Rencontre avec l'Équipe de
La Reine des Neiges II
L'article
De passage à Paris le 14 novembre 2019, les réalisateurs Chris Buck et Jennifer Lee accompagnés du producteur Peter Del Vecho sont venus parler de leur dernier film au sein des Walt Disney Animation Studios, La Reine des Neiges II. C'est ensuite au tour des voix françaises d'Olaf, Dany Boon, d'Anna, Emmylou Homs, et d'Elsa, Charlotte Hervieux, de venir discuter de leur expérience de doublage. Chronique Disney a eu la chance de participer à ces deux conférences de presse.
L'idée de faire une suite à La Reine des Neiges n'est pas arrivée tout de suite. En réalité, elle a fait corps après la sortie du court-métrage La Reine des Neiges : Une Fête Givrée en 2015 où les réalisateurs se sont rendus compte qu'ils avaient autre chose à raconter. Ils avaient alors déjà une vision précise de la fin mais ne savaient pas comment y parvenir, redoublant donc d'efforts pour y travailler. Désormais, ils considèrent les deux films comme une seule et même histoire et pensent avoir exploré l'univers concerné. Mais, chez Disney, il ne faut jamais dire jamais car ils pensaient la même chose lors de la sortie du premier film. Jennifer Lee insiste ainsi sur le fait que le plus gros challenge de ce deuxième opus a été l'écriture de l'histoire. Si, très vite, ils savaient où ils voulaient aller, le scénario a constamment évolué en fonction des personnages et le récit ne s'est figé qu'à la fin août 2019, soit à peine quelques mois avant la sortie en salles. Chris Buck rajoute ensuite qu'ils ont connu aussi quelques difficultés techniques avant d'atteindre le résultat qu'ils voulaient sur notamment la représentation du vent, du cheval aquatique ou du feu.
Les chansons ont pour leur part épousé la direction artistique du nouvel opus. Comme dans un musical, si celles du premier acte sont plutôt introductives, celles du deuxième vont plus en profondeur, dévoilant ce que désire le personnage et laissant parler l'émotion. Pour les chansons, même s'ils voulaient au début en disposer d'une pour tous les personnages, notamment pour Kristoff, tout ne s'est pas fait naturellement. Ce n'est en effet pas la chanson qui doit influencer l'histoire mais au contraire l'histoire qui doit amener naturellement la chanson. À ce sujet, une autre ritournelle qui a son importance dans le film est assurément celle d'Anna dans sa capacité à mettre en avant l'une des caractéristiques du personnage. La jeune fille n'est en réalité pas optimiste de façon inconsciente mais, bien au contraire, choisit de l'être et ce, peu importe ce qu'il lui arrive.
Le thème de La Reine des Neiges II est le changement. Et tous les personnages y font référence même Olaf qui est pourtant un personnage représentant la pureté enfantine à l'image de sa couleur blanche mais qui va grandir et apprendre en fonction de son expérience. Il peut être alors à la fois la candeur incarnée comme le philosophe qui fait se questionner les enfants. La nature prend aussi une importance capitale notamment quand l'histoire permet à Elsa d'y être connectée grâce à ses pouvoirs. Cet aspect offre ainsi la possibilité à l'émotion de s'installer toujours plus. Les quatre éléments deviennent d'ailleurs un pan essentiel du récit, permettant de nombreuses trouvailles visuelles. Enfin, La Reine des Neiges II est aussi un film sur l'art de grandir et de savoir rester en phase avec le monde : l'inconnu est certes effrayant mais il faut toujours aller de l'avant.
Emmylou Homs et Charlotte Hervieux confessent qu'elles n'ont suivi aucune préparation particulière pour le film, préférant vivre l'instant en découvrant les images sur le vif et prêtant leur voix aux personnages, restituant alors toute l'émotion possible. Elles travaillent en fait à plusieurs ou toutes seules, devant un micro, et essayent de faire vivre l'ensemble grâce au texte qui défile sous leur yeux tout comme les images du film. Il y a, en réalité, peu de place à l'improvisation même si les actrices de doublage se servent de leur personnalité, de leur sensibilité, de leur émotion et de ce qu'elles ressentent du personnage pour faire passer un peu d'elles-mêmes. Elles s'aident aussi beaucoup des yeux et du regard qui sont, dans les films d'animation, très importants. Les deux jeunes doubleuses étonnent alors en précisant que le doublage a été extrêmement rapide, tout étant fait dans l'instant. Pour Emmylou Homs, il a fallu seulement deux jours de chant et deux jours pour les dialogues tandis que l'intervention de Charlotte Hervieux s'est concentrée sur trois après-midis de chant et deux après-midis pour les dialogues. Cette dernière précise d'ailleurs qu'elle a appris très tard qu'elle avait été choisie pour reprendre le rôle d'Elsa sachant que, quelques jours seulement après avoir reçu la bonne nouvelle, elle commençait déjà à enregistrer en studio, n'ayant ainsi pas le temps de s'affoler ou de stresser.
N'ayant pas assumé le personnage d'Olaf dans les courts-métrages sortis depuis La Reine des Neiges, Dany Boon raconte, pour sa part, qu'il a regardé de nouveau le premier film pour se rappeler du ton et de la voix qu'il avait pris il y a six ans, histoire de retrouver ses repères. Il a, quant à lui, eu la chance de recevoir la chanson d'Olaf quinze jours avant l'enregistrement pour l'écouter, la travailler afin d'être parfaitement à l'aise. Dany Boon précise ainsi qu'être doubleur est aussi une question de don. Tout le monde n'est pas capable de lire une bande rythmo (la phrase qui défile avec une bande rouge montrant le mot à prononcer) et qu'il faut savoir s'habituer à cette technique tout en faisant passer de l'émotion dans son jeu. D'après lui, tous les acteurs n'ont pas la capacité de le faire. Dany Boon explique enfin qu'il est un peu intervenu sur les dialogues français proposant, par exemple, de changer le nom du vent prévu à l'origine de s'appeler "Tornadette" en "Courant d'Air", qu'il trouvait plus efficace tout en étant plus joli et poétique.