Thor
Le Monde des Ténèbres

Titre original :
Thor: The Dark World
Production :
Marvel Studios
Date de sortie USA :
Le 08 novembre 2013
Genre :
Fantastique
IMAX
3-D
Réalisation :
Alan Taylor
Musique :
Brian Tyler
Durée :
112 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Thor se bat pour restaurer l’ordre dans le cosmos quand une ancienne race, sous la conduite du terrible Malekith, un être assoiffé de vengeance, revient pour répandre les ténèbres. Confronté à un ennemi redoutable, il n’a d’autres choix que de mettre toutes les forces de son côté quitte à devoir s’allier à son traître de frère, Loki...

La critique

rédigée par

Thor : Le Monde des Ténèbres est une excellente surprise réussissant le tour de force d'être meilleur que le premier volet de 2011, Thor, mais également que l'autre film Marvel de 2013, Iron Man 3. L'opus est, en effet, un parfait mélange de science-fiction, d'heroic-fantasy, de mythologie nordique, d'humour, d'émotion et de noirceur. Il aurait même pu faire un sans-faute, s'il ne contenait pas, ici ou là, certains raccourcis scénaristiques faciles, et - pire - un petit manque dans la logique du Marvel Cinematic Universe.

Le succès de Marvel's Avengers, en devenant le troisième film le plus rentable de l'histoire du cinéma, a changé la vision des grands pontes d'Hollywood et des analystes financiers sur les super-héros en général et sur Marvel en particulier. Il faut dire qu'il a, à lui-seul, validé l'investissement de Disney pour la rachat de la Maison des Idées de la modique somme de 4 milliards de dollars. Un seul film a ainsi rapporté plus du quart de ce qu'a couté l'entreprise au total. Et encore, sans compter les produits dérivés, les DVDs, les exploitations de la licence à la télévision ou dans les parcs à thèmes. Une véritable mine d'or qui fait que, depuis, chaque nouvel opus Marvel est un évènement. Un an après, Marvel Studios lance donc avec succès son nouveau film, Iron Man 3, devenant, à ce jour, le plus gros succès de l'année 2013, en rapportant plus de 1.2 milliard de dollars. Son concurrent historique DC Comics, propriété de Warner, ne parvient toujours pas à faire de même puisqu'il se contente, lui, de la moitié de cette somme avec son reboot de Superman, Man of Steel. Néanmoins, pour Thor : Le Monde des Ténèbres, le pari s'annonce plus difficile. Le premier film n'a, il est vrai, et toutes proportions gardées, eu qu'un petit succès avec ses 449 millions de dollars au box office mondial et un solde américain de 181 millions de dollars dont 65 rien que sur son premier weekend. Le Dieu nordique a donc assurément son petit cercle de fans même s'il est, à l'évidence, bien moins important que celui de Tony Stark. Mais son nouvel opus a deux atouts dans sa manche. Tout d'abord, comme Iron Man 3, il s'agit également d'une suite de Marvel's Avengers. Mais surtout, son casting qui fait, une nouvelle fois appel à Tom Hiddleston ne se prive pas du superbe Loki, dont les fans commencent à devenir plus importants que celui du héros principal !

Après avoir vu Iron Man 3 et Thor : Le Monde des Ténèbres, il parait évident que Kevin Feige, le Président de Marvel Studios, et Joss Whedon, le réalisateur de Marvel's Avengers et du futur Avengers : Age of Ultron, ont une vision très précise de la phase 2 du Marvel Cinematic Universe. Déjà, elle se déroule en temps réel, à la différence de la phase 1 où la temporalité s'autorisait des allées et venues. Ainsi, Iron Man 3 se passe un an après Marvel's Avengers tandis que Thor : Le Monde des Ténèbres laisse filer six mois après Iron Man 3. La série Agents of S.H.I.E.L.D. se déroule quant à elle, après Iron Man 3 mais en même temps que Thor : Le Monde des Ténèbres ou du futur Captain America : Le Soldat de l'Hiver. Iron Man 3 sert donc d'introduction en douceur de la nouvelle phase : terrestre, il se concentre comme les deux précédentes aventures du milliardaire en armure sur la terre ferme avec des enjeux clairement plus modestes que l'invasion extraterrestre de Marvel's Avengers. Iron Man 3 est, par rapport à ses confrères, presque intimiste faisant juste quelques allusions à l'univers Marvel dans son ensemble. Même le S.H.I.E.L.D. n'a pas droit de citer dans l'opus alors qu'il apparaissait dans Iron Man 2. Pire encore, sa scène post-générique, habituelle chez Marvel, bien que sympathique était absolument sans intérêt. Si ce manque de connexions à l'ensemble rendait ainsi Iron Man 3 un peu fade au sein du grand canevas marvelien, il s'agissait en fait d'une introduction à sa nouvelle phase. Thor : Le Monde des Ténèbres, pour sa part, rentre tout de go dans le vif du sujet. Déjà, le film est, lui, clairement cosmique, amenant une vision différente de l'univers marvelien. Les éléments en rapport avec Marvel's Avengers sont également bien plus nombreux que ne l'étaient ceux d'Iron Man 3. Enfin, la scène post-générique, en plus d'être jubilatoire, fait clairement avancer la phase 2. Encore une fois, il est impératif de rester jusqu'à la fin du générique et ne pas quitter la salle tant que l'écran est allumé !

Pour réaliser la seconde aventure de Thor, pendant un temps, furent pressenti Brian Kirk, puis choisi Patty Jenkins avant qu'elle ne quitte l'aventure en tout début de projet pour « divergences artistiques ». Finalement, Marvel se rabat sur Alan Taylor désigné réalisateur.
Alan Taylor débute la réalisation à la télévision en 1993 avec un épisode de la saison 1 de la série Homicide dont il signe au total 6 autres épisodes entre 1995 et 1999. Il met, ensuite, en scène son premier long-métrage Les Amateurs en 1995. Il revient alors à la télévision en réalisant des épisodes de séries considérées comme parmi les meilleures au monde : Haute Finance (4 épisodes entre 1996 et 1997), Oz (2 épisodes entre 1997 et 1998), A la Maison Blanche (2 épisodes entre 1999 et 2000), Les Soprano (9 épisodes entre 1997 et 2009), Sex and the City (6 épisodes entre 1999 et 2003), Six Feet Under (1 épisode en 2002), Deadwood (6 épisodes entre 2004 et 2005), Lost - Les Disparus (1 épisode en 2005), Rome (2 épisodes en 2005) ou encore New York - Police Judiciaire (1 épisode en 2008). En 2011, il arrive sur la série évènement Game of Thrones en réalisant les fameux deux derniers épisodes de la saison 1. Il enchaîne sur la saison 2 en dirigeant pas moins de quatre épisodes. Appelé par Marvel Studios après ses nombreux succès télévisuels, Alan Taylor revient donc à la direction de long-métrage sur la suite de Thor (2011) de Kenneth Branagh ; Thor : Le Monde des Ténèbres n'étant ainsi que son deuxième film !

Suivant le succès de l'opus précédent, Thor : Le Monde des Ténèbres s'inspire beaucoup du comics originel, et comme lui, de la mythologie nordique. La référence aux Neufs Royaumes, l'un des éléments qui a juste été effleuré dans le premier volet, revient d'ailleurs en force. Le mythe se base sur Yggdrasil, l'Arbre du Monde, un immense frêne qui soutient les neufs mondes de la cosmologie scandinave. Tout en haut, se situe Asgard ou encore le Valhalla, royaume des Ases, Dieux principaux apparentés à Odin, le Dieu des Dieux. Il est situé dans le ciel, entre le Soleil et la Lune, relié au monde des Hommes par un pont nommé Bifröst, qui n'est autre qu'un arc-en-ciel. Ensuite viennent : Vanaheim, le royaume des Vanes, les Dieux secondaires ; Álfheim, le monde des Elfes de Lumière ; Nidavellir, le pays des Nains ; Midgard, le royaume du Milieu, celui de la Terre ; Jötunheim, le royaume des Géants de Glace ; Svartalfheim, le monde des Elfes Noirs ; Niflheim, le royaume des Morts de Maladie ou de Vieillesse ; Muspellheim, le pays des Démons du Feu. Ainsi, si le monde de Jötunheim a bien été présenté dans Thor, Thor : Le Monde des Ténèbres permet, lui, d'en entrapercevoir plusieurs autres (et de les voir même alignés de part la Convergence) en visitant, en plus d'Asgard et Midgard, Vanaheim et Svartalfheim. L'utilisation de cette mythologie apporte une richesse incroyable à l'univers Marvel et développe sa dimension cosmique à peine effleurée jusque là. Le spectateur ne peut, dans ces conditions, que trépigner d'impatience en attendant un des prochains films de la phase 2, Les Gardiens de la Galaxie...

Thor : Le Monde des Ténèbres se base, bien évidemment aussi, sur le comics originel pour aller chercher un méchant emblématique des bandes dessinées : Malekith. Il s'agit d'un super-vilain créé par Walt Simonson pour Marvel Comics et apparu pour la première fois dans Thor #344 en juin 1984. Malekith le Maudit est ainsi le Seigneur des Elfes Noirs de Svartalfheim. Pour corrompre Asgard et Midgard, il tente d'y provoquer un hiver éternel venu de Niffleheim, mais se voit banni par Odin dans une dimension de limbes noires, où il reste prisonnier jusqu'aux temps modernes. Le film s'éloigne, en réalité, de cette version en ne conservant au final que la haine de Malekith contre Asgard. Le reste est modifié pour s'inscrire dans la toile du Marvel Cinematic Universe.

L'un des nombreux points forts de Thor : Le Monde des Ténèbres est clairement son ambiance. En mélangeant les styles, avec bon goût qui plus est, le long-métrage s'éloigne de l'idée habituelle des films de super-héros. Si Thor était au deux tiers terrestre, le reste étant partagé entre Asgard et Jötunheim ; Ici, c'est l'inverse : Midgard ne représentant qu'un tiers du temps du film alors qu'Asgard en prend la moitié, le reste étant partagé par les autres mondes. Ainsi, la visite du royaume des Dieux est bien plus importante et permet au spectateur d'en prendre plein les yeux. C'est simple, par moment, il règne une ambiance du Seigneur des Anneaux ou d'Harry Potter sans parler d'un petit côté Star Wars grâce à la cosmologie. Le mélange des genres entre science-fiction, façon space opéra, et heroic-fantasy avec la mythologie nordique fonctionne à merveille : tout est dépaysant à souhait, aidé en cela par des décors et des effets spéciaux tout bonnement époustouflants.

Mais au delà de son aspect fantastique, Thor : Le Monde des Ténèbres est très réussi de par les émotions qu'il parvient à transmettre. Il sait ainsi être très drôle, principalement grâce au personnage de Loki qui est tout simplement hilarant par certains moments. Il contrebalance énormément la tension dramatique qu'il peut y avoir, ici ou là, tout comme, parfois, le côté très sombre et violent de l'histoire. Le film impressionne assurément par la panoplie de belles scènes qui défilent à l'écran : que cela soit les séquences d'action, les batailles mais également les moments plus lyriques avec un superbe passage au milieu de l'opus emprunté au folklore scandinave. Comme dans la première aventure, les scènes terriennes sont là pour faire redescendre le spectateur dans la réalité : plutôt réussies, elle n'ont toutefois pas la beauté de leurs alter-égos cosmiques.

Mais le vrai bémol de Thor : Le Monde des Ténèbres se trouve en réalité dans ses facilités scénaristiques. Il affiche, en effet, certains raccourcis peu digestes, avec des personnages qui arrivent, comme par hasard, au bon moment ou des passages qui se trouvent, comme par miracle, au bon endroit. Même si cela n'enlève rien à la qualité de l'ensemble, la ficelle est vraiment un peu grosse. Une autre interrogation se fait également jour dans la continuité du Marvel Cinematic Universe même si cela ne gène en rien le visionnage de Thor : Le Monde des Ténèbres en tant que film indépendant. Dans Marvel's Avengers, le S.H.I.E.L.D. intervient à New-York quand une invasion d'extraterrestres se produit. Ici, il y a des distorsions d'espace et bizarrement, l'agence internationale ne montre pas le bout de son nez ! Étonnant... Alors certes, dans Marvel's Avengers, le S.H.I.E.L.D. s'attendait au désastre puisque le Tesseract avait été dérobé dans ses locaux. Il savait aussi où allait frapper Loki. Ici, au final, tout va relativement vite. Jane Foster s'inquiète d'ailleurs de voir l'agence rappliquer. Peut-être arrivera-t-elle après la bataille et pourquoi pas dans la série Agents of S.H.I.E.L.D. ?

En plus de la beauté des scènes, et du coté épique et sombre de l'histoire, Thor : Le Monde des Ténèbres peut vraiment s'appuyer sur des personnages remarquablement bien définis.
La majorité du casting revient d'ailleurs pour ce deuxième opus à l'exception de Josh Dallas, trop occupé pour la série Once Upon a Time - Il Était une Fois et qui laisse sa place à Zachary Levi (la voix de Flynn dans Raiponce mais aussi le rôle principal de la série Chuck) pour son rôle de Fandral.
Chris Hemsworth reprend donc pour la troisième fois, son rôle de Thor. Il le connait parfaitement et a su le faire un peu évoluer en le rendant plus sage. Il a ici un choix à faire entre le trône et l'amour de sa vie.
Natalie Portman est, quant à elle, toujours la scientifique Jane Foster ; l'actrice reprenant sa place pour la deuxième fois dans la mesure où seule une photo d'elle avait été proposée dans le film Marvel's Avengers. Elle a, cette fois-ci, un rôle bien plus central. Trop peut-être : il est, en effet, impossible de ne pas se demander pourquoi c'est sur elle que tombent tous les ennuis sauf à penser que les scénaristes, par simplicité, ont choisi de faire de la petite amie du héros, le vecteur du destin des Neuf Royaumes. Comme c'est pratique...
De film en film, Tom Hiddleston semble de plus en plus s'amuser à incarner le personnage de Loki. Dans Thor : Le Monde des Ténèbres, son capital-sympathie explose littéralement. Il est assurément la vraie star du film : tout à la fois énigmatique, drôle, touchant, inquiétant et torturé. Dès qu'il apparait à l'écran, il bonifie le récit alors qu'il n'en est ni le héros, ni le méchant. Sa position ambivalente donne, en fait, toute la force et la profondeur au personnage comme au long-métrage.
Enfin, Rene Russo endosse de nouveau le rôle de Frigga, la mère de Thor et Loki. Sa participation est ici bien plus importante et même clé avec une scène véritablement mémorable.
Sont également présents par rapport au premier film, mais de façon plus anecdotique : Anthony Hopkins dans le rôle d'Odin ; Stellan Skarsgård dans celui du Dr. Erik Selvig ; Idris Elba dans celui d'Heimdall ; Kat Dennings dans celui de Darcy Lewis ; Ray Stevenson dans celui de Volstagg ; Tadanobu Asano dans celui de Hogun et Jaimie Alexander dans celui de Sif.

Thor : Le Monde des Ténèbres aligne bien évidemment de nouveaux personnages et parmi eux, deux méchants inédits.
Malekith est ainsi le super vilain de l'opus. C'est Christopher Eccleston qui lui prête ses traits. Elfe Noir, il ne rêve que d'une chose : venger son peuple de la défaite ayant eu lieu des milliers d'années auparavant en faisant payer Asgard et plonger les autres mondes dans les Ténèbres Eternelles. Il est secondé, pour ce triste dessein, par Algrim, un fidèle lieutenant qui fait le sacrifice ultime de devenir le monstre Kurse pour assouvir les envies de vengeance de son maître.

La musique de Thor : Le Monde des Ténèbres a donné lieu à un petit psychodrame. A l'origine, elle devait, en effet, être signée de Patrick Doyle, le compositeur du premier film. Mais finalement, il est indiqué en avril 2013 que Carter Burwell, à la demande du réalisateur, s'en chargerait. Nouveau rebondissement, un mois plus tard, avec l'annonce que ce dernier a quitté le projet à cause de divergences artistiques. A priori, Kevin Feige, le Président de Marvel Studios, n'aurait pas aimé ses choix. Finalement, il est remplacé par Brian Tyler qui compose une musique certes efficace, mais assez quelconque où aucun air ne reste réellement en tête, à la sortie de la salle. Dommage !

Thor : Le Monde des Ténèbres est une très bonne surprise. Bien meilleur que Thor ou Iron Man 3, il apporte une envergure cosmique au monde Marvel et fait monter l'impatience pour le film de 2014, Les Gardiens de la Galaxie. Épique, majestueux, drôle, sombre et émouvant, il rentre facilement dans le top 3 du Marvel Cinematic Universe après Marvel's Avengers et Captain America - First Avenger ; seules certaines facilités scénaristiques venant légèrement assombrir un tableau quasi parfait.

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