Les Yeux de la Forêt
L'affiche du film
Titre original :
The Watcher in the Woods
Production :
Walt Disney Productions
Date de sortie USA :
Le 7 octobre 1981
Genre :
Fantastique
Réalisation :
John Hough
Musique :
Stanley Myers
Durée :
83 minutes
Disponibilité(s) en France :
Autre(s) disponibilité(s) aux États-Unis :

Le synopsis

Un compositeur américain installe sa famille dans un manoir anglais, situé en bordure d'une forêt et loué à une excentrique, répondant au nom de Miss Aylwood. Bien vite, une série d'événements étranges arrive à Jan, l'aînée des nouveaux locataires âgée de 17 ans. Les phénomènes se succèdent, du miroir sans reflets aux cercles de lumières en passant par des glaces de fenêtres cassées en forme de triangle. Tous s'avèrent liés à la disparition survenue trente ans plus tôt de la fille de la, pour le moins étrange, propriétaire...

La critique

rédigée par
Publiée le 20 octobre 2019

Les Yeux de la Forêt est un OVNI dans la filmographie du label Disney. Premier film réellement effrayant, à la limite de l'épouvante et du fantastique saupoudré d'un zeste de science-fiction, le long-métrage sait, en effet, faire monter la tension et le suspense mais souffre d'un montage trop saccadé et d'une conclusion tout juste correcte pour réellement convaincre. Il a en outre malheureusement souffert d'avant-premières calamiteuses qui ont forcé le studio à revoir sa copie, repoussant la sortie générale d'un an pour proposer une nouvelle fin et offrir un montage plus serré sans que cela ne lui permette de rencontrer le succès en salles. Des années plus tard, et comme beaucoup de longs-métrages Disney de cette époque, à cause ou grâce à ses déboires, Les Yeux de la Forêt a gagné petit à petit le statut de film culte.

Les Yeux de la Forêt se base donc sur le roman de Florence Engel Randall. Née le 18 octobre 1917 à Brooklyn à New York, elle commence à écrire au milieu des années 60 à destination des jeunes adultes. Elle gagne en notoriété grâce à son roman The Almost Year publié en 1971. Mais son plus grand succès est sans aucun doute son ouvrage A Watcher in the Woods en 1976 que les studios Disney rebaptise au cinéma par The Watcher in the Woods en version originale. L'auteure signe un dernier roman en 1985 avant de mourir le 4 septembre 1997.

L'idée d'adapter le roman A Watcher in the Woods vient de celui qui deviendra le producteur du film, Tom Leetch. Ce dernier a tenu de nombreux postes au sein des studios Disney, passant d'assistant producteur à producteur mais aussi scénariste ou assistant réalisateur. En tant que réalisateur, il s'est fait remarquer sur le court-métrage Le Monde Magique de Walt Disney World (1972), ainsi que les téléfilms The Whiz Kid and the Mystery at Riverton (1974), Return of the Big Cat (1974), Le Ciel Est la Limite (1975) et The Whiz Kid and the Carnival Caper (1976). Après avoir lu le roman de Florence Engel Randall, Tom Leetch décide d'aller en toucher deux mots au patron des studios Disney de l'époque, Ron Miller, le gendre de Walt Disney. Il lui vend Les Yeux de la Forêt en lui disant que cela pourrait être L'Exorciste des Walt Disney Productions. Aussi incongrue que cette affirmation puisse paraître aujourd'hui, à l'orée des années 80, l'accroche fait mouche car les studios de Mickey sont alors en plein questionnement.

Frappées de ringardise depuis le milieu des années soixante-dix et surtout durant le début des "eighties", les productions cinématographiques du studio au château enchanté ont, alors, bien du mal à convaincre de leurs atouts des spectateurs lassés par des années de productions faites de sempiternels films comiques usant et abusant d'humour basé sur le jeu d'animaux. Le studio de Mickey est ainsi dans une spirale infernale. Les enfants des années 70, à la différence de leurs parents, ne grandissent plus avec Disney. Libéralisation des mœurs aidant, ils deviennent, en outre, de plus en plus vite adultes et s’intéressent, dès lors, de moins en moins longtemps à l’univers Disney. Tentant de suivre la mode, son studio a, il est vrai, toujours un coup de retard ! Mis à mal par des succès de films exceptionnels tels La Guerre des Étoiles ou Les Dents de la Mer, il se lance - sans jamais réussir - dans une série de films expérimentaux avec pour objectif avoué de retrouver le cœur des adolescents ou des adultes. Toutes ses tentatives se ramassent lamentablement au box-office ! Il faut dire que le cycle de l'échec est exemplaire : une partie du public boude les films proposés, persuadée que Disney est embourbé dans son standard habituel jugé désormais has-been, tandis que l'autre partie reproche au studio de ne pas être là où elle l'attend. Au final, tous les spectateurs, favorables ou non au label de Mickey, ont une bonne raison pour ne pas se déplacer en salles. La première livraison de cette politique somme toute ambitieuse est un retentissant échec. Le Trou Noir, présenté à la fin de décembre 1979 avec la volonté avouée d’être le nouveau Star Wars, fait long feu. À peine sorti en salles, il est déjà kitsch ; ses effets-spéciaux apparaissant lamentablement dépassés. Les Yeux de la Forêt, lorgnant vers le film d'épouvante, devait être le second mais les aléas de production en décideront autrement.

Pour réaliser l'opus, Ron Miller pense à John Hough qui n'est pas un inconnu chez Disney. Né le 21 novembre 1941 à Londres, l'artiste britannique commence, en effet, sa carrière à la télévision au milieu des années 60 en travaillant en tant qu'assistant puis réalisateur sur la série Chapeau Melon et Bottes de Cuir. Il réalise ensuite son premier long-métrage en 1970 avec Les Inconnus de Malte. Il tourne aussi beaucoup de films d'horreur comme Les Sévices de Dracula en 1971 pour la Hammer ou encore La Maison des Damnés avec Roddy McDowall sorti chez 20th Century Fox en 1973, qui convaincra d'ailleurs Miller de lui confier Les Yeux de la Forêt. Le road movie Larry le Dingue, Mary la Garce, en 1974 toujours pour 20th Century Fox, est son premier film tourné aux États-Unis. Il enchaîne ensuite avec La Montagne Ensorcelée (1975), le premier long-métrage qu'il réalise pour les Walt Disney Productions, devenu un classique des années 70 des studios de Mickey. En 1978, il en propose une suite avec Les Visiteurs d'un Autre Monde. Après Les Yeux de la Forêt, John Hough revient une dernière fois chez Disney pour réaliser le téléfilm Disney Channel, La Flèche Noire.

Très vite, les studios Disney demandent au scénariste Brian Clemens d'adapter le roman. Mais sa version ne leur convient pas car ils trouvent le script effrayant et sombre. Le scénario est donc retravaillé par Rosemary Anne Sisson puis par Gerry Day pour être finalement prêt en juillet 1979, à un mois du tournage qui a lieu dans et autour des Pinewood Studios, situés en Angleterre. L'histoire du film s'éloigne ainsi du roman par quelques éléments. D'abord, l'action est déplacée du Massachusetts américain à la campagne anglaise. Ensuite, le rôle du personnage de Miss Aylwood est particulièrement étoffé car celle-ci n'apparaît qu'au début et à la fin du livre et n'habite pas la propriété. Les apparitions de la présence dans la forêt sont également différentes : l'imagerie du triangle est inventée, remplaçant un simple "X" dans le roman tandis qu'Ellie ne se rend pas compte qu'elle est utilisée en tant que réceptacle par l'entité là où elle en est parfaitement consciente à l'écrit. Enfin, les amies de Karen dans le roman sont absentes tandis que la fin est changée. Globalement, le film densifie l'histoire du roman et le rend plus palpitant. Malheureusement, Les Yeux de la Forêt va souffrir d'une frilosité des dirigeants des studios, Ron Miller en tête, qui n'assument pas totalement le côté angoissant. Le producteur a peur que les images soient trop effrayantes pour le label et va interférer beaucoup trop dans le tournage. Pour le réalisateur John Hough, l'expérience sera calamiteuse.

Les Yeux de la Forêt sait en tout cas distiller du suspense et installer son mystère. Pas vraiment effrayant, le film arrive tout de même à proposer une certaine tension jamais vue jusqu'à présent dans une production Disney. Et surtout, au fur et à mesure que Jan découvre des indices sur ce qui s'est réellement passé et que le mystère autour de Karen lève son voile, le spectateur aime suivre son enquête. Il frissonne de temps en temps et arrive parfois à sursauter comme par exemple quand Jan arrive dans la maison puis se coupe un doigt quand la fenêtre se fissure ou encore quand elle tombe dans la mare après avoir été effrayée suite à un éclair de lumière apparu subitement. Les possessions de sa petite sœur Ellie sont elles-aussi inquiétantes, surtout quand elle écrit à l'envers sur les vitres ou les miroirs. L'environnement et les décors comme la forêt, la maison ou la vieille chapelle mais aussi des endroits moins isolés comme la fête foraine, avec en particulier le manège aux miroirs déformant, contribuent également à mettre en place une aura angoissante idéale pour se faire (un petit peu) peur sans être crispé sur son fauteuil. La musique de Stanley Myers participe aussi beaucoup à cette ambiance inquiétante.

Côté casting, Les Yeux de la Forêt s'en sort plutôt bien. La grande star du film est sans conteste Bette Davis, grande actrice de l'Âge d'Or d'Hollywood, connue dans les années 30 et 40 comme la reine des studios Warner. Nommée dix fois pour l'Oscar de la Meilleure Actrice, elle en gagnera deux : en 1935 pour L'Intruse et en 1938 pour L'Insoumise. Sa popularité est telle qu'elle fait partie du gratin d'Hollywood dans les années 30. L'une des conséquences est qu'elle a été caricaturée dans quelques cartoons Disney de l'époque comme Mickey's Gala Premier (1933) et Chasseur d'Autographes (1939). Bien des années plus tard, elle joue dans son premier film des studios Disney dans Les Visiteurs d'un Autre Monde en 1978. Les Yeux de la Forêt est donc son deuxième opus chez Disney et l'un des derniers de sa carrière. Elle y interprète Miss Aylwood, la vieille logeuse de Jan et de sa famille. L'actrice donne ainsi un air sinistre à la vieille dame qui ne se remet pas de la disparition de sa fille, Karen, depuis trois décennies. Aussi mystérieuse qu'un peu froide, elle n'est pas très abordable mais est attirée par Jan qui lui rappelle sa Karen.

Lynn-Holly Johnson joue pour sa part Jan Curtis, l'héroïne du film. La jeune fille arrive à être plutôt attachante car elle ne se laisse pas submerger par la peur, gardant un certain sang-froid malgré toutes les choses étranges qui lui arrivent. Elle comprend d'ailleurs vite que le meilleur moyen de faire disparaître toutes ces apparitions est de résoudre le mystère qui s'est déroulé trente ans auparavant. Sa sœur Ellie est interprétée par Kyle Richards, connue à l'époque pour son rôle récurrent dans la série La Petite Maison dans la Prairie mais aussi pour avoir joué dans le téléfilm Disney de 1978, The Million Dollar Dixie Deliverance. Ellie sert donc de réceptacle à l'entité qui hante la forêt et permet à la créature de pouvoir communiquer indirectement avec Jan. En dehors de cela, elle reste une petite fille avec plus d'entrain et de joie de vivre que son aînée, comme tout enfant de son âge. Le reste de la famille est, quant à lui, joué par Carroll Baker pour la mère Helen et par David McCallum pour le père. Si ce dernier a un rôle assez anecdotique, la mère dispose d'une présence un peu plus étoffée, tentant de protéger ses filles mais sans vraiment croire aux histoires de fantômes et de maison hantée qu'elles lui racontent.

Le reste du casting est, en revanche, bien moins emblématique même s'il propose quelques personnages intéressants mais qui manquent tous de profondeur. Mike Fleming (Benedict Taylor) est ainsi un ami de Jan qui se transforme en chevalier servant au fur et à mesure qu'il sort avec la jeune fille. Sa mère Mary Fleming (Frances Cuka) est l'une des trois camarades avec Tom Colley (Richard Pasco) et John Keller (Ian Bannen) qui ont assisté dans leur jeunesse à la disparition de Karen Aylwood (Katharine Levy). Tous n'arrivent pas forcément à tirer leur épingle du jeu même si le côté ermite de Tom Colley et celui de châtelain renfrogné de John Keller sont plutôt bien trouvés. Leur relation avec Karen est relativement bien expliquée mais aurait sans doute mérité d'être plus longuement exposée. Néanmoins, la scène qui révèle ce qu'il s'est passé lors la fameuse nuit de la disparition est assez réussie, pleine de mystères et de suspense.

Durant la grande majorité des (Les) Yeux de la Forêt, les effets spéciaux s'avèrent très légers : quelques apparitions de Karen en fantôme dans les miroirs, quelques lasers et autres flashs de lumières. Mais la vraie prouesse du film devait se produire en toute fin. Les scénaristes avaient, en effet, essayé de trouver une conclusion satisfaisante, en imaginant plusieurs avant de s'arrêter sur celle qui était désignée comme « l'autre monde ». À l'origine, dans la fin prévue, la créature qui hante la forêt se matérialise dans la chapelle devant Jan, Mike, Tom Colley, Mary Fleming et John Keller. Il s'agit en réalité d'une sorte d'alien à l'apparence d'insecte flottant qui vient envelopper Jan située au cœur du cercle d'amitié reformé trente plus tard par Tom, John et Mary. Ce jour d'éclipse solaire semblable à ce qui s'était passé dans le passé permet ainsi aux anciens amis de Karen de reproduire les gestes qu'ils avaient faits lors de la disparition de la jeune fille. L'alien emporte alors Jan à travers l'espace (ou les dimensions) vers un vaisseau spatial où l'adolescente retrouve Karen, qui n'a pas vieilli, prisonnière d'un prisme pyramidal transparent. Jan libère la jeune fille et revient sur Terre via une téléportation inverse, reprenant toutes deux leurs places dans la chapelle en ruine. Jan et Karen marchent ensuite tranquillement vers le manoir où Miss Aylwood retrouve sa fille tandis que Jan essaye de raconter à Ellie, sa petite sœur, ce qu'il s'est réellement passé, apportant en même temps des explications aux spectateurs. Cet exposé devient néanmoins superflu puisqu'il ne fait que raconter ce que le public vient de voir juste avant, à moins que les scénaristes aient pensé que la conclusion était tellement alambiquée qu'elle nécessitait un éclaircissement. Pour autant, ce qui est intéressant dans cette fin originelle, c'est que pour la première fois de l'histoire des studios Disney, les effets spéciaux d'une séquence d'un de leurs longs-métrages, seront confiés à un studio extérieur. Et si les plans de la créatures sont prêts, ceux du vaisseau ne seront, en réalité, jamais terminés.


« L'autre monde »

Mais voilà, les studios Disney décident de sortir le film en avant-première dans le cinéma Ziegfeld Theatre de New York le 16 avril 1980 pour coïncider avec les 50 ans de carrière de Bette Davis. Ils ont alors dans l'idée d'augmenter au fur et à mesure le nombre de salles jusqu'à atteindre le pic en juin pour la saison estivale. Le hic, c'est que la fin n'est pas prête ! Les studios vont donc proposer une fin temporaire en attendant que les effets spéciaux soient finalisés pour la sortie générale. Cette fin est la même que celle prévue à la base moins la partie dans l'espace et le vaisseau. Ces dernières séquences sont juste remplacées par quelques scènes avec la mère de Jan, Helen, qui rentre dans la chapelle quand sa fille s'évapore et demande à tous les participants où sa fille a disparu en les secouant pour qu'ils lui répondent. Finalement, Jan réapparaît avec Karen tandis que la conclusion reprend ce qui était prévu dans la fin originelle avec Jan qui revient doucement chez elle avec Karen pour la rendre à Miss Aylwood puis qui raconte à sa sœur les événements précédents. Cette fin a malheureusement deux soucis. D'abord, l'aspect de l'alien, qui était pourtant finalisé, fait faux au possible ; son rendu est totalement artificiel. La décision de faire apparaître la créature de façon si frontale, en la rendant bien trop visible, gâche tout le mystère mis en place durant le reste du film. L'autre problème est que, sans la séquence de « l'autre monde », avec le voyage dans l'espace et la scène du vaisseau, la conclusion devient incompréhensible. Le spectateur ne saisit pas où est partie Jan et surtout pourquoi et comment elle ramène Karen. L'explication donnée dans le dialogue de fin entre Jan et Ellie, superflue dans la fin envisagée originellement, devient ici une tentative de sauvetage grotesque. Il ne permet absolument pas de comprendre ce qu'il s'est passé, donnant plutôt l'impression que le long-métrage n'a pas de fin. Et évidemment, ce problème de narration n'échappe pas aux spectateurs découvrant le film, pour la grande majorité des critiques presse. Les Yeux de la Forêt se fait alors littéralement descendre ; les papiers insistant sur sa conclusion calamiteuse. Les studios Disney retirent ensuite en catastrophe le film de l'affiche au bout d'une petite semaine et repoussent la sortie générale le temps de le retravailler.


Fin du 16 avril 1980

Mais le mal est fait. Ron Miller entend les critiques qu'il a eu durant cette projection sur l'alien factice mais également sur le côté trop effrayant du film. Et il n'assume pas l'erreur d'avoir proposé une fin tronquée, et donc incompréhensible, ne permettant pas au studio responsable des effets spéciaux de finir la séquence manquante. Au contraire, les dirigeants de Disney accablent totalement la petite structure, lui faisant supporter toute la responsabilité de l'échec pour finalement choisir de partir sur une nouvelle fin. Pire encore, Ron Miller ne confie pas les reshoots au réalisateur John Hough mais fait appel à un fidèle, Vincent McEveety, qui a consacré la majorité de sa carrière chez Disney en étant réalisateur d'une douzaine de films dont La Coccinelle à Monte-Carlo (1977) ou La Coccinelle à Mexico (1980) ainsi que d'une demi-douzaine de productions pour la télévision. Ce dernier ne sera, pour autant, pas crédité sur Les Yeux de la Forêt en raison d'une règle syndicale qui l'empêche d'être cité s'il ne travaille pas avec le réalisateur d'origine ou alors qu'il ne participe pas à un certain nombre d'heures minimum sur le film, ce qui ne sera pas le cas ici. Vincent McEveety s'occupant du tournage additionnel, la réécriture et les nouveaux effets spéciaux de la conclusion remaniée sont, pour leur part, confiés à Harrison Ellenshaw. Fils du fameux artiste de matte painting des studios Disney Peter Ellenshaw, Harrison Ellenshaw commence à travailler au côté de son père dans le domaine des effets spéciaux et du matte painting chez le studio de Mickey. Il rentre ensuite chez Industrial Light & Magic où il travailler sur Star Wars : Un Nouvel Espoir et Star Wars : L'Empire Contre-Attaque tout en alternant avec des productions Disney avant d'y revenir définitivement au début des années 80.


Fin du 7 octobre 1981

Harrison Ellenshaw propose donc de revoir totalement la fin en la rendant moins effrayante mais plus mystérieuse et mystique tout en gardant une explication tirée de la science-fiction. La créature n'apparaît plus de visu mais reste une ombre fantomatique étrange mais plus crédible. Le lieu d'emprisonnement de Karen n'est pas non plus montré mais juste suggéré via le dialogue de l'étranger. L'explication de fin est donnée pendant le processus d'échange, permettant au spectateur de comprendre bien plus facilement ce qu'il se passe sous ses yeux alors que la séquence en montre bien moins que lors de la précédente. Autre changement, le personnage de la mère de Jan est supprimé tandis que celui de la petite Ellie gagne une place centrale. Mike qui servait juste de spectateur dans la précédente fin se voit donner une action héroïque. Enfin, Miss Aylwood fait son apparition dans la Chapelle permettant une émotion plus palpable qui clôture le film. Il faut ainsi avouer que cette nouvelle fin voulue par les studios s'avère bien plus satisfaisante même si tout n'est pas parfait, en particulier le rôle d'Ellie un peu trop mécanique. De plus, l'explication en décevra plus d'un car comme dans tout bon mystère, l'important est souvent les indices permettant d'arriver à la solution plutôt que la solution elle-même.

Si le changement de fin peut s'expliquer et se concevoir, Ron Miller a, par contre, eu clairement tort de revoir le montage. Le film est ainsi passé de 100 minutes lors de la projection en avril 1980 à seulement 87 minutes lors de sa sortie nationale. La version finale souffre ainsi de coupes trop franches qui font que le spectateur ressent que le film est par trop haché. Mike et Jan apparaissent, par exemple, directement en train de parler amicalement sans que leur rencontre ne soit jamais présentée. L'entame du film a été également remontée par Vincent McEveety. À l'origine, il s'ouvrait en effet,  sur une jeune fille qui joue dans les bois puis se trouve effrayée par la créature. L'enfant laisse alors tomber une poupée qui commence à se soulever entre les arbres avant de prendre feu spontanément puis de faire apparaître le titre du film. Jugé trop effrayant et pas assez Disney, le début a été remplacé par un travelling dans la forêt avec sa musique inquiétante. Quelques autres petites scènes impressionnantes ont aussi été modifiées comme celle où la mère de Jan attrape et gifle sa fille remplacée par une scène où Helen secoue Jan uniquement par les épaules.

Finalement, la version révisée sort dans les salles américaines le 7 octobre 1981. Les critiques s'avèrent bien plus satisfaisantes, saluant la nouvelle fin ainsi que le mystère qui se met en place au fur et à mesure tout comme le jeu de l'actrice Bette Davis. Mais les studios Disney ont toujours le problème de réussir à vendre le film car ils doivent résoudre la quadrature du cercle : faire venir les adolescents à qui s'adresse l'opus tout en empêchant les familles qui auraient envie d'emmener leur enfant sur le seul nom Disney. Les bandes annonces essayent alors de faire passer le message en faisant bien comprendre que le film va faire peur et que ce n'est pas un conte de fée. En France, l'opus, qui sort un an plus tard le 15 septembre 1982, offre même une affiche qui montre clairement la couleur en proposant un visuel plus effrayant que le film lui-même, complété par la phrase d'accroche "Attention ! Ce n'est pas un conte de fées..." Malheureusement rien n'y fait ! Le public adolescent ne se montre pas et les quelques familles qui voient le film lui reprochent comme prévu son côté trop sombre et effrayant pour le label Disney. Résultat des courses, Les Yeux de la Forêt ne rapporte que 5 millions de dollars et ne rembourse pas ses 9 millions de dollars de budget.

Pour autant, grâce à ses diffusions de façon régulière durant Halloween sur Disney Channel, Les Yeux de la Forêt va gagner petit à petit, comme nombre de films Disney de l'époque, une aura de film culte auprès de la génération des années 80. Quand elle deviendra adulte, elle voudra, en outre, en découvrir les coulisses. Son rêve sera finalement exaucé à l'entrée du nouveau millénaire. Au début de l'ère DVD, l'éditeur Anchor Bay a en effet réussi à obtenir les droits de certains films Disney oubliés pour les sortir sur le nouveau format physique. Et parmi ces titres figurait Les Yeux de la Forêt. Ils ont alors dans l'idée de proposer deux versions du film : celle des studios et celle voulue à l'origine par le réalisateur. John Hough accepte même de faire le montage lui-même, et gratuitement ! De plus, après recherche, il s'avère que les rushs de la séquence de « l'autre monde » aux effets spéciaux non finalisés, coupée lors la première sortie, sont de bonne qualité. La séquence montre aussi qu'elle est plutôt avancée dans sa réalisation et qu'il manquait juste la finalisation. Mais voilà, les studios Disney refusent d'offrir le premier montage. Ils acceptent uniquement de donner les images permettant de reconstituer les deux fins (avec et sans la séquence de « l'autre monde ») et de les proposer uniquement en bonus du montage officiel. Ces deux fins ne sont donc que des reconstructions (comme le montre le faux raccord avec le changement de robe de Miss Aylwood) et non les véritables fins mais restent intéressante à plus d'un titre. Celle avec la séquence de « l'autre monde » commence en reprenant un peu plus tôt dans le film alors que celle de la première sortie cinéma débute juste avant l'arrivée de la créature. La fin complète montre ainsi plusieurs scènes coupées de la version finale du film et prouve que Les Yeux de la Forêt a souffert de trop nombreuses petites coupes sans lesquelles le récit aurait trouvé plus de fluidité. Autre leçon : cette fin ambitieuse désirée par le réalisateur John Hough se révèle en réalité plutôt bancale.
Coté business, la sortie de ce DVD chez Anchor Bay en 2002 aura une autre conséquence collatérale inattendue au sein des studios Disney : les dirigeants dont Roy E.Disney se rendent, en effet, compte que la filiale Walt Disney Home Entertainement avait laissé sous-traiter la sortie de films du label historique à un éditeur tiers, y compris des films du temps de Walt Disney (Le Plus Heureux des Milliardaires). Furieux, ils obligent la filiale à rapatrier tous les films pour se charger eux-mêmes de leur édition en DVD. Les Yeux de la Forêt ressort ainsi en 2004 chez Disney en proposant les deux fins en bonus mais en enlevant le commentaire audio que John Hough avait enregistré pour Anchor Bay.

Les Yeux de la Forêt fait partie des quelques films du label Disney à être un peu effrayants. S'il souffre au final d'un montage un peu trop haché, il arrive tout de même à proposer une atmosphère de mystère intéressante tout en faisant monter une tension palpable jusqu'à son dénouement convainquant bien qu'un peu rapide. Désormais culte malgré ses défauts, Les Yeux de la Forêt possède un charme certain notamment grâce à l'une des dernières apparitions de l'actrice mythique Bette Davis. Il demeure un film Disney idéal à regarder en période d'Halloween.

L'équipe du film

1933 • 2019

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