Folamour
Date de création : Le 05 novembre 2004 Nom Original : Bomb Voyage Autre(s) Nom(s) : Remy Bon Mot Créateur(s) : Teddy Newton (Conception visuelle) |
Apparition : Cinéma Jeux Vidéo Voix Originale(s) : Dominique Louis Voix Française(s) : Patrick Osmond |
Le portrait
En 2004, les studios Pixar sortent en salle leur sixième long-métrage animé, Les Indestructibles. Hommage appuyé aux films de super héros ainsi qu’aux classiques de l’espionnage, celui-ci met en scène les Parr, une famille peu ordinaire dont les membres sont confrontés à toute une galerie de méchants hauts en couleur parmi lesquels le criminel français Remy Bon Mot, alias Folamour.
Folamour fait une entrée explosive dans l’histoire à la sixième minute. En volant au secours d’Oliver Degris, un citoyen névrosé venant de se jeter du dernier étage d’un gratte-ciel, M. Indestructible a malgré lui brisé l’une des baies vitrées de la Municiberg Bank, le principal établissement bancaire de la ville. Pensant avoir ainsi accompli son devoir, il est bientôt attiré par un bruit inattendu, un « bip bip » des plus étranges…
Observant la pièce sous toutes les coutures, le super-héros est dubitatif. La nuit est tombée depuis longtemps. Personne n’est supposé se trouver dans les locaux de la banque. Alors qu’il colle son oreille contre un mur, le « bip-bip » s’accélère. Soudain, l’une des parois explosent. Un trou béant se forme duquel s’extrait Folamour qui vient toute juste de vider les coffres.
Le sourire jusqu’aux oreilles, le braqueur est fier de son coup. Mais bien vite, sa joie retombe. « M. Indestructible ?!!! », s’exclame-t-il en apercevant son ennemi juré. La rencontre entre les deux antagonistes est toutefois immédiatement interrompue par l’arrivée inopportune de Buddy Pine, alias Indestructiboy, un petit garçon vouant un véritable culte à M. Indestructible. La grande confrontation entre le super-héros et le super-méchant est évidemment gâchée par le gosse, au grand dam de Folamour qui peste. « Du balai, morveux ! ».
Profitant de la querelle entre M. Indestructible et son premier fan, Folamour tente de filer en douce, en vain… Il est en effet immédiatement rattrapé au vol par le super-héros qui le soulève sans mal du sol. « Ta tenue est complètement ridicule », lance-t-il à Buddy avant de coller l’une de ses grenades à la cape du petit garçon. En cherchant à secourir l’enfant, M. Indestructibles est obligé de relâcher sa prise. Désormais libre, Folamour disparaît dès lors de l’intrigue, sans doute en emportant avec lui le magot de la banque.
Folamour fait partie de la distribution pléthorique des (Les) Indestructibles. Le super-méchant reste cependant assez anecdotique, le rôle de l’antagoniste principal appartenant finalement à Syndrome/Buddy Pine. Sa présence à l’écran est malgré tout utile à plusieurs titres. Il permet tout d’abord au public de s’imprégner de l’atmosphère du film. Ignorant tout des tenants et aboutissants de l’intrigue, les spectateurs sont en effet invités à appréhender les codes propres aux films de super-héros à une époque où – en 2004 – Marvel n’a pas encore pulvérisé le box-office avec son MCU. Chacun peut ainsi comprendre qu’il a à faire à des héros aux pouvoirs extraordinaires devant lutter au quotidien contre une kyrielle de méchants tous plus caricaturaux les uns que les autres.
Surtout, si sa scène est mineure, les actes de Folamour ont des conséquences majeures sur la suite de l’histoire. Obligé de le laisser filer avec l’argent de la banque, M. Indestructible perd déjà une large part de sa crédibilité auprès des forces de l’ordre et de la population de la ville. De plus, en accrochant l’une de ses bombes à la cape de Buddy, le méchant provoque par ailleurs sans le savoir une réaction en chaîne particulièrement lourde de conséquences. À cause de lui, l’une des voies du métro aérien de la ville est détruite. Si M. Indestructible parvient à stopper à temps le train et éviter ainsi son déraillement, il ne peut empêcher les passagers, blessés dans l’accident, de porter plainte contre lui. Depuis lors, les super-héros sont mis au ban de la société. Sous la pression de l’opinion publique et sous la contrainte du gouvernement, chacun est par conséquent obligé de raccrocher les gants et de renoncer au super-héroïsme…
De son vrai nom Remy Bon Mot, le méchant est nommé Folamour en version française, un patronyme faisant référence au Docteur Folamour, l’un des personnages de la comédie éponyme mise en scène par Stanley Kubrick en 1964. En version originale, le réalisateur Brad Bird souhaitait au départ l’appeler Bomb Pérignon, un jeu de mot formé à partir du mot « bombe », l’arme de prédilection du criminel, et de Dom Pérignon, du célèbre moine bénédictin réputé pour avoir inventé le champagne au XVIIe siècle. L’usage de ce patronyme fut cependant abandonné, ce dernier étant devenu une marque déposée appartenant à la société Moët & Chandon. À la place, le braqueur de banque a donc été rebaptisé Bomb Voyage en version originale, une déformation amusante de l’expression française « Bon Voyage » souvent reprise telle quelle aux États-Unis et que les studios Disney avaient eux-mêmes utilisés pour le titre d’une comédie réalisée en 1962 par James Neilson avec Fred MacMurray, Jane Wyman, Tommy Kirk et Kevin Corcoran dans les rôles principaux.
Folamour apparaît sous les traits d’un cambrioleur d’origine française passé maître dans l’art des explosifs. Visiblement en activité depuis très longtemps, il porte un costume de mime composé d’un pantalon blanc à pattes d’éléphant, un chandail noir et un béret. Son visage est maquillé en blanc avec une larme noire peinte sous chacun de ses yeux. Les épaules larges et la taille fine, il est équipé de deux ceintures chargées de bombes.
Teddy Newton
Largement inspirée par le célèbre mime français Marcel Marceau, l’apparence de Folamour est en particulier le fruit du travail du concepteur visuel Teddy Newton. Originaire d’Encino, en Californie, où il voit le jour le 3 mars 1964, l’artiste débute sa carrière dès le début des années 1990 en tant que storyboardeur sur 2 Stupid Dogs (1994), Freakazoïd ! (1995) et Le Laboratoire de Dexter (1996). Associé au réalisateur Brad Bird, il planche sur les personnages du (Le) Géant de Fer (1999) puis sur celui d’Osmosis Jones (2001). Engagé aux studios Pixar, il enchaîne avec Les Indestructibles (2004), Cars – Quatre Roue (2006), Ratatouille (2007), Là-Haut (2009) et Les Indestructibles 2 (2018). Co-scénariste du court-métrage Baby-Sitting Jack-Jack (2005), il prête en outre sa voix à plusieurs personnages secondaires tels que Mini Buzz en 2011. Réalisateur de Jour Nuit (2010), la filmographie de Newton compte également des films comme Yéti & Compagnie (2018) et La Grande Aventure LEGO 2 (2019).
En version originale, l’accent français de Folamour est interprété par Dominique Louis. Né en Bourgogne le 15 mars 1967, l’artiste est engagé aux studios Disney de Montreuil dans les années 1990 et participe comme décorateur à la production de Dingo et Max (1995). Concepteur visuel sur Excalibur, l’Épée Magique (1998) et Le Géant de Fer (1999), il entre chez Pixar qui l’associe à la production du (Le) Monde de Nemo (2003), Ratatouille (2007), Là-Haut (2009) et Toy Story 3 (2010). Dominique Louis travaille en outre pour la concurrence sur des films comme, entre autres, Coraline (2009), Moi, Moche et Méchant (2010), Rio (2011), Le Chat Potté (2011), Epic : La Bataille du Royaume Secret (2013), Pacific Rim (2013), Voyage Vers la Lune (2020) et Luck (2022).
En France, le rôle est repris par Patrick Osmond. Né le 27 février 1957 à Caen, le comédien fut la voix française de Michael Keaton dans Batman (1989) et Batman, le Défi (1992), de Paul Bettany interprétant Vision dans Avengers : l’Ère d’Ultron (2015), Captain America : Civil War (2016) et Avengers : Infinity War (2018), ou bien de Tom Hollander dans les opus 2 et 3 de la saga Pirates des Caraïbes (2006-2007). Il a également prêté sa voix à AUTO dans WALL•E (2008) et au Seigneur Macintosh dans Rebelle (2012). Patrick Osmond est décédé le 23 novembre 2020 à l’âge de soixante-trois ans.
Trois ans après la sortie des (Les) Indestructibles, Folamour est l’objet d’un bref caméo dans Ratatouille (2007). Ayant visiblement abandonné son penchant pour le crime, il officie en effet en tant que mime dans les rues de Paris lors de la scène durant laquelle Linguini et Colette font du patin à roulettes près de la cathédrale Notre-Dame. Son nom original, Bomb Voyage, apparaît en outre à la Une du journal lu par la cuisinière.
Ratatouille
Côté consoles, Folamour fait partie des personnages du jeu de plates-formes inspiré des (Les) Indestructibles développé par Heavy Iron Studios, Helixe et Beenox Studios (2004). Embarqué à bord d’un hélicoptère duquel il jette des bombes, le méchant est alors l’un des boss que les joueurs doivent affronter.
Folamour apparaît également dans LEGO : Les Indestructibles (2018), la transposition du film dans l’univers des célèbres briques de construction. Il est également jouable dans le jeu pour smartphone Disney Crossy Road (2016).
Le casseur de banque est enfin présent dans la bande dessinée éditée en 2010 par Boom! Studios et dont l’action se situe quinze ans après le film original. Désormais plus vieux, plus rond et le crâne dégarni, il est recruté par Xerek qui le charge de faire exploser la Tour Eiffel. Folamour est alors poursuivi par Elastigirl et Mirage qui le pourchassent dans les rues de Paris avant de le neutraliser. Il est également repris dans Disney/Pixar The Incredibles 2: Crises in Mid-Life! & Other Stories éditée en 2018 par Dark Horse Comics puis dans la série publiée après.
Méchant de seconde zone à l’honneur dans une seule et unique scène, Folamour n’en reste pas moins un méchant croustillant et une amusante caricature de Français permettant aux spectateurs de se mettre dans le bain et de se plonger dans l’univers stylisé et rythmé des (Les) Indestructibles.