La Déesse du Printemps
Titre original : The Goddess of Spring Production : Walt Disney Animation Studios Date de sortie USA : Le 3 novembre 1934 Série : Genre : Animation 2D |
Réalisation : Wilfred Jackson Musique : Leigh Harline Durée : 9 minutes |
Autre(s) disponibilité(s) aux États-Unis : |
Le synopsis
La Déesse du printemps se fait enlever par Hadès... |
La critique
En 1934, Walt Disney n'est toujours pas convaincu du caractère pérenne de ses productions. La mode passée, il craint par dessus tout, une "ringardisation" de ses produits et une bouderie du public. Le succès présent, aussi grand soit-il, des Mickey Mouse et des Silly Symphonies ne constitue pas en effet une assurance pour la vie. Dès lors, tout naturellement, l'idée d'un long-métrage traverse l'esprit du Maître au point d'en devenir bientôt une obsession. Walt Disney, seul contre tous, est persuadé qu'un film d'animation mettrait sa compagnie à l'abri du besoin et pour longtemps. Ainsi, un fameux soir de 1934, il réunit toute son équipe et lui annonce le défi qu'il souhaitait voir relever : Blanche Neige et les Sept Nains.
Si les sept nains accèdent bien vite et fort logiquement à leur apparence
finale, Blanche Neige, la Reine ou le Prince donnent, eux, du fil à retordre à
leurs concepteurs. Aussi, est-il décider de mettre les Silly Symphonies
à contribution pour servir de ban d'essai.
Une jeune fille "réelle" apparaît donc, malicieusement, en 1934 dans le
court-métrage La Déesse du Printemps. C'est la toute première fois qu'un
personnage humain non caricatural s'invite dans une œuvre des studios Disney. Et
force est de constater qu'il reste du travail à faire ! Son apparence pèche, il
est vrai, beaucoup, offrant au spectateur plus un pantin désarticulé qu'une jolie
jeune fille. La déesse bouge, en effet, très mal et ne sait visiblement que
faire de ses mains. Sa texture, quant à elle, laisse à désirer, prenant des airs
de caoutchouc et non de chair humaine. Son visage, enfin, peu expressif semble
lui fait de porcelaine.
La marge de progrès pour rendre un personnage humain crédible et attachant
apparait alors immense.
Pour autant, La Déesse du Printemps ne peut être considéré comme un
échec total. Son histoire, adaptée de la mythologie grecque, reste d'abord et
avant tout un récit sympathique, même si les studios Disney l'édulcorent considérablement en supprimant
notamment les
personnages de Zeus et Déméter.
Perséphone d'une rare beauté est élevée dans le plus grand secret par sa mère
Déméter en Sicile. Alors qu'elle se retrouve seule, Hadès, son oncle, enlève la
jeune fille pour en faire sa reine. Déméter se lance alors à sa recherche
pendant neuf jours et neufs nuits. Echouant dans sa quête, elle décide, pour se
venger, que la Terre serait affamée tant que sa fille ne lui serait pas rendue.
Elle apprend alors du Soleil la vérité sur la disparition dont l'affaire est
finalement portée devant Zeus. Le Dieu des Dieux, refusant de froisser ni
Déméter ni Hadès, met alors en place un compromis. Perséphone passera désormais
les six mois automnaux et hivernaux aux Enfers aux côtés de son époux et les six
autres sur Terre pour aider sa mère pendant le printemps et l'été.
Outre son récit, l'autre vraie réussite du cartoon est le personnage d'Hadès. Son apparence se rapproche en effet plus de Satan que d'une divinité grecque. Son monde souterrain s'apparente d'ailleurs à celui développé par Ub Iwerks dans le cartoon des Silly Symphonies, Les Cloches de l'Enfer, sorti en 1929. Le monde démoniaque y est tout simplement saisissant. La Belle au Bois Dormant aura vingt cinq années plus tard le même recours aux couleurs et aux flammes pour l'environnement de Maléfique.
Au final, La Déesse du Printemps est un cartoon bancal. Si l'histoire et la partie des enfers sont superbes, l'aspect expérimental de la déesse plombe l'ensemble. Les spectateurs se consoleront néanmoins en pensant que, sans lui, Blanche Neige n'aurait jamais été une si belle princesse...