Ferdinand, le Taureau
Titre original : Ferdinand the Bull Production : Walt Disney Animation Studios Date de sortie USA : Le 25 novembre 1938 Série : Genre : Animation 2D |
Réalisation : Dick Richard Durée : 8 minutes |
Autre(s) disponibilité(s) aux États-Unis : |
Le synopsis
Un taureau, malgré les apparences, ne rêve que de paix autour de son arbre et du parfum des fleurs qu'il aime respirer... |
La critique
Si un sondage devait être proposé aux spectateurs et aux fans Disney pour désigner les dix meilleurs cartoons du studio, il y a fort à parier que Ferdinand, le Taureau serait parmi eux. D'une beauté à couper le souffle et d'une tendresse incroyable, ce court-métrage fait indéniablement partie des pépites de Walt Disney.
Le cartoon est basé sur le livre pour enfant de Munro Leaf,
L'Histoire de Ferdinand.
Wilbur
Monroe Leaf surnommé Munro Leaf est né le 4 décembre 1905. Après des études de
littérature et un passage chez un éditeur, il commence sa carrière d'écrivain de
littérature enfantine. Son œuvre la plus célèbre est assurément l'une de ses
premières et l'une de celles qu'il met le moins de temps à écrire. Pour
satisfaire la demande d'un ami, l'illustrateur Robert Lawson, il rédige en effet
L'Histoire de Ferdinand en même
pas une heure. Le livre rencontre immédiatement un immense succès en librairie :
il provoque pourtant une immense controverse à l'étranger. Ses opposants lui
reprochent ainsi son anticonformisme et son pacifisme patent. Il est ainsi
interdit en Espagne, pourtant pays où est située l'histoire, et brulé en tant
qu'ouvrage de propagande dans l'Allemagne nazie. L'auteur continue, néanmoins sa
carrière après lui, en écrivant pas de moins de 40 livres avant de s'éteindre le
21 décembre 1976.
Walt Disney acquiert les droits de L'Histoire de Ferdinand en octobre 1937. Le cartoon est prévu à l'origine pour intégrer la série Silly Symphonies, toujours en production en 1938 (même si elle arrive à sa fin puisqu'elle s'arrêtera l'année suivante après quatre autres opus supplémentaires). Cela ne se fait pas et Ferdinand, le Taureau devient alors le premier cartoon à sortir en dehors de toute série, le tout premier que les spécialistes classent en qualité de « Special » (à prononcer à l'anglaise). Certains désignent d'ailleurs à tort The Hot Choc-Late Soldiers comme le premier ce qui est totalement faux puisqu'il s'agit en réalité d'une séquence du film de la MGM, Hollywood Party dont il n'est pas le seul passage produit par Walt Disney puisque Mickey est aussi de la partie en interagissant avec Jimmy Durante.
Les studios Disney demeurent très fidèles au livre ainsi qu'aux illustrations de Robert Lawson. Ils vont même se surpasser rendant son animation superbe. Les décors sont, en effet, de toute beauté et la musique espagnole dépaysante à souhait. La narration de Don Wilson, une voix célèbre de radio notamment pour ses annonces dans The Jack Benny Program, est elle-aussi tout simplement parfaite. Le personnage de Ferdinand est, quant à lui, tellement attachant que le spectateur l'aime instantanément. Le voir, là, tranquille sous son arbre en train de renifler des fleurs apaise l'âme et donne envie de profiter des belles choses plutôt que de chercher l'action à tout prix pour se faire bien voir. Le passage où le taureau rend dingue le toréador dans son simple désir de ne rien faire est à la fois amusante et édifiante. Car au final, l'animal gagne et son anticonformisme est payant. Il veut rester tranquillement sous son arbre dans une posture à l'opposé de celle des autres de son espèce qui ne cherchent qu'à se battre. Il n'a ainsi que faire de ce que pensent les autres tant il veut vivre comme il l'entend.
Malgré une poésie omniprésente, l'humour a aussi sa place dans le court-métrage. Tout d'abord par le doublage de Milt Kahl qui s'amuse à prendre une voix de fausset pour faire parler le petit Ferdinand. Sa mère également est très drôle quand elle s'offusque à entendre le narrateur la mentionner comme une simple "vache". Enfin, les fans d'animations s'amuseront à reconnaitre les caricatures des animateurs des studios : Ham Luske, Jack Campbell, Fred Moore et Art Babbitt en banderilleros sans oublier Bill Tytla en picadores. Elles sont signées de Ward Kimball qui se caricature d'ailleurs lui-même en mozo de espadas (assistant personnel et exclusif du matador). L'artiste aime bien se moquer de lui-même et le refera plusieurs fois notamment dans Raison et Émotion ou Les Années 90. Beaucoup d'observateurs pensent à l'époque que le matador est en réalité une caricature de Walt Disney lui-même. Le Patron du studios le croyait d'ailleurs aussi volontiers. Pour autant, Ward Kimball affirmera pudiquement durant toute sa vie qu'il n'a jamais voulu caricaturer le Maître de l'Animation.
Ferdinand, le Taureau est salué par la critique et remporte très justement l'Oscar du Meilleur Court-Métrage battant, au passage, trois autres productions Disney : Le Brave Petit Tailleur de la série Mickey Mouse, Bons Scouts de la série Donald Duck et Conte de ma Mère l'Oye de la série Silly Symphonies.
Ferdinand, le Taureau est une pépite livrant un beau message sur l'anticonformisme et le pacifisme tout en affichant une beauté incroyable bâtie sur une animation Disney portée à son plus haut niveau et soutenue par des personnages instantanément attachants. A déguster sans modération !