Chasseur d'Autographes
Titre original : The Autograph Hound Production : Walt Disney Animation Studios Date de sortie USA : Le 1er septembre 1939 Série : Genre : Animation 2D |
Réalisation : Jack King Durée : 8 minutes |
Disponibilité(s) en France : |
Le synopsis
Donald déjoue la sécurité d'un grand studio hollywoodien et part à la chasse aux autographes... |
La critique
Dans les années 30, les cartoons se moquant des stars d'Hollywood via des caricatures étaient d'usages. Les studios Disney n'ont pas échappé à la mode et cinq se sont fait remarquer dans le genre : Parade of the Award Nominees en 1932, un cartoon commercial réalisé spécialement pour la remise des Oscars cette année-là, Mickey's Gala Premiere en 1933 et L'Equipe de Polo en 1936 dans la série Mickey Mouse, Conte de ma Mère l'Oye en 1938 dans la série Silly Symhonies et, le tout dernier du genre, Chasseur d'Autographes en 1939 dans la série Donald Duck.
Chasseur d'Autographes possède un scénario très simple. Donald essaye de rentrer dans un studio de cinéma afin de récolter des signatures des stars d'Hollywood dans son carnet d'autographes. Les choses ne sont pas si simples puisqu'il se fait vite courser par le gardien qui veut le chasser des lieux. Mais la situation se retourne quand l'une des actrices remarque que le canard n'est autre que le fameux Donald Duck. Toutes les vedettes du studio viennent alors se précipiter sur lui pour lui réclamer un autographe. Donald croule sous les carnets. Quelle popularité !
Le véritable intérêt de Chasseur d'Autographes se retrouve donc non dans sa trame mais bien dans ses caricatures : une véritable bible pour les cinéphiles de l'époque puisque le cartoon est en phase avec son temps et la popularité des stars des années 30. Par contre, pour le grand public contemporain, nombre sont désormais inconnus. Autre élément notable, les artistes Disney ont inventé un studio spécialement pour le cartoon : Hollywood Studios. Même s'il est totalement fictif, son entrée ressemble étrangement à celle de Paramount Pictures, l'un des rares grands studios hollywoodiens à être effectivement situé à Hollywood. Cette sensation est d'ailleurs renforcée par la séquence qui veut que Donald Duck fonce dans un décor marqué d'un "The Road to Mandalay". Il s'agit en réalité d'un clin d'oeil pour un film qui était en train d'être tourné et qui devait porter ce titre. Finalement, il sortira six mois plus tard que Chasseur d'Autographes avec le titre En Route pour Singapour (Road to Singapore, 1940) chez Paramount Pictures avec en têtes d'affiche Bing Crosby, Dorothy Lamour et Bob Hope.
Greta Garbo & Clark Gable
La toute première star que Donald rencontre dans Chasseur d'Autographes est donc Greta Garbo qu'il aborde dans sa voiture alors qu'elle rentre dans le studio. En se cachant sur le côté de sa roue, le canard arrive de la sorte à rentrer incognito dans les lieux. Un autre gag amusant attend Greta Garbo, un peu plus loin dans le cartoon : elle embrasse en effet passionnément l'acteur Clark Gable alors même qu'il était de notoriété publique que les deux acteurs ne pouvaient pas se supporter dans la vraie vie.
Mickey Rooney
Donald Duck investit ensuite la loge de Mickey Rooney. L'acteur va ainsi s'amuser en lui jouant des tours de magie avec son carnet d'autographes et le mettre forcément en rogne. Un des meilleurs gags du cartoon est assurément là : Donald, fou de colère, balance en effet ses bras d'avant en arrière sans jamais cesser de bouger ; Mickey Rooney lui donne alors un violon et le mouvement des bras fait que le canard joue sans s'en rendre compte une gigue irlandaise sur laquelle l'acteur se met à danser. Le temps que Donald se rende compte de la blague, Mickey Rooney aura eu le temps de faire plusieurs pas de danse. Il est à savoir que Mickey Rooney a, à peine, 18 ans quand est produit le cartoon et qu'il a déjà gagné un Oscar ! Bien des années plus tard, il jouera chez les studios Disney notamment en interprétant le fameux Lampie dans Peter et Elliot le Dragon en 1977 ou en apparaissant en tant que guest star dans Les Muppets, Le Retour en 2011.
Henry Armetta
Ensuite, Donald croise un serveur à l'allure italienne et se cache dans la cloche du plat qu'il porte. Il s'agit en réalité d'Henry Armetta. Inconnu du grand public depuis sa mort prématurée en 1945, il était une figure incontournable du cinéma américain durant les années 30 où il interprète des personnages pittoresques italiens. Rien qu'entre 1938 et 1939, il aura été vu dans pas moins de 13 longs-métrages.
Sonja Henie
La prochaine star que le canard rencontre est Sonja Henie. Elle est une patineuse artistique et une actrice norvégienne de renom, née à Oslo le 8 avril 1912, décédée de leucémie le 12 octobre 1969. Elle ne fut pas moins que trois fois championne olympique et dix fois championne du monde ! En 1936, elle se retire du sport amateur et débute une carrière professionnelle en tant que patineuse et actrice. Elle passe alors sous contrat avec la 20th Century Fox et joue notamment dans des films comme Tourbillon Blanc (1936), Le Prince X (1937), L'Escale du Bonheur (1938), Le Mannequin du Collège (1938) ou La Fille du Nord (1939). Il se trouve que Donald avait déjà imité l'actrice un peu plus tôt dans l'année dans le cartoon Champion de Hockey.
Les Ritz Brothers
Donald tombe ensuite nez à nez avec les Ritz Brothers. Al, Jimmy et Harry Ritz étaient principalement connus pour être des comédiens et des danseurs plus ou moins loufoques. Le pic de leur popularité se produit dans les années 30 notamment dans Le Gorille (1939) et Les Trois Louf'quetaires (1939) tous deux sortis chez 20th Century Fox chez laquelle le trio était sous contrat. Ici, Donald pense voir trois danseuses du ventre quand il tombe sur le trio comique. Sollicitant un autographe, il se fait agresser par les trois compères qui le signent sur ses plumes de derrière.
Shirley Temple
C'est une grande star que rencontre à leurs suites Donald : Shirley Temple. Fillette blonde aux bouclettes dorée et à l'air mutin de petite poupée de porcelaine, elle est la candidate idéale pour ravir le cœur des adultes dont elle apprend comme personne à singer les manies et le ridicule en reproduisant leurs codes gestuels, hiérarchiques et moraux. Elle signe très jeune chez 20th Century Fox et l'enfant actrice devient aussitôt l'unique vedette des productions où elle apparaît. La petite fille, alors âgée de 6 ans, reçoit même un oscar "en reconnaissance de son apport extraordinaire au cinéma en l'année 1934". Elle est encore à ce jour la plus jeune actrice à être repartie avec la fameuse statuette ! Parmi ses films, certains méritent attention comme C'est Pour Toujours (Now and Forever, 1934), Shirley Aviatrice (Bright Eyes, 1934), Le Petit Colonel (The Little Colonel, 1935), Boucles d'Or (Curly Top, 1935), Capitaine Janvier (Captain January, 1936), Pauvre Petite Fille (Poor Little Rich Girl, 1936), La Mascotte du Régiment (Wee Willie Winkie, 1937 , réalisé par John Ford), Heidi (1937) ou encore La Petite Princesse (The Little Princess, 1939). Une image reste graver dans la mémoire des fans Disney : la séquence mythique de 1938 où Shirley Temple offre à Walt Disney, pendant la cérémonie de remise des Oscars, les sept petites statuettes récompensant son travail sur Blanche Neige et les Sept Nains...
A partir de là, aux trois quarts du cartoon, Shirley Temple va reconnaître Donald et clamer haut et fort la présence de la vedette Disney. C'est ainsi que toutes les stars présentes dans le studio concurrent vont défiler pour voir le canard : Stepin Fetchit, Roland Young, Joe E. Brown, Martha Raye, Hugh Herbert, Groucho Marx, Harpo Marx, Mischa Auer, Joan Crawford, Irvin S. Cobb, Edward Arnold, Eddie Cantor, Katherine Hepburn et Slim Summerville.
Quatre autres personnalités sont ainsi montrées et méritent plus d'explications. La première est la marionnette Charlie McCarthy, non accompagnée par l'acteur et ventriloque Edgar Bergen. Charlie McCarthy se fera immortalisé en participant à la séquence Mickey et le Haricot Magique du film Coquin de Printemps en 1947. Les trois autres acteurs grimés ont la particularité d'être montrés dans le costume du film qui faisait l'affiche quand le cartoon a été produit. La première est Bette Davis, qui jouera bien des années plus tard pour Disney dans Les Visiteurs d'un Autre Monde (1978) et Les Yeux de la Forêt (1981), et se voit là représentée dans la robe qu'elle porte pour le film L'Insoumise (Jezebel, 1938). Lionel Barrymore apparaît, quant à lui, en tant que Dr. Gillespie comme il a pu être vu pour la première fois dans Young Dr. Kildare (1938) puis dans On demande le Docteur Kildare (Calling Dr. Kildare, 1939) et les sept autre suites jusqu'en 1942. Enfin, Charles Boyer est grimé en Napoléon Bonaparte comme dans le film Marie Walewska (Conquest, 1937).
Chasseur d'Autographes n'est pas un cartoon au scénario très développé. Par contre, c'est une porte vers un temps révolu : celui du Hollywood des années 30. Les caricatures montrées dedans valent vraiment le détour, surtout pour les cinéphiles passionnés de cette époque.