Le Vilain Petit Canard
Titre original : The Ugly Duckling Production : Walt Disney Animation Studios Date de sortie USA : Le 7 décembre 1931 Série : Genre : Animation 2D |
Réalisation : Wilfred Jackson Musique : Frank Churchill Bert Lewis Durée : 6 minutes |
Disponibilité(s) en France : |
Le synopsis
Un poussin se fait rejeter par sa mère et ses frères car son apparence est différente... |
La critique
Le Vilain Petit Canard est un cartoon des Silly Symphonies qui prend des airs d'ébauche en noir et blanc de son merveilleux remake en couleur sorti en 1939 et auréolé, lui, d'un Oscar.
Le Vilain Petit Canard est marqué dans sa conception par la présence de quelques grands noms de l’animation tels que Les Clark, Dick Lundy ou Clyde Geronimi. L'identité du compositeur porte en revanche à caution et oscille entre Bert Lewis et Frank Churchill, avec une possibilité non négligeable qu'ils aient travaillé ensemble sur le court-métrage. Le cartoon reprend, comme les précédents opus de la série des Silly Symphonies, de nombreux morceaux en guise d'accompagnement musical. Peuvent ainsi être reconnus des extraits de Peek-a-boo tiré du musical Friend and Foe (1881) de William J. Scanlan, By Heck tiré du musical Push and Go (1914) de S. R. Henry, Ouverture de l'opéra Guillaume Tell (1829) de Gioachino Rossini et Furioso #1 : Thunderstorm (1916) d'Otto Langey.
Le Vilain Petit Canard se base sur le fameux conte éponyme d'Hans Christian Andersen. Cet auteur danois, né en 1805 et issu d'un milieu misérable, perd son père encore enfant. Il quitte alors très vite le giron familial et se met à travailler dès l'âge de 14 ans. Il exerce ainsi plusieurs métiers, notamment dans le domaine artistique. S'il reste désargenté, une rencontre va changer sa vie. Il fait en effet la connaissance du Directeur du Théâtre Royal de Copenhague qui le prend sous son aile et finance, plus tard, ses études. Baccalauréat en poche, Hans Christian Andersen se décide bien vite à publier son tout premier livre, Promenade du Canal de Holmen à la Pointe Orientale d'Amagre, qui ne rencontre toutefois qu'un succès relatif. Il visite alors différents pays, notamment la France et l'Italie, dont les paysages lui serviront de décors pour certains de ses textes ultérieurs. De retour au Danemark, il publie Contes pour Enfants. Le succès est cette fois-ci immédiat. Toujours entre deux voyages, il écrit par la suite d'autres volumes de ses récits enfantins, mais aussi des poèmes, pièces de théâtre et romans. Destinés en premier lieu aux enfants, les contes d'Andersen s'adressent en réalité à un plus large public, tant ils bénéficient par leurs poésies, leurs morales et leurs thèmes de différents niveaux de lecture.
Le récit du cartoon diffère de celui du conte en cela qu'il ne s'agit pas d'un cygne qui naît dans une famille de canards mais d'un canard qui naît dans une famille de poussins. Le court-métrage commence alors qu'une poule attend que ses œufs éclosent. Elle est alors toute fière de voir six petits beaux poussins. Mais étonnamment, un septième et dernier œuf met du temps à éclore. Il en sort alors un spécimen vraiment affreux au long bec et avec un cri ressemblant plus à un klaxon qu'à des jolis piaulements. La mère le rejette alors tout de suite. Le pauvre petit vilain canard suit ainsi ceux qu'il prend pour sa famille mais la poule ne veut pas qu'il les approche durant leur activité ; que ce soit quand ils chassent une chenille ou pour se désaltérer. Une scène déchirante se produit lorsque le canard pense avoir trouvé une autre chenille et tente de la sortir du sol. Les poussins veulent alors lui chiper et le poussent pour enlever le fameux « ver ». Sauf que ce n'est pas un ver mais un ressort enterré. Et en l'enlevant, les oisillons se font mal. La poule accourt pour les consoler et accuse le canard de l'avoir fait exprès, le frappant même de colère pour lui faire comprendre qu'elle ne veut pas de lui.
Dépité, le vilain petit canard va faire le tour de la ferme. Mais tous les animaux, que ce soient la vache, le chien, ou même la grenouille, le rejettent. Effondré, il ne supporte même plus de voir son reflet dans l'eau du lac. Il préfère aller pleurer dans son coin. Mais tout à coup, le vent se lève. Une tornade approche et menace tous les habitants de la ferme ; emportant tout sur son passage. Le cartoon en profite pour proposer quelques gags visuels à l'image de la vache qui en ressort complètement entortillée ou du chien qui perd la moitié de sa fourrure. Le canard retourne auprès de la famille qui l'a pourtant rejeté afin de les prévenir du danger. La mère et ses poussins se cachent alors dans une cabane en bois, oubliant encore le canard. Mais pas de chance pour eux, l'abri est emporté par la tornade. Si la poule retombe sur terre, les oisillons toujours enfermés dans le poulailler de fortune tombent eux dans la rivière. Ils sont bien vite menacés de tomber dans la chute d'eau. Le vilain petit canard, qui lui sait instinctivement nager, n'écoute que son courage et va sauver ses frères dans un bel acte héroïque. Après un intense suspense, quelques trouvailles visuelles et une belle scène d'action près des chutes d'eau, le vilain petit canard ramène les poussins sur la berge. Il est alors accueilli en héros par la poule qui le considère enfin comme son fils.
Le Vilain Petit Canard montre à quel point les artistes Disney font d'énormes progrès. De cartoons simplement fait de danses et de musiques, les Silly Symphonies proposent de plus en plus des histoires construites avec des personnages attachants qui amènent de l'émotion. Ainsi, ce petit canard en noir et blanc est sûrement parmi les premiers personnages de Walt Disney à faire couler des larmes aux spectateurs.