Les Indestructibles
Le synopsis
Bob Parr, jadis "grand super héros" connu sous le nom de "M. Indestructible", vit incognito dans la banlieue d'une mégapole américaine entouré de toute sa famille composée d'Hélène, son épouse (ex-Elastigirl) et de ses trois enfants, Violette, Flèche et Jack-Jack. Victime, comme l'ensemble des autres "grands supers héros" d'un acharnement judiciaire, ce protecteur de la veuve et de l'orphelin s'est vu en effet interdire par le gouvernement toutes actions héroïques. Désormais petit expert en assurances, il mène une existence professionnelle médiocre jusqu'au jour où il perd le contrôle à son bureau... |
La critique
Les Indestructibles est le genre de film qui marque durablement le monde du cinéma, et spécialement de l'animation. Avec lui, les studios Pixar font non seulement un bond de géant d'un point de vue technique mettant K.O. la concurrence pour tout ce qui touche l'animation assistée par ordinateur mais aussi démontrent qu'ils gardent une maîtrise scénaristique totale proposant des histoires aussi touchantes qu'universelles en réussissant, qui plus est, à se renouveler. L'opus arbore ainsi une patte artistique unique tout en dépoussiérant le genre des films de super-héros. Nombreux cinéphiles pensent d'ailleurs qu'il s'agit là du meilleur film du genre des années 2000. Et il est bien difficile de leur donner tord tellement il reste indémodable - pour ne pas dire "indestructible" - dans le cœur des spectateurs.
Avec Les Indestructibles, c'est en réalité un vent de fraîcheur qui souffle chez Luxo.Jr. Du petit studio qui ne dispose que d’un seul animateur à son ouverture, il s’offre en effet désormais le luxe de proposer le poste de réalisateur à de nouvelles pousses. Il faut dire que ses trois premiers films (Toy Story, 1001 Pattes (a bug's life) et Toy Story 2) ont été portés et réalisés par le même homme John Lasseter. Exténué par cette quasi décennie consacrée à la réalisation de longs-métrages, le tout premier réalisateur de Pixar décide donc de passer la main pour les suivants tout en restant très impliqué à la bonne marche du studio y tenant alors le rôle de producteur exécutif. Le quatrième film du label (Monstres & Cie) est dans cette optique confié à Pete Docter tandis que le cinquième (Le Monde de Nemo) permet de promouvoir Andrew Stanton. Leurs succès autant artistiques que commerciaux prouvent, s’il en était besoin, que la clé du succès ne dépend pas d'un seul homme mais bien d'une équipe dont le savoir-faire commence à être loué dans le monde entier. Pour autant, le patron du studio à la lampe ne veut pas que Pixar s'endorme sur ses lauriers. Il est ainsi persuadé que du sang neuf permettrait d'amener du dynamisme et de renouveler les idées. Pour cela, il pense à un ancien ami de jeunesse rencontré à CalArts : Brad Bird.
Passionné par l'animation dès son plus jeune âge, Brad Bird signe son premier film à seulement treize ans. Ce futur réalisateur de renom se fait très vite embaucher par la firme de Mickey puis conseiller, en son sein, par Milt Kahl, l'un des pionniers du studio au château enchanté. Il débute alors véritablement sa carrière en 1981 en qualité d'animateur sur Rox et Rouky. Il réalise ensuite un épisode de la série Amazing stories, produite par Steven Spielberg, avant de signer quelques aventures des Simpsons. En 1999, Brad Bird met en scène son premier long-métrage d'animation, Le Géant de Fer pour la Warner, considéré par beaucoup comme un chef d'œuvre qui ne dit pas son nom. Cinq ans plus tard, il passe à la vitesse supérieure en réalisant Les Indestructibles pour le compte, cette fois-ci, des studios Pixar.
En 1997, en pleine production de 1001 Pattes (a bug's life), John Lasseter contacte donc Brad Bird afin de lui demander de venir le rejoindre. Ce dernier est évidemment intéressé mais étant en plein dans la réalisation de son premier long-métrage chez Warner, Le Géant de Fer, il décline poliment la proposition. Son film sort finalement en 1999 et scotche le patron de Pixar par sa qualité et tout autant par l'indifférence totale de Warner à son égard. Aucune vraie promotion n'est faite, la major des Looney Tunes ayant déjà décidé de couper les budgets d'animation suite au four du précédent film Excalibur, l'Épée Magique. La méthode conduit à l'échec financier total dégoûtant Brad Bird du peu de soutien des grands décideurs. L'avenir réparera finalement l'affront : Le Géant de Fer a, il est vrai, depuis gagné le statut d'oeuvre culte auprès du public qui l'a redécouvert en vidéo et à la télévision. Le réalisateur se rappelle donc la proposition de son ami et, constatant qu'elle est toujours valable, accepte l'offre. Il rentre ainsi chez Pixar au début des années 2000.
L'idée du film Les Indestructibles trotte dans la tête de Brad Bird depuis le début des années 90, même s'il le voyait au début comme un film en animation traditionnelle. Il la met alors de côté pour se concentrer sur d'autres projets. Le long-métrage prend son origine dans la passion du réalisateur pour les comics des années 60 ainsi que pour les films d'espionnage. Mais au delà du ton, le cœur du projet est à l'image des préoccupations et des questionnements de Brad Bird à l'époque. Doit-il (comme Bob) penser à sa famille qui est en train de s'agrandir et prendre un travail alimentaire pour assurer la sécurité matérielle de sa femme et des se enfants ? (Il hésite en effet à rester à Los Angeles en revenant dans un studio de télévision.) Où doit-il partir à l'aventure professionnelle afin de faire un métier qui le passionne mais en étant forcément moins présent pour sa famille ? N'y a-t-il pas moyen de combiner les deux ? En acceptant, la proposition de Pixar, il tranche la question mais la conserve comme le fil rouge de son film. Sa présentation du pitch à John Lasseter fait le reste et le chantier est accepté. La seule contrainte posée est évidement de voir, l'opus réalisé en animation assistée par ordinateur ; l'ADN du studio à la lampe. Pour autant, cela reste une nouvelle grande expérience pour Pixar dans la mesure où c'est la première fois qu'un de leurs films est réalisé et écrit par une seule personne tout en intégrant du sang neuf : Brad Bird ne vient en effet pas seul et amène quelques collaborateurs avec lui, pour la plupart issus de son équipe du (Le) Géant de Fer.
En plus du défi organisationnel, Les Indestructibles représente aussi un challenge technique. Gageure suprême, le scénario possède tout ce qui est difficile à accomplir en animation CGI, à commencer par des personnages principalement humains. Jusqu'ici, en effet, les humains n'avaient été que des personnages secondaires chez Pixar, où du moins, comme pour Boo dans Monstres & Cie grimés, permettant une animation plus caricaturale. Ici, non seulement, les personnages principaux sont humains mais la façon de les animer doit être complètement revue afin de les rendre crédible même si leur apparence est, film d'animation oblige, forcément exagérée. Tout doit donc être travaillé : la peau, la façon de bouger les muscles, la position du corps dans les différentes scènes et évidemment les cheveux. Violette est, par exemple, censée les avoir longs. C'est un élément essentiel du scénario. Pourtant, il n'y a pas plus dur en animation que des cheveux longs. Les artistes Pixar retroussent alors leurs manches et entendent relever le défi en trouvant des solutions pour que le rendu soit le plus naturel possible, y compris dans des situations inhabituelles comme mouillés ou pire, carrément immergés. Au final, le bond technique est impressionnant et le rendu époustouflant à l'époque. Même des années plus tard et alors même que la technique a fortement évolué depuis la sortie du film, Les Indestructibles reste encore superbe dans l'animation de ses personnages.
Mais la difficulté technique du long-métrage ne s'arrête pas à celle des humains. Le film rencontre bien d'autres obstacles : les effets spéciaux à foison, l'eau, le feu, les explosions et surtout une quantité incroyable de décors. C'est bien simple, il y en a quatre fois plus que dans les précédents films Pixar. Le travail accompli est titanesque tout en ayant un budget maîtrisé de 92 millions de dollars légèrement moindre que Le Monde de Nemo et un tiers de moins que La Planète au Trésor - Un Nouvel Univers. L'exploit est encore plus impressionnant quand il est su que Les Indestructibles est, à l'époque, le plus long des films Pixar avec 20 minutes en plus que les précédents. Visuellement, l'opus est ce qui se fait le mieux en terme d'animation assistée par ordinateur. Le studio fait alors un gap incroyable vis-à-vis de ses concurrents affirmant sa domination sans limite sur ce médium. Si avec l'âge, le film de Brad Bird commence à accuser le poids des années, particulièrement dans l'apparence de l'eau ou dans la texture des décors, il constitue à l'époque une véritable claque visuelle.
L'une des plus grandes réussites des (Les) Indestructibles est clairement son style graphique si caractéristique. Brad Bird ne voulait en effet pas que son long-métrage soit contemporain, ceci afin de le rendre indémodable. Il choisit donc de placer l'action dans les années 60, une option qui lui offre deux atouts. Il s'agit d'abord d'insister sur le côté "agent secret" dont certains des meilleurs films du genre sont sortis dans ces années-là. Le spectateur retrouve ainsi beaucoup dans la base de Syndrome l'ambiance de celles des méchants des premiers James Bond avec sa grandiloquence et sa flopée de gadgets. Les décors sur l'île sont en outre splendides ; il sera particulièrement apprécié ce mur de lave dans la salle à manger aussi bluffant qu'imposant. Le recours aux années 60 dans le film d'animation se constate, aussi, particulièrement dans les habits des personnages et les décors. Le design des buildings et surtout celui des maisons affiche un aspect moderniste tel qu'il était vu à la fin des années 50 et au début des années 60. Les détails de cette ambiance sont d'ailleurs très poussés y compris dans la formes des objets ; de la télévision aux vases sur les meubles. Ils sont dès lors très graphiques et donc parfaits pour une représentation dans un long-métrage animé. Pour les connaisseurs de bandes dessinées franco-belges, les décors rappellent, même si le réalisateur américain ne s'en est sûrement pas inspiré, ignorant probablement la référence, ceux de Franquin dans la série Spirou et Fantasio, particulièrement les albums Les Pirates du Silence pour ses maisons où il avait été aidé par le dessinateur Will et ceux de Z comme Zorglub pour la base de Syndrome où cette fois-ci Franquin était épaulé par Jidéhem.
La thématique au cœur du film Les Indestructibles est bien sûr la famille. Ce sujet explique naturellement que le long-métrage ait été plébiscité par le public au point de devenir culte. Il faut dire que son traitement est aussi juste que touchant. Les Parr représentent en effet presque une famille idéale : attachante tout en n'évitant pas ses propres problèmes. Chacun des membres essaye ainsi de surnager malgré ses soucis et ses doutes en s'accrochant à ce qui est primordial : le lien qui les unit.
Le mari Bob, dans la fleur de l'âge, s'ennuie profondément dans son travail alimentaire et se sent sur le point de vivre la crise de la quarantaine. Il a en effet bien du mal à conjuguer son envie d'épanouissement personnel avec ses obligations familiales. La mère Hélène s'occupe, elle, des enfants et de la maison, ayant fait un trait sur ses activités professionnelles. Elle s'efforce tant bien que mal de conserver la cohésion de la famille tout en surveillant sa charge mentale. Côté enfants, Violette est une adolescente qui n'a pas confiance en elle et se cache dès lors tout le temps derrière sa mèche de cheveu. Flèche, quant à lui, est un petit garçon doué et hyperactif qui n'arrive pas à montrer et exploiter tout son potentiel. Enfin, Jack-Jack, en bon petit dernier, ne cherche qu'à manger et faire des bêtises. Au final, il s'agit donc d'une famille occidentale lambda dans laquelle beaucoup de spectateurs n'ont aucun mal à s'identifier.
Pour autant, les Parr ne sont pas du tout comme les autres : ce sont des super-héros ! C'est ici que se trouve l'autre grande force du film, une idée de génie : donner le petit zeste d'improbabilité afin de rendre les aventures de cette famille à priori comme tout le monde extraordinaires. Et cela fonctionne car le réalisateur n'insiste pas sur le côté superhéroïque. Certes, ils ont des super pouvoirs mais au final ce n'est là qu'un des éléments de leurs personnalités. L'important pour chacun des personnages est juste de savoir qui il est, d'exploiter ses forces et d'apprendre à surmonter ses faiblesses. Brad Bird pense d'ailleurs ses personnages comme un tout : chacun des pouvoirs de la famille étant en accord avec son moi profond. Ainsi, le père alias M. Indestructible affiche une force herculéenne ; la mère, connue sous le nom d'Elastigirl, est élastique car une mère se doit d'être toujours malléable ; Violette a la capacité de devenir invisible et de créer un champ de force l'aidant à se cacher des autres et rester dans sa bulle ; Flèche court très vite, un pouvoir idéal pour un hyperactif ; enfin Jack-Jack se cherche et semble disposer de plusieurs pouvoirs sans qu'il soit su quel est son principal.
Parmi les idées intéressantes des (Les) Indestructibles se trouve celle de la place des super-héros dans la société. Même si le thème a déjà été abordé dans l'industrie du comics, le film est un des premiers longs-métrages à aborder le sujet au cinéma. Comment sont financés les dégâts collatéraux causés par les super-héros quand ils sauvent la veuve et l'orphelin ? Est-ce que les bienfaits ne sont finalement pas moindres que les inconvénients ? Et quid des personnes sauvés qui n'avaient pas envie de l'être ? Le film de Pixar s'amuse de ces questions apportant un axe assez innovant dans la thématique des super-héros. Voir M. Indestructible assigné devant la justice par une des personnes qu'il a sauvé est au passage une charge féroce contre les dérives de la judiciarisation à outrance de la société américaine...
Thème aidant, les personnages des (Les) Indestructibles sont tous parfaits.
La famille est ainsi particulièrement touchante et chacun des membres ne pourra que remporter l'adhésion des spectateurs. Il sera particulièrement apprécié leur voix aussi bien en anglais qu'en français et ce, que cela soit M. Indestructible (Craig T. Nelson en VO / Marc Alfos en VF), Elastigirl (Holly Hunter / Deborah Perret), Violette (Sarah Vowell / Lorie) ou Flèche (Spencer Fox / Simon Koukissa).
Le méchant Syndrome est lui aussi tout simplement parfait. Ancien fan absolu de M. Indestructible, il est humilié quand celui-ci rejette sa proposition d'être son acolyte. Il voue depuis une haine tenace contre les supers-héros et en particulier son ancien mentor. Le personnage, dont la fin est tout à la fois horrible et rigolote, est merveilleusement doublé par Jason Lee en anglais et Bruno Salomone en français.
Parmi les autres personnages, se remarque Frozone (Samuel L. Jackson en angalis et Thierry Desroses en français), l'ami de la famille Parr, un super-héros qui a le pouvoir de créer la glace. Sympathique, il a au final un rôle assez anecdotique. Plus intéressante, est assurément Mirage la secrétaire de Syndrome. Elle affiche une classe incroyable avec ses cheveux blancs tout en ayant un bon fond malgré le fait de travailler pour un fou mégalomane. Mais la véritable révélation des personnages secondaires est sans aucun doute Edna Mode. La styliste des super-héros reprend une apparence qui fait étrangement penser à l'actrice Linda Hunt même si l'inspiration n'a jamais été confirmée par Brad Bird. Le réalisateur chérit d'ailleurs tellement le personnage qu'il a décidé d'en assurer lui même la voix en anglais. En français, c'est Amanda Lear qui s'en charge avec justesse et malice.
Dernier clin d'œil, les fans reconnaîtront deux Vieux Messieurs, Frank Thomas et Ollie Johnston, qui se doublent eux-mêmes lors d'une petite apparition très amusante.
Pour la musique des (Les) Indestructibles, Brad Bird va aussi sortir de l'habitudes des studios. Jusqu'à présent, Pixar faisait en effet appel à la famille Newman pour ses bandes originales : Randy Newman a ainsi composé Toy Story, 1001 Pattes (a bug's life), Toy Story 2 et Monstres & Cie tandis que son cousin Thomas Newman s'est lui chargé du (Le) Monde de Nemo. Pour son film, Brad Bird choisit de faire confiance à un petit nouveau : un certain Michael Giacchino. Impressionné par son travail sur la série Alias de J.J. Abrams, le réalisateur lui propose donc de composer la musique du film dans ce qui est son premier projet d'envergure au cinéma. Le compositeur livre alors un travail d'orfèvre avec une partition sublimement jazzy aux thèmes entêtants qui supporte à merveille le sujet des agents-secrets et l'ambiance des années 60.
Les Indestructibles est encensé par la critique et le public. Tous saluent son inventivité, sa réalisation, ses personnages et son écriture. Près de quinze ans plus tard, l'opus reste bien ancré dans le cœur des spectateurs parmi les préférés du studio. Le box office montre cet amour. Aux États-Unis, il réalise à l'époque le meilleur démarrage d'un film Pixar avec 70 millions de dollars (exception faite de Toy Story 2 qui avait récolté 80 millions de dollars en 1999 mais sur cinq jours en non en trois comme ici). Au total, sur le territoire américain, il rapporte pas moins de 261 millions de dollars et 631 au niveau mondial. Un excellent résultat qui confirme la main mise sur l'animation du studio à la lampe au sein de The Walt Disney Company. Il faut d'ailleurs le comparer avec le film maison des Walt Disney Animation Studios, La Ferme se Rebelle, qui réalise péniblement 100 millions dans le monde la même année. Pour autant, à la fois aux États-Unis que dans le reste du monde, Les Indestructibles ne sera pas le film d'animation le plus rentable de 2004. Il est battu à plate couture par Shrek 2 de DreamWorks Animation, son concurrent frontal. Ce dernier fait 441 millions de dollars aux USA et pas moins de 919 millions de dollars dans le monde. Il restera même pendant des années le meilleur résultat américain pour un film d'animation aux États-Unis (jusqu'à ce qu'il soit battu par Le Monde de Dory en 2016). En France, l'ordre d'arrivée est le même car si Les Indestructibles réalise un excellent 5.6 millions d'entrées en étant quatrième de l'année, Shrek 2 est lui second avec 7.1 millions d'entrées. Par contre, aux Oscars, le vote va aux (Les) Indestructibles qui récolte quatre nominations et en remporte deux dont le prestigieux Oscar du Meilleur Film d'Animation.
Pour autant, ces bons résultats cachent une lutte en interne entre le petit studio Pixar, et son distributeur et co-producteur The Walt Disney Company. Après le succès de Toy Story que la firme au château enchanté a entièrement financé, le géant Disney et le - alors - lilliputien Pixar signent, il est vrai, un contrat de cinq films parfaitement originaux, en ce sens qu'ils ne peuvent pas être de simples suites. 1001 pattes (a bug's life), Monstres & Cie, Le Monde de Nemo, Les Indestructibles et le futur Cars - Quatre Roues font donc parti de ce deal. Disney refusera ainsi toujours d'y inclure Toy Story 2. Si Toy Story avait été entièrement produit par Disney, les droits du film et des personnages lui appartenant intégralement, ceux des cinq films suivants sont partagés à 50-50, ce qui est déjà à l'époque le signe de l'incroyable poids de Pixar qui est parvenu à faire revoir considérablement à la baisse les exigences de l'ogre Disney. Il n'empêche : la joint-venture fonctionne à merveille et le contrat reste juteux. Forts de leurs qualités intrinsèques et de l'incroyable force de frappe du réseau de distribution et d'exploitation de The Walt Disney Company, les films à la double signature Disney • Pixar font, en effet, un malheur à travers le monde et créent à chaque fois l'événement. Pourtant, cette collaboration extrêmement rentable est brisée en janvier 2004, soit moins d'un an avant la sortie du film de Brad Bird, sur un différend opposant Steve Jobs, le propriétaire de Pixar, à Michael Eisner, alors Président Directeur Général de Disney. Le divorce semble vite consommé : Pixar et Disney partent chacun de leur côté ; Cars - Quatre Roues devant être leur dernier film commun...
Alors que son alliance avec Pixar se fissure, le label de Mickey tente, par le biais de coproductions, de lui trouver un remplaçant. Il produit dans cette optique deux longs-métrages : le premier, Vaillant - Pigeon de Combat !, avec le studio anglais Vanguard et le second, The Wild, avec la joint-venture de deux studios, l'américain Pandemonium et le canadien C.O.R.E. Mais un changement de direction au sein de The Walt Disney Company, suite à une fronde des actionnaires orchestrée par Roy E. Disney, va changer la donne. En octobre 2005, Robert Iger, nouveau PDG de la firme de Mickey, fait, en effet, racheter Pixar pour 7,4 milliards de dollars. L'accord prévoit de placer John Lasseter à la tête de la toute nouvelle division Animation de The Walt Disney Company : il est finalisé dans la première moitié de 2006 et signe la la fin des aventures "extraconjugales" de Disney. Cars - Quatre Roues sort ainsi dans une ambiance bien plus sereine que Les Indestructibles.
Bizarrement, malgré sa popularité et son succès, la franchise ne semble pas avoir été exploité au maximum de son potentiel. Le film a tout de même eu droit à un court-métrage spin-off, Baby-Sitting Jack-Jack, offert en bonus de l'édition vidéo du long-métrage. Ce dernier a la bonne idée de montrer ce qu'il se passe du côté de la baby-sitter quand elle garde le petit dernier resté à la maison. Il en profite pour expliquer les messages étranges qu'Hèlene Parr reçoit sur son répondeur. Étonnamment, aucune attraction ne sera construite sur Les Indestructibles. Les personnages, par contre, apparaissent dans de nombreux spectacles ou animations dans les Parcs Disney du monde entier comme par exemple Le Challenge des Indestructibles dans le Parc Walt Disney Studios à Disneyland Paris. Réclamée à corps et à cris, y compris par les spectateurs qui sont réfractaires aux suites cinématographiques, l'annonce d'un deuxième opus se fait toutefois désirer. Finalement, après 14 ans d'attente, Les Indestructibles 2 sort sur les écrans en 2018. Loin de l'effet d'aubaine !
Pour beaucoup, Les Indestructibles fait partie des meilleurs films des studios Pixar. Si bien sûr, cette affirmation est affaire de goût, il est incontestablement un grand film d'animation grâce à un graphisme léché, une réalisation aux petits oignons et surtout, des personnages ultra-attachants.