant car non seulement le coût de ce passage a été drastiquement baissé tandis que la qualité artistique est proportionnellement élevée. Si avant-gardiste soit-il, Baby Weems n'en reste pas moins prenant. Le spectateur dépasse, il est vrai, vite l'étrangeté de son animation pour se plonger dans son histoire savoureuse à souhait. Le court-métrage est ainsi une jolie satire de l'emballement médiatique et de la starification éphémère liée à une société de consommation frénétique.

Le dernier département que va visiter Robert Benchley est celui des animateurs. Les fans Disney reconnaîtront alors plusieurs grands artistes dans cette séquence. Le premier est Fred Moore, connu pour avoir donné l'apparence moderne de Mickey, qui fait juste une petite apparition sans dialogue. Mais la vraie star de cette séquence est Ward Kimball qui est d'ailleurs l'employé Disney a avoir eu le plus de dialogue dans le film. Celui qui deviendra un des Neuf Vieux Messieurs montre à l'humoriste comment il dessine le personnage de Dingo puis prend tous ses feuillets et les fait défiler pour en simuler l'animation. Pour Kimball, qui vivait ici son premier rôle de cinéma, même si c'était le sien, l'expérience a été aussi amusante que stressante. Cela se voit d'ailleurs à son intonation qui se veut aussi naturelle que possible mais qui reste un peu mécanique. Il n'empêche ! L'animateur est charismatique et deviendra sûrement l'un de ceux qui passeront le plus à l'écran durant leur carrière pour les studios notamment via les épisodes de l'émission d'anthologie Disneyland comme par exemple À la Conquête de l'Espace en 1955.

Fred Moore (à droite)
Ward Kimball

Un troisième animateur est présent en fin de séquence : Norm Ferguson, connu notamment pour avoir donné la personnalité si expressive de Pluto. D'ailleurs, il est vu ici en train de tirer la langue afin d'animer au mieux le chien de Mickey. Toujours dans le département animation, Robert Benchley admire des dessins caricaturant des peintures des grands peintres mais avec Donald ou Daisy à la place de vrais modèles. En réalité, il s'agit d'esquisses pour un cartoon abandonné, The Old Masters, où Donald était gardien de musée et passait la nuit avec ses neveux Riri, Fifi et Loulou, dans un établissement culturel. Pas moins de 17 peintures avaient été réalisées pour lui par John Dunn, Phil Klein et Ray Patin et certaines se voient proposées dans le film à l'exemple du pastiche de L'Enfant en Bleu (The Blue Boy) de l'artiste anglais Thomas Gainsborough. Plus tard, en 1945, plusieurs de ses dessins seront publiés dans le magazine Life ainsi que dans le Chicago Tribune.

Norm Ferguson
The Old Masters

Le cartoon le plus connu du (Le) Dragon Récalcitrant est sans aucun doute Dingo Fait de l'Équitation. Le premier de la série des « How to... » a ainsi plusieurs origines. Tout d'abord il s'inspire sûrement de la série de courts-métrages MGM avec Robert Benchley. Ensuite, il s'agit avec lui de contourner une difficulté suite au départ en 1937 de Pinto Colvig, la voix officielle de Dingo. Jack Kinney, réalisateur en charge du gaffeur, décide en effet de transformer Dingo en personnage de pantomime qui explique à sa manière maladroite comment pratiquer telle activité ou tel sport, le tout narré par une voix off. Le succès de la série doit alors beaucoup au narrateur John McLeish dont la voix grave est mise à contribution pour servir le récit, à la manière des documentaires éducatifs. Toutes les péripéties de Dingo bénéficient désormais d'un contraste saisissant entre leurs loufoqueries intrinsèques et leur présentation voulue la plus sérieuse du monde. John McLeish, pensait d'ailleurs, à l'origine, avoir été engagé pour une vraie série de documentaires. Se rendant compte de sa méprise, il exprime aux artistes de Walt Disney sa volonté de rectifier le tir en changeant de ton. Le réalisateur Jack Kinney le convainc du contraire et insiste sur la force comique de sa prestation. La série des « How to... » est née. Dingo Fait de l'Équitation, surprenant d'humour décapant, l'inaugure ainsi de façon magistrale. RKO Pictures, le distributeur exclusif des films Disney à l'époque, trouve le cartoon tellement réussi qu'il décide carrément de l'inclure dans le long-métrage Le Dragon Récalcitrant, pensant qu'il toucherait de la sorte un plus large public. Vrai premier de la série, il n'arrivera cependant sur les écrans qu'après Le Planeur de Dingo, le second opus.

Finalement, la dernière séquence du film est celle qui est le plus en rapport avec son titre. Et pour cause : Robert Benchley arrive enfin à rencontrer Walt Disney dans la salle de projection qui diffuse justement le court-métrage finalisé... de l'idée qu'il était venu proposer : Le Dragon Récalcitrant, tiré d'une nouvelle de Kenneth Grahame.
Ce dernier est né à Edimbourg, en Écosse en 1859. Il travaille alors pour la Banque d'Angleterre dont il devient le secrétaire général en 1898. Il écrit parallèlement pour The Yellow Book (anthologie de littérature anglaise de l'époque) et publie par son biais, dans Pagan Papers en 1893, plusieurs nouvelles. Six d'entre elles décrivent la vie de famille de cinq orphelins. De ces histoires, deux recueils sont extraits : The Golden Age (1895) et Dream Days (1898) ; ce dernier comprenant la fameuse histoire du (Le) Dragon Récalcitrant ! Après elles, Kenneth Grahame écrit Le Vent dans les Saules, une suite de lettres et d'histoires racontées à son fils Alistair à l'heure du coucher, qu'il n'a pas véritablement la volonté de voir publiée. Finalement proposé en Angleterre en 1908, Le Vent dans les Saules connaît d'abord un succès mitigé avant de devenir un classique de la littérature anglaise. En plus du (Le) Dragon Récalcitrant, Disney adaptera également Le Vent dans les Saules sous le titre de La Mare aux Grenouilles en l'incorporant au film d'anthologie de 1949, Le Crapaud et le Maître d'École.

C'est en réalité à la fin des années 30 que Walt Disney a fait l'acquisition d'une édition du livre de Kenneth Grahame contenant des illustrations de E.H. Shepard, connue pour avoir fait également celles de Winnie l'Ourson pour Alan Alexander Milne. L'artiste Albert Hurter propose alors de nombreux concept arts tandis que les animateurs de renom comme Wolfgang Reitherman, Ward Kimball ou Fred Moore travaillent sur le court-métrage. Au final, Le Dragon Récalcitrant vaut essentiellement pour son personnage principal, le dragon, dont la voix anglaise apportée par Barnett Parker est merveilleuse. Précieux, plus efféminé que dandy, il n'a, en effet, aucune envie de se battre ou de se comporter en dragon traditionnel. Il ne pense ainsi qu'à batifoler, faire de la poésie et boire du thé. La couleur choisie, son apparence et sa démarche en font un personnage vraiment attachant. Son opposant Sir Giles (une sorte de Don Quichotte moyenâgeux) n'est pas en reste : tout aussi folklorique, il partage avec le dragon la passion de littérature. C'est finalement le petit garçon qui sert de lien et de fil directeur à l'histoire en ramenant (comme il peut) les deux protagonistes et à la bienséance, et à l'ordre établi. Il est vraiment amusant de voir l'enfant représenter la pensée conformiste tandis que les adultes (homme et dragon) sont, eux, des hurluberlus qui ne rêvent que de faire ce qu'ils aiment en contournant les règles sociales. Finalement, ils devront tout de même s'en accommoder mais en trompant leur monde et faisant semblant selon l'adage : pour vivre heureux, vivons cachés... Faut-il voir dans ces personnage et cette histoire, une parabole sur la condition homosexuelle de l'époque, la question mérite d'être posée... Lorgnant du coté de Ferdinand le Taureau dont il reprend la trame, le court-métrage est une critique féroce contre les intolérances sociales et aprioris moraux tout en restant toujours drôle et sensible.

Entre le tournage et la sortie du (Le) Dragon Récalcitrant le 20 juin 1941, l'ambiance sociale chez Disney s'est dégradée fortement. Le 29 mai 1941, ses animateurs entament, il est vrai, un conflit qui reste le plus long de l'histoire des studios et qui y changera, à jamais et profondément, l'ambiance de travail. L'étincelle se produit quelques jours avant quand Walt Disney licencie Art Babbitt, un de ses animateurs vedettes, après qu'il s'est syndiqué auprès de la Screen Cartoonist's Guild. Se sentant trahi, le Maître de l'Animation remercie l'animateur ainsi que seize autres de ses employés dans le même cas. Ce renvoi est la goutte d'eau qui fait déborder le vase d'un mécontentement devenu de plus en plus latent. Lors du chantier de Blanche Neige et les Sept Nains, Walt Disney lui-même, conscient de la masse de travail colossale que génère son ambitieux projet, promet en effet à ses artistes des primes exceptionnelles selon les résultats commerciaux de ce qui deviendra le tout premier long-métrage d'animation sonore et en couleur de l'histoire du cinéma. Le film devenu entre temps un énorme succès tout comme un phénomène de société, les collaborateurs du Maître s'attendent donc à récolter le fruit de leur travail. Ils ne verront rien venir ! Walt Disney préfère, en fait, oublier sa promesse et investir tous les bénéfices dans le nouveau studio à Burbank. Il était ainsi persuadé que les nouveaux locaux donneraient de meilleures conditions de travail à ses employés et les combleraient. C'est en fait tout le contraire : ils y verront une accentuation des disparités salariales et une hiérarchisation à outrance. La colère et l'incompréhension n'ont alors cessé de monter entre les collaborateurs et le Maître, pour aboutir finalement à une grève totale. Cette situation est d'autant plus surprenante que les artistes des studios Disney étaient, à l'époque, assurément les mieux payés de tout Hollywood. Walt Disney se pensait à l'abri des affres qu'avaient subies d'autres studios d'animation comme ceux des frères Fleischer. Il se trompe une fois de plus : le conflit s'avère chez lui extrêmement dur. Walt Disney en sort blessé et trahi. Il change dès lors irrémédiablement ses relations au sein de sa compagnie. Finie la gestion paternaliste : il se résout à prendre une posture de chef d'entreprise. Pourtant, la fin de crise ne s'obtiendra qu'avec l'éloignement du Maître, dont le départ pour l'Amérique latine a le don d'apaiser les tensions. La gestion du conflit est déléguée à son frère, Roy, et à son staff, histoire de dépassionner les débats...


La grève de 1941

Dans ce contexte, Le Dragon Récalcitrant est mal accueilli par la presse. Une partie salue les séquences animées mais conspue les scènes en prises de vues réelles, jugées insipides. Le public n'est pas plus tendre. Il est peu disposé à voir une oeuvre cinématographique d'un genre hybride, entre l'animation et le documentaire. Il a, en effet, déjà été "formaté" pour les œuvres du style Blanche Neige et les Sept nains, Pinocchio ou Fantasia et n'est pas prêt à recevoir un type nouveau moins divertissant et plus morcelé. Pis, à l'image des critiques de l'époque, les spectateurs ont pris Le Dragon Récalcitrant pour une tricherie éhontée des Studios en le voyant - c'est un comble ! - comme un film publicitaire payant. Pour couronner le tout, la grève a des répercussions sur l'exploitation de l'opus. Technicolor, en solidarité aux grévistes, refuse de traiter le film Disney, ce qui fait qu'au lieu des 175 copies espérées, seules 75 sont disponibles. Certains artistes vont en outre planter leur piquet de grève devant les cinémas qui le passent. Les grévistes contestent de la sorte l'image des studios que Le Dragon Récalcitrant montre au public. Pour eux, il s'agit purement et simplement d'un film de propagande très éloigné de la réalité. Les exploitants préfèrent alors retirer le long-métrage de l'affiche afin d'éviter tout problème. Au final, l'opus ayant coûté 600 000 dollars à produire ne rapporte que 460 000 dollars sur le territoire américain et à peine plus dans le reste du monde. Il se rembourse tout juste, loin d'obtenir les résultats escomptés pour renflouer les caisses du studio. Heureusement, Dumbo qui sortira quelques mois plus tard, sera bien plus chanceux même si l'attaque de Pearl Harbor lui coupera l'herbe sous le pied.

Dingo Fait de l'Équitation
(1950)
Behind the Scenes of Walt Disney Studio
(1952)
Le Dragon Récalcitrant
(1975)

Le Dragon Récalcitrant ne sera plus jamais proposé au cinéma dans son intégralité. Le cartoon Dingo Fait de l'Équitation a ainsi droit à une ressortie en solo dans les salles, le 24 février 1950. La partie en prises de vues réelles est, quant à elle, compilée dans le court-métrage Behind the Scenes of Walt Disney Studio et proposée en décembre 1952 en 16mm en tant qu'œuvre éducative auprès des écoles. Il s'agit de la première pierre de ce qui sera à l'origine de la création de la filiale Disney Educational Productions, quelques années plus tard. Enfin, le court-métrage Le Dragon Récalcitrant est proposé lui, en 16mm, en octobre 1975. Il ressortira ensuite en VHS dans des compilations ou dans la collection des Mini Classiques. Le long-métrage d'origine de 1941 est finalement proposé dans son intégralité en VHS dans les années 90 mais uniquement vendu dans les Disney Store américains. Le 3 décembre 2002, il est disponible en DVD au sein de la collection des Walt Disney Treasures, dans la compilation Les Coulisses des Studios Disney, puis est ensuite réédité seul en DVD pour le programme sur abonnement, Disney Movie Club. Enfin en 2014, il est offert en bonus du Blu-ray du film Le Crapaud et le Maître d'École. Aux États-Unis, une chose est désormais claire : les studios Disney n'ont plus honte du film. De nombreux objets du tournage sont souvent proposés dans des expositions des Walt Disney Archives et se retrouvent également dans les Parcs Disney américains comme par exemple dans le hall du Carthay Circle Restaurant au Disney California Adventure de Disneyland Resort en Californie mais aussi dans le club privé The 1901 Lounge situé juste à côté.

Carthay Circle Restaurant
The 1901 Lounge

La diffusion en France du film a été encore plus réduite. Il a, en effet, eu droit à une exploitation au cinéma avec une sortie en salle le 18 juillet 1947 sous le titre Les Secrets de Walt Disney. Puis il tombe dans l'oubli dans l'hexagone, même si les deux cartoons Dingo Fait de l'Équitation et Le Dragon Récalcitrant sont proposés dans différentes compilations. Le long-métrage sort finalement en VHS en 1999 dans un coffret, exclusif et limité, FNAC avec le documentaire Frank et Ollie. Sur la jaquette, il prend pour titre Le Dragon Hésitant alors que l'écran titre, lui, indique bien Le Dragon Récalcitrant en français. Le film est, quant à lui, proposé en version sous-titrée en français pour les séquences en prises de vues réelles et en version française pour les séquences animées. Il faut attendre finalement le 7 avril 2020 pour qu'il soit enfin disponible au plus grand nombre grâce à sa présence dans le catalogue de la version française de la plateforme Disney+, même s'il y reste en version sous-titrée dans son intégralité.

Le Dragon Récalcitrant est un long-métrage un peu à part dans la filmographie Disney mais qui tient tout de même une place importante d'un point de vue historique. Si la réalité du procédé de création d'un film d'animation y est simplifiée voire déformée, il n'en reste pas moins une pépite à voir pour tous les fans de l'animation Disney tellement il foisonne de clins d'œil et de détails. Les trois courts-métrages qu'il contient, tous de vrais bijoux, valent en outre à eux seuls de découvrir ce film injustement oublié.

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