John Lounsbery
Date de naissance : Le 09 mars 1911 Lieu de Naissance : Cincinnati, dans l'Ohio, aux États-Unis Date de Décès : Le 13 février 1976 Lieu de Décès : Los Angeles, en Californie, aux États-Unis |
Nationalité : Américaine Profession : Animateur Acteur Réalisateur |
La biographie
A l'image de Les Clark, le premier vieux monsieur de Disney, John Lounsbery reste sans doute l'un des plus méconnus, alors même que ses collègues Frank Thomas, Ollie Johnston, Marc Davis, Ward Kimball ou encore Wolfgang Reitherman jouissaient d'une renommée internationale. Pourtant, Lounsbery, qui est resté à dix milles lieues des compétitions parfois rudes entre ses camarades, est l'un des meilleurs artisans de sa génération, un animateur remarquable ainsi qu'un professeur apprécié des jeunes générations et des fans, auteur de pièces d'animation devenues depuis des classiques.
John Mitchell Lounsbery est né le 9 mars 1911 au Nord de Cincinnati, dans l'Ohio. Deuxième fils de la famille, et petit-fils d'un colonel qui s'engagea pendant la Guerre de Sécession, il suit ses parents Arthur et Mary à Denver alors qu'il n'a que cinq ans. C'est là qu'il commence à développer son art, en dessinant et peignant les paysages majestueux et les montagnes du Colorado. Se taillant rapidement une belle réputation de caricaturiste et de dessinateur, John illustre bientôt chaque page du livre de l'année du collège. Il n'a que dix-sept ans. Travaillant périodiquement pour la Western Union, ce qui lui permet de découvrir l'ouest des Etats-Unis, Lounsbery entre à l'Institut des Arts de Denver, d'où il sort diplômé en 1932. Il suit ensuite l'un de ses professeurs, Albert Giesecke, au Centre des Arts de Los Angeles, où il rencontre une jeune élève, Florence, qui vient comme lui de Denver et qui deviendra sa femme. Installé chichement, alors que la Dépression fait rage, il multiplie les petits contrats d'illustrateur de publicités. Il apprend bientôt par l'un de ses professeurs que les studios Disney recrutent. Lounsbery propose alors son travail et est engagé le 2 juillet 1935. Rapidement remarqué par Don Graham, il obtient une augmentation qui lui permet de laisser tomber son travail de nuit et d'épouser Florence en décembre.
John Lounsbery apprend le métier d'animateur dans l'ombre de Norman Ferguson avec qui il travaille comme assistant sur plusieurs courts-métrages de Pluto. Il participe, toujours aux côtés de Fergie, à la « Folie de Disney », animant quelques scènes de la Sorcière dans Blanche Neige et les Sept Nains, notamment la dernière apparition du personnage, qui tente de renverser un bloc de pierre sur les nains, avant que la foudre ne le fasse basculer dans le vide. A nouveau récompensé et augmenté pour son travail, Lounsbery travaille ensuite sur quelques courts-métrages, comme The Practical Pig et Mickey à l'Exposition Canine ou Chien d'Arrêt. Promu animateur, il anime aux côtés de Ferguson le duo de vaudeville composé de Grand Coquin et Gédéon dans Pinocchio.
John Lounsbery entre vraiment dans la cours des grands lorsqu'il se voit proposer la séquence de Fantasia inspirée de La Ronde des Heures de Ponchielli. Il crée en effet le personnage de Ben Ali Gator, reptile aux dents longues, qui entre dans une danse endiablée aux côtés de la burlesque Hyacinth Hippo. Lounsbery se rappelait avoir pris énormément de plaisir à animer la séquence, et avouait bien volontiers à la fin de sa carrière que le crocodile restait son personnage préféré.
Devenu une « star » de l'animation, comme le suggère John Culhane dans son ouvrage sur Fantasia, John Lounsbery est ensuite mis au travail sur Dumbo comme directeur de l'animation. A ce poste, il supervise la scène de la pyramide de pachydermes, animant personnellement le dialogue entre l'éléphanteau effrayé et la souris Timothée qui précède la catastrophe, ainsi que la petite trompe sortant des gravas en agitant le drapeau. Embarqué dans la guerre à l'image du studio tout entier, Lounsbery participe à Victory Through Air Power, ainsi qu'à plusieurs courts-métrages de propagande tels que Out of the Frying Pan to the Firing Line ainsi que Chicken Little. Il anime également Pluto dans Le Camarade de Pluto, Pluto au Zoo, Pluto et l'Armadillo ou encore Le Printemps de Pluto. Il participe également aux Trois Caballeros, notamment à la scène de la piñata. A la fin de la guerre, redevenu directeur de l'animation, John Lounsbery crée le loup de la séquence Pierre et le Loup, incluse dans La Boîte à Musique, ainsi que le géant Willie dans Mickey et le Haricot Magique, deuxième partie du film d'anthologie Coquin de Printemps. Il travaille également sur Mélodie du Sud, et les séquences C'est un Souvenir de Décembre, Pecos Bill et C'est la Faute de la Samba, rassemblées dans Mélodie Cocktail. Il anime quelques scènes avec Ichabod Crane dans Le Crapaud et le Maître d'Ecole.
Alors que les studios Disney connaissent leur deuxième âge d'or, Lounsbery poursuit sa carrière de directeur de l'animation. Il participe à Cendrillon, sur quelques scènes avec Lucifer, Pataud et les souris, et à Alice au Pays des Merveilles, où il dessine la rose dirigeant son orchestre de fleurs, en plus de quelques scènes avec Le Chat du Cheshire, La Chenille et le Chapelier. Il travaille sur le personnage de Thomas Jefferson dans le court-métrage Franklin et Moi, puis développe et anime le personnage de George Darling, et quelques indiens dans Peter Pan, suivis de Tony et Joe, les deux restaurateurs italiens de La Belle et le Clochard, initiateurs de la merveilleuse scène de la Bella Notte. A la fin des années 1950, il partage avec le redoutable et souvent ingrat Milt Kahl, avec qui il avait déjà travaillé sur Le Clochard, l'animation des rois et du Prince Philip dans La Belle au Bois Dormant. Il anime le hibou et les écureuils dansant avec la cape et de chapeau du Prince Philip, et le goon au nez de cochon. Dans Les 101 Dalmatiens, il crée quelques scènes avec Pongo et Perdita, ainsi qu'avec les méchants Horace et Jasper. Dans Merlin l'Enchanteur, Lounsbery retrouve, en plus de la galerie de rôles qu'il dessine presque tous à un moment du film, le personnage du loup, cette-fois bien plus chétif, maladroit et cartoonesque que son alter-ego de La Boîte à Musique. Il anime également le brochet qui terrorise les douves du château d'Hector, ainsi que le faucon qui manque de capturer Moustique, changé en moineau. Participant à presque tous les classiques de Disney suivant, il crée le Colonel Hathi et sa Marche des éléphants dans Le Livre de la Jungle, s'inspirant de son travail sur le court-métrage Goliath II. Il collabore, toujours avec Kahl, à l'animation de Shere Khan, des humains des Aristochats, Madame de Bonnefamille, Monsieur Hautecourt et le mesquin Edgar, ainsi que du formidable Shérif de Nottingham (son troisième loup !) de Robin des Bois.
Au début des années 1970, John Lounsbery, à nouveau promu, est nommé réalisateur. Cadeau empoisonné, Lounsbery ne cachera pas sa déception de ne pas être resté animateur et son incompréhension quant à sa nomination à ce poste qu'il avouera avoir abhorré. Là, il est chargé du court-métrage Winnie l'Ourson et le Tigre Fou, troisième aventure de l'ours de A.A. Milne, sorti sur les écrans américains en 1974. Il collabore ensuite avec Wolfgang Reitherman sur la compilation Les Aventures de Winnie l'Ourson puis sur Les Aventures de Bernard et Bianca, également aux côtés d'Art Stevens.
Ami dévoué pour ses collègues, père affectueux pour sa famille ainsi que les artistes de la nouvelle génération, et parfois défouloir de l'injuste Milt Kahl, John Lounsbery, qui souffrait de problèmes cardiaques, disparaît le 13 février 1976, alors qu'il passait des examens à l'hôpital Saint Joseph, situé en face des studios Disney, où il avait passé la journée à travailler sur Les Aventures de Bernard et Bianca, encore inachevé. Avouant préférer davantage les personnages massifs et lourds aux rôles subtiles de princesses et de reines, John Lounsbery quitte la scène aussi discrètement qu'il y a vécu. Détestant se mêler aux prises de décisions et aux conflits, il avait même, tout comme Les Clark, installé son bureau dans l'obscure aile B du bâtiment animation, délaissant la renommée aile D aux querelles d'égo entre animateurs. Couronné à titre posthume d'un Disney Legends Award en 1989, il reste l'un des animateurs les plus talentueux et les plus sous-estimé de sa génération. John Pomeroy, qui le considérait comme un père, le décrivait ainsi : « John était une personne d'un calme olympien, mêlé d'une certaine timidité, mais avec un cirque bouillonnant à l'intérieur de lui. De la dynamite coulait dans ses veines sans que personne ne s'en rende vraiment compte »...
La filmographie
012 |
Out of the Frying Pan, Into the Firing Line
Animateur • Animation 2D • War Production Board
1942
Cinéma
|
1942
Cinéma
|
024 |
Coquin de Printemps
Directeur de l'Animation • Animation 2D / Film "Live"
1947
Cinéma
|
1947
Cinéma
|
055 |
Winnie l'Ourson et l'Arbre à Miel
Animateur : Maître Hibou • Animation 2D
1966
Cinéma
|
1966
Cinéma
|