Vive la Couleur
Titre original : An Adventure in Color Production : Walt Disney Animation Studios Date de diffusion USA : Le 24 septembre 1961 Genre : Compilation |
Réalisation : Hamilton S.Luske Musique : Richard M. Sherman Robert B. Sherman Durée : 50 minutes |
Le synopsis
Walt Disney, pour sa première émission télévisée en couleur, revient sur l'évolution technique de son studio (le muet, le son, la couleur) avant de laisser la parole à Ludwig Von Drake pour qu'il explique plus précisément le processus de la couleur... |
La critique
Vive la Couleur est un épisode diffusé dans le cadre de l'émission de la chaîne américaine ABC, Walt Disney's Wonderful World of Color.
En 1961, Walt Disney claque la porte de la chaîne ABC après sept années de présence télévisée du show Disneyland pour rejoindre NBC qui lui offre de grandes opportunités pour développer son tout nouveau savoir-faire en matière d'œuvres télé. Non seulement, il dispose d'un budget plus conséquent mais jouit aussi d'une très large autonomie dans ses choix de programmes là où ABC lui imposait la production de westerns à la Davy Crockett. Son passage sur NBC permet, en outre, aux productions télévisuelles de Disney de profiter de l'arrivée de la couleur. Ni une, ni deux, l'émission Disneyland se mue en une Walt Disney's Wonderful World of Color, bien nommée, dès septembre 1961.
Walt Disney accompagne donc ses téléspectateurs dans ce changement et cette première. Ainsi, il va tout d'abord rappeler les évolutions techniques dont ses studios peuvent s'enorgueillir, et notamment l'arrivée du son dans un cartoon et le passage à la couleur. Il souligne ensuite les pré-requis nécessaires pour profiter au maximum du show : avoir - ce n'est pas chose courante à l'époque - une télé couleur. Il rassure d'ailleurs les téléspectateurs n'ayant pas cette chance en leur précisant qu'ils continueront de voir les épisodes de la même façon que sur ABC, c'est-à-dire, en noir-et-blanc. Walt Disney semble à l'évidence ravi de cette innovation : il s'amuse, en effet, avec des changements de couleurs et réalise même une jolie publicité pour sa chaîne de diffusion, félicitant NBC pour ce petit miracle. Enfin, les plus attentifs remarqueront en arrière plan, de nombreux posters représentant les futurs téléfilms prêts à être diffusés dans les semaines à venir comme Hans Brinker et les Patins d'Argent ou Sancho, The Homing Steer. Car, l'une des toutes premières conséquences visibles de l'arrivée sur NBC est, il est vrai, la disparition progressive des séries à nombreux épisodes (Texas John Slaughter...) au profit de téléfilms de qualité, construits en deux ou trois parties (Le Prince et le Pauvre, Escapade in Florence...).
L'autre conséquence de ce passage d'une chaîne à l'autre est l'apparition d'un nouveau personnage : Donald Dingue (Ludwig Von Drake). Sa paternité revient au scénariste, Joe Rinaldi, tandis que son animation est confiée à l'un des Neuf Vieux Messieurs : Ward Kimball. Il est ainsi très utilisé sur le petit écran où il devient le présentateur privilégié de différents sujets plus ou moins sérieux et instructifs. Sa voix, magnifiquement interprétée par Paul Frees, connu pour être la voix-off de Haunted Mansion dans le parc Disneyland, dispose d'un accent allemand peu prononcé, histoire de lui permettre d'être parfaitement compris de tous. Généalogiquement, Donald Dingue est présenté comme l'oncle de Donald, du côté européen de sa famille. Il est aussi le petit fils de la Mère l'Oie. Son personnage est très drôle car il est persuadé de tout savoir sur tout alors que la plupart du temps, il s'embourbe dans des explications plus laborieuses qu'autre chose.
Dans Vive la Couleur, Ludwig Von Drake s'imagine décrypter comment fonctionne la couleur en partant des tons primaires, puis abordant le prisme, l'arc-en-ciel, la télévision couleur et d'autres applications. Ses explications, comme d'habitude, sont confuses et partent dans tous les sens. Il atteint d'ailleurs des sommets de drôlerie quand il s'adresse aux "pauvres" téléspectateurs qui ne possèdent qu'une télé noir-et-blanc...
En plus d'être un érudit étourdi, Ludwig Von Drake est, à ses heures, un mélomane chanteur. Dans Vive la Couleur, il interprète ainsi deux ballades dont il revendique la création : The Spectrum Song et The Green With Envy Blues. Ces chansons sont, en réalité, des compositions originales des frères Sherman, qui, tout juste embauchés par les studios Disney, signeront, par la suite et pour une décennie, de très nombreux titres pour leurs comptes, dont les inoubliables airs de Mary Poppins. Les deux frères se sont, il est vrai, fait connaitre grâce aux tubes écrits pour Annette comme Tall Paul ou The Pineapple Princess. Ils font ensuite leur entrée dans le monde cinématographique de Disney en composant la chanson-titre de The Horsemasters. Walt Disney, sous le charme, décide de les réemployer pour plusieurs de ses productions. Ils livrent ainsi les chansons du film La Fiancée de Papa et de certains épisodes de l'émission Walt Disney's Wonderful World of Color, générique compris. Le générique est d'ailleurs repris longuement dans ce premier épisode ainsi que le fameux kaléidoscope qui l'illustre.
Après la fin de l'exposé de Ludwig Von Drake, Walt Disney reprend la parole pour introduire la suite de l'épisode consacré aux mathématiques. Il s'agit là de la diffusion, pour la première fois à la télévision, du fameux Donald au Pays des Mathémagiques.
Vive la Couleur est un épisode passionnant à plus d'un titre.
Tout d'abord, il présente pour la première fois un nouveau personnage qui va
devenir un récurrent de la galaxie Disney. Ludwig Von Drake sera vu dans des
séries comme
Mickey Mania,
Disney's Tous en Boite ou
plus récemment La Maison de Mickey.
Ensuite, il marque réellement un renouveau pour ne pas dire un nouveau départ
dans les programmes télévisés de Walt Disney. Enfin, il est impressionnant de
remarquer à quel point le Maître est enthousiasmé par l'innovation technique. Il
prend, en effet, visiblement beaucoup de plaisir à expliquer les changements
survenus marquant sa détermination à toujours proposer, à ses téléspectateurs,
le nec plus ultra de l'époque . En fait, pour bien en mesurer la portée, il
convient de prendre conscience qu'il se passe en 1961, avec l'arrivée de la télé
couleur une (r)évolution technologique comparable à l'avènement de la VHS dans
les années 80, ou du CD et DVD dans les années 90 et même de la HD dans les
années 2000 avec notamment le Blu Ray... La volonté permanente des studios
Disney de proposer le meilleur support et la meilleure technologie pour diffuser
leurs œuvres vient donc tout droit de Walt Disney lui-même !