Titre original :
The Black Cauldron
Production :
Walt Disney Animation Studios
Date de sortie USA :
Le 24 juillet 1985
Genre :
Animation 2D
Réalisation :
Ted Berman
Richard Rich 
Musique :
Elmer Bernstein
Durée :
80 minutes
Disponibilité(s) en France :
Autre(s) disponibilité(s) aux États-Unis :

Le synopsis

Taram, un jeune porcher, apprenti du mage Dalben, vit au pays enchanté de Prydain. Rêvant de chevalerie et d'exploits, il apprend de son vénérable Maître l'existence du Chaudron Magique qui, doté de puissants pouvoirs de contrôle du monde entier reste introuvable à ce jour. Et pour cause, le Seigneur des Ténèbres le convoite jalousement... Pourtant, Tirelire, la petite cochonne qui prédit l'avenir, révèle sans mal à notre jeune héros, l'emplacement du précieux réceptacle. Taram se jure aussitôt de le protéger. Commence alors pour les deux compagnons une belle aventure aux mille dangers et autant de rencontres : de Gurki (un curieux petit personnage tout en poils, amateur de pommes, couard et astucieux) à la belle princesse Eilonwy et son ménestrel Ritournel en passant par le Seigneur des Ténèbres affublé de Crapaud, son pleutre valet pleurnichard...

La critique

rédigée par

Taram et le Chaudron Magique marque assurément un tournant essentiel dans la filmographie des studios Disney. C'est, en effet, le premier film à avoir été pleinement pris en charge par sa nouvelle génération d'animateurs, post Walt Disney. Exit ainsi pour lui les neufs vieux messieurs tout comme l'ancienne équipe de Direction de la firme de Mickey, désormais nommée The Walt Disney Company. Cette paternité inédite n'empêche cependant pas le désastre...

Taram et le Chaudron Magique est l'adaptation d'un roman de Lloyd Alexander. Né le 30 janvier 1924 en Pennsylvanie, il apprend à lire dès l'âge de trois ans. A quinze ans, il veut déjà devenir écrivain et se passionne pour la mythologie et les récits arthuriens tout en lisant Dickens et Mark Twain. Avide d'aventures, il intègre l'armée américaine lorsque les États-Unis entrent en guerre. Il pense alors être envoyé en France pour aider la Résistance, mais, devant parfaire son entraînement, se retrouve au Pays de Galles où il découvre avec bonheur des châteaux et une langue qui le fascinent. Envoyé enfin dans l'hexagone, il intègre le contre-espionnage à Paris. C'est là qu'il reprend ses études à la Sorbonne, la célèbre université dans laquelle il rencontre Janine Denni qu'il ne tarde pas à épouser. Ils partent ensuite tous deux s'installer de l'autre côté de l'Atlantique, à Drexer Hill, près de Philadelphie.
Lloyd Alexander commence alors à écrire pour les adultes, puis trouve sa voie dans la littérature de jeunesse. Il approfondit pour elle sa connaissance de la mythologie galloise et se lance dans le cycle de Taran, Les Chroniques de Prydain. Son héros évolue dans le monde de Prydain, dénommé ainsi d'après le nom celtique de la Grande-Bretagne. Il écrit un total de six livres pour cette série : Le Livre des Trois (1964), Le Chaudron Noir (1965), Le Château de Llyr (1966), Taran le Vagabond (1967), Le Grand Roi (1968) et un sixième tome -une préquelle- The Foundling and Other Tales of Prydain (1973). Il décède le 17 mai 2007 à 83 ans, deux semaines seulement à peine, après la mort de sa femme.

Les premières traces de la production de Taram et le Chaudron Magique remontent à 1971 quand les studios Disney achètent les droits cinéma de l'adaptation de la série de Lloyd Alexander, Les Chroniques de Prydain. Mais, adapter cinq volumes avec ses nombreuses histoires et ses trente personnages principaux, s'avère bien vite une tache monumentale. De nombreux scénaristes ou animateurs s'y cassent les dents tout au long des années 70. Pourtant, petit à petit, le projet d'un long-métrage fait son chemin à la faveur de la vigueur créative de la nouvelle génération d'animateurs Disney. Fraichement débarqués de CalArts, ils sont accueillis dans le studio comme autant de Messies désireux de décrocher « leur » nouveau Blanche Neige et le Sept Nains et marquer ainsi la renaissance du label mythique, tout en se détachant du poids de son héritage. Enthousiaste, Ron Miller, beau fils de Walt Disney et Président des Studios, donne alors le feu vert au film et nomme Joe Hale en qualité de producteur.

Taram et le Chaudron Magique apparait donc comme une énième tentative, et surement la plus emblématique, menée par la Direction de Disney au début des années 80 pour proposer des films à destination d'un public adulte sous le label Walt Disney. Frappés de ringardise dans le début des "eighties", les œuvres du studio au château enchanté avaient, en effet, du mal à convaincre de leurs atouts des spectateurs lassés par des années de productions faites de sempiternels films comiques usant et abusant d'humour basé sur le jeu d'animaux. Le studio de Mickey est alors dans une spirale infernale. Tentant de suivre la mode, il a, il est vrai, toujours un coup de retard ! Mis à mal par des succès de films exceptionnels tels La Guerre des Étoiles ou Les Dents de la Mer, Disney se lance ainsi - sans jamais réussir - dans une série de films expérimentaux avec pour objectif avoué de retrouver le cœur des adolescents. Tous les genres passent à la moulinette disneyenne, avec plus ou moins de bonheur : la science-fiction a son (Le) Trou Noir, le fantastique, sa (La) Foire des Ténèbres, l'heroic-fantasy, son (Le) Dragon du Lac de Feu, le drame, son Tex, l'histoire, sa (La) Nuit de l'Évasion, la parodie, son Condorman, la technologie, son Tron, même le film d'horreur dispose d'un horrifique Les Yeux de la Forêt. Toutes ces tentatives se ramassent lamentablement au box-office ! Il faut dire que le cycle de l'échec est exemplaire : une partie du public boude les films proposés, persuadée que Disney est embourbé dans son standard habituel jugé désormais has-been, tandis que l'autre partie reproche au studio de ne pas être là où elle l'attend. Au final, tous les spectateurs, favorables ou non au label de Mickey, ont une bonne raison pour de pas se déplacer voir ses films. Recul aidant, les productions Disney de cette période ont laissé aux quelques personnes qui les ont vues à leurs sorties un souvenir bienveillant au point pour certaines d'être devenues cultes, moins d'ailleurs pour leurs qualités intrinsèques (à l'exception notable du remarquable Tron) que pour tout ce qu'elles représentent à l'époque.

Pour Taram et le Chaudron Magique, Joe Hale se charge de l'écriture du script en poursuivant l'objectif (utopique en vérité) de conserver l'essence même des livres de Lloyd Alexander tout en la condensant pour tenir sur une heure vingt. Il se focalise ainsi sur le deuxième tome de la série auquel il apporte quelques modifications. Le Seigneur des Ténèbres, par exemple, personnage mineur dans le roman, prend du grade à l'écran. Joe Hale a, en effet, tout de suite pensé qu'il ferait un méchant charismatique à souhait. Inversement, certains personnages principaux du livre sont mis au placard tandis que que les subtiles relations entre Taram et Eilonwy sont simplifiées à l'extrême. Pire, certains rôles secondaires sont maladroitement rajoutés pour égayer l'histoire, jugée à la fois trop sombre et trop lente. Le résultat obtenu est tout sauf satisfaisant. Il est l'archétype même du compromis bancal : trop effrayant pour les jeunes enfants, pas assez sérieux pour les adolescents et presque blasphématoire pour les adultes amoureux de l'œuvre d'Alexander et au-delà de la mythologie celte. Au final, le premier tiers du récit (jusqu'à l'enlèvement de Tirelire) se tient relativement bien. Ensuite, et pour tout le reste, il devient une succession de fuites en avant et de quêtes dépourvues de sens, alignant des scènes sans véritables liens entre elles, perdant au passage l'attention des spectateurs. Prouesse rare en animation, même les personnages principaux ont l'air de se demander ce qu'ils leur arrivent, subissant plus qu'ils n'agissent.

Au milieu d'une histoire insipide, les personnages peinent donc désespérément à se rendre attachants.
Taram est ainsi transparent et endosse mal la peau du vaillant jeune héros. Il avait pourtant de quoi plaire au plus grand nombre tant il est l'archétype de l'anti-héros par excellence : rêveur, lucide et modeste, plus téméraire que courageux. Pourtant, il donne, ici, la plupart du temps, l'impression de subir l'action plutôt que de la mener. Niveau apparence, il reçoit le minimum syndical en disposant d'une plastique, mélange pas forcément heureux de Moustique (Merlin l'Enchanteur) et Mowgli (Le Le livre de la Jungle).
Son pendant féminin, Eilonwy, se situe, elle, à l'opposé exact de toutes les princesses Disney, apparues jusqu'à elle. Courageuse, décidée, elle n'a, en effet, pas froid aux yeux, se révélant d'ailleurs plus directive et réfléchie que Taram. Sa voix originale appuie logiquement ce trait de caractère puisqu'elle est prêtée par Susan Sheridan qui, âgée de 34 ans lors de l'enregistrement, donne au personnage une maturité audible immédiatement. Le premier doublage français commet lui l'erreur de ne pas comprendre l'astuce : non seulement Eilonwy devient Eloïse mais elle prend aussi une voix de gamine. L'erreur est fort heureusement corrigée dans le deuxième doublage aussi bien au niveau du nom que du timbre de voix de l'héroïne.
Gurgi est assurément le personnage le plus mal exploité du film. Cette petite boule de poil au design vraiment avenant navigue, en effet, entre deux eaux si bien qu'il a du mal à faire fondre le cœur des spectateurs. Son caractère est, il est vrai, trop mal défini pour emporter l'adhésion. Tour à tour, mignon et chapardeur ou courageux et lâche, ses ambivalences constantes font que son sacrifice final tout comme sa résurrection n'émeuvent guère de monde.
Le Seigneur des Ténèbres n'a, lui, d'effrayant que le nom. Ce ressenti est d'autant plus dommage que sa première apparition est particulièrement réussie. A peine suggéré, sortant de l'ombre, le vilain de service affiche alors une aura vraiment menaçante et effrayante. Malheureusement, l'impression ne dure pas : ses autres prestations frisent en effet le ridicule. Trop présent à l'écran, il perd peu à peu en dangerosité pour finalement n'impressionner plus personne. Il ne doit paradoxalement son salut qu'à l'extrême fadeur de Taram qui ne risque, il est vrai, pas trop de le gêner. Face à un héros ragaillardi, le Seigneur des Ténèbres aurait à l'évidence pris des airs de « Ken gothique » ! Son acolyte est d'ailleurs autrement plus méritant que lui.
La vraie révélation du casting est, en effet, Crapaud, le serviteur faire-valoir et souffre-douleur du Seigneur des Ténèbres. Son design est ainsi fabuleux tout comme sa personnalité parfaitement bien sentie : aussi peureux que vantard. La scène où il en vient à se flageller lui-même pensant à tord que son maître allait le faire est sans aucun doute un modèle du genre dans le processus de définition d'un personnage.
Autour des rôles principaux qui ont décidément bien du mal à seulement exister, une ribambelle d'intervenants plus ou moins secondaires tente de faire sa place ; le scénariste ayant visiblement été contraint de sortir les forceps pour densifier sa galerie. Le premier d'entre eux est Ritournelle dont il est permis de se demander quel est son apport au film. Ses apparitions sont, il est vrai, poussives et tombent toutes comme un cheveu sur la soupe. Lui qui visiblement est là pour apporter un peu de sympathie au récit obtient en réalité l'effet inverse : il est insupportable !
Le Roi Bedaine, Ronchon et ses elfes sont au contraire beaucoup plus avenants. Pour autant, ils ne servent pas l'histoire sauf à renseigner (c'est un peu léger !) l'emplacement exact des Sorcières de Morva. Ces dernières sont d'ailleurs tout autant sous-utilisées. Alors qu'elles ont en leur possession le fameux chaudron, elles ne rayonnent jamais, livrant des scènes insipides à souhait. Elles ne décrochent pourtant pas la palme du ratage : d'autres personnages font bien pire, parcourant le film sans jamais retenir l'attention. Dalben, le maître de Taram affiche ainsi une aura digne d'un flanby. Et encore, ce n'est rien en comparaison de Tirelire la cochonne, qui (alors que les ennuis arrivent par elle et qu'elle apparait, dès les premières minutes, comme un élément essentiel du récit !) a la curieuse idée de disparaitre au milieu du film, sans autre forme de procès.

S'il est une chose admise que les scénarios et les personnages de Taram et le Chaudron Magique sont bourrés de défauts, et par là sans doute, indignes du label qui les portent, le visuel du film est, lui, au contraire à saluer. Le rendu de l'image est, en effet, splendide au point que l'équipe de La Belle au Bois Dormant ne le renierait pas. Rien d'étonnant finalement à cela. L'ambition des artistes s'est, il est vrai, concentrée sur le retour de deux techniques. La première est le format scope disparu, justement, depuis La Belle au Bois Dormant ; la seconde, la caméra multiplane utilisée ici à bon escient dans le magnifique vol des dragons sur fond de ciel rouge. Les décors sont, pour leurs parts, somptueux, les effets spéciaux fabuleux et les angles de caméra très riches (la capture de Tirelire par les dragons est à ce titre bluffante !). Il faut dire que le film bénéficie d'un budget conséquent. Ainsi, aucun autre Disney avant lui, même Fantasia, n'a utilisé autant de ressources du département « effets spéciaux ». Certains s'avèrent d'ailleurs de véritables calvaires et engloutissent des sommes folles. La scène des visions de Tirelire se monte par exemple à elle-seule à 250 000 dollars de l'époque tandis que la boule lumineuse d'Eilonwy nécessite un an de mise au point. Des coupes sombres sont toutefois menées pour calmer les financiers : certains effets se contentent ainsi de bric et de broc comme la fumée au dessus du château repris du film "Live", La Foire des Ténèbres ; les personnages se détachant d'ailleurs nettement de l'arrière plan.
Les nouvelles technologies sont aussi de la partie essentiellement pour faciliter le travail des artistes : les caméras vidéo autorisent ainsi un rendu immédiat et peu onéreux de leur travail du jour ; l'ordinateur est mis à contribution (c'est une première !) pour manipuler des objets inanimés à l'écran tandis qu'un procédé de transferts photo directement sur cello permet de remplacer la technologie désormais dépassée de la photocopie Xerox.

Tout cela fait exploser le budget initial. Aux 15 millions consentis à la base sur le projet par Ron Miller, 10 sont rajoutés en dépassement. La somme est astronomique pour l'époque et n'avait jamais été atteinte auparavant pour un simple film d'animation. Comble de l'ironie, ces dollars ne profitent même pas au film mais sont perdus dans toutes les erreurs commises par une production chaotique en tous points. De trop nombreux jeunes collaborateurs sont, en effet, mal utilisés : Andreas Deja, le futur animateur de Gaston ou de Jafar, débarque, par exemple, tout juste de son Allemagne natale et ne connait rien au process disneyen tandis que Tim Burton fait un an de recherche sur le film sans qu'aucune de ses idées n'y apparaissent. La construction même de la production est génératrice de bévues. Divisée en plusieurs entités qui ne se parlent pas entre elles, elle donne constamment l'impression d'un individu dont la main droite ne saurait pas ce que fait que la main gauche. Pire, des rivalités imbéciles conduisent à des désastres : certains artistes de grande qualité, Ron Clements et John Musker en tête, dépités par cette ambiance, se rebellent et quittent la production pour lancer un challenge parallèle : Basil of Baker Street.

Mais la conduite du projet Taram et le Chaudron Magique n'est pas le seul dans la tempête chez Disney. En 1984, la direction du studio elle-même est sur la sellette, à la faveur d'un coup de force orchestré de main de maitre par Roy Disney, le neveu de Walt. Ce dernier entend en effet réveiller le moribond studio de son oncle qu'il considère mal géré par Ron Miller, le gendre de Walt Disney. Il s'appuie pour cela sur deux hommes, Jeffrey Katzenberg et Michael Eisner. Le premier prend la tête de la division « Films » tandis que le second s'impose vite à la Direction Générale. Il vient d'ailleurs avec ses troupes, venues pour l'essentiel de la Paramount, et - premier signe inquiétant avec le recul - investit sans état d'âmes les locaux créés à l'origine par Walt Disney lui-même dans le but d'offrir à ses animateurs un espace de travail convivial et créatif. Jusque dans la répartition des bureaux, la part belle est faite aux financiers et administratifs. Très vite, se pose d'ailleurs la question de la production animée : elle est, en effet, vue comme un non-sens économique à rapidement contenir. La priorité de la nouvelle Direction est, il est vrai, de relancer la sortie de films « live », touchant un plus large public que celui ordinairement atteint par Disney. Le label Touchstone, créé par Ron Miller, est ainsi priorisé et remis au goût du jour. L'animation, elle, est envisagée comme un ovni ; les nouveaux dirigeants ne comprenant rien à son aura. Fort heureusement, Roy Disney veille au grain et la défend bec et ongle, aidé en cela par Jeffrey Katzenberg. Ce dernier réorganise, en effet, tout le système de décisions dans la gestion des projets animés pour lui rendre souplesse et efficacité. Pour autant, il ne parviendra jamais à changer le sentiment des financiers sur les animateurs. Ces derniers, d'abord vus comme des enfants gâtés, sont bien vite éloignés, à la manière de véritables pestiférés. Remisés dans des prêts-fabriqués situés à l'arrière d'un parking, une ville plus loin (Glendale) par rapport aux studios historiques de Burbank, ils seront rapidement marginalisés. Il leur toutefois demandé, avant de quitter les locaux du berceau de Disney, de terminer Taram et le Chaudron Magique.

Les nouveaux patrons, Roy Disney et Jeffrey Katzenberg, demandent donc à visionner le film, déjà bien avancé dans sa production. Et là, catastrophe ! Le dessin-animé apparait sombre, laborieux et dénué de personnages attachants. Impossible de le sortir en l'état : quelques mois plus tôt, Oz, Un Monde Extraordinaire, avait, en effet, déjà été critiqué parce que trop effrayant ! Même si comparaison n'est pas raison, Jeffrey Katzenberg sort alors son scalpel. Des scènes entières sont coupées au grand dam des animateurs, juste horrifiés à cette seule idée. Ils estiment, il est vrai, qu'un film d'animation n'est pas un film « Live », son processus de fabrication s'inscrivant dans le marbre et ne pouvant être changé. Le projet part ainsi du story-board au rough pour se clore par la scène finalisée. Faire une coupe revient à dénaturer l'œuvre toute entière, jeter l'argent par les fenêtres sans compter le temps perdu et irrécupérable. Un véritable accident industriel, en somme ! Mais, le nouveau patron du studio n'a que faire de ces jérémiades d'autant qu'il limite ses amputations à deux ou trois minutes. Taram et le Chaudron Magique sort donc affaibli par des coupes dont il n'est toujours pas aujourd'hui possible de connaitre la nature.
Pire, certaines ont été menées entre la sortie du film au cinéma et les différentes éditions vidéos. Une courte séquence, située juste après l'apparition du chaudron magique et dans laquelle Taram tente en vain de le détruire, cassant sur lui un morceau de bois pris pour arme puis apprenant des trois sorcières que le chaudron ne peut être détruit, a purement et simplement été supprimée. Cette décision n'a toujours pas trouvé d'explications à ce jour, tant la scène n'avait rien de choquant et -mieux- permettait de comprendre l'inutilité de la possession du chaudron et la nature du marché de dupe proposé par les Sorcières de Morva...

A sa sortie, Taram et le Chaudron Magique est laminé par la Critique qui ne lui accorde aucun atout ou, quand elle le fait, du bout des lèvres, telle la reconnaissance de voir Disney sortir enfin des sentiers battus sur les plans techniques et narratifs. Le public, lui, ne fait pas dans le détail et rejette le film en bloc. Ses recettes -21 millions de dollars- ne couvrent même pas les seuls coûts de production. Pire, il se fait battre au box-office par Les Bisounours - Le Film qui rapporte 22 millions de dollars pour un budget initial de seulement 2 millions. Désaveu ultime, Les 101 Dalmatiens, ressorti un peu plus tôt dans l'année, lui dame le pion avec 33 millions !

Seule la nostalgie de revoir Taram et le Chaudron Magique lui permet aujourd'hui de trouver quelques fans ; les rares enfants qui l'ont vu au cinéma, devenus adultes, lui accordant en effet une estime bienveillante. Cela reste toutefois une assise bien maigre pour lui permettre de se refaire une santé, sur le thème du film « incompris » à sa sortie et devenu « culte » depuis. Non, Taram et le Chaudron Magique restera à jamais une œuvre non-aboutie : la quête du Graal est comme l'enfer, pavée de bonnes intentions !

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