Frank Churchill
Date de naissance : Le 20 octobre 1901 Lieu de Naissance : Rumford, dans le Maine, aux États-Unis Date de Décès : Le 14 mai 1942 Lieu de Décès : Castaic, District de Newhall, en Californie, aux États-Unis |
Nationalité : Américaine Profession : Compositeur |
La biographie
Lorsqu’il était demandé à Walt Disney de citer les ingrédients de son succès, il répondait souvent que celui-ci reposait essentiellement sur trois éléments clés : une histoire captivante avec des personnages pleins de caractère, une animation soignée, ainsi qu’une partition mémorable. Pour l’aider à composer les musiques et les chansons de ses films, le papa de Mickey s’est ainsi entouré des meilleurs compositeurs au nombre desquels Frank Churchill, musicien de grand talent au destin funeste mais dont l’œuvre est largement restée à la postérité.
Frank Churchill naît le 20 octobre 1901 à Rumford, une petite bourgade située dans le Maine, à l’extrême nord-est des États-Unis. Alors qu’il n’a que quatre ans, son père Andrew J. et sa mère Clara E. font le choix de quitter la côte Est. Traversant tout le pays, la petite famille s’installe ainsi à Ventura, sur le littoral sud-ouest de la Californie. C’est là que le jeune Frank apprend en autodidacte les rudiments de la musique classique en écoutant les plus grandes compositions de Franz Schubert qu’il admire.
À quinze ans, la passion pour le piano de Frank Churchill se transforme bientôt en un métier à part entière. À l’époque, le cinéma, encore balbutiant, est un art mineur. Surtout, les technologies sont encore rudimentaires et il est impossible d’associer du son à l’image. C’est l’âge d’or du muet. Pour accompagner les courts-métrages projetés au public, il n’est dès lors pas rare que les directeurs de cinéma fassent appel à des musiciens pour improviser la musique directement dans la salle. Le jeune Churchill est ainsi engagé par le responsable du cinéma de Ventura afin d’accompagner au piano les productions projetées chaque semaine. C’est un petit boulot peu gratifiant mais amusant. Il suffit à Churchill de s’asseoir devant son instrument pour laisser libre court à son imagination tout en regardant l’écran. Cela lui permet de voir les derniers films du moment mais aussi d’améliorer son art. Pour ses parents, en revanche, le piano doit rester un passe-temps. Hors de question que leur fils devienne musicien. Ils ordonnent ainsi à Frank de poursuivre ses études. Il s'inscrit alors à l’Université de Californie à Los Angeles afin d’y suivre un cursus en médecine. Mais cette scolarité fait rapidement long feu. Churchill a fait son choix. Il ne sera pas médecin. Il sera musicien !
Walt Disney, Wilfred Jackson et Frank Churchill
Âgé d’à peine plus de vingt ans, Frank Churchill part de rien et joue au départ dans des salles minuscules. Il passe également fréquemment la frontière pour jouer dans quelques bastringues de Tijuana, au Mexique. Cette carrière, c’est peu dire, n’a rien de reluisant. C’est exactement ce que ses parents craignaient... Mais Churchill persévère. Il joue aux côtés d’un orchestre de Tucson, dans l’Arizona. En 1924, il décide finalement de rentrer en Californie et de tenter sa chance à Hollywood. Là, il décroche un contrat avec la station de radio KNX. De fil en aiguille, Frank Churchill fait quelques rencontres qui lui permettent d’entrer par la petite porte dans l’univers du cinéma. RKO Pictures, l’une des plus puissantes firmes cinématographiques, l’engage de temps à autre pour ses films.
Durant l'année 1930, Frank Churchill est reçu par Walt Disney. Jouissant d’une popularité et d’un succès incroyables grâce aux cartoons de Mickey et aux Silly Symphonies qui remplissent chaque semaine les salles, le jeune cinéaste a en effet désespérément besoin d’un nouveau compositeur depuis que son ami Carl Stalling est parti chez son concurrent Amadee J. Van Beuren. Il faut ainsi lui trouver un remplaçant. Churchill décroche la timbale et obtient la place. Installé dans un bureau voisin de celui de Walt Disney et de ses scénaristes, il se voit rapidement associé à la production de dizaines de courts-métrages pour lesquels il compose des mélodies entraînantes. Il travaille notamment sur Symphonie Enchaînée, L’Esseulé, Olympiques Rustiques, Le Fermier Musicien, Mickey in Arabia, Mickey au Grand Nord, Bâtissons ou bien encore Mickey et son Ami Pluto et Mickey au Moyen-Âge. Pour la collection des Silly Symphonies, il écrit entre autres les partitions de Mélodies Égyptiennes, The Cat’s Out, En Plein Boulot, L’Assiette de Porcelaine, The Clock Store, The Fox Hunt, The Bears and the Bees, L’Atelier du Père Noël et Quel Ressort. Grâce à ce travail, Frank Churchill parvient enfin à gagner sa vie correctement. Vivant jusqu’ici toujours chez ses parents, il s’émancipe et a les moyens de s’offrir son propre ranch au nord de Los Angeles. Il fait en outre la rencontre de sa femme, Carolyn Shafer, la secrétaire privée de Walt Disney avec laquelle il se marie le 10 juin 1933. Le couple donne naissance à une petite fille, Corrine.
Walt Disney, Dorothy Compton, Pinto Colvig, Mary Molder et Frank Churchill
La même année, Frank Churchill marque un grand coup. Walt Disney lui confie en effet la musique du prochain court-métrage réalisé par Burt Gillett, Les Trois Petits Cochons. Épaulé par le scénariste et comédien Pinto Colvig, par le scénariste Ted Sears et la parolière Ann Ronel, Churchill signe Qui a Peur du Grand Méchant Loup ?. La chanson est amusante. Les paroles sont faciles à retenir. Surtout, elle véhicule de belles valeurs d’espoir qui trouvent un beau retentissement dans le cœur des Américains frappés de plein fouet par les affres de la Grande Dépression. Qui a Peur du Grand Méchant Loup ? devient alors un véritable tube qui tourne sur toutes les radios. Partout, les orchestres et autres musiciens, en herbe ou professionnels, reprennent le titre. En seulement trois jours, trente-neuf-mille copies de la partitions sont vendues dans la seule ville de New York !
Couronné d’un succès incroyable dépassant de loin toutes les attentes, Frank Churchill poursuit avec la musique de dizaines d’autres cartoons comme Mickey’s Gala Premier, Le Vieux Roi Cole, Au Pays de la Berceuse, Mickey au Pays des Géants, Pluto Jongleur, Les Petits Lapins Joyeux, Mickey Gulliver, La Souris Volante, Le Gala des Orphelins, Le Lièvre et la Tortue, Le Roi Midas, Qui a Tué le Rouge-Gorge, De L’Autre Côté du Miroir, Donald et Pluto... Dans le même temps, Walt Disney fait spécialement appel à lui pour composer aux côtés de Leigh Harline et Paul J. Smith la partition de son tout premier long-métrage animé, Blanche Neige et les Sept Nains. L’expérience est nouvelle. Elle est exaltante. Churchill fait partie de ces artisans ayant permis à Disney d’investir le domaine du long-métrage et de révolutionner l’histoire. Il participe également au recrutement de la jeune Adriana Caselotti, choisie pour prêter sa voix à la princesse.
Comme celles des (Les) Trois Petits Cochons avant elle, la musique et les chansons de Blanche Neige et les Sept Nains devient un véritable triomphe. Les chansons et la musique passent sur toutes les radios. Pour la première fois, une bande originale est éditée en disque. Sifflez en Travaillant, Heigh-Ho, Un Jour mon Prince Viendra deviennent des classiques. Frank Churchill, Paul Smith et Leigh Harline montent sur la scène des Oscars en 1938 pour recevoir le trophée de la Meilleure Musique.
Leigh Harline, Walt Disney et Frank Churchill
Grâce au succès de Blanche Neige et les Sept Nains, Frank Churchill devient l’un des grands compositeurs en vogue à Hollywood. Le producteur Sol Lesser fait appel à ses services pour les chansons de son prochain film, Sérénade sur la Glace, distribué par RKO. Aux côtés de Victor Young et de Paul F. Webster, Churchill écrit alors trois chansons, Happy as a Lark, Put Your Heart in a Song et The Sunny Side of Things. Le compositeur collabore également un temps avec Walter Lantz sur des dessins animés comme Boy Meets Dogs, Feed the Kitty, Problem Child, Barnyard Romeo, The One-Armed Bandit…
Mais c’est bien aux studios Disney que Frank Churchill dévoile toute l’étendue de son art. Après Blanche Neige et les Sept Nains, il travaille en particulier sur une nouvelle adaptation de Peter Pan. Il planche en parallèle sur Cendrillon ainsi que sur Le Dragon Récalcitrant, le film sur les coulisses de Disney avec Robert Benchley dans lequel il apparaît dans son propre rôle. Avec Oliver Wallace, il écrit la bande originale de Dumbo qui lui vaut de remporter un second Oscar de la Meilleure Musique en plus d’une nomination dans la catégorie Meilleure Chanson pour Mon Tout Petit co-signée avec Ned Washington. Avec Edward H. Plumb, Churchill compose également pour Bambi.
Frank Churchill dans Le Dragon Récalcitrant
Au début des années 1940, Frank Churchill est au sommet de sa carrière. Il occupe un beau poste de directeur musical des studios. Les nouveaux projets ne manquent pas. Certaines de ses chansons et de ses musiques sont devenues des classiques. Toute la profession loue son talent incroyable. Mais en coulisses, l’histoire n’est pas aussi heureuse. Deux de ses amis proches viennent de décéder coup sur coup, laissant un vide impossible à combler. Côté professionnel, Disney se montre de plus en plus critique. Il n’aime en particulier pas du tout la première mouture de la musique de Bambi, selon lui pas assez puissante. Les disputes sont alors nombreuses. Plumb et Churchill sont finalement contraints de revoir leur copie et de composer une nouvelle partition. Le résultat, bien sûr, est parfaitement à la hauteur. La musique de Bambi est brillante, puissante, à la fois drôle et tendre, comique et dramatique, offrant au film une large partie de sa beauté.
Frank Churchill et Larry Morey
Sujet à la dépression, Frank Churchill a surtout depuis plusieurs années maintenant un terrible penchant pour la boisson. Obnubilé par son travail, le compositeur a malheureusement trouvé un allié dans l’alcool. Ses disputes récentes avec Walt Disney ont souvent été noyées dans l’ivresse. Le 14 mai 1942, Frank Churchill est au bout du rouleau. Seul dans son ranch de Castaic, il s’assoie devant son piano... Il joue quelques notes... Il se saisit d’un pistolet... Il se tire une balle dans la tête... Il n’avait que quarante-et-un ans…
Fauché en pleine gloire, Frank Churchill est enterré au Forest Lawn Memorial Park Cemetery de Glendale. Nommé à titre posthume aux Oscars pour la musique de Bambi et la chanson L’Amour est Éternel, il laisse derrière lui un immense héritage. Ayant vivement contribué au succès incroyable des studios Disney grâce à ses mélodies et ses chansons qui, aujourd’hui encore, continuent d’enchanter le public, il est honoré le 5 décembre 2001 par un Disney Legends Award saluant l’ensemble de sa carrière...
La filmographie
002 |
L'Esseulé
Compositeur • Animation 2D
1931
Cinéma
|
1931
Cinéma
|
005 |
Le Chat N'Est Pas Là
Compositeur • Animation 2D
1931
Cinéma
|
1931
Cinéma
|
007 |
Quel Bazar !
Compositeur • Animation 2D
1931
Cinéma
|
1931
Cinéma
|
008 |
La Chasse au Renard
Compositeur • Animation 2D
1931
Cinéma
|
1931
Cinéma
|
010 |
The Bird Store
Compositeur • Animation 2D
1932
Cinéma
|
1932
Cinéma
|
029 |
Le Premier Amour
Compositeur • Animation 2D
1933
Cinéma
|
1933
Cinéma
|
062 |
7 Wise Dwarfs
Compositeur • Animation 2D • National Film Board of Canada
1941
Cinéma
|
1941
Cinéma
|