Les Gardiens de la Galaxie
Titre original : Guardians of the Galaxy Production : Marvel Studios Date de sortie USA : Le 01 août 2014 Genre : Science-fiction IMAX 3-D |
Réalisation : James Gunn Musique : Tyler Bates Durée : 122 minutes |
Le synopsis
Aventurier traqué par tous les chasseurs de primes depuis qu'il a volé un mystérieux globe convoité par le puissant et peu recommandable Ronan, Peter Quill prend vite conscience du risque que fait courir l'objet sur la galaxie toute entière. Il décide alors de former une alliance aussi fragile qu'improbable avec quatre aliens disparates : Rocket, un raton laveur fin tireur ; Groot, un humanoïde semblable à un arbre ; l'énigmatique et mortelle Gamora, sans oublier Drax le Destructeur, qui ne rêve que de vengeance...
La critique
Les Gardiens de la Galaxie est de prime abord un pari osé pour Marvel Studios. C'est, en effet, le premier film du label à se baser sur des personnages relativement peu connus du grand public. Cette nouvelle équipe est, en outre, formée plus de mercenaires que de super-héros dont la Maison aux Idées s'est faite jusque-là une spécialité, au cinéma tout du moins. Enfin, même si l'espace était déjà présent chez Marvel notamment dans les longs-métrages comme Marvel's Avengers ou Thor : Le Monde des Ténèbres, c'est bien la première fois que l'univers d'un de ses films est entièrement cosmique... L'essai est manifestement transformé ! Car ici, non seulement Marvel Studios propose assurément son film le plus beau, aux effets spéciaux les plus réussis, mais également un voyage dépaysant à souhait mené tambour battant avec des personnages aussi improbables qu'attachants, une bande originale d'enfer, un humour omniprésent et une histoire qui ouvre des possibilités infinies. Marvel a, en réalité, déniché son Star Wars !
Si le film est basé sur le comics éponyme, il fait néanmoins référence à deux
équipes différentes. Dès lors, une petite explication s'impose.
Les Gardiens de la Galaxie apparaissent, en effet, pour la première fois dans
Marvel Super-Heroes #18 en
janvier 1969 sous la plume de Arnold Drake et le crayon de Gene Colan. Cette
première équipe est alors formée dans une réalité alternative, nommée Terre-691,
situé
dans le futur, au 31ème
siècle. Son leader est le major Vance Astro, un astronaute - Terrien du 20ème
siècle - ayant voyagé en hibernation pendant mille ans, jusqu'à
Alpha du Centaure. Les autres membres sont Martinex T'naga, Charlie-27 et Yondy
Udonta.
Une nouvelle équipe est créée presque quarante ans plus tard (en juillet
2008) dans
Guardians of the Galaxy (vol.2) # 1, avec Dan Abnett au scénario et Andy Lanning au dessin. A
l'époque contemporaine, soit dix siècles avant la première équipe, Star-Lord
(Peter Quill) décide donc de constituer une équipe de héros interstellaires pour
protéger la galaxie et empêcher le développement des crises plutôt que de
simplement réagir après le début de celles-ci. A cette fin, il contacte Mantis
qu'il convainc de la justesse de son projet ; elle-même le faisant entrer en
contact avec d'autres héros : Drax le Destructeur, Gamora, Quasar (Phyla-Vell), Rocket Raccoon, Groot et Adam
Warlock.
Cette nouvelle équipe de Gardiens est ensuite rebootée en février 2013 dans
Guardians of the Galaxy (vol.3) #1
par le scénariste Brian Michael Bendis et les dessinateurs Steve McNiven et
Sara Pichelli. Il s'agit alors principalement de préparer la sortie du film en
concentrant l'équipe autour de Star-Lord, Drax le Destructeur, Gamora, Rocket
Raccoon et Groot.
Dans ce contexte, la première équipe n'a jamais eu droit à une apparition audiovisuelle tandis que la seconde est apparue dans un épisode des séries animées Avengers : L'Équipe des Super-Héros, Ultimate Spider-Man et Avengers Assemble. C'est également la deuxième équipe qui sert de référence au film Les Gardiens de la Galaxie.
Kevin Feige, le président de Marvel Studios, et Joss Whedon, le réalisateur de Marvel's Avengers et du futur Avengers : Age of Ultron continuent donc de construire, brique après brique, le Marvel Cinematic Universe. La phase 2 s'est d'ailleurs déjà bien développée, en commençant avec le court-métrage Article 47 puis se poursuivant avec le film Iron Man 3, suivi du court-métrage Agent Carter, du long-métrage Thor : Le Monde des Ténèbres, du court-métrage Longue Vie au Roi et enfin du long-métrage Captain America : Le Soldat de l'Hiver sans oublier l'impact de la série Agents of S.H.I.E.L.D.. Les Gardiens de la Galaxie constitue dans ce cadre l'avant-dernier film de la Phase 2 avant sa conclusion dans Avengers : Age of Ultron. Ainsi, que cela soit avec des clins d'œil, la présentation de personnages ou celle d'évènements, Marvel tisse sans relâche sa toile et crée un ensemble véritablement passionnant. D'ailleurs, si avec Les Gardiens de la Galaxie, le label attire le spectateur dans un nouvel univers, il convient, pour bien suivre le film, d'avoir vu Marvel's Avengers et Thor : Le Monde des Ténèbres histoire de comprendre certaines subtilités : cet effort (qui n'en est pas vraiment un) n'est toutefois pas indispensable pour apprécier l'opus qui peut être vu de façon autonome, en "mode dégradé" en quelque sorte... A son seul stade, d'ailleurs, bien malin est celui qui saura dire en quoi Les Gardiens de la Galaxie s'inscrit dans le canevas de la Phase 2 ! En revanche, il est évident que l'opus annonce la Phase 3, dans la mesure où il rajoute une pierre angulaire à un fil rouge scénaristique déjà présent depuis la Phase 1. C'est d'autant plus enthousiasmant que peu de fans n'ont vu venir l'astuce même si depuis Thor : Le Monde des Ténèbres, il y a des indices palpables distillés ça et là. La quête qui s'annonce dans les prochains épisodes Marvel sera manifestement aussi riche que passionnante. Marvel Studios n'hésitent décidément pas à prendre des risques pour le plus grand plaisir de ses spectateurs...
Pour réaliser Les Gardiens de la Galaxie, Kevin Feige a fait appel à James Gunn. Né le 5 août 1970 à Saint-Louis, dans le Missouri, l'artiste fait ses débuts dans le cinéma en tant que scénariste au milieu des années 90. En 2002, Warner requiert ses services pour l'adaptation des aventures du chien détective dans Scooby-Doo et sa suite, Scooby-Doo 2 : Les Monstres se Déchaînent, en 2004. Déjà scénariste, acteur et producteur, James Gunn s'essaye en 2006 à la réalisation, avec la comédie horrifique Horribilis. En 2010, il retourne derrière la caméra pour la comédie noire et sanglante, Super. 2012 sera l'année de sa consécration quand il se voit confier la réalisation d'une super production Marvel...
Le plus frappant dans Les Gardiens de la Galaxie est assurément la richesse et profondeur de son scénario. Non seulement, le film introduit un nouvel univers mais il réussit également à tisser sa toile pour de futurs développements en liant son histoire avec celles des œuvres précédentes de Marvel Studios. Ainsi, le récit est mené tambour battant sans quasiment aucun temps mort. Quand l'opus ne se concentre pas sur de l'action pure et dure, il s'autorise, en effet, soit à approfondir les relations entre ses membres, soit à faire voyager le spectateur vers des mondes aussi beaux que dépaysants. Les Gardiens de la Galaxie est à ce titre extrêmement fun. Il manie avec efficacité l'humour, faisant du long-métrage, l'œuvre de Marvel Studios la plus drôle. Le film, et ses personnages ne se prennent, il est vrai, jamais au sérieux et savent parfaitement jouer avec le décalage des cultures des protagonistes rencontrés. Pour autant, il ne sombre à aucun moment dans la facilité et sait notamment se montrer épique. De nombreuses scènes sont, en effet, époustouflantes que cela soit dans la beauté des décors ou dans l'action à couper le souffle. Au delà de tout cela, le film étonne encore par sa capacité à émouvoir le spectateur au détour de séquences poignantes où l'équipe se retrouve en fâcheuse posture. C'est à ce moment là que Les Gardiens de la Galaxie démontre sa foi dans ses personnages, qui, à la différence de nombreux autres super-héros de l'univers Marvel, sont eux tout à fait vulnérables.
Les Gardiens de la Galaxie introduit donc de nombreux personnages,
non seulement avec sa nouvelle équipe mais également sa large panoplie de
personnages secondaires.
Peter Quill alias Star-Lord comme il aime à s'appeler est un humain qui a été
enlevé par des extraterrestres quand il était petit. Gredin et voleur
intergalactique, il est un peu tête-brulée et a du mal à mettre de l'ordre dans
ses priorités, étant prêt à risquer sa vie pour récupérer une cassette audio. Ce personnage, vrai mélange entre Han Solo et Marty McFly, est joué par
un convaincant Chris Pratt, déjà apprécié notamment dans
Delivery Man.
Zoe Saldana (Pirates des Caraïbes : La
Malédiction du Black Pearl) interprète, quant à elle, Gamora, la
fille adoptive d'un des êtres les plus puissants de l'univers. Extraterrestre à
la peau verte, elle a été tout bonnement entrainée à devenir un assassin. Grande guerrière,
elle a, malgré tout, un grand sens de l'honneur et n'hésite pas à changer de
camp afin de sauver la galaxie.
Drax, le Destructeur n'a qu'une seule envie : se venger du meurtrier de sa famille.
Il va ainsi suivre le reste des Gardiens pour simplement assouvir sa soif de sang. Assez
binaire, cet extraterrestre bleu au tatouage rouge ne connait rien au second
degré et a bien du mal à ne pas prendre les choses au pied de la lettre. C'est
l'ancien champion de catch, Dave Batista, qui assume ce rôle pas si plan-plan
qu'il n'y parait.
Rocket est un raton-laveur génétiquement modifié, devenu un spécialiste des
armes et un fameux stratège. Complètement barré, ce personnage est assurément
l'atout principal du film. Sa réussite est à la hauteur du pari pris sur lui :
il était en effet hautement improbable d'imaginer une seconde un personnage
crédible en raton-laveur,
entièrement réalisé en imagerie numérique, en tenue de combat, armé de flingues
plus gros que lui, vrai moulin à parole (et sortant une vanne à la minute), totalement attachant
et disposant, en anglais, de la voix d Bradley Cooper. Et pourtant... Marvel l'a
fait ! Quelle leçon de cinéma !
Enfin, le dernier de la bande des Gardiens de la Galaxie est Groot. Arbre humanoïde, il
est le garde du corps de Rocket. A la différence des autres membres, il n'est
pas un sale type ou un roublard. C'est un être totalement bon dont le spectateur
tombera tout de suite sous le charme. Vin Diesel (Baby-Sittor)
a servi de modèle pour la motion capture du personnage ; l'acteur lui prêtant
également sa
voix pour des dialogues, plutôt limités, mais un discours très attachant.
A côté de cette panoplie de premiers rôles assez fournie, Les Gardiens de la Galaxie
possède un large panel de personnages secondaires charismatiques.
En premier lieu, il y a bien sûr le méchant du film : Ronan. Il s'agit d'un Kree
fanatique qui veut éradiquer ses ennemis de toujours : à savoir, la planète Xandar
peuplée d'extraterrestres ressemblant fortement aux humains. Pour parvenir à ses
fins, il s'allie ici à un être plus fort que lui. Ce dernier ne lui pose qu'une condition :
pouvoir s'accaparer l'objet précieux qu'il convoite. Lee Pace (C'Était
à Rome) fait à l'évidence des merveilles dans le rôle de ce vilain Marvel psychopathe.
Karen Gillan est Nebula, l'une des sœurs adoptives de Gamora qui, à sa différence,
n'est pas
prête à trahir Ronan ou son père et va donc tout faire pour stopper la quête de justice
de son ainée.
Benicio del Toro endosse avec conviction le personnage de Taneleer Tivan dit Le
Collectionneur, déjà vu dans la scène post-générique de Thor : Le Monde des Ténèbres.
Alors que le spectateur était en droit d'attendre qu'il soit
bien plus présent à l'écran, le personnage n'apparait au final que très peu dans
le film. Il est toutefois évident qu'il reviendra dans d'autres productions de Marvel Studios
tant il constitue un lien avec le fil rouge liant tous les films du
studios, un statut jouissif le rendant encore plus énigmatique.
Yondu (Michael Rooker) est un être à la peau bleu, chefs des Ravageurs, un gang
de malfrats, qui a kidnappé puis élevé Peter Quill. Pas forcément bon mais pas
non plus vrai méchant, il est un personnage intéressant par son ambivalence et le
substitut du père qu'il est pour celui qui allait devenir Star Lord.
Enfin, d'autres intervenants peuvent être cités comme Korath, un Kree s'étant
allié à Ronan, joué par Djimon Hounsou ; Irani Rael, la Nova Prime des Nova
Corps, protecteurs de la planète Xandar interprétée par Glenn Close (Les
101 Dalmatiens) ; Rhomann Dey, un garde de la Nova Corps dont le rôle est
tenu par John C. Reilly (Les Mondes de
Ralph).
Non content d'un scénario riche à souhait et d'une galerie de personnages sans aucune fausse note, Les Gardiens de la Galaxie brille également par ses effets-spéciaux. Ceux-ci sont incontestablement de toute beauté. Les planètes sont magnifiques à explorer, les vaisseaux à la fois inventifs et superbement designés et les batailles cosmiques aussi intenses que superbement chorégraphiées ! Et que dire de la réalisation des personnages de Groot et de Rocket si ce n'est qu'elle est tout bonnement superbe. Vraiment du bel ouvrage !
Enfin, le dernier des nombreux atouts des (Les) Gardiens de la Galaxie est à rechercher du côté de sa musique. En donnant à Peter un attachement particulier au dernier objet qu'il a conservé de son enfance terrestre - un baladeur du milieu des années 80 - le personnage devient logiquement un grand fan devant l'Eternel des musiques des années 60 / 70. Le film est ainsi ponctué de morceaux d'anthologies comme Hooked on a Feeling de Blue Swede, Go All the Way des Raspberries, I Want You Back des Jackson 5 ou Moonage Daydream de David Bowie. L'utilisation bienveillamment incongrue de ces titres dans un univers cosmique dote ainsi le film d'un ton à la fois particulier et addictif. Sa bande-originale est, en outre, complétée par une musique instrumentale - bien plus classique elle - signée de Tyler Bates et apte à souligner parfaitement les moments émouvants ou épiques.
Les Gardiens de la Galaxie est le meilleur film de Marvel Studios sorti jusque là ! Cette affirmation - juste inconcevable à la lecture du pitch tant l'opus semblait devoir relever des défis trop lourds pour lui à commencer par des personnages peu connus du grand public (dont un raton-laveur et un "arbre" !) et un univers 100% non terrestre, inédit pour ce label au cinéma - est désormais légitime. Le film est beau ; ses personnages ultra attachants ; son histoire aussi drôle qu'émouvante quand elle n'est pas en plus épique ; le tout avec un zeste d'irrévérence bienvenue ! Mieux encore, Les Gardiens de la Galaxie annonce de belles et grandes choses à venir en ouvrant des perspectives insoupçonnables... Décidément, quand Marvel se lâche, la leçon de cinéma n'est pas loin !
A noter:
Les Gardiens de la Galaxie a été nommé pour l'Oscar 2015 des Meilleurs Effets Spéciaux Visuels.