Titre original :
Ant-Man
Production :
Marvel Studios
Date de sortie USA :
Le 17 juillet 2015
Genre :
Fantastique
IMAX
3-D
Réalisation :
Peyton Reed
Musique :
Christophe Beck
Durée :
117 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Scott Lang est un escroc à la petite semaine qui souhaite retrouver le droit chemin. L'opportunité se présente enfin grâce au Dr Hank Pym qui lui demande de l'aider à protéger le secret de son spectaculaire costume d'Ant-Man, doté de la capacité étonnante de rétrécir son sujet à volonté tout en démultipliant sa force. L'ancien et le nouvel Ant-Man unissent alors leurs forces pour sauver le monde d'une terrible menace…

La critique

rédigée par
Publiée le 09 juillet 2015

Une chose est sure : Ant-Man était attendu au tournant. Nombreux des observateurs pariaient en effet sur lui comme le premier faux pas de Marvel. Il faut dire qu'un super-héros lilliputien est clairement un sujet difficile à traiter tant il porte en lui les affres de la tombée dans le terriblement kitch. Mais voilà. Le studio est déjà parvenu à rendre populaire un super-héros chantre de la bannière étoilée ou même un raton-laveur qui parle : pourquoi devrait-il échouer avec un insecte ? Marvel signe donc ici une franche réussite. En mélangeant plusieurs thèmes de l'infiniment petit à la physique quantique en passant par l'humour débridé, Ant-Man casse une nouvelle fois la baraque, en s'appuyant sur les fondamentaux du label, à commencer par la force narrative de ses personnages et un ton dans l'air du temps. Ant-Man offre ainsi une expérience cinématographique totalement fun !

Ant-Man est un super-héros Marvel créé par Stan Lee et Jack Kirby. Il est apparu pour la première fois dans Tales to Astonish #27 en janvier 1962 sous son identité secrète de Henry « Hank » Pym tandis qu'il revêt son costume dans Tales to Astonish #35 en septembre 1962. Grâce aux particules Pym, il est donc capable de réduire sa taille jusqu'à atteindre celle d'une fourmi voire même une échelle subatomique lui permettant d'entrer dans le micro verse. Son casque lui permet en outre de communiquer et transmettre des ordres à différents insectes. Chose importante, dans les comics, il est l'un des membres fondateurs des Vengeurs avec Iron Man, Thor, Hulk et sa femme la Guêpe dès le tout premier numéro d'Avengers en 1963. Par la suite, et toujours sur le papier, Henry Pym abandonne son identité d'Homme-Fourmi pour devenir Giant-Man, Goliath ou encore Pourpoint Jaune (Yellowjacket).
Le personnage de Scott Edward Lang apparaît, quant à lui, dans Marvel Premiere #47 en 1979, créé par David Michelinie et John Byrne. Il est alors un électrotechnicien de génie, employé par Tony Stark dans son entreprise Stark International. C'est uniquement pour sauver sa fille Cassie qu'il se résout à commettre un cambriolage : il s'empare alors des conteneurs de gaz rétrécissant et du costume d'Henry Pym, le premier Ant-Man. Pym fera ensuite sa connaissance, comprendra son parcours et l'autorisera à garder le produit et le costume afin de devenir l'Homme-Fourmi de façon permanente.

Parallèlement à son existence en comics, le personnage d'Ant-Man connait une carrière audiovisuelle. Il apparaît ainsi à la télévision pour la première fois en tant qu'Hank Pym en 1966 dans la série The Marvel Super Heroes. Il revient, ensuite, toujours sous les traits d'Hank Pym, dans The Avengers : United They Stand (1999), Les Quatre Fantastiques (2006) et Super Hero Squad (2009). Au sein d'Avengers : L'Équipe des Super-Héros (2010), Hank Pym et Scott Lang apparaissent tout deux en tant qu'Ant-Man tandis que dans Avengers Rassemblement (2012), seul Scott Lang porte le costume de l'Homme-Fourmi.

La première tentative de porter sur grand écran les aventures de l'Homme-Fourmi remonte, quant à elle, à la fin des années 80 quand Stan Lee propose l'idée d'une adaptation à New World Entertainment alors propriétaire de Marvel Comics. Le projet est toutefois vite abandonner car il est su que The Walt Disney Company travaille déjà sur un projet similaire, le futur culte, Chérie, J'ai Rétréci les Gosses. L'idée d'une incartade de l'Homme-Fourni au cinéma reprend toutefois en 2003 quand le jeune réalisateur Edgar Wright commence à travailler sur le film.

Edgar Wright est un réalisateur et scénariste britannique, né le 18 avril 1974 à Poole, dans le Dorset au Royaume-Uni. Il est principalement connu pour avoir œuvré, au cinéma, aux côtés de Simon Pegg et Nick Frost sur la trilogie Shaun of the Dead / Hot Fuzz / Le Dernier Pub avant la Fin du Monde et à la télévision avec la série Les Allumés. Il a également coécrit et réalisé le film Scott Pilgrim en 2010 puis coécrit seulement avec Joe Cornish et de Steven Moffat, Les Aventures de Tintin : Le Secret de La Licorne réalisé par Steven Spielberg et produit par Peter Jackson.

Edgar Wright a donc commencé à travailler seul sur l'histoire d'Ant-Man. S'il propose finalement son scénario et son idée en 2004 à Kevin Feige, responsable de la production chez Marvel Studios, c'est en 2006, soit deux ans avant la sortie du premier film du Marvel Cinematic Universe, Iron Man, que le patron du studio lui confie officiellement l'écriture et la réalisation du film. Le réalisateur va alors livrer pas moins de cinq versions du script travaillant de façon discontinue de 2006 à 2014. Au début, censé être indépendant de Marvel's Avengers, le film va s'intégrer dans l'univers créé minutieusement par Marvel. Mais voilà. Edgar Wright ne se retrouve plus dans « son » film et décide alors de se retirer du projet. La rupture se fait toutefois à l'amiable et le réalisateur reste crédité en tant que co-scénariste du film. Il est extrêmement difficile de savoir ce qu'il demeure ou non de l'idée de départ de Wright et surtout, quelle est la véritable raison qui l'a poussée à partir.

Marvel Studios se lance donc dans la quête d'un remplaçant. En juin 2014, soit un peu plus d'un an avant la sortie du film, ils jettent leur dévolu sur Peyton Reed. Né le 3 juillet 1964 à Raleigh en Caroline du Nord, il est principalement connu pour les quatre comédies qu'il a réalisées pour le cinéma : American Girls (2000), Bye Bye Love (2003), La Rupture (2006) et Yes Man (2008). Il s'agit là de ses seuls incursions sur le grand écran. Avant cela, il a réalisé deux téléfilms pour Walt Disney Television basés sur des franchises du studio aux grandes oreilles : Un Cerveau Artificiel (2005) et Un Nouveau Départ pour la Coccinelle (1997). Sur Ant-Man, si Peyton Reed s'occupe de mettre en image le film, la énième refonte du script est confiée à Adam McKay, secondé par Paul Rudd, l'acteur principal du film.

Ant-Man est un retour aux origines pour Marvel tout en proposant des éléments jamais vus dans son univers. Le film revient ainsi à une histoire aux ressorts intimistes plus marqués et aux ambitions plus modestes. En cela, il ressemble beaucoup à Iron Man : un film qui raconte l'origine d'un nouveau personnage en allant directement à l'essentiel sans trop de fioritures. Il se permet de la sorte de travailler ses intervenants, que cela soit Scott Lang ou le Dr. Hank Pym. Le spectateur a le temps d'apprendre à les connaitre mais aussi à les apprécier et à s' y attacher. Alors bien-sûr, il pourra toujours être reproché à l'opus d'avoir un méchant caricatural mais n'est-ce pas là le talon d'Achille de Marvel Studios qui a, décidément, bien du mal à proposer des méchants charismatiques ?
Retour aux sources certes. Pour autant, Ant-Man propose des choses nouvelles et jamais vues dans le Marvel Cinematic Universe, rendant l'ensemble vraiment rafraîchissant. D'abord, il s'attaque à un nouveau genre cinématographique : le film de casse ! Si l'opus n'est pas uniquement centré sur des cambriolages comme peuvent l'être des œuvres comme Ocean's Eleven, il propose deux longues scènes, plutôt réussies, jolis hommages aux films de braquage. Ant-Man propose également de s'amuser avec l'infiniment petit et le changement d'échelle. Il y a ainsi de belles idées à commencer par celle où Scott découvre pour la première fois le pouvoir de son costume. Les plans sont assez inventifs et impressionnants. L'utilisation des fourmis est aussi audacieuse et donne à l'aventure un petit côté Chérie, J'ai Rétréci les Gosses, très amusant. Enfin, le film se permet d'effleurer des éléments de physique quantique. Marvel fait, il est vrai, appel à un génie scientifique : des éléments présentés dans le film risquent donc de prendre plus d'ampleur dans la Phase 3 du Marvel Cinematic Universe...

Il faut dire que Kevin Feige, le président de Marvel Studios, continue de construire, brique après brique, le Marvel Cinematic Universe. La phase 2 s'achève donc avec Ant-Man après avoir commencé avec le court-métrage Article 47 puis s'être poursuivie avec le film Iron Man 3, suivi du court-métrage Agent Carter, du long-métrage Thor : Le Monde des Ténèbres, du court-métrage Longue Vie au Roi et enfin des longs-métrages Captain America : Le Soldat de l'Hiver, Les Gardiens de la Galaxie et Avengers : L'Ère d'Ultron sans oublier l'impact des séries Les Agents du S.H.I.E.L.D., Agent Carter et Daredevil. A l'origine, Ant-Man devait d'ailleurs commencer la Phase 3 mais Kevin Feige a vite changé ses plans. D'une part, il estime que Captain America : Civil War est bien plus symbolique pour commencer la nouvelle phase en proposant un grand chamboulement. D'autre part, il trouve chez Ant-Man beaucoup de connexions avec la Phase 2. Même s'il s'agit d'un film solo, Ant-Man est, en effet, parfaitement intégré au Marvel Cinematic Universe. De nombreuses allusions aux Avengers et au S.H.I.E.L.D. y sont proposés en expliquant de façon crédible la raison de leurs absences. En outre, des anciens personnages apparaissent vraiment durant le long-métrage : deux dans une courte séquence en caméo et un autre dans une scène assez mythique. Et puis bien-sûr, le film dispose de scènes post-génériques : une au début et une à la toute fin annonçant du très lourd pour la suite...

A l'exception notable du méchant, le casting d'Ant-Man ne souffre d'aucune critique majeure pour ne pas dire qu'il est très réussi..
Scott Lang y est donc le nouvel Ant-Man. Pour subvenir aux besoins de sa famille et bien qu'étant quelqu'un de bon, l'individu n'a pas toujours respecté la loi. À sa sortie de prison, il se fait à lui-même la promesse de s'occuper correctement de sa fille adorée, Cassie. A priori, Scott n'a rien d'un héros. Pourtant, son agilité physique, sa maîtrise technique et son sens de l'honneur font de lui le candidat idéal pour accomplir la mission que lui confie Hank Pym en lui permettant de revêtir le costume de l'Homme-Fourmi. C'est un acteur que personne n'attendait vraiment dans le rôle d'un super-héros qui endosse le rôle. Paul Rudd, principalement connu pour son rôle de Mike Hannigan dans les deux dernières saisons de F.R.I.E.N.D.S. ainsi que pour ses personnages dans des comédies comme 40 ans : Mode d'Emploi, intègre donc l'écurie Marvel. Le comédien apporte beaucoup de son sens de la comédie avec des répliques désinvoltes qui aident à appuyer le côté fun et décalé du long-métrage.
Pourtant, Michael Peña (60 Secondes Chrono) lui volerait presque la vedette dans le rôle de Luis. Ancien compagnon de cellule de Scott Lang, il lui propose de venir habiter chez lui le temps de reprendre pied. Ami fidèle et fin stratège, Luis à moins de scrupule que son ami et reste à l'affut du gros coup qui lui permettra de toucher le pactole. Deux scènes avec l'acteur sont tout simplement extraordinaires de drôlerie aidées par un montage particulièrement efficace. Le tour de force reste alors dans le fait que le spectateur ne s'attend pas à trouver ce genre d'audace de réalisation, surtout dans des scènes non primordiales à l'action mais particulièrement jouissives dans leur objet.
Michael Douglas est le Dr Hank Pym. Après Robert Redford dans Captain America : Le Soldat de l'Hiver, un autre grand acteur rentre ainsi dans Marvel Cinematic Universe. Il ne s'agit pour le comédien mythique - et étrangement – que de la seconde apparition dans un film de The Walt Disney Company après une petit rôle dans Napoléon & Samantha en 1972 ! Doté d'une remarquable intelligence, son personnage est un homme de science qui a découvert une technologie qui permet de réduire sa taille et de contrôler les fourmis. Ses pouvoirs font de lui un atout le plus précieux du S.H.I.E.L.D. mais à la suite d'une mission tragique, Hank s'est juré de ne jamais révéler le secret de sa fabuleuse capacité à rétrécir. Il va ainsi tout faire pour empêcher que son invention ne tombe entre de mauvaises mains. Le passé du personnage est ici plutôt bien travaillé ; ses fragilités sont correctement énoncées et révèlent un scientifique bien plus profond que d'autres inventeurs du Marvel Cinematic Universe. Cerise sur le gâteau, Michael Douglas donne en plus toute sa classe au Dr Hank Pym.
Evangeline Lilly (Kate Austen dans Lost, Les Disparus) joue, pour sa part, le rôle de la fille du Dr Pym, Hope Van Dyne. Elle a hérité de son père non seulement son intelligence, mais aussi son courage. Elle a, en outre, grandi dans l'ombre de ses parents, des super-espions, voyageant dans le monde entier et affinant d'exceptionnelles capacités de combattante et de stratège. Elle dirige à présent la société de son père, Pym Tech. Assez sceptique au tout début envers Scott, leur relation conflictuelle va être la source de beaucoup de moments très drôles.
Vraie ombre au tableau d'un casting franchement réussi, le seul personnage caricatural de l'opus est Darren Cross interprété par Corey Stoll. Autrefois protégé de Hank Pym, leurs approches divergentes ont fini par les séparer. Darren refuse, en effet, de reconnaître les dangers potentiels de la technologie qui permet de rétrécir, et s'acharne à vouloir percer son secret. Grâce à des expériences à haut risque, il parvient à recréer une version très avancée du costume mis au point par Hank : le Yellowjacket. Son manque de scrupule est tellement gros et forcé que le personnage en devient sans intérêt. Même s'il est éminemment dangereux lorsqu'il revêt le costume, ses dialogues sont d'une pauvreté affligeante et son charisme proche de celui d'une huitre mise sous Xanax...

Ant-Man n'est certes pas un film ambitieux. Il s'agit peut-être, avec ses 130 millions de dollars de budget, de l'un des Marvel les moins chers même s'il constitue un vrai risque commercial en traitant d'un super-héros aussi grand qu'une fourmi. Et pourtant, cela ne l'empêche d'avoir des scènes d'action réussies dont certaines sont véritablement impressionnantes notamment quand Scott utilise son costume. Ce ne sont alors pas uniquement les décors - immenses - qui scotchent le spectateur sur son siège mais aussi la superbe utilisation du rétrécissement et agrandissement du personnage qui marquent les esprits. Les scènes de combat sont ainsi d'une fluidité accrue et d'une inventivité bienvenue.
Côté bande-son, Christophe Beck (La Reine des Neiges), en charge du score, livre une partition efficace bien que peu mémorable : l'utilisation d'airs hispaniques a, au passage, de quoi en dérouter plus d'un...

Ant-Man est une réussite. Petit film comparé au mastodonte Avengers : L'Ère d'Ultron, il sait par son parti pris intimiste et différent, charmer les spectateurs. Son histoire, totalement fun et solidement assise sur une bonne dose d'humour et des personnages principaux bien travaillés (à l'exception du méchant, seul ratage de l'opus), fait le reste. Et quand, en plus, il ne s'interdit pas de disposer de scènes spectaculaires et innovantes, le sans-faute n'est pas loin.

Ant-Man a le côté rafraichissant qu'il fallait pour clore une Phase 2 du Marvel Cinematic Universe au final très hétéroclite et sans fil conducteur évident.

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