Joe Ranft
Date de naissance : Le 13 mars 1960 Lieu de Naissance : Pasadena, en Californie, aux États-Unis Date de Décès : Le 16 août 2005 Lieu de Décès : Comté de Mendocino, en Californie, aux États-Unis |
Nationalité : Américaine Profession : Artiste Scénariste Réalisateur Producteur Acteur |
La biographie
Devenus aujourd’hui incontournables, les studios Pixar doivent leur succès à un tout petit nombre d’artistes qui, au début des années 1990, ont réuni leurs efforts pour donner naissance à une nouvelle forme de cinéma d’animation. Parmi eux, figure notamment Joe Ranft, dessinateur et scénariste de grand talent disparu tragiquement le 16 août 2005 à l’âge de quarante-cinq ans.
Brad Bird, Pete Docter, John Lasseter et Joe Ranft
Joseph Henry (Joe) Ranft voit le jour le 13 mars 1960 à Pasadena, au nord-est de Los Angeles. Son père, James Joseph Ranft, est ingénieur mécanique au sein de l’entreprise Pacific Pump. D’origine irlandaise, sa mère, Ruth Jordan, est quant à elle infirmière dans l’U.S. Army. Élevé à quelques kilomètres de là, à Whittier, avec ses frères James et Jerome, et sa sœur Ruth, tous plus jeunes que lui, le petit Joe attire rapidement l’attention de ses parents et de ses enseignants. Incapable de se concentrer à l’école, le garçon connaît en effet de nombreux retards dans ses apprentissages. Rapidement, un trouble déficitaire de l’attention et une hyperactivité sont diagnostiquées. La médecine de l’époque étant ce qu’elle est, un traitement médical lourd est prescrit avec des conséquences graves sur sa santé… Sa vue baisse. Sa nervosité augmente. Plus grand et plus gros que la moyenne des enfants de son âge, Joe est très souvent la risée de ses camarades. Il préfère par conséquent s'isoler et trouve refuge dans le dessin et la peinture, ses échappatoires. Excellent dans ces deux domaines, il remporte en 1973 un prix pour la réalisation d’une toile représentant un trois mats au port.
Fier de son prix, Joe Ranft est désormais bien décidé à devenir un artiste. Poursuivant bon gré, mal gré son cursus à la Monte Vista High School de Whittier, il se passionne dans le même temps pour le théâtre et la littérature. Kurt Vonnegut, Hunter S. Thompson et Tom Wolfe font partie de ses auteurs préférés. Abonné à la revue Mad qu'il dévore, il adore également le cinéma. Trouvant incroyables les sketchs et les films des Monty Python qu’il connaît par cœur, il aime lui-même faire rire ses camarades avec ses dessins, ses pitreries et ses imitations de personnages animés, notamment Bugs Bunny et les autres vedettes des cartoons produits par Warner Bros.. Très attiré par la magie, il intègre à l’âge de quinze ans le Magic Castle Junior Group. En 1975, il découvre enfin le documentaire The International Festival of Animation diffusé sur PBS. Les courts-métrages animés qu’il y voit l’envoûtent littéralement. L’animation semble être l’alchimie entre son talent pour le dessin, son amour du théâtre et du cinéma et son envie de faire rire les gens. Joe Ranft vient de trouver sa voie.
Grâce à sa mère, Joe Ranft intègre les cours dispensés le samedi au Pasadena’s Art Center College of Design. Pour payer une partie des frais, il commence à travailler comme vendeur de sodas au Farrell’s Ice Cream Parlor. C’est une fois encore la télévision qui va l’aider à tracer son chemin. Grâce à l’émission The Midnight Special, il découvre un court-métrage animé fascinant créé par Mark Kirkland, à l’époque étudiant à l’Institut CalArts. Ranft comprend alors qu’il existe des écoles spécialisées dans l’apprentissage des rudiments de l’animation. Persuadé que sa place est là-bas, il envoie sans tarder une lettre de candidature. Pour sa plus grande joie, il est bientôt accepté et rejoint l’école en 1978.
Là, Joe Ranft apprend auprès d’artistes parmi les meilleurs dans leur domaine : Jules Engels, T. Hee, Hal Ambro, Bob McCrea, Elmer Plummer, Bill Moore, Jack Hannah et Kendall O’Connor. Ce dernier impressionne notamment Ranft au cours d’une leçon durant laquelle il présente à ses élèves plusieurs croquis réalisés par Bill Peet durant la production de Mélodie du Sud. Peet devient instantanément son idole. Le jeune étudiant est tout autant captivé par les différentes conférences animées par d’autres maîtres comme Frank Thomas, Ollie Johnston, Ward Kimball, Milt Kahl, Chuck Jones et Maurice Noble. Durant ses années à CalArts, il côtoie en outre plusieurs artistes en devenir tels que Brian McEntee, Rick Heinrichs, Mark Henn, Mark Dindal et Tony Anselmo qui sont dans sa promotion, ou bien encore John Lasseter, Tim Burton, Nancy Beiman, John Musker, Brad Bird, Jerry Rees qui sont pour leur part dans des classes supérieures.
Durant sa deuxième année à CalArts, Joe Ranft travaille sur son film d’étude. Intitulé Good Humor, celui-ci met en scène un cône de glace anthropomorphe aux prises avec un petit garçon perçu comme un monstre. Avec ce court-métrage, Ranft allie deux de ses passions, les films d’horreur et les sucreries. Il témoigne par ailleurs de son aptitude étonnante à donner vie à toutes sortes d’objets et de choses inanimées. Encouragé par T. Hee et par ses camarades de classe qui apprécient son côté décalé, Joe Ranft perfectionne son art. À la fin de cette deuxième année, au moment de projeter les films des uns et des autres, Good Humor attire l’attention des cadres de Disney. Bientôt, ces derniers invitent Ranft à rejoindre les équipes des studios.
Voyant cette proposition comme une véritable consécration, Joe Ranft entre chez Disney le 2 juillet 1980. Comme toutes les jeunes recrues, il suit une formation de deux mois organisée sous l’égide d’Eric Larson. Si l’expérience est enthousiasmante, l’ambiance aux studios Disney est cependant assez glaciale. La belle énergie du passé s’est en effet endormie suite au départ des vétérans. Malgré des résultats honnêtes au box-office, les dernières productions telles que Les Aristochats, Un Amour de Coccinelle, Robin des Bois ou Les Aventures de Bernard et Bianca ne semblent plus vraiment coïncider avec les attentes d’un certain public qui, au moment de la sortie du (Le) Chat qui Vient de l’Espace, découvre simultanément sur les écrans des films bien plus modernes et novateurs tels que Star Wars : Un Nouvel Espoir. Surtout, la division animation n’est plus le fer de lance de l’entreprise, davantage tournée désormais vers la ressortie d’anciens classiques, la production de films plus adultes qui donneront bientôt naissance au label Touchstone, et surtout le développement de parcs à thème, tous bien plus lucratifs… Parmi les premiers projets sur lesquels travaille Joe Ranft, figure notamment une émission spéciale destinée à faire la promotion d’Epcot. Aux côtés de Darrell Van Critters et Michael Giaimo, il est alors chargé de développer quelques séquences animées. Le développement du programme est toutefois suspendu. Pour lui permettre de concourir aux Oscars, seul le court-métrage Fun With Mr. Future est conservé et ponctuellement distribué au LA’s Cinerama en avant-programme du film Diva.
Après cette triste expérience, Joe Ranft planche un temps sur Taram et le Chaudron Magique avant d’être recruté par John Musker qui lui propose de dessiner les storyboards de Basil, Détective Privé. Disposant d’une totale carte blanche, il conçoit alors Basil sous la forme d’un détective surexcité, à l’exact opposé du docteur Dawson dont la silhouette et le caractère sont calqués sur ceux d’Eric Larson. Mais une fois encore, l’expérience est de courte durée. En observant les storyboards, Ron Miller n’est pas du tout convaincu. Tout ce qu'il voit manque selon lui de chaleur. Pire, il est particulièrement énervé à l’encontre de Ranft qui est immédiatement écarté du projet. Malgré tout salué pour son humour et son sens de la camaraderie, l’artiste n’est pas pour autant renvoyé. Il enchaîne alors brièvement avec Oliver & Compagnie, film pour lequel il obtiendra pour la première fois son nom au générique. Avec Darrell Van Critters, Joe Ranft planche à la même époque sur Qui Veut la Peau de Roger Rabbit dont la production, encore dépourvue de réalisateur, n’en est encore qu’à ses premiers balbutiements. Elle est finalement ajournée sine die.
Faute de véritable projet en développement, Joe Ranft se voit confier durant l’année 1982 quelques maigres missions. Il devient ainsi animateur intervalliste des effets spéciaux du (Le) Noël de Mickey. Malheureux comme une pierre, il n’éprouve aucun plaisir à animer, entre autres, les chaînes de Jacob Marley ou bien encore la fumée du cigare du Fantôme des Noëls futurs… Il ne trouve alors du réconfort qu’auprès de ses collègues et amis avec qui il s’amuse à tourner des parodies de films en dehors des heures de bureau. Sous la direction de Jerry Rees et Tim Burton, il incarne ainsi la mascotte du club de surf dans Luau, un court-métrage se moquant gentiment des beach party movies, ces longs-métrages montrant des adolescents en train de s’amuser à la plage. Avec Burton, il collabore aussi à Vincent en tant que directeur technique puis à Hansel et Gretel où il aide à animer les marionnettes. Joe Ranft trouve également une échappatoire grâce à son ami John Lasseter qui lui propose de travailler avec lui sur Le Petit Grille-Pain Courageux d’après l’œuvre de Thomas M. Disch. Avec Lasseter et Brian McEntee, Ranft passe un an à développer le script. Mais celui-ci ne convainc pas et le projet est ajourné. John Lasseter est renvoyé. Joe Ranft rejoint Michael Giaimo qui travaille à l’époque sur le scénario de Captain Eo et les storyboards de Mickey Columbus, un film – finalement abandonné – mettant en scène le trio Mickey/Donald/Dingo à l’époque de la découverte de l’Amérique. Avec Tad Stones, Giaimo et Ranft signent aussi le scénario de Footmania pour Dingo, un court-métrage réunissant Dingo, Picsou, les Rapetous et Riri, Fifi et Loulou au cours d’un match de foot des plus délirants.
En 1984, au moment où les studios Disney subissent l’une des pires crises de leur histoire avec un changement de direction et une tentative d’OPA orchestrée par Saul Steinberg, Joe Ranft fait finalement le choix de quitter l’entreprise et de rejoindre le producteur Tom Wilhite qui vient tout juste de créer ses propres studios, Hyperion Pictures. Wilhite fait partie de ceux qui l’ont toujours soutenu lorsque les choses allaient mal. Avec Brian McEntee, Joe Ranft est chargé de reprendre le développement du (Le) Petit Grille-Pain Courageux sous la direction de Jerry Rees. Marié le 28 septembre 1985 à Susan (Su) Barry, il quitte alors bientôt la Californie pour chapeauter l’animation du (Le) Petit Grille-Pain Courageux qui, faute d’un budget suffisant, est externalisée à Taiwan. Si l’expérience est enrichissante, avec en sus le doublage du personnage d’Elmo St. Peters, elle est malgré tout exténuante. De retour aux États-Unis, Ranft se demande si c’est réellement dans ce domaine qu’il souhaite faire toute sa carrière. Un appel du producteur Don Hahn le persuade de persévérer. Réengagé par Disney et intégré à l’équipe de Mark Kausler, Ranft est de nouveau associé à la production de Qui Veut la Peau de Roger Rabbit. En 1987, l’artiste est par ailleurs appelé par CalArts afin de donner des cours de storyboarding et de narration aux jeunes étudiants parmi lesquels Pete Docter.
Chez Disney, Joe Ranft est bientôt associé à la conception de La Petite Sirène. Il se charge alors notamment de storyboarder la scène durant laquelle Ariel montre ses trouvailles sous-marines à Euréka. Il poursuit ensuite avec le développement d’un court-métrage intitulé Aladdin Mickey and the Lamp. La production est toutefois suspendue lorsque Ranft est nommé superviseur de l’histoire sur Bernard et Bianca au Pays des Kangourous. Chargé de diriger une équipe entière de scénaristes et de concepteurs visuels, l’artiste prend son rôle très au sérieux. Si certaines séances de travail sont amusantes, d’autres, en revanche, sont pénibles. Joe Ranft n’aime pas critiquer les idées de ses collègues. Il n’apprécie pas plus d'être parfois bousculer par sa hiérarchie qui, souvent, est davantage obnubilée par les coûts que par l’aspect artistique du film. Au final, Bernard et Bianca au Pays des Kangourous est une expérience jugée malheureuse. Joe Ranft décide donc de quitter Disney... encore.
Souhaitant changer de vie, Joe Ranft et son épouse Su quittent la Californie pour s’installer à Seattle. S’adonnant à la lecture pour surmonter son burn-out, il illustre deux livres pour enfants, Mud et Baby Go Bowling. Il se lance lui-même dans l’écriture d’un film animé. Pour payer son loyer, il accepte par ailleurs de faire quelques petits boulots. Il conçoit notamment les génériques du long-métrage Drop Dead Fred et du dessin animé Family Dog. Il crée quelques storyboards pour la série animée Retour Vers le Futur. Rappelé par ses amis de Disney, il accepte de participer ponctuellement à la production de La Belle et la Bête en proposant de jouer sur la dualité entre Big Ben et Lumière pendant la chanson C’est la Fête. Il apporte aussi quelques idées pour Le Roi Lion.
En février 1991, Joe Ranft est invité par son ami John Lasseter à visiter les studios Pixar qu’il a fondés en partenariat avec Steve Jobs, Ed Catmull et Alvy Ray Smith. À l’époque, Lasseter est en train de plancher sur un court-métrage spécial de Noël basé sur son court-métrage oscarisé Tin Toy. Pendant son escapade californienne, Ranft croise également Henry Sellick qui lui parle quant à lui de L’Étrange Noël de Monsieur Jack. Après une rencontre avec Tim Burton et Rick Heinrichs, il est finalement embauché comme superviseur du storyboard. Il dessine en particulier entièrement la séquence de la chanson Que Vois-Je ?. Il prête au passage sa voix au personnage d’Igor, l’assistant du Docteur Finkelstein. Professionnellement épanouissante, l’année 1991 est également marquée par la naissance de son fils, Jordan, la veille de Noël.
Durant la production de L’Étrange Noël de Monsieur Jack, Joe Ranft décide de rentrer en Californie. Installé à San Francisco, il aide alors John Lasseter, Pete Docter et Andrew Stanton à avancer sur le scénario de Toy Story, le premier long-métrage réalisé entièrement par ordinateur par les équipes des studios Pixar, nouvellement associés à Disney. Avec Bud Luckey, Ranft imagine notamment le déploiement des petits soldats verts chargés d’espionner l’ouverture des cadeaux d’anniversaire d’Andy. Avec Jeff Pidgeon, il conçoit la chambre de Sid avec ses jouets transformés. Avec Andrew Stanton, il chorégraphie la scène finale. Joe Ranft dessine aussi le personnage de Lenny qu’il double lui-même. Diffusé en salles à partir du 22 novembre 1995, Toy Story devient bientôt un véritable phénomène de société. Malgré les craintes et les doutes des cadres de Disney, le long-métrage obtient un succès incroyable. Pour Ranft, c’est un bonheur immense d’avoir travaillé avec ses amis sur ce long-métrage nommé à l’Oscar du Meilleur Scénario Original, une première pour un film d’animation. Sa vie personnelle est elle-même marquée par la joie d’accueillir dans la famille une petite fille, Sophia Jo.
À la fin de la production de Toy Story, Joe Ranft collabore de nouveau avec Henry Sellick, nommé réalisateur de James et la Pêche Géante, l’adaptation du classique de Roald Dahl. Entre le printemps 1994 et l’automne 1995, il supervise la création des storyboards aux côtés de Kelly Asbury. La production est parfois compliquée. Il faut en effet faire face aux exécutifs de Disney qui exigent que les parties du film les plus sombres soient altérées ou supprimées. À la même époque, John Lasseter, Pete Docter et Andrew Stanton se retrouvent pour parler de la suite pour Pixar. Devant le succès de Toy Story, il apparaît évident que Disney va accepter de lancer la production d’un autre long-métrage. Plusieurs idées sont mises sur la table. Lasseter évoque sa passion pour les voitures. Un film sur l’océan est par ailleurs proposé par Stanton. Docter imagine pour sa part sonder les peurs des enfants. Joe Ranft, de son côté, s’amuse à dessiner des petits insectes. Son idée remporte un beau succès, et ce d’autant plus que des insectes seront beaucoup plus faciles à animer par ordinateur que des personnages humains ou des voitures.
1001 Pattes (a bug’s life) est ainsi mis en chantier. Semaine après semaine, l’histoire prend forme. Une fourmi isolée de sa colonie devient le personnage principal. Les méchantes sauterelles deviennent les antagonistes. Une troupe de cirque est ajoutée. Bien qu’un acteur ait été engagé pour le rôle, Joe Ranft participe également au doublage en vocalisant Heimlich, la chenille à l’accent bavarois. Réputé pour ses idées et son humour incroyables, l’artiste est bientôt approché par d’autres studios, en particulier Warner Bros. pour qui il conçoit quelques storyboards pour Le Géant de Fer, ou bien encore Dreamworks, S.K.G. récemment mis sur pied par Steven Spielberg, Jeffrey Katzenberg et David Geffen. Inquiet à l’idée de voir leur prodige leur échapper, les cadres de Disney, Tom Schumacher en tête, convoquent alors Joe Ranft pour lui dérouler le tapis rouge. Refusant de revenir à Los Angeles, il impose de rester à San Francisco. Engagé par Pixar, il participe à la conception de Toy Story 2, film pour lequel il crée notamment le pingouin en plastique asthmatique Sifli à qui il donne aussi sa voix.
Continuant en parallèle d’enseigner l’art du storyboarding et de l'écriture à des classes qui ne désemplissent pas, Joe Ranft est à présent l’une des figures de proue des studios Pixar. Avec Pete Docter, il développe le script de Monstres et Cie. À l’ouvrage sur la scène d’introduction et la séquence au cœur de l’Himalaya avec le Yéti, il passe une nouvelle fois derrière le micro pour doubler Pete « Claws » Ward. Le personnage de Joe « J.J. » Ranft porte au passage son nom ! Il poursuit avec Le Monde de Nemo réalisé par Andrew Stanton qui le considère comme un véritable mentor et un soutien important. Adorant faire des accents, il s’amuse à vocaliser Jacques, la crevette française. Joe Ranft aide ensuite Brad Bird à donner son ton si particulier aux (Les) Indestructibles. Ensemble, les deux hommes discutent parfois d’un futur film mettant en scène des rats dans un restaurant parisien. Joe Ranft épaule aussi John Lasseter au moment de la réalisation de Cars – Quatre Roues. Nommé responsable du scénario, il est promu coréalisateur. Se montrant toujours gentil et conciliant avec ses équipes, il convainc à l’époque Brenda Chapman de rejoindre les studios Pixar et l’encourage à présenter son projet de film sur les légendes écossaises pour lequel il accepte de servir comme producteur associé. Absolument fasciné par le voyage d’étude mené le long de la route 66, Ranft donne toute sa personnalité au personnage de Martin qui, en de nombreux points, lui ressemble beaucoup. Il revient par ailleurs derrière le micro pour doubler Red.
Alors que la production de Cars – Quatre Roue touche à sa fin, Joe Ranft et son frère Jerome s’envolent vers Londres où ils retrouvent Tim Burton, alors en plein travail sur (Les) Noces Funèbres. L’histoire avait été imaginée dix ans plus tôt par Ranft qui l’avait glissée à l’oreille de Burton. Le film étant en quelque sorte son « bébé », il passe des journées entières sur le plateau. De manière tout à fait informelle, il propose quelques idées et hérite d’un titre de producteur exécutif.
En 2005, Joe Ranft est un artiste accompli et l’un des piliers dans le monde de l’animation. Toutefois, le poids des responsabilités en tant que coréalisateur de Cars – Quatre Roue a pesé lourd sur ses épaules. Ranft décide donc de faire une pause. Il obtient douze semaines de congés et se consacre à sa famille et à ses passions. Il commence en outre à réfléchir à l’écriture de livres pour enfants. Il songe aussi à adapter à l’écran Baby Go Bowling qu’il avait illustré quelques années plus tôt. Le 16 août 2006, Joe Ranft prend la route pour se rendre à la retraite spirituelle organisée comme chaque année par la Mosaic Foundation. Il est accompagné par Eric Fryerson et Elegba Earl, deux membres de l’association. Traversant le Comté de Mendocino, il perd soudain le contrôle de son véhicule. Sa Honda chute dans un ravin. Si Fryerson parvient à s’en extraire, l’épave est emportée par le courant de la rivière Navarro. Ranft et Earl sont tués. L’artiste avait quarante-cinq ans.
Dès l’annonce de son décès, les hommages commencent à pleuvoir. Cinq jours après l’accident, une cérémonie est organisée en sa mémoire au Mill Valley Community Center de Marin County. Sa famille est alors soutenue par des dizaines de collègues tels que John Lasseter, Steve Jobs, Ed Catmull, Henry Sellick, Brenda Chapman, Lee Unkrich et Andrew Stanton. Le 17 septembre 2005, une autre cérémonie lui rend hommage au sein même des studios Pixar où un séquoia est planté afin de se souvenir de lui.
« Joe avait une véritable passion les histoires », raconte John Lasseter, « Et il savait les raconter comme personne. Il était drôle, poignant, original et il avait une sensibilité infaillible au moment de structurer un récit ».
« Joe était une part très importante de l’âme de Pixar », témoigne pour sa part Pete Docter, « Il fut l’un des acteurs clés qui ont fait de tous nos films ce qu’ils sont devenus ».
« Il créait des histoires et menait sa vie en respectant deux principes », ajoute Brenda Chapman, « ‘Le cheminement est la récompense’ et ‘Il faut avoir confiance en ses capacités’. Il était passionné et vraiment amoureux de ses histoires ».
Le 9 juin 2006, Cars - Quatre Roues sort en salle. Le film est alors dédié à Joe Ranft. Le 9 octobre 2006, les studios Disney rendent à leur tour hommage à Joe Ranft en lui remettant à titre posthume un Disney Legends Award pour l’ensemble de sa carrière.
La filmographie
003 |
Hansel et Gretel | Vincent
Marionnettiste • Fantastique • Animation Image par Image / "Live"
1983
Télévision
|
1983
Télévision
|
008 |
Qui Veut la Peau de Roger Rabbit
Artiste de Storyboard • Animation 2D / Film "Live"
1988
Cinéma
|
1988
Cinéma
|
011 |
Bernard et Bianca au Pays des Kangourous
Superviseur du Scénario • Animation 2D
1990
Cinéma
|
1990
Cinéma
|
012 |
Le Petit Grille-Pain Courageux
Scénariste / Acteur : Elmo St. Peters • Animation 2D
1991
Vidéo
|
1991
Vidéo
|
014 |
L'Étrange Noël de Monsieur Jack
Artiste de Storyboard / Acteur : Igor • Animation Image par Image • 3-D
1993
Cinéma
|
1993
Cinéma
|
017 |
James et la Pêche Géante
Artiste de Storyboard • Animation Image par Image / Film "Live"
1996
Cinéma
|
1996
Cinéma
|
018 |
1001 Pattes (a bug's life)
Scénariste / Acteur : Heimlich • Animation 3D
1998
Cinéma
|
1998
Cinéma
|
020 |
Buzz l'Éclair - Le Film : Le Début des Aventures
Acteur : Sifli • Animation 2D
2000
Vidéo
|
2000
Vidéo
|