La Souris Volante
Titre original : The Flying Mouse Production : Walt Disney Animation Studios Date de sortie USA : Le 14 juillet 1934 Série : Genre : Animation 2D |
Réalisation : Dave Hand Musique : Frank Churchill Larry Morey Durée : 9 minutes |
Disponibilité(s) en France : |
Le synopsis
Une fée papillon exauce le vœu d'une souris d'avoir des ailes... |
La critique
La Souris Volante est une adaptation éloignée de la fable d'Ésope et de Jean de La Fontaine, Le Geai Paré des Plumes du Paon.
Les fables d’Ésope désignent un ensemble de fables en prose attribuées à Ésope, un écrivain grec qui a vécu de la fin du VIIe siècle au début du VIe siècle avant Jésus Christ. Ses récits mettent en scène des animaux et se terminent sur une morale. Parmi les plus célèbres, il peut ainsi être cité Le Corbeau et le Renard, Le Lièvre et la Tortue ou La Cigale et la Fourmi. En France, l'auteur qui popularisa le plus ces histoires est sans conteste Jean de la Fontaine. Le poète français est, lui, né le 8 juillet 1621 à Château-Thierry et mort le 13 avril 1695 à Paris. Ses Fables constituent la principale œuvre poétique de la période classique et sont à la base de sa renommée. Le talent de La Fontaine est en effet d'avoir su donner une haute valeur à un genre qui jusque là n’avait aucune reconnaissance littéraire. Son brillant maniement des vers et la visée morale de ses textes font que les Fables de La Fontaine sont depuis considérées comme l'un des plus grands chefs-d’œuvre de la littérature française.
La Souris Volante adapte donc la fable Le Geai Paré des Plumes du Paon mais y change tout de même un élément central. Il ne s'agit plus ici d'un oiseau mais d'une souris. La morale reste en revanche la même : se faire passer pour une autre personne ne rapporte rien de bon ; il vaut mieux réussir par ses propres moyens. La cartoon est intéressant car son propos, certes logique, va tout de même un peu à l'encontre de l'état d'esprit du jeune entrepreneur qu'était Walt Disney au milieu des années 30. En réalité, la morale distillée ici peut avoir deux significations somme toute contradictoires. Autant il est normal de ne pas vouloir imiter quelqu'un afin de trouver sa propre personnalité ou son propre talent, autant limiter son imagination et son ambition en se basant sur le regard des autres et sur les convenances peut mettre des freins à sa propre créativité et réussite. Si Walt Disney était resté coincé sur ses échecs et sur le nombre de fois où il lui était dit que ce qu'il entreprenait était impossible, il ne serait en effet jamais devenu ce grand producteur d'Hollywood connu de tous. Ainsi la morale dépeinte ici est un peu douce-amère en fonction du sens donné.
Dans le cartoon donc, la souris imagine une chose impossible : voler comme les oiseaux qu'il admire. Il tente alors de réaliser son rêve en fabriquant des ailes avec des feuilles de plantes mais au final ne fait que tomber avec panache. Et sa malheureuse tentative a des conséquences fâcheuses : il recueille les quolibets de ses frères, asperge la belle robe de sa sœur et reçoit une fessée de sa mère. Dépité et blessé, il part ainsi pleurer dans son coin quand il entend l'appel à l'aide d'un papillon attaqué par une grosse araignée. Il n'hésite pas à le sauver quand il se rend compte que ledit papillon est en réalité une fée qui pour le remercier lui accorde un souhait. Alors que la souris lui demande d'avoir la possibilité de voler, la fée le met aussitôt en garde contre son vœu qui pourrait se retourner contre lui car les souris ne volent pas ! Il persiste pourtant et réitère son vœu de pouvoir voler. La fée l'exauce donc et lui offre deux belles ailes de chauve-souris.
Dans un premier temps, il est ravi car il a la possibilité de vivre les sensations du vol dans le ciel et la liberté qui va avec. Il part alors se pavaner devant les oiseaux mais se voit rejeté et snobé. Peiné, il décide de montrer ses nouvelles capacités à sa famille. Mais l'ombre qu'il projette depuis le ciel effraie sa fratrie et sa mère qui se barricadent dans leur maison par peur d'être attaqués par un monstre. Il part alors se réfugier dans la forêt et finit par se retrouver devant des chauves-souris qui lui demandent s'il est l'un des leurs. Il leur répond tout de go par la négative, précisant qu'il est simplement une souris avec des ailes. Les chauves-souris lui rétorquent alors que les souris n'ont pas d'ailes si bien que, s'il n'est pas une chauve-souris, il n'est simplement « rien » ! Devant cette révélation, il s'enfuie à nouveau et part pleurer dans son coin, seul cette fois-ci, comprenant qu'il est rejeté de tous. L'une de ses larmes fait alors revenir la fée qui lui rend son apparence originelle en lui faisant comprendre qu'il a appris la leçon : il se doit d'être lui-même et non de faire semblant d'être ce qu'il n'est pas.
La Souris Volante est intéressant artistiquement à plus d'un titre. Déjà, il sera apprécié les chansons du court-métrage composées par Frank Churchill. Notamment, You're Nothin' But a Nothin', dont les paroles ont été écrites par Larry Morey, rencontrera un certain succès au point de voir sa partition éditée dans le commerce. L'animation de la séquence est elle aussi une belle réussite grâce à son côté un peu effrayant où il se forme une ronde de chauves-souris dansant autour de la souris, lui faisant comprendre qu'il n'est tout simplement rien. Enfin, il sera noté le design et l'animation de la fée qui marque une première ébauche de la future Fée Bleue dans Pinocchio. Le cartoon a également droit aussi à un peu de promotion en dehors de sa carrière au cinéma, en particulier avec son adaptation en rimes illustrées dans le magazine Good Housekeeping en juillet 1934, devenant ainsi le quatrième court-métrage Disney à connaître ce genre de déclinaison.
La Souris Volante est un cartoon à la morale ambiguë mais qui possède de beaux moments d'animation.