Walt Stanchfield
Date de naissance : Le 14 juillet 1919 Lieu de Naissance : Los Angeles, en Californie, aux États-Unis Date de Décès : Le 03 septembre 2000 Lieu de Décès : Comté de Santa Barbara, en Californie, aux États-Unis |
Nationalité : Américaine Profession : Animateur |
La biographie
Au milieu des années 1970, le département animation des studios Disney est en plein marasme. Depuis la mort des deux fondateurs de l’entreprise, Walt et Roy, les résultats au box-office se font plus ternes. Année après année, les artistes de la première heure se retirent tous progressivement. Une nouvelle génération doit à présent faire ses gammes afin de prendre le relais. Pour l’assister et préserver l’héritage commun, certains vétérans font alors le choix de rester en fonction encore quelque temps afin de former les plus jeunes. Burny Mattison, Eric Larson, Mel Shaw, Elmer Plummer ou bien encore Vance Gerry se donnent ainsi pour mission de leur passer le flambeau avec le concours d’un autre pionnier, Walt Stanchfield.
Walt Stanchfield
Walter Herman (Walt) Stanchfield voit le jour le 14 juillet 1919 à Los Angeles. Son diplôme de fin d’études en poche, il se lance dans une carrière d’animateur et intègre dès 1937 l’équipe de Charles Mintz. Simple assistant, il collabore alors à la production de certains cartoons mettant notamment en scène le personnage de Krazy Kats. Marié à Gladys Dorothea Wilson le 22 novembre 1940, Stanchfield poursuit en parallèle son apprentissage au sein de l’Institut Chouinard (actuelle CalArts). L’expérience ne dure cependant pas. Au moment où les États-Unis entrent à leur tour dans la Seconde Guerre mondiale, Walt Stanchfield fait le choix de quitter sa table de dessin pour s’engager dans les rangs de l’U.S. Navy.
Servant dans le Pacifique, Walt Stanchfield revient en Californie à la fin du conflit. Après deux années passées chez Walter Lantz, il est finalement engagé par les studios Disney en 1948. Assistant animateur auprès de John Lounsbery, il est immédiatement associé à la production du (Le) Crapaud et le Maître d’École durant laquelle il planche sur quelques scènes avec Ichabod Crane et Katrina. Aux côtés de Lounsbery durant près de dix ans, il donne ensuite vie aux souris dans Cendrillon, aux créatures de la forêt de Tulgey, au Chat du Cheshire et aux fleurs dans Alice au Pays des Merveilles, à Monsieur Darling et aux garçons perdus capturés par les Indiens dans Peter Pan, ou bien encore à Joe et Tony dans La Belle et le Clochard.
Au cours de la deuxième moitié des années 1950, Walt Stanchfield devient l’assistant d’Ollie Johnston. Promu animateur, il anime alors les fées ainsi que les animaux de la forêt dans La Belle au Bois Dormant avec Hal King, Don Lusk, Cliff Nordberg et Blaine Gibson. Suit la production des (Les) 101 Dalmatiens durant laquelle Stanchfield participe surtout à la mise au net des dessins de Johnston. Des semaines durant, il s’évertue à reproduire au mieux les milliers de taches présentes sur les fourrures de Pongo, Perdita et des chiots. Il participe ensuite à la création de la séquence du duel entre Merlin et Madame Mim dans Merlin l’Enchanteur. Toujours avec Johnston, il dessine en particulier le personnage d’Arthur qui, changé en oiseau, assiste au combat dantesque entre le magicien et la sorcière.
Crédité pour la première fois au générique du moyen-métrage Winnie l’Ourson et l’Arbre à Miel, Walt Stanchfield atteint réellement le sommet de sa carrière avec Le Livre de la Jungle, un film pour lequel il peut en effet dévoiler toute l’étendue de son talent en animant des dizaines de segments. Il anime notamment Baloo qui hurle après les singes qui viennent d’enlever Mowgli. Il dessine également ces derniers qui applaudissent des deux mains leur maître, le roi Louie. Stanchfield se charge d’une partie du combat entre Shere Khan et le « Petit d’homme » qui ose avec courage ramasser un bâton pour affronter le puissant tigre. Aussi à l’aise dans des scènes d’action que dans les passages plus calmes, il conçoit une partie de la scène durant laquelle la panthère Bagheera informe Baloo sur la nécessité de ramener Mowgli au village des hommes. Walt Stanchfield anime enfin une partie de la séquence finale durant laquelle le héros, intimidé, s’approche doucement de la mystérieuse jeune fille qui descend du village pour chercher de l’eau à la rivière.
Animateur sur Winnie l’Ourson dans le Vent et Les Aristochats puis Superviseur de la mise au net sur L’Apprentie Sorcière et Robin des Bois, Walt Stanchfield décide de prendre sa retraite au début des années 1970. Marié en secondes noces avec Dolores Marie Warford qu’il épouse le 28 décembre 1975, six mois après le décès de sa première femme, l’artiste est cependant rappelé par Ed Hansen, le chef du personnel des studios Disney. La production des (Les) Aventures de Bernard et Bianca est en effet au point mort. L’ancienne génération est sur le départ alors même que la nouvelle génération n'est pas encore véritablement formée et apte à prendre la relève. Stanchfield reprend alors sa place d’assistant auprès d’Ollie Johnston avec qui il travaille pour la dernière fois. Il occupe ensuite un poste de superviseur de l’équipe d’assistants pendant la conception du (Le) Petit Âne de Bethléem.
N'imaginant pas reprendre sa carrière, Walt Stanchfield sert comme assistant animateur du téléfilm A Family Circus Christmas, une réalisation d’Al Kouzel créée pour le compte des Cullen-Kasdan Productions et diffusée sur NBC. S’il travaille ponctuellement pour la concurrence, il n’en abandonne pas pour autant les studios Disney. Alors que la production de Rox et Rouky débute sous la direction de Wolfgang Reitherman qui passe bientôt le relais à Art Stevens, Ted Berman et Richard Rich au poste de réalisateur, il est ainsi chargé de coordonner l’animation du film. Pour ce faire, Stanchfield crée les différentes feuilles de modèles permettant aux jeunes artistes de dessiner les différents protagonistes de la même manière tout au long du film. Il vérifie par ailleurs chaque séquence afin de s’assurer que l’animation est suffisamment qualitative.
Les productions des (Les) Aventures de Bernard et Bianca et de Rox et Rouky sont ainsi les terrains d’essai de la nouvelle génération de dessinateurs. Avec Eric Larson et Elmer Plummer, Walt Stanchfield crée en parallèle un programme d’entraînement afin de les mettre au niveau. Chaque semaine, il organise ainsi des conférences, des lectures et des séances de dessins. Mis face à des modèles invités aux studios pour prendre la pose, des artistes tels que Brad Bird, John Lasseter, Don Bluth, Joe Ranft, John Musker, Ron Clements, Henry Sellick, Glen Keane, Andreas Deja, Nancy Beiman et Mark Henn profitent de l’expertise de Stanchfield. Tous seront alors au cœur de la renaissance de l’animation durant les années 1990 avec des classiques comme La Petite Sirène, La Belle et la Bête, Le Roi Lion, L’Étrange Noël de Monsieur Jack, Toy Story, Anastasia ou Le Géant de Fer. Pour illustrer ses propos, il n'est pas rare que Stanchfield sorte des archives d'anciennes séquences animées réalisées par des experts aussi talentueux que Milt Kahl. Photocopiées, les esquisses sont alors commentées, annotées et simplifiées avant d'être distribuées aux artistes en herbe.
Dessins d'animation de Milt Kahl commentés par Walt Stanchfield
Walt Stanchfield conserve son rôle de consultant et de coordinateur de l’animation lors de la conception du (Le) Noël de Mickey puis de Taram et le Chaudron Magique, Basil, Détective Privé, Qui Veut la Peau de Roger Rabbit et enfin Oliver & Compagnie, son ultime participation à la filmographie des studios Disney. Ses lectures et autres conférences ne s’arrêtent cependant pas pour autant, l’artiste venant partager son talent et son expérience durant toute la décennie 1990.
Walt Stanchfield disparaît le 3 septembre 2000 (ou le 7 septembre selon certaines sources). Il avait quatre-vingt-un ans. Le générique de fin du long-métrage Atlantide, l’Empire Perdu mentionne son nom, avec un ultime remerciement de la nouvelle génération pour l’un de ses mentors. Les notes et les lectures seront compilées neuf ans plus tard par Don Hahn au sein d’un ouvrage en des deux tomes, Drawn to Life: 20 Golden Years of Disney Master Classes. « Les films de Walt Disney ont inspiré chacun de nous », expliquait Hahn dans un entretien, « Mais en réalité, il y avait deux Walt aux studios, Walt Disney et Walt Stanchfield. Durant toutes ces années, Walt a développé un enthousiasme débordant à l’idée d’enseigner son art. Chaque semaine, il dirigeait ses nombreux cours de dessin à grands renforts de croquis qui, en plus de nous apprendre les principes de l’animation, nous inculquaient aussi la philosophie et de belles leçons de vie ».
« Peu d’artistes sont capables d’être de bons professeurs », ajoutait Andreas Deja, « Mais Walt Stanchfield était un sacré bon instructeur parvenu à inspirer de nombreuses personnes travaillant pour Disney dans les années 1980 et 1990. Durant ses cours, il ne voulait pas que vous recopiiez le modèle sur papier, il voulait que vous l’interprétiez vous-même afin, ensuite, de pouvoir l’animer. Il fallait intégrer le rythme du corps, pousser la ligne d’action et ressentir le poids. Il passait fréquemment en revue le travail des jeunes recrues et les aidait à trouver l’essence d’une pose et à la transcrire de manière claire et souvent amusante. Walt n’était peut-être pas l’un des meilleurs animateurs de Disney, mais il a fait un merveilleux travail de mise au net pour plusieurs des Neuf Vieux Messieurs avant de passer à son tour à l’animation au début des années 1960. Nous adorions ses cours non conventionnels qui tranchaient tellement avec ceux de l’école d’art. C’est lui qui nous a aidés à développer nos compétences en dessin et notre capacité à observer ».