La Reine des Neiges II
Titre original : Frozen II Production : Walt Disney Animation Studios Date de sortie USA : Le 22 novembre 2019 Genre : Animation 3D IMAX 3-D |
Réalisation : Chris Buck Jennifer Lee Musique : Christophe Beck Robert Lopez Kristen Anderson-Lopez Durée : 103 minutes |
Autre(s) disponibilité(s) aux États-Unis : |
Le synopsis
Trois ans ont passé depuis qu'Elsa est devenue reine lorsqu'elle commence à entendre des voix. Pour résoudre ce mystère, elle décide de partir aux confins de son royaume accompagnée de sa sœur Anna, Kristoff, Olaf et Sven... |
La critique
Comment faire une suite à un raz-de-marée de l'ampleur de La Reine des Neiges ? Redouté comme furieusement attendu, La Reine des Neiges II est très vite apparu, à la fois, comme un pari hautement risqué sur le plan artistique mais aussi un succès financier directement assuré... À l'arrivée, ce second opus objet de toutes les convoitises réussit l'exploit d'être aussi bon, voire meilleur, que le premier ! Il est tout simplement superbe avec des visuels à tomber par terre, de nouvelles chansons entêtantes, des personnages qui évoluent avec finesse et un récit bien ficelé qui complète et approfondit l'aventure précédente tout y apportant une touche un plus sombre.
Le monde entier connaît La Reine des Neiges ! Le film des Walt Disney Animation Studios est, en effet, devenu un véritable phénomène de société à travers la planète entière. Lors de sa sortie, il rapporte pas moins de 1,27 milliard de dollars le plaçant directement comme meilleur box-office mondial de tous les temps pour un film d'animation (il a depuis été dépassé par Le Roi Lion de Jon Favreau, faux film "live" mais vrai film animé) et cinquième, tous types confondus (six ans plus tard, il a perdu dix places). La bande originale va d'ailleurs devenir le symbole de sa réussite : elle sera première des ventes aux États-Unis pendant 13 semaines non consécutives et deviendra triple disque de platine. L'album s'écoulera à dix millions d'unités dans le monde en 2014, devenant le disque le plus vendu cette année-là partout sur la planète. Rien d'étonnant alors à ce que La Reine des Neiges reçoive des professionnels l'Oscar de la Meilleure Chanson pour Libérée, Délivrée.
Outre sa bande originale, les produits dérivés du film s'arrachent toujours des années après ! C'est bien simple : tout ce qui est estampillé La Reine des Neiges se vend comme des petits pains. Jouets, poupées, robes, peluches et autres DVD battent ainsi des records de vente. Il est donc évidemment logique de voir Disney surfer sur le succès du film partout : en magasin mais aussi dans les Parcs à thème avec par exemple Chantons La Reine des Neiges à Disneyland Paris ou encore l'attraction Frozen Ever After dans le pavillon norvégien à Epcot à Walt Disney World. De même, La Reine des Neiges arrive également sur scène via une adaptation en comédie musicale montée à Broadway qui débute en 2018. Toujours dans cette volonté de faire vivre la franchise La Reine des Neiges, un programme intitulé Northern Lights est mis en place par la branche merchandising de Disney. Il consiste à proposer plusieurs livres jeunesse ainsi que le court-métrage animé LEGO, La Reine des Neiges : Magie des Aurores Boréales, diffusé à partir du 9 décembre 2016 sur Disney Channel, comme une mini-série de quatre épisodes de 5 minutes puis finalement monté comme un special de 22 minutes.
En parallèle, les Walt Disney Animation Studios prolongent le succès du long-métrage avec des projets plus courts, à commencer par le cartoon La Reine des Neiges : Une Fête Givrée proposé en première partie de Cendrillon, l'adaptation au cinéma en prises de vues réelles du célèbre Grand Classique de 1950. Afin d'entretenir la ferveur du public, il est également mis en chantier un spécial de Noël tournant autour d'Olaf, La Reine des Neiges : Joyeuses Fêtes avec Olaf, avec une première diffusion prévue sur ABC en décembre 2017 pour finalement décider de le sortir au cinéma, un mois plus tôt, en première partie du film Pixar, Coco...
Tout ce bouillonnement et surtout la performance jamais démentie de la franchise tournant autour d'Anna et Elsa convainquent tous les experts financiers que les studios annonceraient rapidement une suite... Et pourtant, ils prennent leur temps. Ils attendent, en effet, le 12 mars 2015 pour officialiser La Reine des Neiges II. Car, et c'est peu de le dire, le débat a été intense au sein des Walt Disney Animation Studios afin de savoir s'il fallait donner une suite ou non à ce film-événement.
Les suites de Grands Classiques ne sont pas du tout dans l'ADN du studio de Blanche Neige et les Sept Nains. Jusque-là, ils étaient, en effet, principalement réalisés à bas coûts par feu DisneyToon Studios tandis que le grand frère de la branche cinéma, Walt Disney Animation Studios, se chargeait lui des projets originaux. Sur 58 longs-métrages, seuls six en sont (Les Trois Caballeros, Bernard et Bianca au Pays des Kangourous, Fantasia 2000, Winnie l'Ourson, Ralph 2.0 et désormais La Reine des Neiges II). Et encore, en y regardant de plus près, cette affirmation se doit d'être nuancée. Si la thématique de Saludos Amigos et des (Les) Trois Caballeros est, en effet, la même, il est cependant difficile de parler de suite en tant que telle. De même, Fantasia 2000 est plus un renouvellement du concept du classique de 1940 qu'autre chose. En revanche, depuis, avec Ralph 2.0 et La Reine des Neiges II, les Walt Disney Animation Studios deviennent, un peu, un studio comme un autre où les films originaux alternent avec des suites de ses plus grands succès. Jusqu'à très récemment, le label historique de Disney était, il est vrai, resté éloigné de cette pratique en proposant des univers inédits tous les ans. Si celui de Ralph se prête à merveille à un prolongement vu son thème du jeu vidéo, avec La Reine des Neiges, au contraire, le premier opus ne semble pas disposer forcément sur le papier d'une histoire apte à supporter un deuxième volet.
La pression pour faire une suite vient ainsi surtout du public, des actionnaires et du PDG de The Walt Disney Company, Bob Iger. La décision finale est imposée au studio même si John Lasseter, alors directeur des studios d'animation Disney et Pixar, ainsi que les réalisateurs du premier film sont plutôt réticents. Mais le succès considérable de La Reine des Neiges les dépasse et... les oblige ! La seule chose qu'accepte d'ailleurs Bob Iger est de ne pas se précipiter et de trouver l'histoire idéale. Si la fin est rapidement établie, la construction du récit va ainsi prendre plusieurs années, bougeant jusqu'au dernier moment. Il faut dire que Bob Iger ne s'est pas trompé en confiant la réalisation de La Reine des Neiges II à la même équipe. Le petit miracle vécu il y a six ans peut alors se reproduire sauf que, désormais, chacun a appris de ses erreurs et entend bonifier encore plus certains éléments du premier opus que les artistes trouvaient peu développés ou nécessitant une approche différente.
Les deux réalisateurs du premier film reprennent donc leur rôle.
Né à Wichita (Kansas), Chris Buck a étudié l'animation de personnages à CalArts avant de commencer sa carrière chez Disney en tant qu'animateur sur Rox et Rouky en 1981. Il travaille ensuite sur l'animation du cartoon Fun with Mr. Future et celle du moyen-métrage Footmania pour Dingo ; sur le design des personnages du (Le) Petit Grille-Pain Courageux ; sur l'animation d'Oliver & Compagnie ; sur le design des personnages de La Petite Sirène et de Bernard et Bianca au Pays des Kangourous. Sur Pocahontas, une Légende Indienne, sorti en 1995, il supervise l'animation de trois personnages : Percy (le chien de Ratcliffe), la mystique Grand-Mère Feuillage, et le domestique Wiggins. Il assume par la suite, avec Kevin Lima, sa première réalisation avec Tarzan en 1999. Après avoir été superviseur de l'animation sur le personnage de Maggie dans La Ferme se Rebelle, il quitte les studios Disney pour revenir à la réalisation dans le film Les Rois de la Glisse pour Sony Pictures Animation. Il retrouve ensuite les studios de Mickey pour signer la réalisation de son troisième long-métrage, La Reine des Neiges. Il reste depuis attaché à la franchise en ayant réalisé La Reine des Neiges : Une Fête Givrée ainsi que le film La Reine des Neiges II.
Jennifer Lee a, pour sa part, rejoint les Walt Disney Animation Studios en mars 2011 en qualité de scénariste pour la comédie d'aventures Les Mondes de Ralph. Fin 2012, la Direction des studios Disney décide de la nommer coréalisatrice de La Reine des Neiges, devenant ainsi la première femme du label à être placée à ce poste. Le succès du film lui permet évidemment de gravir les échelons et de montrer tout son talent. Elle rentre dans le "story trust" (un processus qui consiste à faire se réunir tous les réalisateurs du studio afin de parler des œuvres en cours de développement) et contribue au succès de films comme Les Nouveaux Héros, Zootopie ou Ralph 2.0. Elle fait une petite escapade en dehors des studios en écrivant le script d'Un Raccourci dans le Temps, le long-métrage Disney à prises de vues réelles, adaptant-là l'un de ses romans préférés. Malheureusement, le film est un flop retentissant. En juin 2018, après le départ de John Lasseter à la suite d'accusations de conduite déplacée vis-à-vis d'employées, Bob Iger la nomme à la tête des Walt Disney Animation Studios en tant que chef de création où elle installe une organisation plus collégiale autour du "story trust".
Pour construire le récit de La Reine des Neiges II, les artistes sont ainsi partis avec l'idée d'imaginer le film comme un nouveau chapitre d'une histoire globale complétant et enrichissant ainsi le premier volet. D'ailleurs, le titre du long-métrage montre cette décision. Alors qu'ils ont essayé de nombreuses autres dénominations, ils ont finalement opté pour un simple Frozen II en anglais mettant ainsi bien en avant cette complémentarité. De même, nommé provisoirement La Reine des Neiges 2, une appellation largement acceptée par le public, le bon sens marketing plaidait pour conserver ce titre : les spectateurs comprendront alors tout de suite qu'il s'agit d'une suite à leur film préféré ! Enfin, pour renforcer le lien entre les deux longs-métrages, les réalisateurs ont décidé de considérer que ce qui tournait autour de la franchise, y compris les deux courts-métrages, n'était pas canon ; seuls comptent donc les deux longs-métrages. Les plus attentifs remarqueront néanmoins que certains éléments de La Reine des Neiges : Une Fête Givrée se retrouvent dans le deuxième opus.
Le plus étonnant dans La Reine des Neiges II est de voir qu'il est construit différemment par rapport au premier opus. D'une manière générale, son récit est bien plus équilibré. Après une introduction qui pose les problématiques du nouveau film, il prend ensuite son temps pour revenir aux personnages iconiques et expliquer leurs états d'esprit grâce à des scènes de la vie courante. Le récit peut ensuite se transformer en une quête qui s'avère aussi mystérieuse qu'épique. Le cheminement de tous les intervenants, à la fois dans leurs actes mais aussi dans leurs sentiments, se fait alors de façon fluide et naturelle. Si dans La Reine des Neiges, l'exposition des personnages dans le premier acte semblait un peu trop rapide, un phénomène accentué par la présence de pas moins de cinq chansons interprétées durant ce laps de temps, dans La Reine des Neiges II, seules trois chansons viennent égayer l'entame. Globalement, dans le deuxième opus, toutes les ritournelles y sont ainsi bien mieux réparties.
La Reine des Neiges II décide ensuite d'approfondir deux pistes laissées dans le flou par son prédécesseur et qui s'avèrent très liées. À partir de là, le second volet se permet d'aborder le thème de la quête d'identité et de l'héritage. L'excellente idée du film est ainsi de faire résonner le passé et le présent tout au long de son déroulé à travers un secret familial qui ne demande qu'à être découvert. Les personnages, en recherchant la vérité sur un mystère dans le présent vont alors plonger dans le passé et en apprendre plus sur eux-mêmes, histoire d'être en capacité de faire des choix pour leur propre avenir. Les notions de famille, de patrimoine et d'amour sont ainsi très présentes dans le long-métrage, permettant à l'émotion de s'installer progressivement avec des scènes qui s'avèrent tendres, touchantes ou déchirantes. En cela, La Reine des Neiges II est bien plus sombre que ne l'était son aîné tant certains moments sont à la fois intenses et poignants.
Se déroulant trois ans après le premier film, la nouvelle aventure dévoile aussi une autre facette des deux sœurs. Alors qu'elles s'étaient perdues de vue durant leur enfance pour finalement se retrouver à la fin du film, elles vivent ici ensemble et partagent de bons moments. Dès lors, quand le destin met à nouveau Elsa au défi, il est hors de question pour Anna de la laisser partir seule à l'aventure. Elle ne veut pas la perdre une nouvelle fois et fera tout pour protéger sa sœur, coûte que coûte et même, malgré elle. L'amour sororal est donc de nouveau le moteur du film : deux sœurs totalement opposées mais qui s'aiment envers et contre tout. Ces sentiments nourrissent d'ailleurs un joli parallèle avec le cœur même de l'intrigue. Leur relation bien développée permet en effet à l'émotion de monter crescendo jusqu'à un final qui s'avère cohérent avec l'évolution des personnages.
La vraie trouvaille de La Reine des Neiges II est à rechercher du côté de son ambiance, absolument incroyable. Le fait de placer l'action dans un coin reculé d'Arendelle, en plein cœur de la Forêt Enchantée, permet, en effet, de développer folklore et magie ; l'ensemble étant porté par les quatre éléments que sont l'eau, l'air, le feu et la terre, apportant une puissance évocatrice incroyable. Le film se permet ainsi d'aborder le respect à la nature et la nécessité de vivre en harmonie avec elle. Il montre aussi comment la nature attaquée sait se venger et se défendre. La magie du film propose alors une belle métaphore sur cette notion. Il met aussi le doigt sur l'idée de l'affrontement et de l'incompréhension entre deux mondes : ceux qui acceptent la magie de la nature et vivent en symbiose avec elle et ceux qui essayent justement de la contrôler car la pensant dangereuse. En réalité, La Reine des Neiges II rappelle beaucoup dans ses thèmes (mais aussi dans ses visuels notamment avec les feuilles qui volent régulièrement), un autre film des Walt Disney Animation Studios : Pocahontas, une Légende Indienne. Comme avec lui, la poésie est omniprésente. Et il faut bien avouer que l'imagerie des quatre éléments alliés aux légendes d'Arendelle fait gambader l'imagination du spectateur.
Tous ces thèmes mis bout à bout font que La Reine des Neiges II s'avère incroyablement épique, bien plus que le premier. La découverte de lieux inconnus, la résolution de mystères, des dangers qui attendent les héros... Tout rend ici le film haletant et prenant. Le spectateur vibre avec les personnages exposés à de vrais dangers. L'action est intense dans cette bataille aussi bien contre les éléments que les erreurs du passé. La variété des décors et le scope de ceux-ci rendent, en outre, l'ensemble incroyablement grandiose. Comme cela a déjà été dit, la nature y est particulièrement mise en avant et sa majesté superbement mise en image, La Reine des Neiges II se faisant véritablement dépaysant.
La grande prouesse du film est à l'évidence son visuel tout simplement sublime. L'animation est fluide à souhait et le travail mené sur les vêtements et les humains est à tomber par terre. Leurs expressions et gestuelles sont notamment juste parfaites. Mais là où le film impressionne, c'est avant tout dans ses décors, ses textures et surtout l'incroyable utilisation de l'imagerie qu'offre l'animation CGI. Le récit se déroulant en automne, les couleurs tranchent considérablement avec le premier opus et son blanc hivernal lumineux ou son été verdoyant et chaleureux. Ici, les tons orangés apportent une certaine mélancolie qui accentue cette impression sombre et mature que veut renvoyer l'histoire. Il s'agit aussi sûrement du film animé par ordinateur des Walt Disney Animation Studios qui offre le plus d'images abstraites et joue le plus avec les effets visuels. L'opus est capable d'offrir des scènes au réalisme incroyable comme celle où Elsa affronte des vagues déchaînées pour ensuite proposer une allégorie pleine d'imagination avec un cheval aquatique qui apparaît devant la reine ébahie. Le feu est également de toute beauté avec cette colorimétrie rosée ou encore le vent symbolisé par les feuilles mortes orange qui virevoltent dans les airs. Il sera également salué une séquence dans le dernier tiers du film mettant en scène Elsa où la direction artistique choisie est tout simplement magnifique, appuyant parfaitement l'intensité du moment mais aussi les émotions du personnage. Enfin, certains temps ont besoin de tendresse pour faire monter l'émotion : un choix visuel particulièrement symbolique a alors été fait avec goût et pudeur pour souligner l'une des scènes les plus déchirantes du film.
Les personnages de La Reine des Neiges reprennent naturellement leur rôle.
Elsa a retrouvé une vie normale auprès de sa sœur et assume ses responsabilités de Reine d'Arendelle avec sérieux et dévotion. Mais après trois ans de bonheur, une petite voix dans sa tête l'appelle et se fait de plus en plus présente. L'ignorant dans un premier temps, l'appel de l'inconnu est trop fort et la contraint de partir vers la Forêt Enchantée afin de protéger Arendelle d'un terrible secret que son pouvoir a réveillé. Au final, au bout de cette aventure, elle en apprendra plus sur elle-même. Elsa a aussi, dans ce nouveau film, bien plus l'occasion d'utiliser ses pouvoirs qu'elle a désormais domptés et ce, dans l'optique de protéger sa sœur, ses amis et son royaume. Elle a ainsi droit à de nombreux moments épiques où elle brille de mille feux. En anglais, c'est toujours la merveilleuse Idina Menzel qui prête sa voix à Elsa. En français, Anaïs Delva cède sa place à Charlotte Hervieux.
Anna est toujours égale à elle-même, aussi vive que passionnée avec cet ardant désir de protéger sa sœur. Elle file, en outre, le parfait amour avec Kristoff. Pour elle, la vie est devenue idyllique. Aussi, quand sa sœur décide de partir aux confins du Royaume, elle décide, sans hésiter un instant, de l'accompagner afin de la protéger. Elle est persuadée qu'Elsa a un petit côté téméraire, se croyant protégée par ses pouvoirs et ne se rendant pas compte du danger qui peut l'attendre. Anna lui demande donc de promettre que, quoi qu'il arrive, elles vivront cette aventure ensemble. Dans cette épopée, Anna sera sûrement le personnage qui va le plus mûrir devant les responsabilités qui s'imposent à elle. Kristen Bell en anglais comme Emmylou Homs en français reprennent ici leur rôle pour interpréter ce personnage.
Kristoff est lui l'un des deux atouts comiques du nouvel opus. Pendant tout le film, il va essayer de parler à Anna d'un sujet qui lui tient particulièrement à cœur mais qu'il n'arrive pas à exprimer. Complètement maladroit chaque fois qu'il tente une approche, il ne fait que s'enfoncer toujours plus, plutôt que d'exprimer clairement et simplement ce qu'il ressent. Son meilleur passage est ainsi sans conteste sa chanson tout simplement hilarante. Il sera également apprécié sa relation avec Sven, son renne, qui est toujours aussi amusante notamment par le nombre de fois où il fait parler l'animal avec sa propre voix à la façon d'un ventriloque. Le personnage est toujours tenu vocalement par Jonathan Groff en anglais et Donald Reignoux en français.
Olaf permet, quant à lui, d'apporter l'autre touche d'humour à un film qui serait sans lui sombre et grave. Il est toujours le personnage aux réparties naïves qui sait parfaitement faire redescendre la pression. Ses interventions, sous forme de questions candides, sont en réalité de petits questionnements philosophiques bien pensés. Le spectateur s'amusera aussi de sa façon si particulière de raconter les histoires. Pour autant, si Olaf parle beaucoup et se retrouve dans des situations cocasses, il peut être aussi à l'origine d'émotions intenses surtout dans l'une des scènes les plus poignantes du film. Josh Gad en anglais tout comme Dany Boon en français livrent sur lui une prestation incroyable confirmant son statut de personnage décidément hors norme, capable de faire passer le public du rire aux larmes.
Si les anciens personnages du film sont superbement bien traités, les nouveaux se retrouvent au final, bien plus anecdotiques.
Avant de les analyser, il convient toutefois de noter que deux anciens, plutôt secondaires, se retrouvent à disposer d'un peu plus de temps de parole que lors du premier film : les parents d'Anna et d'Elsa, le Roi Agnarr et la Reine Iduna. À travers une scène de flashback racontant le secret de la Forêt Enchantée, le père et la mère des deux sœurs sont en effet un peu plus approfondis. Le parallèle qui est fait entre les parents et les enfants est d'ailleurs superbement mis en valeur et sûrement l'une des clés de la réussite de l'ensemble.
Le spectateur découvre aussi le Lieutenant Matthias, un ancien garde du Royaume d'Arendelle qui s'est retrouvé coincé au sein de la Forêt Enchantée mais reste fidèle à son ancien pays.
Il vit plus ou moins en opposition à la tribu de Northuldra, des autochtones qui vivaient à l'origine dans la Forêt mais qui se sont, eux aussi, retrouvés coincés. À leur tête, Yelana, une sage qui essaye de guider son peuple du mieux qu'elle peut. Dans cette tribu se trouve également Honeymaren, une jeune femme considérée comme un membre à l'esprit libre tandis que son frère Ryder possède lui la même passion pour les rennes que Kristoff.
Au final, le seul nouveau personnage à réellement ressortir du lot est sûrement le plus minuscule : la petite salamandre bleue, assurée de faire craquer plus d'un spectateur.
Les chansons de La Reine des Neiges ont été indissociables de son succès. Dès lors, comment arriver à reproduire l'exploit de composer une chanson aussi iconique que Libérée, Délivrée (Let It Go en anglais) ? Le challenge semble insurmontable ! Pourtant, les deux compositeurs, Robert Lopez et sa femme Kristen Anderson-Lopez s'en sortent haut la main, livrant une composition toujours aussi bien écrite même s'il est difficile de savoir si la nouvelle bande originale aura autant d'impact que la première.
Le compositeur, né le 23 février 1975 à Greenwich Village à Manhattan, commence sa carrière en collaborant avec Jeff Marx sur les chansons et les musiques du fabuleux Musical, Avenue Q. C'est une comédie musicale atypique, utilisant des marionnettes inspirées d'1, Rue Sésame pour s'adresser là à un public d'adulte. Jouée d'abord off-Broadway, elle est bien vite transférée à Broadway où elle en profite pour gagner le Tony Award du Meilleur Musical tandis que Lopez et Marx emportent eux celui de la Meilleure Musique.
Robert Lopez est aussi à l'origine d'un show qui triomphe une fois encore à Broadway ainsi qu'à Londres : The Book Of Mormon qu'il a coécrit avec Trey Parker et Matt Stone et avec lequel il décroche à nouveau un Tony Award pour la Meilleure Musique. En 2007, il commence à collaborer avec The Walt Disney Company dans l'épisode 6 de la saison 6 de Scrubs : Toubib Or Not Toubib !, Ma Comédie Musicale, en signant quatre chansons. La même année, il travaille avec sa femme, Kristen Anderson-Lopez, sur les chansons de l'attraction théâtrale, Finding Nemo - The Musical qui ouvre le 24 janvier 2007 au Theater in the Wild à Disney's Animal Kingdom à Walt Disney World Resort et s'y joue sans discontinuer depuis. En 2011, Robert Lopez et son épouse participent à l'écriture de quatre des chansons du long-métrage des Walt Disney Animation Studios, Winnie l'Ourson. Après le succès de La Reine des Neiges, pour lequel ils reçoivent un oscar pour leur chanson Libérée, Délivrée, ils continuent de travailler avec Disney. Sur la franchise La Reine des Neiges, ils composent la chanson Un Grand Jour (Making Today A Perfect Day) pour le court-métrage La Reine des Neiges : Une Fête Givrée mais aussi les chansons du musical La Reine des Neiges monté à Broadway. Ils sont ensuite attachés au nouveau film d'animation des Walt Disney Animation Studios, Gigantic, avant qu'il ne soit finalement annulé. Ils composent enfin plusieurs déclinaisons de la chanson Ne m'Oublie Pas (Remember Me) du film d'animation Pixar, Coco, pour lequel ils gagnent aussi l'Oscar de la Meilleure Chanson.
La Reine des Neiges II possède sept nouvelles chansons et reprend de façon amusante Le Chant du Renne (Reindeer(s) Are Better Than People). La Berceuse d'Ahtohallan (All Is Found) est la chanson d'introduction qui est en réalité une berceuse qu'entonne la Reine Iduna à ses filles Anna et Elsa. La mélodie alliée à un visuel superbe donne des frissons dès le début du film. Pas d'Avenir sans Nous (Some Things Never Change) est ensuite une chanson joyeuse et pleine d'entrain où Anna, Elsa, Olaf et Kristoff expriment leur joie de vivre dans le Royaume d'Arendelle. Entraînante et sympathique, elle met de bonne humeur et fait battre du pied. Dans un Autre Monde (Into the Unknown) est l'héritière de Libérée, Délivrée (Let It Go). Aussi puissante que son aînée, elle possède en plus un visuel épique et intriguant. Là aussi, la chanson est sûre de rester dans la tête des spectateurs après la séance. Quand je Serai plus Grand (When I Am Older) est la nouvelle chanson d'Olaf et peut-être la plus décevante du film. Inversement, J'ai Perdu le Nord (Lost in the Woods) interprétée par Kristoff est tout simplement excellente. Non seulement la mélodie est amusante mais en plus, son illustration est tout simplement hilarante. Je te Cherche (Show Yourself) est le titre qui permet à Elsa de trouver la vérité qu'elle recherchait tant. Avec un visuel à couper le souffle aussi métaphorique qu'imaginatif, la scène qui le supporte est tout simplement extraordinaire. Tout Réparer (The Next Right Thing) est la chanson poignante d'Anna à la fin du film où la jeune fille comprend ce que son devoir lui dicte de faire. Enfin, un élément chanté est également à noter: tout au long du film, un petit air fredonné est, en effet, entendu par Elsa et devient le fil rouge du long-métrage. Il sera impossible de l'oublier une fois sorti de la salle. À saluer également, trois chansons sont présentes dans le générique de fin : Into the Unknown interprété par Panic! at the Disco, All Is Found par Kacey Musgraves et Lost in the Woods par Weezer.
Christophe Beck reprend, pour sa part, la charge de composer la musique du deuxième opus comme il l'avait fait pour le premier.
Né en 1972 à Montréal au Canada, il est un compositeur canadien de musiques de films et de séries télévisées. Après son travail sur La Reine des Neiges, en plus de deux courts-métrages de la franchise, il écrit aussi les musiques des films Disney Opération Muppets ou Alexander et sa Journée Épouvantablement Terrible et Affreuse, des films Marvel Ant-Man et Ant-Man et La Guêpe, du film Blue Sky Studios Snoopy et les Peanuts - Le Film et du cartoon Pixar L.OU. (Lost and fOUnd).
Christophe Beck laisse ici exprimer tout son talent en insufflant une musique épique qui illustre à merveille les images et fait exploser la complexité des émotions du film. Il utilise aussi les chœurs norvégiens comme il l'avait fait lors du premier opus, apportant une touche folklorique vraiment bienvenue. En plus d'incorporer des éléments des chansons du premier film dans la musique du second, il intègre aussi le fameux air de la mélodie mystérieuse, en fil rouge, donnant une touche mystique à l'ensemble, et amplifiant son côté émouvant surtout quand son origine est enfin connue.
Malgré toutes ses qualités, il est tout de même utile se demander si l'existence de La Reine des Neiges II était légitime ? La réalisation du film est, en effet, due à l'incroyable succès du premier opus et à l'immense attente du public pour de nouvelles aventures des personnages qu'il n'a jamais cesser d'adorer. Les réalisateurs et autres animateurs auraient ainsi pu rester tétanisés devant l'immensité de la tâche. Et pourtant, le long-métrage a été entrepris avec beaucoup d'humilité et de respect, non seulement pour l'œuvre originale mais aussi pour les fans du premier film, les artistes s'étant investis en gardant à l'esprit qu'ils n'avaient pas droit à l'erreur. Et ils ont réussi une gageure : faire une suite encore meilleure que l'original, approfondissant un univers dont nombreux étaient ceux qui pensaient qu'il n'en avait pas besoin. La subtilité du fil rouge et le parallèle que le nouvel opus fait entre son entame et sa conclusion sont splendides, sans parler bien sûr des magnifiques échos qu'il mène à l'endroit du premier film. De plus, visuellement, La Reine des Neiges II est sûrement le plus beau long-métrage du studio de la décennie, dépassant Vaiana, la Légende du Bout du Monde qui était déjà, lui, somptueux. Seules ses chansons ne sont peut-être pas aussi entêtantes que celles du premier volet. Mais il faut reconnaître qu'il est bien difficile de passer après des ritournelles qui ont tourné en boucle pendant six ans. Elles se doivent donc d'être réécoutées et apprivoisées tant elles ne déméritent pas face à leurs aînées.
La Reine des Neiges II réussit l'impossible. Dépassant l'original, il est certain de plaire à la fois aux familles et grand public qu'aux fans de la première heure. Tout le monde ne peut être que conquis par son incroyable beauté visuelle, ses personnages attachants et leur évolution, ses nouvelles et entêtantes chansons et ses thématiques aussi touchantes qu'émouvantes.
Si l'amour est un cadeau, La Reine des Neiges II est un présent à chérir.