Coq au Village
Titre original : Cock O' The Walk Production : Walt Disney Animation Studios Date de sortie USA : Le 30 novembre 1935 Série : Genre : Animation 2D |
Réalisation : Ben Sharpsteen Musique : Frank Churchill Albert Hay Malotte Durée : 8 minutes |
Disponibilité(s) aux États-Unis : |
Le synopsis
Un coq costaud et populaire affronte un petit confrère menu et citadin pour le cœur d'une belle poulette... |
La critique
Coq au Village est un joli cartoon aussi rythmé qu'enjoué avec des personnages plutôt bien définis.
Le court-métrage est une adaptation de la fable, Les Deux Coqs, écrit en 1678 par Jean de La Fontaine. Le poète français, né le 8 juillet 1621 à Château-Thierry, meurt le 13 avril 1695 à Paris. Ses Fables constituent la principale œuvre poétique de la période classique et sont à la base de sa renommée. Le talent de La Fontaine est en effet d'avoir su donner une haute valeur à un genre qui jusque là n’avait aucune reconnaissance littéraire. Son brillant maniement des vers et la visée morale de ses textes font que les Fables de La Fontaine sont depuis considérées comme l'un des plus grands chefs-d’œuvre de la littérature française. Il peut être cité Le Corbeau et le Renard, Le Lièvre et la Tortue ou La Cigale et la Fourmi.
Coq au Village commence donc lorsqu'un nouveau coq arrive dans la basse cour. Il s'agit d'un champion de box qui émoustille toutes les poules et les poulettes qui en oublient jusqu'à leurs tâches et obligations. Loin de ces considérations, un jeune coq continue, lui, de faire la cours à sa bien-aimée, qui, un temps séduit, se laisse finalement distraire par le nouveau bellâtre. Dès ce stade, le cartoon affiche de magnifiques décors restituant à merveille un poulailler qui ressemble, à s'y m'éprendre, à un vrai petit village. Les trois personnages principaux sont aussi, dans ce magnifique cadre, parfaitement présentés, de leur caractère à leur motivation tandis que d'un point de vue musical, c'est Frank Churchill qui compose l'ouverture de l'opus dans un style bien à lui.
Coq au Village est, en réalité un cartoon constitué de trois séquences distinctes avec un début et une fin conventionnels, et un milieu qui lui donne toute sa singularité. La moitié centrale du court-métrage est en effet un formidable hommage tout en étant une parodie des films et des chorégraphies de Busby Berkeley. L'artiste est connu principalement pour son travail dans les comédies musicales américaines des années 1930 où il a chorégraphié de stupéfiants tableaux visuels. Par le nombre des danseurs, leur position et leur synchronisation, les changements de décors à vue et de savants jeux d'ombres ou de reflets, il a ainsi livré des numéros de danses avec des formes géométriques et des transitions parfois très complexes. Ici, les poules et autres poussins imitent son style et commencent donc une danse aussi entraînante que superbement chorégraphiée. Chose notable, si les studios Disney ont cessé dès 1935 d'utiliser des partitions connues, principalement pour ne pas avoir à payer de droits mais aussi en raison de la présence en leurs seins de compositeurs maison talentueux, pour la séquence, ils choisissent d'utiliser la musique The Carioca de Vincent Youmans extraite du film de 1933, Flying Down to Rio (Carioca en français), sorti chez RKO Radio Pictures.
La dernière partie du cartoon voit ensuite le combat entre les deux coqs. Le jeune, fou de jalousie, affronte en duel le champion qui a osé lui ravir sa fiancée, cette dernière étant complètement obnubilée par son charme viril. Mais voilà, le pauvre n'est malheureusement pas au niveau du sportif et mord très vite la poussière. Tout va pourtant changer grâce à un gag amusant. La jeune prétendante trouve dans le sac du boxeur une photo de lui avec sa femme et ses enfants. Vexée qu'il l'ait trompée ainsi, elle va finalement soutenir son premier jeune coq en lui donnant un baiser. Revigoré, il envoie au tapis le sportif décontenancé et rejeté. L'animation et l'histoire se finissent alors de façon bien plus conventionnelle que les danses proposées en son milieu. Il faut alors noter qu'après la séquence sur la Carioca, la musique est composée par Albert Hay Malotte qui signe ici son tout premier travail pour la série Silly Symphonies.
Coq au Village place des personnages attachants dans une histoire sympathique ; la séquence de danse en son milieu constituant toutefois l'essentiel de son intérêt.