Pour tout fan de films d’animation Disney, il existe divers moyens d’entretenir sa passion. L’un d’entre eux consiste à collectionner des objets dérivés, qu’il s’agisse de beaux livres, de peluches ou encore de pins pour ne citer que les plus populaires d’entre eux. Parmi ces objets de collection, les figurines trônent aussi en bonne place dans les bibliothèques ou sur les étagères de nombreux passionnés. Se déclinant sous diverses formes et gammes (figurines-jouets en plastique, snowglobes…), de qualité plus ou moins prononcée, ces objets décoratifs permettent d’immortaliser en relief chez soi ses personnages Disney préférés.
Parmi les nombreuses collections de figurines commercialisées sur le marché, une d’entre elles occupe une place à part pour les passionnés Disney les plus endurcis : la Walt Disney Classics Collection (ou WDCC pour les initiés), collection de figurines en porcelaine dont la qualité et l’attention apportée aux détails demeurent aujourd’hui inégalées. Lancée en 1992, la collection a officiellement perduré jusqu’en 2013, année où a été annoncée la fin de la production de nouvelles figurines. Si celles-ci ne sont plus commercialisées, la WDCC vit encore aujourd’hui à travers le marché de l’occasion, donnant une valeur inestimable aux exemplaires acquis par leurs détenteurs.
Les Origines de la Collection
Lancée officiellement en juillet 1992, la Walt Disney Classics Collection est unique en son genre en ce qu’elle est la première et la seule collection de figurines conçue et produite directement par les Walt Disney Animation Studios à Burbank, Californie, selon un principe de fabrication soignée. Chaque figurine s’inspire en effet d’une scène précise d’un cartoon ou d’un long-métrage d’animation Disney. Chaque projet de nouvelle sculpture était ainsi validé par une équipe composée d’animateurs, de sculpteurs et de peintres qui, partant d’un dessin d’animation, le retravaillait pour aboutir à la réalisation d’une pièce fine et fidèle à la scène originelle.
« Little April Shower », première figurine de la collection
L’idée d’une telle collection remonte à la fin des années 1980. Après un travail de recherche de trois ans, l’équipe dédiée à la fabrication de la collection met ainsi au point les premiers prototypes qui sont dévoilés à l’automne 1991 à travers des annonces diffusées dans des brochures à destination des potentiels commerçants revendeurs. La première sculpture dévoilée était alors une souris, mais pas la plus connue à laquelle le public pouvait s’attendre… Il s’agissait de la souris des champs de Bambi (1942) s’apprêtant à cueillir une goutte d’eau de pluie suspendue à une feuille afin de faire sa toilette matinale. Intitulée « Little April Shower », cette figurine a été produite en édition limitée à 7 500 exemplaires mais a connu trois versions différentes : la première voyait la souris tendre les pattes vers la goutte d’eau (un cristal autrichien) sans la toucher mais, pour éviter la casse, la goutte d’eau a été rapprochée puis accolée aux pattes. Elle témoigne du soin apporté aux détails afin de retranscrire un dessin d’animation en deux dimensions en objet de collection adapté à un regard à 360 degrés. En 2012, pour célébrer ses vingt ans, la collection a lancé une figurine de Mickey Mouse tenant dans ses mains une réplique de la première sculpture de la collection. La boucle est alors bouclée !
La Walt Disney Classics Collection a fait ses débuts sur le marché avec diverses pièces inspirées de scènes de Grands Classiques Disney des années 1940 et 50 : Cendrillon (Cendrillon avec une bulle de savon dans la main, Lucifer et Pataud), Bambi (outre la souris des champs, une sculpture en édition limitée montrait Bambi au moment de sa rencontre avec Fleur) et Fantasia (Mickey dans son costume d’apprenti sorcier et le balai animé). D’abord lancées en Californie au printemps 1992, les premières figurines ont été commercialisées dans le reste du pays en octobre, puis progressivement dans le reste du monde, auprès de revendeurs officiellement agréés.
La Fabrication des Sculptures
Pour concevoir une statue, l’équipe d’artistes dédiée à la collection part du film d’animation pour choisir un moment emblématique qui révèle un personnage et retranscrit au mieux sa personnalité. Pour cela, elle exploite les archives des studios pour retrouver des esquisses et des croquis conçus pour le film originel. Ce travail de recherche, qui - faut-il le rappeler - s'effectue à une époque où l'ère du numérique n'est pas encore révolue, s’avère essentiel pour concevoir les croquis de la future sculpture. Contrairement au dessin d’animation en 2D, celle-ci doit être pensée sous tous les angles. Si elle est naturellement figée, la figurine doit donner la sensation d’être animée et ainsi traduire au mieux le mouvement du personnage, comme s’il était sorti de l’écran après avoir été mis sur pause. C’est ainsi que la pièce est considérée dans tous ses aspects : ici une bouche légèrement ouverte et un sourcil recourbé, là des plis dans une robe ou une tête légèrement penchée. C’est l’attention donnée au moindre détail qui permet au personnage d’apparaître réaliste et fidèle à sa pose originale.
La conception d'une figurine, de sa sculpture à sa colorisation
Une fois la pose définie et le dessin de base conçu, le sculpteur entre en jeu. À partir du modèle posé sur papier, il façonne la sculpture avec une armature en fil de fer et de la glaise, veillant à ce que la pièce soit réaliste sous toutes ses coutures. Lorsque la sculpture finale en argile est terminée, la figurine peut entrer en production. Le modèle original est d'abord moulé et reproduit. Les copies effectuées sont ensuite envoyées à Bangkok, en Thaïlande, où le processus de fabrication se poursuit. Le modèle est découpé en plusieurs morceaux (plus ou moins nombreux selon la taille et la complexité de la pièce). Pour chacun d’entre eux, un moule en plâtre est fabriqué. Pour réaliser chaque sculpture, de la barbotine - une sorte de pâte d’argile délayée dans de l’eau - est versée dans les moules puis séchée à l’air libre. Les pièces sont ensuite assemblées les unes aux autres en réutilisant de la barbotine. La statue ainsi façonnée est alors recouverte d’une glaçure, un vernis translucide qui se vitrifie lors d’une cuisson dans un four à briques. La pièce adopte alors une finition émaillée semblable à de la vaisselle blanche, et peut recevoir ses ultimes finitions.
Les étapes de colorisation d'une figurine
La figurine passe d’abord l’étape de la peinture. Là encore, les artistes des studios Disney ont accordé une grande importance aux détails en utilisant les couleurs originales du film dont est issu le personnage. Chaque pièce est bien sûr peinte à la main, en plusieurs étapes successives alternées avec un passage au four pour fixer chaque couleur. Enfin, chaque pièce reçoit la touche finale qui lui donne toute sa beauté, une étape baptisée « plussing » selon un terme imaginé par Walt Disney lui-même (de « plus », augmenter), désignant le fait de sublimer une œuvre par une touche d’originalité lui donnant un aspect unique. Pour une figurine de la Walt Disney Classics Collection, cette étape peut consister à la doter d’un métal précieux (de l'étain pour un sceptre, du bronze pour un médaillon), d’une couche d’or (pour une couronne), d’un petit cristal (pour un bijou) ou encore de verre soufflé (pour représenter une goutte d'eau).
Des Sculpteurs Emblématiques
Au gré des années, plus d’une vingtaine de sculpteurs ont conçu et réalisé les prototypes de chaque figurine estampillée du logo de la Walt Disney Classics Collection. Parmi eux, quatre méritent de retenir l’attention pour leur parcours et leur contribution à la collection.
Kent Melton et ses principales sculptures
Originaire du Missouri, Kent Melton s’est pris d’une passion pour le dessin et la sculpture dès son plus jeune âge. Repéré par un employé des studios Disney, il y est embauché au début des années 1990 pour concevoir les maquettes des personnages du film d’animation Aladdin, alors en préparation, afin d’aider les animateurs à leur donner vie de façon réaliste à l’écran. Il renouvelle ensuite ce travail pour une quinzaine de films Disney, tels que Le Roi Lion, Hercule, Tarzan, Raiponce, mais aussi Les Indestructibles (seul film Pixar auquel il a contribué). Aussi, en 1992, c’est tout naturellement que l’équipe imaginant le lancement de la WDCC fait appel à lui pour devenir un sculpteur de la collection. Il en devient un élément essentiel, réalisant à lui seul plus de la moitié de toutes les figurines commercialisées durant vingt ans. Parmi ses plus belles pièces figurent un Chernabog ailes déployées (« Night on Bald Mountain ») issu de Fantasia, Maléfique en version dragon (« And Now You Shall Deal With Me »), Mulan et son père Fa Zhou assis sous un cerisier en fleurs (« When it Blooms, it Will be the most Beautiful of All ») , ou encore Roger et Anita aux jambes emmêlées dans la laisse de Pongo, sous le regard interrogatif de Perdita (« Tangled Up Romance »), issus d’une des plus fameuses scènes des (Les) 101 Dalmatiens.
Bruce Lau et ses principales sculptures
Né à Hawaï, Bruce Lau rêve tout jeune de devenir un animateur pour les studios Disney. Durant ses études supérieures, il se spécialise toutefois dans la sculpture avant d'entrer à la réputée California Institute of the Arts (CalArts). Il intègre dès ses débuts l’équipe chargée de mettre sur pied la Walt Disney Classics Collection. Signant plus de 120 sculptures de la collection, il confectionne notamment toute la série inspirée du générique d’ouverture du Mickey Mouse Club et celle des Sept Nains dans la mine de diamant. Parmi ses plus belles réalisations figurent la scène où Geppetto termine les finitions de Pinocchio dans son atelier (« The Finishing Touch ») et celle de Donald Duck, José Carioca et Panchito Pistoles sur leur tapis volant (« Airborne Amigos ») inspirée du film Les Trois Caballeros.
Rubén Procopio et ses principales sculptures
Malgré un nombre de réalisations plus modeste, l’artiste Rubén Procopio est un autre contributeur clé de la WDCC. Issu d’une famille d’immigrés italiens, il découvre la sculpture grâce à son père Adolfo qui, pendant trente-cinq ans, a participé à la conception de nombreuses attractions de Parcs Disney au sein de Walt Disney Imagineering. Diplômé de CalArts, Rubén intègre les studios d’animation Disney en 1980 où il est encadré par Eric Larson, l’un des légendaires « Neuf Vieux Messieurs » ainsi que d’autres vétérans. Touche-à-tout, il contribue à de nombreux films Disney (Basil, Détective Privé, La Petite Sirène, Aladdin, Pocahontas, une Légende Indienne, Tarzan, Mulan…) en tant qu’animateur, concepteur de personnage, artiste de story-board et sculpteur de maquettes. En 2003, fort de son expérience acquise chez Disney, il fonde Masked Avenger Studios, ses propres studios dédiés à la sculpture, à l’animation et au design. Recruté dans l’équipe de la Walt Disney Classics Collection, il signe quelques-unes des figurines les plus originales de la collection : Walt Disney en personne tenant Oswald le Lapin Chanceux dans sa main droite (« True Originals »), Elliott de Peter et Elliott le Dragon (« A Boy’s Best Friend ») ainsi que plusieurs pièces issues du moyen-métrage Le Noël de Mickey telles que celle d’Ebenezer Scrooge (Balthazar Picsou) terrorisé par Jacob Marley (Dingo) dans son fauteuil (« Tonight You Will Be Visited By Three Spirits »). Il réalise aussi plusieurs figurines de méchants, comme Hadès (« Name’s Hades, Lord of the Dead »), Shere Khan (« Savage Sophisticate ») et Ursula (« Devilish Diva »).
Dusty Horner et ses principales sculptures
Enfin, la collection doit aussi beaucoup à Dusty Horner. Bercé aux films Disney dès son plus jeune âge, il réalise des études d’art et se spécialise dans le domaine de la sculpture. Embauché par les studios d’animation DreamWorks à la fin des années 1990, il réalise des maquettes en trois dimensions qui servent là encore à faciliter le travail d’animation. Se lançant à son compte en 1999, il est recruté comme sculpteur pour la Walt Disney Classics Collection. Sa première réalisation est une triple pièce représentant Mickey et Minnie en noir et blanc réunis autour d’un sapin de Noël, inspirée d’une scène du cartoon Les Orphelins de Mickey (1931). Plus tard, il se voit confier la conception de pièces parmi les plus sublimes de la collection telles que Monstro sortant des eaux (« Monstro’s Revenge ») ainsi que des pièces intégrées dans la Signature Series : la scène de la transformation de la Bête et des occupants du château (« The Curse is Broken »), celle de Cendrillon s’apprêtant à partir pour le bal (« Off to the Ball ») ou encore celle de la chute d’Alice dans le terrier la conduisant vers le Pays des Merveilles (« Down the Rabbit Hole »).
Le Programme d'Adhésion : La Walt Disney Collectors Society
Au début de l’année 1993, The Walt Disney Company lance la Walt Disney Collectors Society, un programme d’abonnement à la Walt Disney Classics Collection, et ce afin de susciter davantage d’engouement pour la collection et son univers. Destinée à porter la collection, la société a été le premier club de fans Disney mis sur pied par The Walt Disney Company elle-même. Outre la possibilité de se procurer certaines figurines dans des galeries ou autres boutiques partenaires, l’adhésion annuelle à la Walt Disney Collectors Society offre en effet des avantages exclusifs.
Le premier d’entre eux est la réception à domicile d’un kit annuel comportant plusieurs objets, le principal étant une figurine unique réservée aux abonnés. (« membership gift »). Il s’agit d’une sculpture de personnage spécialement conçue pour l’année d’adhésion. Outre Mickey Mouse (1997 et 2000), les studios Disney ont choisi des personnages iconiques et populaires pour leur cadeau promotionnel d’abonnement, tels que Jiminy Cricket (1993 et 2003), Dumbo (1995), Winnie l’Ourson (1996), Timon (1998), la Fée Clochette (2001), Bambi (2004) et Simplet (2009), ou des princesses telles que Blanche Neige (2002), Belle (2005), Ariel (2006) et Cendrillon (2007). Cette figurine s’accompagne d’une reprise du personnage sur un pin’s estampillé Walt Disney Collectors Society et d’un dessin d’archives des Walt Disney Animation Studios ayant servi d’inspiration pour la conception de la figurine. À partir de 2004, une figurine complémentaire accompagnant la figurine annuelle est proposée aux abonnés : Pan-Pan (2004), un mouton (2005), Eurêka (2006), Pataud (2007), un neveu de Donald (2008) et un ornement de Blanche Neige dans une pomme (2009).
Les figurines annuelles offertes pour tout abonnement la Walt Disney Collectors Society, de 1993 à 2009
La souscription à la Walt Disney Collectors Society (75 dollars annuels) permet aussi d’obtenir une carte de membre offrant la possibilité d’acquérir des sculptures exclusives uniquement réservées aux abonnés. Ces derniers reçoivent quatre fois par an un magazine intitulé Sketches détaillant les dernières nouveautés de la collection, mais aussi l’actualité et le patrimoine de The Walt Disney Company à travers des articles inédits, ainsi que le catalogue annuel des figurines commercialisées. En outre, ils bénéficient d’invitations à des événements spéciaux où sont présentées des sculptures inédites disponibles pour une durée limitée. La Walt Disney Collectors Society a fonctionné ainsi jusqu’au 31 décembre 2009, date de son arrêt définitif. De nouvelles figurines de la Walt Disney Classics Collection ont continué à être commercialisées en dehors de tout abonnement annuel durant près de trois ans, jusqu’à fin 2012.
Quelques couvertures du magazine Sketches
En tout état de cause, s’il était préférable d’avoir adhéré au programme de la Walt Disney Collectors Society pour bénéficier d’un large choix de figurines, il n’était toutefois pas impossible de s’en procurer sans y avoir souscrit. Certaines figurines produites étaient en effet commercialisées dans divers lieux de vente en « open edition », accessibles à tous, à l’inverse d’autres, réservées aux détenteurs d’une carte de membre de la société. C’est ainsi qu’en France, il a longtemps été possible d’admirer et d’acheter des figurines WDCC dans certaines boutiques de Disneyland Paris comme Harrington's Fine China and Porcelains et Disneyana Collectibles sur Main Street, U.S.A., The Disney Gallery à Disney Village et des boutiques d’hôtels. En dehors du resort parisien, les figurines étaient commercialisées dans certaines boutiques d’objets de collection.
Une Large Représentation de Personnages Disney
Chaque figurine de la Walt Disney Classics Collection est conditionnée dans une boîte de couleur bleue turquoise, reprenant celle du logo de la collection. Bien protégée dans du polystyrène adapté à sa forme pour éviter tout risque de casse lors du transport ou du stockage, la figurine est accompagnée d’un certificat d’authenticité, garantissant d’une part son caractère officiel, et indiquant d’autre part le nom donné à la figurine, le personnage représenté, le film d’où il est issu et le nom de l’artiste ayant conçu la sculpture. Au verso, le certificat est signé par Dave Smith, le directeur des Archives de The Walt Disney Company, ainsi que par le Directeur Créatif de la Walt Disney Classics Collection.
Toute figurine est elle-même marquée, au niveau de son socle, de son nom, de celui du personnage représenté, du titre de son film, ainsi que du logo de la WDCC reprenant la signature de Walt Disney. En outre, un symbole gravé vient indiquer l’année de production de la sculpture. Vingt-et-un symboles permettent ainsi de retrouver l’année de réalisation de l’objet détenu, du gouvernail de Willie, le Bateau à Vapeur en 1992 à la feuille de palmier du (Le) Livre de la Jungle en 2012.
À l’inverse d’une figurine produite en édition limitée sur une année et qui ne comporte donc qu’un seul et même symbole, une même figurine produite en « open edition » peut être marquée de symboles différents, celle-ci ayant été produite pendant plusieurs années consécutives avant de bénéficier d’une mise à la retraite (« retirement »).
Au cours de ses vingt années d’existence, la Walt Disney Classics Collection a produit plusieurs centaines de figurines différentes, dépeignant des personnages issus de quarante-deux Grands Classiques Disney, de Blanche Neige et les Sept Nains (1937) à Raiponce (2010), de sept films Pixar, de nombreux cartoons (Mickey Mouse, Silly Symphonies, Donald Duck, Dingo…), mais aussi de films mêlant scènes live et animation (tels que Mélodie du Sud, Mary Poppins, Qui Veut la Peau de Roger Rabbit…). Outre les films et cartoons, la collection s’est intéressée à des Personnages inspirés d’attractions de Parcs Disney tels que les fantômes de Haunted Mansion, les pirates de Pirates of the Caribbean, ou encore les poupées de "it’s a small world". Le dragon Figment, héros de l'attraction Journey Into Imagination à Epcot, a quant à lui eu l’honneur d’inspirer sept sculptures différentes.
Mickey a fait l'objet de plus de cinquante déclinaisons différentes au sein de la collection
D’autres Personnages Disney populaires ont été représentés à de nombreuses reprises dans la collection. Outre Mickey Mouse (sculpté plus de cinquante fois) et ses principaux amis (Minnie, Dingo, Donald et Pluto), certains personnages ont eu le privilège de figurer sur plus de dix modèles différents, à l’instar de Blanche Neige, Pinocchio, Jiminy Cricket, Cendrillon, la Fée Clochette ou encore Belle. Mais la force de la collection tient aussi dans son choix de valoriser des personnages plus secondaires, tels que Scat Cat et sa bande de chats de gouttière des (Les) Aristochats, Adam de la Halle, Bobby et Toby de Robin des Bois, ou encore Pecos Bill, Slue Foot Sue et Johnny Pépin de Pomme de Mélodie Cocktail.
Pinocchio est un des personnages les plus déclinés en figurines WDCC
Au fil des années, la WDCC a développé des séries spéciales de figurines en édition limitée. Chaque année, de 1996 à 2001, une figurine spéciale était produite en édition limitée sous l’appellation Disneyana, du nom d’une convention se déroulant dans un hôtel de Walt Disney World Resort. Réunis pour des séminaires et des rencontres, les fans pouvaient aussi acquérir des produits dérivés Disney exclusifs de différentes marques (Goebel, Robert Olszewski, Lenox…). La figurine WDCC numérotée était vendue sur place durant quelques semaines jusqu’à épuisement et n’était plus produite par la suite (à l’exception de la première d’entre elles, Pongo et ses chiots, qui a été relancée en « open édition » pendant quelques temps).
Walt Disney Studios Holiday Card Series
À partir de 1997, certaines figurines produites en édition limitée sont commercialisées sous le label « Gold Circle » auprès de revendeurs sélectionnés. La première d’entre elles, « Donald’s Debut », rend hommage au célèbre canard lors de sa première apparition à l’écran dans le cartoon Une Petite Poule Avisée (1934). Outre la première apparition de Daisy et de Dingo, cette série dépeint aussi des moments romantiques entre deux amours naissants (Belle et la Bête, Ariel et le Prince Éric, Aurore et le Prince Philippe, Pongo et Perdita, Aladdin et Jasmine) ainsi que trois scènes inspirées de cartes de Noël réalisées par les Walt Disney Animation Studios pour les fêtes de fin d'année 1936, 1948 et 1956.
À l’été 2000, la collection lance la Signature Series rassemblant des sculptures spectaculaires de par leur taille, reproduisant une scène entière d’un film d’animation et associant plusieurs personnages. La première de la série, « Soups On », représente ainsi Blanche Neige regardant les Sept Nains réunis autour de la table pour déguster la soupe qu’elle leur a préparée. Produite à 1937 exemplaires (en hommage à l’année de sortie du film), elle s’inspire d’une scène confiée à Ward Kimball et coupée de la version finale de Blanche Neige et les Sept Nains. Par la suite, huit autres figurines ont été réalisées pour cette série, au rythme d’une par an jusqu’en 2009.
Figurines de la Signature Series
Outre les Personnages, la Walt Disney Classics Collection a célébré les lieux les plus emblématiques des films d’animation Disney à travers la série Enchanted Places. Parmi les sculptures les plus notables figurent les maisons des Trois Petits Cochons, la chaumière et la mine de diamants des Sept Nains, la maison du Lapin Blanc, le Jolly Roger, navire du Capitaine Crochet, l’arbre de Winnie l’Ourson, la grotte d’Ariel, le palais d’Agrabah, ou encore les châteaux de Cendrillon, La Belle au Bois Dormant et La Belle et la Bête. Chaque pièce peut s’accompagner de miniatures de certains personnages s’insérant parfaitement dans les lieux.
Toutes les figurines Enchanted Places ont été réalisées par le sculpteur et peintre de renom Robert Olszewski. Après avoir conçu une maison de poupée pour sa fille, il se focalise rapidement sur la miniaturisation d’objets, qu’il enseigne à l’université avant de se dédier entièrement à son travail d’artiste. En 1979, il signe un contrat avec la société allemande Goebel, spécialisée dans la porcelaine, pour laquelle il réalise de nombreuses figurines et miniatures. En 1985, Olszewski participe à la création d’une collection baptisée « Marquee Classics » rassemblant des figurines de Grands Classiques Disney. En 1994, il lance sa propre société, Olszewski Studios, où il poursuit son art. L’année suivante, il est recruté par The Walt Disney Company pour concevoir les prototypes de la série Enchanted Places. Par la suite, il poursuit sa collaboration avec Disney, créant des reproductions miniatures de scènes de films d’animation (collection Story Time) puis de Parcs Disney. Il crée notamment une reproduction miniature de Main Street, U.S.A. de Disneyland Resort accompagnée du Château de La Belle au Bois Dormant, avant d’élargir ses réalisations aux bâtiments d’autres Lands du Parc, réalisés à l’échelle 1/220. En 2007, il débute une nouvelle série de réalisations, la Gallery of Light® Collection, qui présente des scènes iconiques de Grands Classiques ou d’attractions de Parcs Disney dans une boîte-cadre en trois dimensions, incluant un système d’éclairage LED illuminant la boîte et ses personnages.
Figurines Enchanted Places
Pour varier les plaisirs, la WDCC propose à partir de 1999 des figurines non colorées, dans le cadre d’une série « Whiteware Gallery ». Pour les plus déterminés, la collection peut se compléter par des bases offrant un décor à certaines figurines (le billard de Pinocchio, le divan des Aristochats…), des accessoires qui en accompagnent d’autres (la table de la rose magique de la Bête, la cheminée de la chaumière des Nains…), ainsi qu’une figurine en forme de pellicule présentant le titre de chaque film (« opening title »). Enfin, certaines figurines ont également été déclinées en version miniature pour servir d’ornements ou de décorations dans un sapin de Noël.
Suite et Fin d'une Collection Unique et Soignée
Après avoir produit elle-même ses figurines pendant douze ans, The Walt Disney Company confie la licence de la WDCC à la société Enesco en 2004. Leader sur le marché des objets de collection, Enesco poursuit la Walt Disney Classics Collection avec sérieux, parvenant à maintenir les standards fixés en 1992 et la qualité du produit final. En témoignent les magnifiques pièces commercialisées après cette reprise, telles que celle d’Arthur retirant l’épée Excalibur de son enclume (« Seizing Destiny », 2005), de Jafar et Iago (« Villainous Vizier », 2006), de Pocahontas (« Legendary Beauty », 2006), la scène du billard de Pinocchio (2006), Peter Pan et les Sirènes (« Spinning a Spellbinding Story », 2007), ou encore la scène de la prison de l’attraction Pirates of the Carribean (« Here Give Us the Key ya Scrawny Little Beast! », 2008) pour n’en citer que quelques-unes.
Si elle poursuit son exploration de personnages emblématiques des chefs-d’œuvre de Disney, la collection tente aussi de se diversifier. Il est vrai que depuis 1995, les films Pixar ont ouvert un nouveau champ des possibles. La WDCC avait accueilli les premières figurines Pixar inspirées du film Toy Story dès 1998 avec Buzz l'Éclair et Woody, suivis de la Bergère, Bayonne et Rex. Ont ensuite eu les honneurs de la collection Jessie et Pile-Poil de Toy Story 2, Bob Razowski, Jack Sullivent et Boo de Monstres & Cie en 2002, Nemo, Marin et Dory du (Le) Monde de Nemo en 2003, ou encore Monsieur Indestructible et Jack-Jack des (Les) Indestructibles en 2004. L’adaptation en figurines de personnages issus de films en 3D semble toutefois moins aisée que ceux en animation traditionnelle. En témoignent de nouvelles figurines de Woody et Buzz commercialisées en 2005 et 2006, dont le rendu visuel au niveau des expressions du visage apparaît peu convaincant.
Au fil des années, certaines figurines révélées ont pu surprendre ou apparaître en-dessous de la qualité à laquelle la WDCC a habitué son public depuis ses débuts, à l’image de cet Aladdin surfant sur l’or (« Racing To The Rescue », 2009) dont l’expression faciale est clairement ratée. Au-delà de ces exemples à la marge - le tout restant soumis à une dose de subjectivité pour chaque collectionneur - la WDCC a réussi à maintenir un haut niveau de qualité tout en proposant chaque année un large panel de figurines inspirés de Grands Classiques Disney, de films Pixar, de cartoons ou encore d’attractions iconiques de Parcs Disney.
Il a déjà été dit plus haut que la Walt Disney Collectors Society, le programme d’abonnement historique à la collection, a cessé d’exister fin 2009, tout comme le magazine Sketches qu’elle produisait. Cette suspension a laissé beaucoup de membres de la première heure dubitatifs, certains s’interrogeant sur cette annonce quelques semaines seulement après le lancement de D23: The Official Disney Fan Club, destiné à regrouper les fans Disney, et dont la première convention s’était réunie du 10 au 13 septembre 2009 à Anaheim, en Californie. Il pouvait en effet s’avérer contre-productif de laisser vivre un programme d’abonnement à une collection en parallèle à cette nouvelle structure visant à fédérer les fans de façon plus large que la compagnie voulait promouvoir. L’espoir était toutefois permis d’envisager un retour d’un programme d’abonnement à la WDCC dans le cadre de D23.
Malheureusement, les espoirs ont vite été douchés. Le contrat de partenariat entre The Walt Disney Company et la société Enesco pour la production de la collection a pris fin le 31 décembre 2012. Quelques jours avant cette date, Enesco annonce qu’elle repasse le flambeau à Disney et que la collection continuerait sous une nouvelle licence qui serait annoncée début 2013. Effectivement, le 3 janvier, Precious Moments Inc., une société spécialisée dans la vente de figurines et objets-cadeaux de collection, fait savoir qu’elle reprend la licence de la WDCC, avec des premières figurines à venir pour le mois de septembre. L’annonce promet que la collection « continuera à partager les mêmes standards de créativité, d’excellence et de qualité ».
Mais quand un visuel présentant ce qui semblent être les premières figurines prévues à la commercialisation sont diffusées sur le web, c’est la douche froide. La qualité réputée de la WDCC n’est clairement pas au rendez-vous et les choix de représentation des personnages interrogent. Blanche Neige, Cendrillon et Belle apparaissent ainsi dans des robes trop scintillantes, chacune revêtue d’une couronne qu’elle ne porte jamais dans son film d’origine, à laquelle s’ajoute, pour Cendrillon, une paire de bracelets totalement superflue. Le soin apporté aux détails et la fidélité à une pose précise issue du film original semblent oubliés. Une autre figurine qui dépeint Mickey en costume de cowboy agitant un lasso, n’évoquant aucune de ses apparitions audiovisuelles, finit d’achever le fan espérant une continuité de la collection fidèle à sa promesse d’origine.
Face aux réactions suscitées par la diffusion de ce visuel, Precious Moments Inc. fait machine arrière en précisant que les figurines présentées n’ont pas été approuvées par Disney et qu’il s’agissait de prototypes ne représentant pas ce que serait le produit final. Cette annonce laisse dubitatif car les prototypes révélés ont finalement bien été commercialisés par la suite, au sein de la gamme Disney Showcase. Il faut attendre novembre 2013 pour un dénouement final : dans un communiqué, Precious Moments Inc. annonce qu’après de nouvelles consultations avec Disney, il est finalement décidé de ne pas aller plus loin dans la reprise de la Walt Disney Classics Collection. Les collectionneurs de la première heure sont donc enfin fixés sur l’arrêt de la collection après vingt ans d’existence, et nombreux saluent cette décision : la WDCC se termine sans que sa qualité ne soit entachée.
Si la collection a pris fin et que la vente des figurines s’est arrêtée en 2013, les plus ardents collectionneurs ont, eux, poursuivi leur passion par le biais du marché de la revente d’occasion. Les figurines tant recherchées se dénichent sur des sites de vente en ligne comme eBay, parfois à des prix multipliés par deux, trois voire plus par rapport au prix de commercialisation initial. Si cette vente d’occasion se constatait déjà avant 2013, elle s’est accentuée après la fin officielle de la collection et encore aujourd’hui, il n'est pas rare de trouver certaines annonces proposant des figurines pour plusieurs milliers d’euros. Au-delà de la valeur donnée par certains revendeurs à leurs objets, la vente d’occasion doit se pratiquer avec prudence, tant il est fréquent de constater des annonces peu précises - voire carrément malhonnêtes - qui cachent des exemplaires cassés ou détériorés, sans boîte originale ou certificat d’authenticité. Les collectionneurs qui ont malgré tout sauté le pas ont parfois rencontré quelques déconvenues (une figurine mal emballée ou mal protégée arrivée à destination en miettes), mais cet achat d’occasion reste aujourd’hui l’unique moyen de compléter sa collection !
Avec la Walt Disney Classics Collection, les studios Disney ont offert aux passionnés de leurs films d’animation ce qu’ils pouvaient rêver de mieux : une collection de figurines riche et soignée, attachée aux détails et fidèle aux œuvres dont elle s’inspire pour donner vie à un incroyable nombre de personnages initialement conçus sur une planche à dessin. Au cours de ses vingt-et-un ans d’existence, la collection a proposé près de mille figurines différentes d’un grand standing, selon un processus de conception et de fabrication unique et soigné.
Il n’y a qu’un seul véritable défaut à reprocher à la Walt Disney Classics Collection : qu’elle se soit malheureusement arrêtée (même si cette décision est préférable au fait d’avoir vu la qualité décliner), donnant dès lors une valeur financière et sentimentale inestimable à chaque figurine produite et aujourd’hui détenue par les collectionneurs qui ont eu la chance de pouvoir les acquérir. Il reste à espérer que The Walt Disney Company aura un jour l’idée de relancer une production d’objets de collection d’une telle qualité, inégalée jusqu’à ce jour.