Kent Melton
Date de naissance : 1955 Lieu de Naissance : Springfield, dans le Missouri, aux États-Unis Date de Décès : Le 22 février 2024 Lieu de Décès : Cap Fair, Stone County, dans le Missouri, aux États-Unis |
Nationalité : Américaine Profession : Sculpteur Artiste-Maquettiste |
La biographie
Durant la décennie 1990, les studios Disney connaissent un nouvel Âge d’or grâce aux sorties successives de La Petite Sirène, La Belle et la Bête, Aladdin et Le Roi Lion. Ce nouvel apogée repose alors intégralement sur les épaules de la nouvelle génération d’artistes ayant progressivement pris la relève de la vieille garde dès le milieu des années 1970. Des dizaines de personnages remarquables ont ainsi pu voir le jour grâce aux talents réunis d’animateurs de légende qui, pour visualiser leurs créations en trois dimensions, pouvaient eux-mêmes compter sur l’aide précieuse d’un sculpteur de génie, Kent Melton.
Kent Melton
Kent Melton voit le jour en 1955 à Springfield, dans le sud-ouest du Missouri. Second d’une fratrie de trois enfants, le petit garçon vit ses premières années au cœur de la campagne, à environ trois-cents kilomètres au sud de Marceline et de Kansas City où, environ cinquante ans plus tôt, un certain Walt Disney avait lui-même grandit. Fils d’un professeur d’agriculture, Kent déménage à de nombreuses reprises au gré des mutations de son père. Sa famille et lui s’installent dès lors à Aurora puis à Marionville, avant de quitter le Missouri pour l’État voisin de l’Illinois. Élevé à la ferme, Kent Melton suit un cursus scolaire normal sans jamais recevoir spécifiquement une formation en art. Cela ne l’empêche toutefois pas de s’adonner à son amour pour le dessin lorsqu’il a fini d’aider son père dans les champs. Les couvertures de magazine signées par Norman Rockwell, les héros du Dr. Seuss ou bien les personnages vus à la télévision sont autant de sources d’inspiration. Encore en classe de sixième, l’adolescent se passionne aussi pour la sculpture. Vivant dans la campagne, loin des grands magasins, le garçon assemble en effet ses propres jouets en s’inspirant des séries animées et des publicités vues à la télévision. Trouvant aussi des idées dans la revue Mad, il fabrique notamment des figurines à l’effigie de Snoopy, de Charlie Brown ou des Beatles.
Silver Dollar City, Branson
Logé chez ses grands-parents dans leur maison de Cape Fair, Kent Melton débute modestement sa carrière en tant que sculpteur sur bois et verrier au sein du parc d’attraction Silver Dollar City, à Branson, dans le Missouri. Exposant parfois ses sculptures, il participe un jour à un festival de musique organisé à Chicago en l’honneur des Beatles. Il est alors remarqué par Don Dougherty, un artiste de Disney qui lui dit qu’il pourrait tout à fait s’épanouir et surtout très bien gagner sa vie s’il s’installait à Los Angeles. Une opportunité d’embauche en poche, Kent Melton abandonne dès lors son travail à Silver Dollar City et part en van en direction de la côte Ouest avec son épouse Martha et leur deux jeunes fils Seth et Jordan. Une petite fille, Nellie, agrandira la famille quelques mois plus tard.
Maquettes des (Les) Pierrafeu par Kent Melton
Sur place, la déception est toutefois grande. L’offre d’emploi chez Disney semble s’être volatilisée. Vivant à l’hôtel le temps de trouver mieux, Kent Melton hésite à retourner dans le Midwest. Sur le départ, il parvient malgré tout à reprendre contact avec Dougherty qui, depuis leur rencontre, est passé chez Hanna-Barbera. Grâce à son entremise, Melton rencontre Joseph Barbera à qui il présente des photographies de ses sculptures sur bois réalisées du temps où il travaillait à Silver Dollar City. Enthousiasmé par ce travail, Barbera accepte de l’engager sans trop savoir quelle mission lui donner précisément. Kent Melton décroche ainsi une place et devient de fait le tout premier employé des studios embauché exclusivement en tant que sculpteur. À ce poste, son travail consiste à fouiller dans les archives de l’entreprise afin d’en extraire d’anciennes feuilles de modèles et concevoir des maquettes en trois dimensions des personnages vedettes de séries passées telles que Les Pierrafeu et Les Jetson afin que celles-ci soient conservées dans la bibliothèque.
Également impliqué dans la production de la série The Completely Mental Misadventures of Ed Grimley, Kent Melton planche un temps sur un remake des (Les) Fous du Volant. Pour convaincre le conseil d’administration de valider le projet, Melton est chargé par Barbera d’assembler quelques modèles réduits de véhicules loufoques. Il construit donc une voiture de course télécommandée en forme de panier à pique-nique conduite par l’ours Yogi et son copain Boubou. Présenté aux cadres des studios en même temps que le pitch de cette future série, le bolide est actionné par l’un des scénaristes qui s’amuse à le faire rouler sur la grande table du conseil. Amusés, les dirigeants ne perdent pas une miette de ce spectacle qui se termine par une accidentelle sortie de piste. En tombant par terre, la maquette éclate en effet en mille morceaux. Si le jouet est hors d’usage, le projet est néanmoins approuvé. Wake, Rattle, and Roll est ainsi mise en chantier. Diffusée pour la première fois en 1990, la série est reprogrammée dès l'année suivante sur les ondes de Disney Channel. Après quelques années passées chez Hanna-Barbera, Kent Melton reprend son indépendance et travaille ponctuellement avec Warner Bros. qui lui passe commande de plusieurs modèles représentant les héros des (Les) Tiny Toons. Il collabore aussi sur l’adaptation de Batman par Tim Burton.
Parvenant à se faire un nom et une belle réputation dans le petit monde de l’animation, Kent Melton attire bientôt l’attention des responsables de Disney. La tradition de concevoir des modélisations des personnages est en effet ancienne au sein des studios. Suite au succès incroyable de Blanche Neige et les Sept Nains, Walt Disney décide de transformer immédiatement l’essai en mettant en chantier d’autres longs-métrages. Pour ce faire, il recrute des dizaines d’artistes et fonde dès 1937 une toute nouvelle division, le Character Model Department. Confié à Joe Grant qui s’entoure de plusieurs auteurs et concepteurs visuels, l’endroit devient rapidement une ruche dans laquelle naissent des dizaines d’histoires et de personnages. Pour définir leur personnalité, ces derniers sont alors sculptés en trois dimensions. Chacune des maquettes peut dès lors être empruntée à leur guise par les animateurs souhaitant étudier tel ou tel personnage sous toutes les coutures.
Alors que la Seconde Guerre mondiale embrase le monde et que les finances des studios Disney commencent à se tarir dramatiquement, le Character Model Department est finalement fermé dès 1941 après seulement quatre ans d’existence. La création de figurines en plâtre s’arrête alors immédiatement. Au cours des années suivantes, les artistes pourront cependant continuer de s’inspirer des maquettes représentant certains protagonistes de Peter Pan, Alice au Pays des Merveilles et La Belle et le Clochard dont les productions avaient débuté dès la fin des années 1930. Il faut alors attendre le milieu des années 1970 pour que la tradition reprenne sous l’égide de Mel Shaw qui réalise quelques représentations en trois dimensions des héros de Rox et Rouky. L’expérience se poursuit ensuite avec Taram et le Chaudron Magique et Basil, Détective Privé. Si le Character Model Department n’est malgré tout pas remis sur pieds, d’autres artistes conçoivent à leur tour quelques sculptures, notamment Rubén Procopio qui livre, entre autres, de remarquables modèles d’Ursula, la sorcière de La Petite Sirène, ainsi que du casting de La Belle et la Bête.
Après avoir passé deux ans à candidater, Kent Melton intègre à son tour les équipes de Disney en 1989. C’est alors le plus pur fruit du hasard. Lors de la fête d’anniversaire de son fils Jordan âgé de quatre ans, le parent de l’un des enfants invités aperçoit en effet sur la table de la cuisine certaines de ses sculptures réalisées pour Warner. Melton l’ignore encore, mais la personne en question n’est autre que Thom Enriquez, l’un des directeurs artistiques des studios. Dès la semaine suivante, l’artiste reçoit un coup de fil l’invitant à se présenter au département animation avec son portfolio et quelques échantillons de son travail. Réunissant quelques statues et quelques dessins, Kent Melton est reçu par le décorateur Richard Vander Wende qui lui présente bientôt les réalisateurs John Musker et Ron Clements. À l’époque, tous les deux supervisent la production d’Aladdin et recherchent un sculpteur pour concevoir l’entrée de la Caverne aux Merveilles. Représentée sous la forme d’une tête de tigre, celle-ci doit être entièrement animée par ordinateur – une première. Clements et Musker ont donc besoin de maquettes afin de les numériser et ensuite créer l’animation. Melton n’hésite pas longtemps avant d’accepter la proposition.
Engagé dans les jours suivants, Kent Menton fabrique deux sculptures de l’entrée de la Caverne, la première avec la bouche ouverte, la seconde avec la gueule fermée. Il réalise également des modélisations du héros, de son acolyte Abu, de la princesse Jasmine et de son compagnon Rajah, mais aussi du grand méchant Jafar et de son sbire Iago, ou bien encore du Sultan et du Génie. Il sculpte également une représentation grandeur nature de la lampe magique et de la tête de serpent décorant la canne de Jafar. Plébiscité pour son travail, ce n’est que quelques années plus tard que Kent Melton apprendra qu’il n’a en réalité pas été engagé chez Disney grâce aux nombreuses lettres de motivation qu’il a envoyées, mais bien grâce à la présence de Thom Enriquez à la fête d’anniversaire de son fils !
Pour fabriquer chaque statuette, Kent Melton intervient au tout début de la production. Alors même que l’écriture du script est parfois encore inachevée, il s’entretient longuement avec les scénaristes et les superviseurs de l’animation qui lui présentent le sujet et définissent le rôle de chaque protagoniste. À partir de ces indications, il se base ensuite sur certains moments-clés de l’intrigue afin de mettre chaque personnage en situation et dépeindre son caractère le plus fidèlement possible grâce au langage du corps. Au début de la réalisation d’Aladdin, Melton passe en particulier beaucoup de temps avec Glen Keane, le créateur d’Aladdin qui lui montre les différentes esquisses produites en amont. Si certaines feuilles de modèles sont particulièrement détaillées avec des vues des personnages sous tous les angles, d’autres concepts arts se limitent parfois à de simples croquis réalisés sur un coin de table. Kent Melton doit par conséquent user d’imagination pour tordre une prémisse de squelette avec des tiges d’aluminium, façonner par-dessus l’argile polymère et obtenir un résultat convaincant. L’étape de la peinture de certaines maquettes est ensuite confiée à un autre artiste.
Plaçant Aladdin parmi ses films favoris, Kent Melton réalise la sculpture du héros des (Les) Aventures de Rocketeer. Pour Don Bluth, il fabrique les maquettes de Poucelina et Le Lutin Magique. À la même époque, le département produits dérivés des studios Disney lancent la création d’une toute nouvelle collection de figurines en porcelaine. Baptisée la Walt Disney Classics Collection, celle-ci se démarque par un soucis de qualité jusqu’ici – et jusqu’à présent – inégalé. Supervisée directement par le département animation de Burbank, cette série est pensée dès la fin des années 1980. L’idée est alors de concevoir des statues s’inspirant fidèlement d’une scène d’un cartoon ou d’un long-métrage d’animation Disney. Pour s’assurer de la qualité de chaque figurine, une équipe d’animateurs, de peintres et de sculpteurs est composée. Parmi les meilleurs dans son domaine, Kent Melton participe à la fabrication des premiers prototypes dévoilés à l’automne 1991.
La première sculpture mise en vente est ainsi une représentation de la petite souris des champs en train de saisir une goutte d’eau pour faire sa toilette au début de Bambi. Baptisée « Little April Shower », elle est produite à seulement 7 500 exemplaires et parvient à séduire la profession et le public. Inspirées de Cendrillon, Bambi et Fantasia, les pièces suivantes remportent elles aussi un beau succès. Parmi les sculpteurs emblématiques de la collection, Kent Melton réalise plus de la moitié des sujets. Il a pour ce faire pu discuter avec les artistes passés et présents ayant conçu les séquences animées d’origine. C’est ainsi que Kent Melton rencontre notamment chez lui le pionnier Marc Davis à qui il présente les prototypes de Blanche Neige, des Trois Petits Cochons et du Grand Méchant Loup. Il croise aussi Ward Kimball à qui il montre Dumbo et la Cigogne.
Produisant en moyenne un prototype tous les trois jours, Kent Melton devient l’une des figures emblématiques de la Walt Disney Classics Collection. Parmi ses plus belles créations, figurent notamment « Anita Daahling! » (Cruella d’Enfer, 1995), « Tale As Old As Time » (Belle et la Bête, 1996), « Night on Bald Mountain » (Chernabog, 1997) ou bien encore « A Dance in the Clouds » (Aurore et Philippe, 1997).
En parallèle de sa merveilleuse participation à la WDCC, Kent Melton continue de travailler pour le département animation des studios Disney. Il est ainsi associé à la production du (Le) Roi Lion. Ses statues de Simba, Scar, Timon et Pumbaa, Nala, Mufasa, Zazu ou bien des hyènes sont elles aussi de toute beauté.
Dans un registre bien différent des animaux de la savane, Kent Melton enchaîne avec deux films plus réalistes, Pocahontas, une Légende Indienne et Le Bossu de Notre-Dame. Aux côtés de Glen Keane, il crée un sublime buste de l’héroïne amérindienne. Des effigies de John Smith, John Ratcliffe, Wiggins, Nakoma, Kocoum, Powhatans et Thomas complètent la collection. La difficulté est alors de concevoir des maquettes suffisamment solides et gracieuses malgré la fragilité évidente des jambes, très fines, de certains personnages. Le problème ne se pose pas pour Meiko, Flit et Percy.
Avec Le Bossu de Notre-Dame, Kent Melton sublime son art. Toute la finesse des personnages et leur caractère respectif ressort des représentations de Quasimodo, Esmeralda, Phoebus, Frollo et Clopin. Les statues des trois gargouilles, dont les socles peuvent s’emboîter les uns dans les autres, sont également des plus expressives. Djali est également une vraie réussite. Cerise sur le gâteau, Kent Melton produit un buste de Frollo saisissant.
Avec Hercule, Kent Melton confirme qu’il est l’un des meilleurs dans son domaine. Une fois encore, l’essence du film ressort de ses créations. Hercule est montré avec force en train de combattre l’Hydre. L’arrogance et l’assurance de Mégara est accentuée par son déhanché. Philoctète ronchonne. Hadès apparaît aussi mesquin qu’ironique. Peine et Panique affiche la peur que leur inspire leur maître. Zeus brandit sa foudre. Pégase déploie ses ailes.
Kent Melton fait ensuite équipe avec Anthony (Tony) Cipriano pour sculpter les personnages de Mulan. Avec son socle laqué, chaque maquette est aussi gracieuse que le film. Melton se charge en particulier de modeler l’héroïne et Mushu. Aisé par Christophe Charbonnel, le duo se reforme au moment de la production de Tarzan. Melton sculpte le modèle de Tarzan reproduit à deux-mille-deux-cents exemplaires distribués à l’équipe du film. D’autres statues représentent Clayton, Tantor, Tok et Jane.
La collection des WDCC continue dans le même temps de s’agrandir. Toujours au sommet de son art, Kent Melton produit d’autres merveilles telles que « Everyone Runs From Shere Khan » (Shere Khan, 1998), « A Kiss Brings Love Anew » (Blanche Neige et le Prince, 1998), ou bien encore « Now You Shall Deal With Me… » (Maléfique changée en dragon, 1999), « Tinker Bell Pauses to Reflect » (Clochette, 1999), « Spiteful Stepmother » (Madame de Trémaine, 2000) et « Haunting Horseman » et « Terrified Teacher » (Le Cavalier Sans Tête et Ichabod Crane, 2000). Avec « I’ll Never Lie Again… » (Pinocchio, 2000), Kent Melton rend par ailleurs hommage à l’un de ses films Disney préférés qu’il a découvert au cinéma lorsqu’il était enfant.
Tout en travaillant pour les studios Disney, Kent Melton collabore avec Raffaello Vecchione sur Le Prince d’Égypte, le premier long-métrage animé du concurrent DreamWorks, S.K.G.. Il supervise en particulier les modèles représentant Moïse. Avec Vecchione, mais aussi son ami Dusty Horner qui officie pour la collection des WDCC, Melton enchaîne avec La Route d’Eldorado pour lequel il sculpte le personnage de Chel. Il réalise enfin la maquette de Spirit, Tony Cipriano, Dusty Horner et Shane Zalvin se chargeant des autres personnages de Spirit, l’Étalon des Plaines.
Le duo Raffaello Vecchione est reformé lors de la production d’Atlantide, l’Empire Perdu. Alors que le premier se concentre sur l’équipe bigarrée composée de Cookie, Madame Placard, Vincenzo Santorini, Gaétan La Taupe et Amadou Gentil, Melton ajoute à ses créations les statues de Milo, d’Helga Sinclair et de Rourke. L’artiste sculpte également la princesse Kida reproduite presque à l’identique au sein de la collection des WDCC sous le nom de « Defender of the Empire » (2001).
La collaboration avec les studios Disney se poursuit avec La Planète au Trésor – Un Nouvel Univers. Les maquettes du film sont autant de nouveaux bijoux. Très élaborées et parfois accompagnées d’éléments de décors tels que les gréements du navire, chaque statue est un chef-d’œuvre, en particulier celles qui représentent John Silver et que Melton crée avec le concours, une fois encore, de Glen Keane qui lui demande quelques années plus tard de sculpter pour lui un buste de Raiponce utilisé lors de la production du film éponyme.
Après environ seize ans chez Disney, Kent Melton passe chez Pixar pour qui il travaille sur Les Indestructibles. C’est alors le seul film du studio à la lampe sur lequel le sculpteur se penche. Conçues en partenariat avec Greg Dykstra, certaines de ses créations conçues en début de production sont cependant quelque peu modifiées au moment de la modélisation par ordinateur. Le grand méchant initial de l’histoire, Xerek, est pour sa part supprimé du script final. Seuls quelques concept-arts et surtout la maquette de Kent Melton permettent de garder une trace du personnage.
Alors que sa carrière chez Disney touche à sa fin, Kent Melton continue de produire différentes statues pour la collection des WDCC. Parmi ses plus beaux sujets, figurent notamment « Fury Unlished » (La Bête, 2004), « Sleeping Beauty Christening Scene: An Uninvited Guest » (2004), « Teddy Goes With Me My Dear » (Madame Médusa et Penny, 2004), « Seizing Destiny » (Arthur, 2005), « Tangled Up a Romance » (Roger et Anita, 2006), « Bewitching Beauty » (Esmeralda, 2007) ainsi que « When It Blooms, It Will Be the Most Beautiful » (Fa Zhou et Mulan, 2008).
Après avoir collaboré avec la plupart des grandes majors hollywoodiennes, Kent Melton est engagé par un studio d’animation plus modeste, LAIKA, créé à Portland, dans l’Oregon, en 2005. Propriété de Philip Knight, le fondateur de Nike, celui-ci est spécialisé dans l’animation en volume. Kent Melton conçoit en particulier les personnages des trois premiers longs-métrages de la société, Coraline, L’Étrange Pouvoir de Norman et Les Boxtrolls. Pour la première fois, ses sculptures ne s’inspirent pas nécessairement des esquisses produites en amont par les animateurs. Melton est autorisé à laisser libre-court à son imagination. Le méchant des (Les) Boxtrolls, Archibald Snatcher, est ainsi sa création. Parmi ses sources d’inspiration, figurent notamment les masques tribaux africains et indonésiens découverts jadis dans une galerie d’art de Los Angeles.
Se plongeant dans les livres d’art et de photographie pour compenser son absence de cursus artistique, Kent Melton fait finalement le choix de rentrer dans son Missouri natal. Il trouve en effet que la vie sur la côte Ouest est beaucoup trop folle et trop rapide. Melton a besoin d’un endroit plus calme sans aucune distraction. Un retour aux sources est dès lors nécessaire. Installé avec sa femme Martha dans leur maison de Cap Fair, il continue de peindre et de sculpter. Melton participe à différents festivals ainsi qu’à diverses conférences et autres lectures dans certains établissements prestigieux tels que le Los Angeles Museum of Contemporary Art, le New York Museum of Contemporary Art et le Smithsonian Institute de Washington. Du 24 mars au 24 avril 2014, la Brick City Gallery de Springfield lui consacre une rétrospective. Baptisée Kent Melton: From Aladdin to Paranorman, celle-ci propose au public de découvrir certaines des plus belles sculptures de l’artiste. Pour le remercier de sa participation à leurs succès récents, les studios Disney acceptent de prêter une quinzaine de maquettes de Pinocchio et Fantasia datant de l’époque du Character Model Department.
Artiste prolifique doué d’un talent absolument extraordinaire, Kent Melton s’est éteint dans sa maison de Cap Fair le 22 février 2024. Atteint de démence à corps de Lewy, il avait soixante-huit ans. « Mon personnage préféré est celui sur lequel je suis en train de travailler », expliquait-il, « Il m’arrive souvent de reprendre certaines de mes œuvres et de les modifier. C'est ce que j’aime le plus, créer. Lorsque j’étais enfant, je ne gardais jamais rien. Je me fichais du produit fini. Ce qui me plaisait, c’était le processus créatif. J’aime l’expérience qu’offre la peinture, le dessin, la sculpture, la musique… C’est ça l’art. C’est l’expérience de la création ».