Le Dragon Récalcitrant
Titre original : The Reluctant Dragon Production : Walt Disney Animation Studios Date de sortie USA : Octobre 1975 Série : Genre : Animation 2D |
Réalisation : Hamilton Luske Durée : 20 minutes |
Disponibilité(s) en France : | Autre(s) disponibilité(s) aux États-Unis : |
Le synopsis
Un petit garçon découvre la cachette d’un dragon pas comme les autres qui aime prendre du bon temps, jouer et chanter : il ne crache pas de feu et déteste également se battre... |
La critique
Le moyen-métrage, Le Dragon Récalcitrant, est à l'origine partie intégrante du long-métrage d'animation, Le Dragon Récalcitrant, sorti le 20 juin 1941. Il ressort ici, en tant que cartoon indépendant, en format 16mm.
Le Dragon Récalcitrant repose sur une nouvelle de Kenneth Grahame.
Ce dernier est né à Edimbourg, en Ecosse en 1859. Il travaille alors pour la
Banque d'Angleterre dont il devient le secrétaire général en 1898. Il écrit
parallèlement pour The Yellow Book
(anthologie de littérature anglaise de l'époque) et publie par son biais, dans
Pagan Papers en 1893, plusieurs nouvelles. Six d'entre elles décrivent la
vie de famille de cinq orphelins. De ces histoires, deux recueils sont extraits
: The Golden Age (1895) et
Dream Days (1898) ; ce dernier
comprenant la fameuse histoire du (Le)
Dragon Récalcitrant ! Ces
œuvres sont vite acclamées par la Critique pour leur vision précise et
authentique de l'enfance et l'observation aiguë de l'enfant narrateur. Elles
connaissent également un succès public retentissant en Angleterre et aux
États-Unis. Après elles, Kenneth Grahame écrit
Le Vent dans les Saules, une
suite de lettres et d'histoires racontées à son fils Alistair à l'heure du
coucher, qu'il n'a pas véritablement la volonté de voir publiée. Il en cède
toutefois le manuscrit à son éditeur américain qui... le rejette. Finalement
publié en Angleterre en 1908, Le Vent Des Saules connait d'abord un succès
mitigé. Il lui faut, il est vrai, plusieurs années avant que ces récits tournant
autour de Rat, Mole, Badger et Toad (Rat, Taupe, Blaireau et Crapaud) deviennent
un classique de la littérature anglaise. L'histoire se passe ainsi sur la
rivière d'Oxford, exactement là où Lewis Carroll racontait des histoires à la
petite Alice Liddel. En retraite, Kenneth Grahame mourra d'ailleurs à Pangourne,
en 1932, au bord de la dite rivière. En plus du
(Le) Dragon Récalcitrant, Disney
adaptera également Le Vent dans les
Saules sous le titre de La Mare
aux Grenouilles en l'incorporant au film d'anthologie
Le Crapaud et le Maître d'École.
Le Dragon Récalcitrant vaut essentiellement pour son personnage principal : le dragon. Précieux, plus efféminé que dandy, il n'a, en effet, aucune envie de se battre ou de se comporter en dragon traditionnel. Il ne pense ainsi qu'à batifoler, faire de la poésie et boire du thé. La couleur choisie, son apparence et sa démarche en font un personnage vraiment attachant. Son opposant Sir Giles (une sorte de Don Quichotte moyenâgeux) n'est pas en reste : tout aussi folklorique, il partage avec le dragon la passion de littérature. C'est finalement le petit garçon qui sert de lien et de fil directeur à l'histoire en ramenant (comme il peut) les deux protagonistes et à la bienséance, et à l'ordre établi. Il est vraiment amusant de voir l'enfant représenter la pensée conformiste tandis que les adultes (homme et dragon) sont, eux, des hurluberlus qui ne rêvent que de faire ce qu'ils aiment en contournant les règles sociales. Finalement, ils devront tout de même s'en accommoder mais en trompant leur monde et faisant semblant selon l'adage : pour vivre heureux, vivons cacher... Faut-il voir dans ces personnage et cette histoire, une parabole sur la condition homosexuelle de l'époque, la question mérite d'être posée...
Le Dragon Récalcitrant est ainsi un petit bijou de drôlerie et de tendresse. Lorgnant du coté de Ferdinand le Taureau dont il reprend la trame, il est une critique féroce contre les intolérances sociales et aprioris moraux tout en restant toujours drôle et sensible.