Eric Larson
Date de naissance : Le 03 septembre 1905 Lieu de Naissance : Cleveland, dans l’Utah, aux États-Unis Date de Décès : Le 25 octobre 1988 Lieu de Décès : La Cañada Flintridge, en Californie, aux États-Unis |
Nationalité : Américaine Profession : Animateur |
La biographie
Garant de l'héritage des studios Disney jusque dans les années 1980, Eric Larson est certainement l'un des Nine Old Men les plus appréciés par ses collègues, anciens et nouveaux, vieux et jeunes.
Eric Cleon Larson est né à Cleveland le 3 septembre 1905. Aîné d'une fratrie de 7 frères et sœurs, ses aïeux avaient quitté leur Danemark natal 40 ans plus tôt pour rejoindre les Etats-Unis, et s'installer à Salt Lake City. Elevé selon les doctrines mormones, auxquelles il restera fidèle toute sa vie, Larson a grandi dans le ranch familial, jusqu'à ce que ses parents retournent à Salt Lake City en 1915. C'est là qu'il fit ses études, et qu'il découvrit son amour du dessin, qu'il exerça notamment en vendant ses illustrations au magazine Westerner. Entré à l'université d'Utah en 1925, il commença des études de journaliste mêlées, en privé, à l'étude des techniques de dessin. Ces deux passions se retrouvèrent dans le magazine humoristique de la faculté, Humoresque, dont Larson était l'un des rédacteurs, et l'un des illustrateurs, ainsi que dans le journal local, le Deseret News. Ses talents étaient reconnus, et lui valurent d'obtenir un bureau privatif à l'université, privilège réservé seulement à une poignée d'étudiants.
Mais cette période d'apprentissage fut violemment interrompue en 1927. John Canemaker raconte en effet que des étudiants ayant récupéré la clé du bureau de Larson, y auraient organisé une grande fête, qui se serait terminée par la mort d'un des joueurs de football de l'école, défenestré... Blâmé, Larson quitta immédiatement l'université et la ville de Salt Lake City !... Il décrocha par la suite un emploi à Los Angeles, au sein de la Commercial Art & Engraving, une entreprise de gravure.
Après son mariage avec Gertrude Jannes, le 17 février 1933, et un voyage à travers toute l'Amérique pendant lequel il rédigeait des articles pour différents magazines, Eric Larson se mit à la recherche d'un autre emploi. Retournant à ses premières amours, notamment l'écriture, il fut engagé à la KHJ (Kindness, Happiness, and Joy), station de radio locale spécialisée dans la diffusion de programmes en Espagnol, et pour laquelle il développa une histoire intitulée « The Trail of the Viking ». C'est là qu'il entendit parler d'un ancien auteur de la radio, Richard Creedon, qui avait depuis été engagé au département histoire des studios Disney. Larson lui fit part de son envie de rejoindre son équipe, et lui présenta quelques uns de ses dessins, que Creedon montra à Ben Sharpsteen. Les dessins de Larson se retrouvèrent bientôt sur le bureau de George Drake, le responsable du département chargé des animations intermédiaires.
Eric Larson obtint un poste, et intégra les studios Disney le 1er juin 1933. Payé 15 dollars la semaine, il travailla quelques semaines en qualité d'animateur intermédiaire, jusqu'à ce qu'Hamilton Luske remarque ses dessins, et demande à ce que Larson devienne son assistant. Aux côtés de Luske, Eric Larson anima la scène du court-métrage Le Lièvre et la Tortue au cours de laquelle Max Hare joue au tennis contre lui-même, ainsi que la déesse Perséphone dans La Déesse du Printemps. L'un de ses travaux les plus remarqués fut son animation de Jenny Wren dans la Silly Symphony Qui a tué le Rouge-Gorge ?, dans laquelle il donna à l'oiseau les mimiques et l'apparence de l'actrice de légende Mae West.
Son animation fit rapidement sensation, et Larson fut promu au poste d'animateur à part entière. A ce poste, il collabora à plusieurs courts-métrages, de Mickey Tireur d'Élite à Les Trois Petits Loups, en passant par Cock'O The Walk ou encore Mickey Patine.
Lorsque Walt Disney entreprit la réalisation de son premier long-métrage d'animation, Blanche Neige et les Sept Nains, Eric Larson fut de la partie. Aux côtés d'autres jeunes animateurs, il anima les animaux de la forêt, faons, oiseaux, lapins et autres écureuils. L'enjeu était de taille, tant les animaux pouvaient être nombreux dans un seul et même plan, et à une époque où chaque personnage était dessiné séparément, Larson décida de tous les animer sur la même feuille, afin de mieux matérialiser les scènes. Satisfait de son travail en 1937, Larson reviendra, des années plus tard, sur son animation jugée approximative, et surtout, sur le design de certains des animaux, en particulier les faons, qu'il compara bientôt à de vulgaires sacs de farines !...
Des animaux ! Encore des animaux ! Larson participa à l'animation du court-métrage Symphonie de Cour de Ferme, puis à la nouvelle version du Vilain Petit Canard, avant d'enchaîner sur Pinocchio, où il donna vie au personnage de Figaro, le chat de Geppetto. C'est grâce à ce personnage que Larson obtint la reconnaissance totale de son art, par ses collègues, par le public, et par Walt Disney. En effet, chacun s'accordait pour dire que Figaro était l'un des personnages les plus réussis du film. Dépourvu de parole, Eric Larson lui donna en effet tous les moyens de s'exprimer, à l'aide de pantomimes formidables, montrant tantôt la bonne humeur, tantôt le côté caractériel du petit félin, dans des scènes aujourd'hui d'anthologie et que chacun connaît et apprécie.
La pièce d'animation suivante confiée à Eric Larson fut la création des chevaux ailés pour la séquence de Fantasia inspirée de la Symphonie Pastorale de Beethoven, ainsi que certains des centaures. Satisfait de la légèreté des chevaux, Larson ne l'était pas de ses centaures, qu'il jugeait, encore quarante ans plus tard, non réalistes, avec des déplacements qui n'avaient pas été assez réfléchis pour les rendre crédibles.
Eric Larson fut ensuite intégré à la petite équipe en charge de Bambi, et prit la tête d'une équipe de 30 artistes, la plus grosse équipe qu'un chef-animateur ait jamais eut en charge à l'époque. Larson aurait pu tirer sa revanche de Blanche Neige et les Sept Nains, en animant cette fois-ci des faons plus réalistes. Mais il fut en charge du vieil hibou ronchon, qui apprend les aléas de l'amour à Bambi et à ses jeunes amis Pan-Pan et Fleur, dans une autre scène d'anthologie. Pendant la production de Bambi, Eric Larson fut durement confronté à la grève qui faisait rage à l'extérieur des studios. En effet, toute son équipe avait rejoint les piquets de grève, remettant en cause la politique salariale de Disney, et laissant ainsi en plan les séquences d'animation qu'ils avaient en charge. Blâmé par les grévistes, qui lui reprochaient, comme aux autres artistes, de continuer à travailler pour Disney au lieu de manifester, Eric Larson se souvenait à quel point il avait été touché, voire énervé, par ces événements. Après la grève, il fut élu Président de l'union des animateurs, les artistes l'ayant choisi pour son aptitude à garder son sang-froid et son sens de la réflexion en cas de conflit ou de négociations.
Pendant les années 1940, Eric Larson, outre ses activités de politique salariale et syndicale, continua son travail d'animateur. Parmi les superbes pièces d'animation, à nouveau, qu'il anima, il faut citer le farfelu oiseau Aracuan dans Les Trois Caballeros, l'oiseau Sasha dans Pierre et le Loup, inclus dans le film d'anthologie La Boîte à Musique, et dont le graphisme, en particulier la tête, n'est pas sans rappeler l'oiseau délirant du film précédent, ou encore la séquence du « Petit coin de Bonheur » dans Mélodie du Sud, dans laquelle il anima les trois animaux du film, Messieurs Lapin, Renard et Ours. Larson participa également à C'est un Souvenir de Décembre et Johnny Pépin de Pomme, inclus dans Mélodie Cocktail, ainsi qu'à la séquence de La Mare au Grenouille incluse dans le long-métrage Le Crapaud et le Maître d'Ecole, et ce dès 1942. Interrompue par la Guerre, la production du film repris son cours à la fin des années 1940, mais Larson, dont les animations avaient été alors données à Don Lusk, ne fut pas crédité au générique... Cet oubli volontaire le marqua profondément...
Des animaux ! Encore des animaux ! En 1950, enfin, presque 20 ans après La Déesse du Printemps, Eric Larson se vit confier l'animation d'un être humain, d'une princesse pour être exact : Cendrillon. Premier artiste à travailler sur la nouvelle héroïne, ses dessins furent cependant retoqués, pour se rapprocher de ceux de Marc Davis, qui fut engagé pour le rôle quelques mois après Larson.
Du rang d'animateur en chef, Eric Larson fut promu au rang de directeur de séquence sur Alice au Pays des Merveilles et Peter Pan, supervisant notamment la séquence de la chenille, ainsi que celle du survol de Londres par Peter, Clochette et les enfants Darling. Dans la production suivante, La Belle et le Clochard, Larson anima ce qui reste aujourd'hui comme l'une des plus belles pièces d'animation : la chanson « Il se traîne », chantée par la chienne Peg, et dans laquelle il insuffla toute la personnalité de Peggy Lee, l'interprète originale du personnage.
En 1953, après la mise sur la touche de Wilfred Jackson, victime d'une crise cardiaque, Walt Disney demanda à Eric Larson de reprendre le travail de supervision de La Belle au Bois Dormant. Il confiait quelques années plus tard qu'en acceptant, il signait là sa disgrâce. Non-habitué à ce genre de travail, à une époque où les grands pontes des studios partaient les uns après les autres, pour une retraite méritée, ou pour participer aux autres projets de l'entreprise (télévision, films live, parc à thème), Larson se retrouva vite seul et submergé par ce film, qui piétinait déjà, en partie par la faute d'un Disney cherchant l'excellence, depuis le début des années 1950. Et rapidement, Larson fut remplacé par Clyde Geronimi au poste de réalisateur...
Après la production mouvementée de La Belle au Bois Dormant, Larson travailla sur Les 101 Dalmatiens, où il fut pour la dernière fois nommé directeur de séquence. Par la suite, il ne sera crédité qu'en tant qu'animateur sur les productions suivantes, de Merlin l'Enchanteur aux Aventures de Winnie l'Ourson, en passant par Mary Poppins, Le Livre de la Jungle, Les Aristochats, L'Apprentie Sorcière et Robin des Bois. Il fut ensuite consultant sur Rox et Rouky, Taram et le Chaudron Magique et Basil Détective privé...
C'est durant les années 1970 que la carrière d'Eric Larson prit un tournant. En effet, les vieux animateurs partant les uns après les autres, les studios Disney étaient à la recherche d'une nouvelle génération d'artistes, qu'il fallait former à l'art de l'animation. A la recherche d'un animateur capable d'enseigner les rudiments aux nouvelles recrues, la direction se tourna vers les derniers Nine Old Men. Ollie Johnston et Frank Thomas refusèrent poliment. Aucune proposition ne fut réellement faite à Milton Kahl, dont le caractère bien trempé ne collait pas avec l'emploi. Et chacun se tourna naturellement (par défaut, finalement) vers Eric Larson. C'est ainsi qu'il se retrouva devant les nouveaux artistes prêts à être formés, au nombre desquels Andreas Deja, Glen Keane, Andy Gaskill, Tim Burton, Henry Sellick, Brad Bird, John Pomeroy, Gary Goldman, Ron Clements et John Musker... qui collaborèrent, chacun à leur poste, au renouveau de l'animation avec des films comme La Petite Sirène, La Belle et la Bête, Aladdin, Le Roi Lion ou Pocahontas, une Légende Indienne, et artisans des productions récentes des studios Disney - Pixar, comme La Princesse et la Grenouille, Les Indestructibles ou Ratatouille. Chacun d'eux se souvient encore aujourd'hui à quel point les conseils de Larson furent précieux, et son enseignement sincère et intense, plus encore après la mort de sa femme Gertrude, le 30 septembre 1975.
Parmi les derniers travaux d'Eric Larson, se trouve le moyen-métrage Le Petit Ane de Bethléem, sorti en 1978, et lancé par la direction en guise de terrain d'échauffement pour la nouvelle génération. Larson n'avait plus occupé le poste de réalisateur depuis La Belle au Bois Dormant et Les 101 Dalmatiens. A l'aide d'anciens animateurs revenus pour l'occasion et de ses jeunes recrues, Larson engagea le processus de production, jusqu'à ce que la direction, Ron Miller en tête, ne décide de la lui retirer et de la confier à Don Bluth. Encore une fois, Larson était mis sur la touche... Et une fois encore, la peine était grande... Larson resta l'instructeur des studios Disney, mais son enthousiasme avait disparu...
Lorsque la direction des studios Disney, composée de Frank Wells, Jeffrey Katzenberg, Roy E. Disney et Michael Eisner, remplaça le bureau existant, et constata le désastre artistique et financier de Taram et le Chaudron Magique, tout le département animation installé à Burbank fut déménagé à Glendale, dans des locaux bien inférieurs en qualité. Eric Larson se vit troquer le superbe bureau qu'il occupait depuis 40 ans par un nouveau plus petit, sans fenêtre... Il n'appréciait pas la nouvelle direction. Il était temps de partir. Eric Larson se retira le 28 février 1986. Il avait 81 ans, et avait servi Disney pendant près de 53 ans. En dépression, malheureux d'avoir abandonné les studios Disney qu'il aimait tant, Larson passa le restant de ses jours à attendre. La mort fut au rendez-vous le 25 octobre 1988... L'année suivante, un Disney Legends Award honorait la formidable carrière...
« Il était le meilleur pour enseigner l'animation », racontait Andreas Deja, « Et personne n'avait plus à cœur de perpétuer l'héritage de Disney...». Cette phrase résume bien qui était Eric Larson, artiste malgré lui parfois mal-aimé, doué d'un talent remarquable, et maître de l'animation Disney pendant 50 ans...
La filmographie
014 |
Fantasia
Superviseur de l'Animation : La Symphonie Pastorale • Animation 2D / Film "Live"
1940
Cinéma
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1940
Cinéma
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018 |
The Grain That Built A Hemisphere
Animateur • Animation 2D • Coordinator of Inter-American Affairs
1943
Cinéma
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1943
Cinéma
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050 |
Symposium de Chants Populaires
Animateur • Animation 2D / Animation Image par Image
1962
Cinéma
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1962
Cinéma
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064 |
Baseball Fever
Animateur • Compilation
1979
Télévision
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1979
Télévision
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065 |
Disney Animation : The Illusion of Life
Intervenant • Documentaire
1981
Télévision
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1981
Télévision
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