Lambert, le Lion Bêlant
Titre original : Lambert, the Sheepish Lion Production : Walt Disney Animation Studios Date de sortie USA : Le 8 février 1952 Série : Genre : Animation 2D |
Réalisation : Jack Hannah Durée : 8 minutes |
Disponibilité(s) en France : | Autre(s) disponibilité(s) aux États-Unis : |
Le synopsis
Un lionceau est élevé par un troupeau de moutons... |
La critique
Lambert, le Lion Bêlant est assurément l'un des cartoons Disney, en dehors de ceux de Mickey et compagnie, qui laisse le plus de souvenir aux spectateurs. Peut-être est-ce sa morale touchante, ses couleurs chatoyantes ou son animation toute en rondeur ? Retour sur un petit chef-d'œuvre justement nommé pour l'Oscar du meilleur court-métrage.
C'est Jack Hannah qui se charge de réaliser ce charmant cartoon. Embauché aux studios Disney en 1933 en tant qu'intervalliste d'animation sur les séries Mickey Mouse, Silly Symphonies et Donald Duck, il réalise sa première animation pour Gulliver Mickey en 1934. En 1939, il est promu scénariste et travaille en étroite collaboration avec Carl Barks avant de devenir en 1943 le réalisateur attitré de Donald Duck. Il va ainsi introduire de nombreux acolytes auprès du canard, rendant ses cartoons tout simplement mémorables. Dans les années cinquante, il se charge de quatorze émissions pour la télévision mettant ainsi en vedette Donald pour le show Disneyland puis vient à quitter le studio en 1959. Jack Hannah est assurément le réalisateur qui offre au célèbre canard de Disney son plus grand nombre de cartoons incontournables. Pas moins de 65 court-métrages s'affichent, au total, à son compteur. Huit sont nommés aux Oscars et notamment, Donald et les Fourmis (1948), Donald et son Arbre de Noël (1949), et Chasse Gardée (1955).
Lambert, le Lion Bêlant se base à l'origine une histoire de Bill Peet avant d'être étoffée par Ralph Wright puis de se voir confiée définitivement à Jack Hannah. Le récit reprend alors le point de départ du cartoon du (Le) Vilain Petit Canard où un petit (ici un lionceau) ne se retrouve pas dans la bonne famille (là une mère brebis). Rejeté durant son enfance par les autres agneaux du troupeau, le petit Lambert va donc grandir en ayant peu confiance en lui. Devenu adulte, il assiste à l'attaque de sa mère par un loup quand son instinct reprend le dessus et lui permet de mettre en fuite l'assaillant. Le cartoon narre ainsi une petite fable assez poussée : il y a d'abord le rejet de la différence puis l'acceptation de celle-ci par l'entourage grâce à un exploit qui permet de montrer sa véritable valeur. L'autre détail sociologique porté par le cartoon se place sur le plan de l'éducation : il explique en effet que la personnalité se construit sur un mélange d'acquis et d'inné. Si Lambert retrouve son instinct de fauve pour sauver sa mère, il ne devient pas un lion classique qui mange le troupeau en redevenant le prédateur qu'il est programmé d'être. Au contraire, il en devient le protecteur afin de s'assurer que rien n'arrivera à sa « famille ».
Le spectateur remarquera deux personnages tirés de deux longs-métrages Disney, ou du moins y ressemblant beaucoup. Le premier est Mr Cigogne de Dumbo (1941), toujours doublée en anglais par Sterling Holloway, bien connu chez Disney pour avoir déjà assumé des voix de nombreux courts et longs métrages du studio dont Alice au Pays des Merveilles ou le personnage de Winnie l'Ourson. Le second est le loup qui ressemble à s'y méprendre à celui de la séquence Pierre et le Loup du film La Boîte à Musique (1946).
L'animation de Lambert, le Lion Bêlant, de toute beauté, est due notamment à Eric Larson et John Lounsberry. Lambert adulte servira d'ailleurs de modèle à un autre lion, celui du cartoon Un Lion de Société en 1954. Dans celui de 1952, sa voix sera portée par Stan Freberg qui récitera sa seule ligne de dialogue tandis que June Foray se chargera elle des grognements et autre rugissements. Lambert, le Lion Bêlant possède également une chanson éponyme dEddie Pola et George Wyle interprétée au début du court-métrage en tant que générique puis en cours par les agneaux qui se moquent du petit lionceau. Cette chanson sera reprise un an plus tard en clin d'œil dans Le Nouveau Voisin, où Pat Hibulaire la sifflote au début de ce cartoon de 1953. Dernière anecdote, Roy Oliver Disney a offert en cadeau la bobine originale de Lambert, le Lion Bêlant à l'Empereur du Japon, Hirohito, qui avait déclaré adorer le cartoon.
Lambert, le Lion Bêlant est une petite pépite qui reste dans le cœur des spectateurs et y place un souvenir attendrissant. Une petite merveille à chérir.