La Reine des Neiges

Une Fête Givrée

Le monde entier connait La Reine des Neiges ! Le film des Walt Disney Animation Studios est, en effet, devenu un véritable phénomène de société à travers la planète entière. Outre son rang de meilleur box office mondial de tous les temps pour un film d'animation (cinquième tous types confondus) avec plus de 1,27 milliards de dollars, ses produits dérivés s'arrachent ! C'est bien simple : tout ce qui est estampillé La Reine des Neiges se vend comme des petits pains : jouets, poupées, robes, DVD et autres CD de bande-originale battent des records de vente. Rien d'étonnant dans ce contexte de voir Disney surfer sur le succès du film partout : en magasin donc mais aussi dans les parcs à thème avec par exemple Chantons La Reine des Neiges ou sur scène via l'adaptation d'une comédie musicale à Broadway. Tous les experts financiers étaient même persuadés que les studios annonceraient vite une suite... Et pourtant. Les Walt Disney Animation Studios attendent le 12 mars 2015 pour annoncer La Reine des Neiges 2, la veille de la sortie, en amuse-bouche, d'un cartoon (que la presse généraliste avait d'ailleurs un peu trop vite et - surtout abusivement - envisagé comme la suite de La Reine des Neiges), en exclusivité et en première partie de Cendrillon, l'adaptation au cinéma en prises de vues réelles du célèbre Grand Classique de 1950.

Epousant l'incroyable recette de son film de référence, La Reine des Neiges : Une Fête Givrée réunit donc, dans une situation et un format - le court-métrage - inédits, tous les personnages de La Reine des Neiges ; Disney reprenant là un procédé cher à son petit frère Pixar. Depuis Monstres & Compagnie, le studio à la lampe de bureau a, en effet, pris l'habitude de proposer, en bonus de l'édition vidéo de ses films, une histoire courte mettant en scène tout le casting précédent. Cette politique a plusieurs avantages. Elle ravit, d'abord, les fans, en leur offrant des sessions supplémentaires avec leurs personnages favoris, le plus souvent dans des séquences finalement non retenues dans le long-métrage initial. Ensuite, elle permet à de jeunes artistes de se faire la main sur des projets moins exposés qu'un film de cinéma (bien que, dans le cas présent, il convient de préciser que La Reine des Neiges : Une Fête Givrée a été confié aux réalisateurs du long-métrage.) Enfin, elle propose, sans vraiment l'avouer, des suites (certes au format ultra-court) dont la réalisation est moins onéreuse car effectuée dans le sillage immédiat de celle de l'œuvre principale. Les outils de production sont, de la sorte, à disposition, la mémoire sur les personnages, totalement fraiche et le financement suffisant puisque pris sur le budget principal. La qualité ne souffre donc pas de difficulté tandis que la suite est appréhendée comme un exercice artistique plutôt qu'une recherche de profit facile.

La grande fébrilité du public n'y aura rien fait : il a fallu, il est vrai, près d'un an à Disney pour annoncer la réalisation du cartoon ; l'officialisation ayant eu lieu dans l'émission The Story of Frozen : Making a Disney Animated Classic par John Lasseter lui-même. Toute l'équipe reprend ainsi du service ; des réalisateurs Chris Buck et Jennifer Lee au compositeur Chris Buck en passant par le casting d'Idina Menzel à Kristen Bell sans oublier Jonathan Groff ou Josh Gad. Même Robert Lopez et Kristen Anderson-Lopez se sont astreints à composer une nouvelle chanson pour l'occasion, Making Today a Perfect Day. Les artistes ont donc essayé de comprendre ce qui avait fait le charme et le succès du film de référence pour le reproduire dans un petit court-métrage de 7 minutes. Ils ont, en outre, cherché à améliorer la technique en utilisant le système Hyperion créé pour son successeur au catalogue des Studios de Burbank, Les Nouveaux Héros.

En cela, La Reine des Neiges : Une Fête Givrée est un cartoon réussi. Il permet, en effet, à tous les personnages d'apparaitre utilement. Il y a ainsi d'excellentes idées dans le déroulé de l'histoire dont le pitch de départ prend sa source dans les fameuses paroles de la chanson Libérée, Délivrée : "Le froid est pour moi le prix de la liberté." A partir de là, les auteurs construisent un délire, un petit film catastrophe, en imaginant les conséquences des ratages d'Elsa quand le froid ne lui permet pas de faire ce qu'elle veut ! La fête d'anniversaire d'Anna va donc se transformer en véritable capharnaüm. Le cartoon réalise ainsi une fusion de tous les éléments du succès du film en commençant par sa chanson inédite qui dure les quatre cinquième du court-métrage. Quitte à être chantée, autant y aller à fond sachant que les airs du film sont presque tous devenus des tubes. Mais voilà... La nouvelle ritournelle est certes sympathique mais elle ne jouït pas à l'évidence, à la première écoute, de la puissance de celles du long-métrage. Disney se permet en outre de donner de nouvelles robes, très belles au demeurant, à Anna et Elsa. Démarche artistique ? Que nenni ! Il n'y a là qu'une jolie volonté mercantile de vendre de nouvelles poupées et tout ce qui tourne autour... Pourquoi s'en priver ? Le public est demandeur !

En fait, le seul vrai - et petit - reproche qui peut être formulé contre La Reine des Neiges : Une Fête Givrée est la banderole où il est écrit "Happy Birthday Anna" en anglais. Si elle permet un petit gag sympathique (qui passera totalement inaperçu aux non anglophones), elle introduit surtout une impardonnable incohérence : Arendelle est censé être un royaume se situant aux alentours de la Norvège ; l'anglais n'est donc pas la langue locale !

La Reine des Neiges : Une Fête Givrée signe un retour réussi des personnages du long-métrage dans un cartoon drolissime mené tambour battant. A déguster avec enthousiasme !