Burny
Date de création : Le 24 juillet 1985 Nom Original : Burny |
Apparition : Cinéma |
Le portrait
En 1985, les studios Disney adaptent l’œuvre de Lloyd Alexander avec Taram et le Chaudron Magique. Destiné à un public plus adulte, le film met alors en scène Taram, jeune garçon de ferme embarqué malgré lui dans une effrayante confrontation avec le Seigneur des Ténèbres, un terrible sorcier épaulé dans ses sombres desseins par toute une bande de brutes épaisses elles-mêmes accompagnées par des molosses parmi lesquels le chien Burny.
Burny entre soudainement dans l’histoire à la dix-neuvième minute du film. Alors que Taram tente discrètement de se frayer un chemin à l’intérieur du château où le Seigneur des Ténèbres et sa clique se sont installés, le corniaud surgit de nulle part en aboyant férocement sur le jeune héros. Le chien est toutefois violemment coupé dans son élan par son maître, réveillé en sursaut par tout ce vacarme. « Tais-toi ! », lance ce dernier, « Ce sale clébard aboie encore pour rien ! ».
Étranglé par cet homme qui tire sur sa chaîne pour le faire taire, Burny n’a d’autre choix que d’abandonner sa proie, laissant ainsi à Taram l’opportunité de continuer à fouiller la demeure à la recherche de son cochon Tirelire. La ronde du chien et de son maître est toutefois de courte durée. Comme d’autres molosses, l’animal a déjà rejoint la grande salle du château où les hommes de mains du Seigneur des Ténèbres s’enivrent et mangent sans retenue tout en se rinçant l’œil en regardant une voluptueuse gitane danser.
La fête est cependant de courte durée. Dans un souffle lugubre, le Maître des lieux fait son entrée, mettant ainsi un terme à toutes les festivités. Comme toutes les personnes présentes dans la pièce, Burny est lui-même terrifié par cette apparition cadavérique à tel point qu’il en laisse tomber son os à terre…
Quelques minutes plus tard, le chien est de nouveau visible à l’écran. Toujours fermement attaché, il aboie méchamment sur Ritournelle, le barde qui, comme Taram et la princesse Éloïse, est enfermé dans les geôles du château. « Gentil toutou ! Comment il s’appelle ? », bredouille le musicien qui tente par ailleurs d’amadouer l’homme de main qui l’enchaîne au mur. Burny saute alors sur lui avec rage. « Non ! Non ! Non ! » hurle Ritournelle !, « Couché… Couché, Médor ! ». Une nouvelle fois, le chien est tiré sans ménagement par son maître qui le fait sortir de la pièce.
Ritournelle et Burny ne tardent pas à se retrouver de nouveaux face à face. Alors que le barde tente de s’enfuir aux côtés de Taram et Éloïse, il est pourchassé par le puissant cerbère qui lui arrache au passage le fond de sa culotte. Ritournelle ne parvient à s’échapper que grâce à la herse du château qui tombe entre le prédateur et lui. Épuisé par cette course-poursuite endiablée, Burny recrache le morceau de tissu arraché au pantalon du musicien avant de s’effondrer sur le sol. L’animal ne réapparaît alors plus avant le générique du film où un carton le montre menaçant Ritournelle.
En 1985, les studios Disney sortent des sentiers battus avec Taram et le Chaudron Magique, œuvre d’heroic-fantasy mise en chantier dès le début des années 1970 avec, aux manettes, la toute nouvelle génération d’animateurs fraichement recrutée pour prendre la relève des anciens progressivement partis à la retraite. Inspiré de l’œuvre de Lloyd Alexander, Les Chroniques de Prydain, le film se destine alors à un public plus adulte en confrontant le jeune héros, Taram, à une flopée de méchants terrifiants. Parmi eux, le Seigneur des Ténèbres est l’antagoniste principal. Secondé par Crapaud, ce dernier dispose également de l’aide d’une bande de malfrats, de mercenaires et de féroces chiens de garde.
Un seul et unique plan indique clairement que les sbires du Seigneur des Ténèbres sont accompagnés par plusieurs molosses. Une vue plongeante sur la grande salle du château montre en effet au moins trois chiens en train de boire et manger. Tous semblent alors appartenir à une même race de corniaud à la fourrure grise. Si plusieurs canidés sont ainsi visibles ensemble une fraction de secondes, les autres scènes ne montrent quant à elle qu’un seul spécimen. Bâtard sans prestige, celui-ci arbore également une fourrure grise ponctuée de taches plus foncées. Les yeux menaçants, les dents acérées et la gueule dégoulinante de bave, son cou est enserré par un collier à pointes relié à une chaîne.
Impossible de savoir si ce chien qui apparaît à plusieurs reprises est le même animal ou bien s’il s’agit de cabots différents. Les taches présentes sur ses cuisses peuvent malgré tout laisser à penser que c’est le même personnage. Surtout qu'au moment de concevoir Taram et le Chaudron Magique, les artistes de Disney n’ont dessiné qu’un seul et unique type de chien. Anonyme dans le film, l’animal est d’ailleurs présenté sur les feuilles de modèles comme « un chien méchant/misérable nommé Burny » (A mean dog named ‘Burny’), un patronyme emprunté avec malice à Burny Mattinson.
Vétéran engagé en 1953, celui-ci possède le record de longévité au sein des studios Disney. Au cours de sa carrière longue de près de soixante-dix ans, il a en effet œuvré sur des dizaines de classiques tels que La Belle et le Clochard, La Belle au Bois Dormant, Les 101 Dalmatiens, Merlin l’Enchanteur, Le Livre de la Jungle, Les Aristochats, Les Aventures de Winnie l’Ourson, Les Aventures de Bernard et Bianca et Rox et Rouky. Lorsque débute la production de Taram et le Chaudron Magique, Mattinson est chargé de former et d’accompagner la nouvelle génération d’artistes aux côtés desquels il planche sur Le Noël de Mickey et Basil, Détective Privé, deux films qu'il réalise, puis Le Prince et le Pauvre, La Belle et la Bête, Aladdin, Le Roi Lion, Pocahontas, une Légende Indienne, Le Bossu de Notre-Dame, Mulan, Tarzan, Kuzco, l’Empereur Mégalo ou bien encore Winnie l’Ourson, Les Nouveaux Héros, Ralph 2.0 et Avalonia, l’Étrange Voyage, son ultime participation avant son décès survenu le 27 février 2023.
L’idée de donner le nom de Burny au chien est venue aux artistes après une réunion calamiteuse durant laquelle Mattinson s’est fait rabrouer par la direction des studios. Chargé de développer le script de Taram et le Chaudron Magique en collaboration avec Mel Shaw et Joe Hale, il s’est en effet vu reprocher son introduction, jugée complètement ratée. D’ordinaire affable, Burny Mattinson s’est alors emporté, explosant de colère face à Ron Miller et d’autres directeurs médusés. Persuadé d’être licencié dans l’heure, l’artiste a malgré tout pu trouver le soutien de ses collègues qui, dans les jours suivants, ont détourné la situation pour le faire sourire. Caricaturé en train d’aboyer sur ses supérieurs, Burny Mattinson a rapidement vu son prénom associé au chien en train d’aboyer lui-même sur Taram et Ritournelle !
Le nom du ou des animateurs chargés de donner vie à Burny n'est pas clairement mentionné au générique.
Comme les autres protagonistes de l'histoire, Burny est présent dans l'adaptation en bande dessinée de Taram et le Chaudron Magique.
Identiques à celles du film, ses apparitions sont réduites à la portion congrue. Le chien est ainsi visible sur trois pages. Sur la première, il aboie férocement sur Taram. Sur la deuxième et la troisième, c'est cette fois à Ritournelle qu'il s'en prend.
Personnage mineur visible seulement quelques instants, Burny est un méchant anecdotique mais qui contribue malgré tout à renforcer davantage encore le caractère anxiogène de Taram et le Chaudron Magique.