Hollywood Party
Titre original : Hollywood Party Production : Walt Disney Animation Studios Metro-Goldwyn-Mayer Date de sortie USA : Le 1er juin 1934 Distribution : Metro-Goldwyn-Mayer Genre : Animation 2D / Film "Live" |
Réalisation : Roy Rowland Musique : Jack Barnett Nacio Herb Brown Walter Donaldson Jimmy Durante Richard Rodgers Durée : 70 minutes |
Disponibilité(s) en France : |
Le synopsis
Jimmy Durante affronte, pour son rôle dans le film Schnarzan the Conqueror, les quolibets du public. Sa prestation de combat contre des faux lions ne convainc, en effet, personne. Aussi, quand le baron de Munchausen arrive en ville avec des vrais félins mangeurs d'hommes, l'acteur décide d'organiser une fête dans sa villa d'Hollywood. Il entend ainsi profiter de la party pour acheter de vrais lions pour son prochain film et bénéficier alors d'une énorme publicité. Mais c'est sans compter sur son rival de toujours, Liondora, qui, s'invitant à la fête, entend bien lui couper l'herbe sous le pied, en acquérant les félins à sa place. Toutefois, sans le sou, ce dernier part, en se grimant en baron grec, en quête de fonds auprès d'un couple de millionnaire, les Klemp.
Bien loin de se douter de ce qui se trame, Jimmy Durante tente aussi, pendant la soirée, de se défaire de son ex petite amie qui aura maille à partir avec Laurel et Hardy. Les deux compères sont en effet venus réclamer au baron de Munchausen le paiement des lions dont ils étaient les éleveurs...
La critique
Prés de cinquante cinq ans avant que Disney et MGM ne s'associent à Walt Disney World Resort, en Floride, pour créer le parc à thèmes, Disney-MGM Studios, Walt Disney et la Metro-Goldwyn-Mayer travaillent déjà ensemble dans un fort curieux et tout aussi obscur projet. Pendant l'âge d'or d'Hollywood, Mickey Mouse est, en effet, l'une des vedettes d'un long-métrage estampillé MGM ! Il partage ainsi la vedette avec des étoiles du cinéma traditionnel tels Jimmy Durante, Laurel et Hardy ou les trois Stooges.
MGM demande donc à Walt Disney de créer une séquence animée pour son film, Hollywood Party, sorti en 1934. Si ce n'est pas la première fois que le Maître de l'animation en devenir réalise des œuvres sur commande pour un autre studio, c'est la seule, en revanche, où Mickey est ainsi "prêté" à un label extérieur. Les aventures de Roger Rabbit ne peut pas, en effet, être considéré comme un prêt puisque Touchstone est partie intégrante de The Walt Disney Company. Disney a ainsi déjà travaillé sur deux autres films (La Quarante Chevaux du Roi, Entrée de Service) pour la Fox. Le premier qui comporte une séquence futuriste où apparait un extrait du cartoon de Mickey, Mickey au Moyen-Âge, sort le 4 novembre 1933 tandis que le second est présenté après Hollywood Party, le 26 septembre 1934. Le studio Disney s'y occupe d'une scène de cauchemars où des ustensiles de cuisine prennent vie.
Hollywood Party est un film "revue", genre très populaire alors. Il est constitué essentiellement d'une succession de chansons, danses et scènes comiques, mises bout à bout et reliées par un scénario pratiquement inexistant. Au centre du récit se trouve ainsi le comédien Jimmy Durante, chanceux organisateur d'une fête dont la liste d'invités est impressionnante de stars. Si des noms comme Jack Pearl, Polly Moran ou June Clyde ne disent plus rien aujourd'hui à bon nombre de spectateurs, les visages de Jimmy Durante, Stan Laurel, Oliver Hardy et des trois Stooges sont au contraire familiers de tous.
Le long-métrage estampillé MGM est assurément, à l'époque, unique en son genre ! Il se démarque, en effet, aussi bien pour son utilisation du personnage de Mickey que pour son intrusion d'une séquence toon dans un film live, dont l'histoire et le style lorgnent sans complexe ici, du coté des Silly Symphonies et là, des Alice Comedies. La scène en question est à l'évidence du pur divertissement disneyen des années 30.
Mickey apparaît ainsi au milieu du film lorsqu'une invitée apeurée s'écrie :
"Une souris ! Une souris !". Jimmy Durante se porte à son secours et se
retrouve, à sa grande surprise, devant
le plus célèbre des rongeurs. Le fameux ambassadeur de Disney conserve d'ailleurs la taille d'une
petite souris comparée à l'assemblée
humaine. De même, il a son apparence de la période noir et blanc, typique du
début des années 30. Taquin, il se moque avec délice de son hôte en
déformant son nez pour l'imiter. Jimmy Durante vexé le provoque en duel ce
que Mickey accepte en lui assenant un coup de poing... Justement sur le nez
!
Cette séquence d'interactions d'un personnage toon avec un acteur en chair
et en os jouit d'une parfaite maîtrise technique. Walt Disney reprend là, en
les améliorant, ses habitudes prises dans la série des
Alice Comedies
du milieu des années 20. Le combat entre Jimmy Durante et Mickey est
d'ailleurs l'occasion pour la célèbre souris de gagner les faveurs du public
qui en redemande encore et toujours. Un piano apparaît et l'ambassadeur de
Disney présente alors une séquence digne des Silly Symphonies.
Le film passe, à cette occasion, du noir et blanc à la couleur, et propose le cartoon The Hot Choc-Late Soldiers. Pour le moins loufoque, ce court-métrage, inséré dans le long, apparaît à bien des égards belliqueux. Il présente, en effet, des soldats en chocolats qui partent en guerre au pays des pâtisseries pour combattre des hommes en pains d'épices. En déroute, le camp du chocolat a alors la brillante idée d'utiliser la technique militaire du cheval de Troie pour investir la place forte du pays des pâtisseries et faire prisonnier les hommes de pains d'épice. Emportant la victoire grâce au stratagème employé, il rentre triomphant au pays, bien qu'estropié. Le défilé est éminemment étrange tant la violence visuelle est grande avec son lot de blessés soignés par des objets sucrés à l'exemple d'une jambe remplacée par une sucette. The Hot Choc-Late Soldiers lorgne assurément du coté du cartoon des Silly Symphonies, Carnaval des Gâteaux, sorti en 1935. Mais, si ce dernier avait une fin heureuse digne de la réputation des productions de Walt Disney, son alter ego se termine lui par un humour morbide (le soleil, au sourire malicieux, se met en effet à chauffer plus que d'habitude pour faire fondre l'armée en chocolat), inconcevable pour le studio de Mickey.
Hollywood Party est l'une des rares et dernières missions de Walt Disney pour un concurrent. Le Maître en devenir se concentre, en effet, bien vite sur son idée de long-métrage d'animation, réalisé entièrement en interne. Si ses participations pour la Fox et la MGM ne doivent pas être reniées ou minimisées, elles présentent néanmoins le désavantage de ne pas appartenir à The Walt Disney Company. Cette situation est grandement préjudiciable car les deux studios impliqués semblent faire peu de cas de ces œuvres. Ils ne manifestent à l'évidence pas grand intérêt pour les sortir de l'oubli dans lequel ils les ont délibérément placées. Hollywood Party n'a eu droit ainsi qu'à une brève sortie en VHS de location en 1992 avant de sortir en DVD à la fin des années 2000. Entrée de Service n'a pas eu cette chance. Quant à La Quarante Chevaux du Roi, seule une copie partielle, sauvegardée dans l'enceinte des archives de l'Université de Californie de Los Angeles, a survécu.
Hollywood Party est, donc, assurément un film remarquable à plus d'un titre. Non pour sa qualité intrinsèque, assez pauvre en fait, mais pour sa place tout à fait particulière dans la filmographie de Disney.
C'est d'abord la seule œuvre, respectueuse du style disneyen si particulier, réalisée par le studio aux grandes oreilles pour un concurrent. Entrée de Service comporte, en effet, une simple séquence anodine où la patte de Walt Disney est quasi invisible, tandis que La Quarante Chevaux du Roi ne fait que reprendre un cartoon déjà produit par Disney.
C'est ensuite, bien avant Fantasia, le premier long-métrage de Mickey, et - excusez du peu ! - avant Blanche Neige et les Sept Nains, le premier film sur lequel Walt Disney a travaillé.
C'est enfin, aussi, la seule séquence signée du papa de Mickey, The Hot Choc-Late Soldiers, à faire preuve d'un cynisme violent.
Hollywood Party est une œuvre qui n'a pas fini d'étonner tous les fans de Walt Disney.