Mélodies Égyptiennes
Titre original : Egyptian Melodies Production : Walt Disney Animation Studios Date de sortie USA : Le 27 août 1931 Série : Genre : Animation 2D |
Réalisation : Wilfred Jackson Musique : Frank Churchill Durée : 6 minutes |
Disponibilité(s) en France : |
Le synopsis
Dans une pyramide de l'Égypte ancienne, momies et hiéroglyphes prennent vie... |
La critique
Mélodies Égyptiennes est un cartoon des Silly Symphonies qui possède une animation particulièrement innovante pour l'époque.
Mélodies Égyptiennes est marqué dans sa conception par la présence de quelques grands noms de l’animation tels que Dave Hand ou Ben Sharpsteen. Il faut notamment souligner la magnifique séquence de la descente des escaliers par l'araignée animée par Dave Hand. La perspective est réellement bluffante, donnant l'impression d'un personnage évoluant dans un jeu vidéo, des décennies avant son invention. L'effet sera d'ailleurs réutilisé deux ans plus tard dans le cartoon The Mad Doctor en 1933. La composition de la musique est confiée quant à elle à Frank Churchill ; le cartoon reprenant, à la grande différence des précédents opus de la série des Silly Symphonies, un seul morceau de musique classique, Ballet Égyptien (1875), de Alexandre Luigini.
Mélodies Égyptiennes commence logiquement en Égypte, près des pyramides de Gizeh, et en particulier à proximité du grand Sphinx. La caméra s'avance et le spectateur remarque une araignée qui fait de la musique en jouant de la harpe au moyen de son fil et de sa toile. Mais un drôle de bruit semble sortir des tréfonds du Sphinx via la porte qui se situe entre ses deux pattes avant. Celle-ci s'ouvre soudainement et l'arachnide inspecte précautionneusement l'ouverture en demandant au public de se taire, brisant là le quatrième mur. Sa curiosité l'emportant, elle décide d'explorer le site archéologique en demandant aux spectateurs de la suivre. Elle pénètre alors dans le Sphinx totalement plongé dans l'obscurité. Petit à petit, les yeux du public s'habituent et les décors deviennent moins flous.
L'araignée descend alors un escalier qui mène à un couloir perpendiculaire aboutissant à un autre escalier et ainsi de suite. Il faut encore une fois saluer l'incroyable travail d'animation qui rend le mouvement particulièrement réaliste, surtout vu les moyens techniques tout à fait sommaires de l'époque. C'est absolument impressionnant ! Surtout que les scénaristes ont prévu quelques péripéties comme une pierre qui s'écroule du plafond ou encore l'arachnide qui trébuche en chemin. Le tout amène un joli suspense sur ce qui peut bien se trouver en bas de l'édifice et ce que va découvrir l'araignée. Elle tombe ainsi devant un sablier qui se déclenche en faisant du bruit. Effrayée, l'exploratrice se cache dans un sarcophage avant de se rendre compte qu'une momie se trouve à l'intérieur.
Quatre momies se mettent alors à danser tandis que l'arachnide se cache dans une jarre. Après leur numéro, elles retournent dans leur sarcophage tandis que la caméra s'avance vers le mur et opère un gros plan sur un hiéroglyphe. Les personnages, représentant des soldats égyptiens dessinés sur le mur, se mettent alors à s'animer dans une belle parade faisant le tour de la pièce. Là encore, les animateurs se surpassent grâce à un plan du plus bel effet où les dessins restent le long du mur, même lorsque ceux-ci passent via un coin carré. D'ailleurs, pour insister sur ce parti pris graphique, l'un des soldats va tout droit puis se rend compte qu'il n'a pas pris le bon chemin. Il se retourne dans le vide, montrant ainsi qu'il est en deux dimensions puis s'empresse de revenir sur le mur, signant là un beau moment de plausible impossible.
Tous les soldats défilent en réalité devant le pharaon qui regarde la parade depuis une bande supérieure de hiéroglyphes. Il assiste ensuite à un spectacle de musiciens qui jouent des cymbales, une dans chaque main et une troisième accrochée à son fessier. Au-dessus du monarque se trouve une troisième bande de hiéroglyphes où va se dérouler une course de chars tirés par des chevaux. Le départ est donné, faisant s'affronter deux adversaires, un habillé de blanc et l'autre de noir. Leurs supporters parmi les soldats sont de nombre égal, se distinguant également par la couleur de leur habit et de leur arme. Les deux camps commencent alors à se disputer pour savoir qui va gagner. C'est à ce moment-là que l'araignée décide de quitter sa cachette. Voyant les dessins aux murs devenus complètement fous et se mettre à bouger dans tous les sens, elle prend ses jambes à son cou et quitte précipitamment le Sphinx en courant loin dans le désert.
Mélodies Égyptiennes est un cartoon étonnant par l'inventivité de son animation même si l'histoire reste, elle, très sommaire.