Mickey Gulliver
Titre original : Gulliver Mickey Production : Walt Disney Animation Studios Date de sortie USA : Le 19 mai 1934 Série : Genre : Animation 2D |
Réalisation : Burt Gillett Musique : Frank Churchill Durée : 9 minutes |
Disponibilité(s) en France : |
Le synopsis
Mickey narre à des orphelins placés sous sa garde une ancienne aventure où il avait fait naufrage sur une île peuplée de Lilliputiens... |
La critique
Mickey Gulliver voit Mickey raconter en se l'appropriant la fameuse histoire de l'un des fameux voyages de Gulliver imaginés par Jonathan Swift.
Jonathan Swift, né le 30 novembre 1667 à Dublin en Irlande, est un écrivain, satiriste, essayiste et pamphlétaire politique anglo-irlandais. Il est particulièrement célèbre pour avoir publié en 1726 Les Voyages de Gulliver. Écrite à la première personne, cette œuvre est divisée en quatre parties : le voyage à Lilliput, la cité des nains ; le voyage à Brobdingnag, la cité des géants ; le voyage à Laputa, l'île volante ; le voyage au pays des Houyhnhnms, des chevaux doués d'intelligence. Considéré souvent à tort comme un livre pour enfant, Les Voyages de Gulliver est en réalité un conte philosophique dans lequel Swift propose une satire sociale et un pamphlet politique de son époque. L'ouvrage sera des siècles plus tard transposé de nombreuse fois au cinéma. La première adaptation remonte ainsi à 1902 avec Le Voyage de Gulliver à Lilliput et chez les Géants, un court-métrage réalisé par Georges Méliès. Le cartoon de Mickey sera la deuxième suivi ensuite par de nombreuses autres dont Les Voyages de Gulliver de Dave Fleischer en 1939, deuxième film d'animation américain après Blanche Neige et les Sept Nains.
Mickey s'occupe de temps en temps d'orphelins. Même s'ils lui ressemblent en étant des versions miniatures de lui-même, ils ne doivent toutefois pas être confondus avec Jojo et Michou. Bâtis sur le même design il est vrai, les deux neveux de Mickey ont, en fait, été créés par Floyd Gottfredson dans le comics Mickey's Nephews le 18 septembre 1932. Leur seule et unique apparition au cinéma se fait deux ans plus tard dans Le Rouleau-Compresseur de Mickey, le 16 juin 1934. Les orphelins apparaissent eux pour la toute première fois dans Le Cauchemar de Mickey, le 13 août 1932. Mais dans ce cas-ci, ces petits "Mickey" qui ne disent pas leur nom ne sont que des créatures fantasmées dans un rêve où Mickey se voit papa. Leur véritable apparition en qualité d’orphelins se fait donc le 25 novembre 1933, dans Mickey au Pays des Géants, où Mickey leur raconte une histoire. Ils reviennent l’année suivante dans Mickey Gulliver, construit exactement comme le précédent, puis dans Le Gala des Orphelins où ils montreront déjà toute l'étendue de leur capacité à faire des bêtises. Une horde de gamins turbulents peut, en effet, faire beaucoup de dégâts !
Le cartoon commence alors que Mickey est en train de lire Les Voyages de Gulliver. Les petits orphelins dont il a la garde s'amusent dans son salon. Ils jouent aux marins sur un bateau en mer grâce à une bassine en bois qu'ils font naviguer sur le tapis. Mickey passe alors en dessous du navire pour faire croire qu'ils sont soulevés par une baleine. Mais les petits se défendent contre cette attaque soudaine et la bassine finit par se renverser ; les bambins tombant par terre et se mettant à pleurer. Mickey décide alors de leur raconter une histoire afin de les calmer. Il imite pour cela le bruit d'une tempête et narre comment il a fait naufrage sur une île inconnue. Le cartoon montre ainsi Mickey vivre lui-même l'histoire qu'il narre. Perdu au milieu de l'océan, il se voit envoyé vers le sable d'un plage par une vague ayant pris la forme d'une main. Cette anthropomorphisation, due à la magie de l'animation, permet alors un joli gag. Mickey atterrit sain et sauf sur la terre ferme et s’effondre de fatigue sur la plage. Le spectateur notera aussi une belle illustration d'une description du narrateur. Quand Mickey dit qu'à son réveil, le jour perça la nuit, l'animation montre alors la nuit étoilée tomber en morceau à la façon d'une fenêtre brisée.
Mais tandis que Mickey est toujours en train de dormir, les spectateurs remarquent que la souris est ficelée avec de nombreuses cordes tandis que plein de petits hommes s'affairent autour de lui. Les Lilliputiens l'ont en effet saucissonné, sans doute effrayés par celui qui est un géant pour eux. Les personnages des petits hommes affichent ici une apparence faisant vraiment penser à celle vue dans leurs alter ego des Silly Symphonies. Les Lilliputiens profitent aussi du sommeil de Mickey pour vider ses poches. D'ailleurs, des bons gags sont proposés lors de cette séquence comme le couteau-suisse qui se transforme en cheval mécanique ou la montre à gousset tirée par un attelage qui semble minuscule. Puis, Mickey finit par se réveiller et se rendre compte de l'endroit où il a atterri. Les Lilliputiens, eux, prennent peur et décident d'envoyer l'armée pour combattre le géant. Après un ultimatum incompréhensible tellement la voix est haut perchée, les petits êtres attaquent avec des boulets de canon ou de petites épées. Mais les armes lilliputiennes ne font strictement rien au héros qui est plus amusé qu'effrayé ou gêné... Mickey joue d'ailleurs avec ses assaillants en leur donnant des pichenettes ou en renvoyant les boulets de canon comme des billes de cour d'école, décimant ainsi malgré lui l'armée minuscule.
Lors de la bataille, la souris est néanmoins envoyée au loin et atterrit dans la mer où cette fois c'est la marine des Lilliputiens qui l'attaque. Mickey parvient à éloigner les bateaux rien qu'en soufflant dans leurs voiles. Il revient finalement sur la terre ferme, au milieu du village, lorsque tout à coup une gigantesque araignée attaque le village des petits hommes en détruisant tout sur son passage. Mickey décide alors de combattre le monstre pour protéger les habitants. Le combat fait rage entre les deux adversaires... mais étonnamment, le cartoon préfère se focaliser à nouveau sur Mickey et les orphelins. Le spectateur voit ainsi la souris se débattre avec un coussin, censé représenter le monstre de son histoire, ajoutant ainsi le geste à la parole. Il est dommage en revanche que le court-métrage n'ait pas été plus loin dans le conte de Gulliver. Il aurait en effet été intéressant de savoir si Mickey avait battu l'araignée et si les Lilliputiens avaient finalement vu en leur sauveur une personne digne de confiance et non un géant à combattre. Au lieu de ça, Mickey Gulliver se termine juste par un bon gag où l'un des orphelins fait peur à Mickey avec une petite araignée en plastique, ce qui le fait sursauter jusqu'au lustre du plafond.
Mickey Gulliver est au final un cartoon sympathique qui s'amuse à retranscrire Les Voyages de Gulliver dans l'univers de Mickey. Mais quel dommage que le récit chez les Lilliputiens ne soit pas mené à son terme !