Le Duc de Weselton
Date de création : Le 27 novembre 2013 Nom Original : Duke of Weselton Créateur(s) : Shiyoon Kim Jean Gillmore |
Apparition : Cinéma Télévision Voix Originale(s) : Alan Tudyk Voix Française(s) : Bernard Alane Interprète(s) : Jonathan Runyon (Once Upon a Time - Il Était une Fois - 2014) |
Le portrait
La Reine des Neiges est un long-métrage à part dans l'œuvre de Disney. Car pour la première fois, le méchant n'est pas celui auquel le public s'attend. Pour la première fois, celui qui se présente comme le beau prince charmant est en fait la véritable crapule du film et la révélation de sa fourberie est au final un véritable retournement de situation. Mais ce twist ne fonctionne que grâce à un alibi de taille. Pour que la surprise soit totale, le spectateur doit porter son attention sur un autre méchant et croire que le danger est ailleurs. Et c'est au Duc de Weselton que revient cette mission de noyer le poisson.
Représentant du premier partenaire commercial d'Arendelle, le Duc de Weselton fait partie des nombreuses ambassades invitées au couronnement de la reine Elsa. Petit dignitaire nerveux, le notable est responsable du commerce entre son royaume et celui de la future souveraine. Et s'il trépigne à l'idée d'assister à son sacre, ce n'est pas tant pour saluer Elsa, mais bien pour percer les secrets et exploiter les richesses de ce partenaire commercial de première importance qui, encore lointain et mystérieux, a gardé ses portes closes pendant des années. Son enthousiasme est tel qu'il ne peut retenir sa langue, se surprenant lui-même à dire à haute voix ce qu'il compte faire.
Aux premiers abords, le Duc de Weselton semble être un vieillard loyal et digne. Courtois, celui qui déteste voir écorché le nom de son royaume, prononcé « Vicieuxton » (Weasel Town en VO) lors de l'annonce par le majordome, se présente solennellement devant la reine tout en lui réservant une révérence des plus acrobatiques ! Et chacun peut imaginer que ce duc, dont l'uniforme est couvert de médailles, est un haut dignitaire de premier ordre qui entretenait certainement déjà une relation de confiance avec feux les parents d'Elsa et Anna. Sa moustache bien taillée, ses cheveux coiffés en arrière, lunettes rondes, costume ajusté. Le bonhomme semble être respectable et distingué, soucieux du protocole. Assis au premier rang lors du sacre, le personnage est manifestement important.
Mais le Duc est également un joyeux drille qui, dès lors que les présentations sont effectuées, est bien décidé à profiter de la fête. Et il entend être le premier à danser avec la reine fraîchement couronnée. Amusée, Elsa repousse l'invitation tout en proposant sa sœur à la place. Celui qui se présente comme un excellent danseur arrache alors littéralement Anna de sa place et commence à se dandiner. Auparavant si raide et si droit, le « petit voltigeur » saute et gesticule dans tous les sens, comme un singe ou un coq, sous le regard médusé d'Anna. Mais même s'il a le rythme dans la peau, il ne perd pas le Nord et profite d'être avec la princesse pour connaître la raison pour laquelle les portes du royaume sont restées fermées tant d'années. N'obtenant pas de réponse, il repart dans sa danse endiablée sous les yeux des autres invités, circonspects. C'est éreintée qu'Anna quitte finalement son cavalier et rejoint sa sœur, amusée.
Mais la comédie coupe court. Consternée par sa cadette qui souhaite épouser le prince Hans alors qu'elle vient juste de faire sa rencontre, Elsa ne peut contenir sa magie. Celle qui a toujours dissimulé ses pouvoirs est désormais démasquée. Et le Duc, effrayé par ces lames de glaces qui ont bien failli l'empaler, ordonne immédiatement à ses hommes de capturer cette adepte de sorcellerie, ce « monstre ». Refusant de croire que la Reine est innocente et soupçonnant Anna d'être aussi une sorcière, le Duc accepte que cette dernière parte pour raisonner sa sœur et arrêter la malédiction jetée sans le vouloir sur son royaume. Le Duc, ridicule et cocasse, devient dès lors dangereux. Son profil de méchant de service se dessine alors. Il devient le principal antagoniste du film, celui qui souhaite nuire à la Reine des neiges et que le prince Hans, qui passe quant à lui pour un personnage gentil et volontaire, accuse sans le dire de trahison. Et ce danger augmente lorsqu'il s'agit d'envoyer un corps expéditionnaire pour secourir Anna. Restant avec les autres ambassadeurs au palais, le Duc de Weselton offre les services de ses deux sbires à Hans qui mènera cette mission. Et les consignes qu'il donne à ses gardes sont claires. Ils doivent éliminer Elsa et mettre un terme à l'hiver glacial.
Les recherches conduisent à l'arrestation d'Elsa et à son enfermement dans les geôles du palais. Anna, quant à elle, revient aussi mais à l'aube d'une mort certaine. Vraie menace du début du film, le Duc s'efface alors de l'histoire, redevient un personnage mineur comme l'ensemble des autres ambassadeurs et son rôle de méchant revient désormais à Hans, le véritable antagoniste du film. Weselton subit comme les autres les plans du prince. Et finalement, lorsque le royaume retrouve enfin la chaleur de l'été, le Duc, qui se présente comme une victime, reçoit le châtiment qu'il mérite pour ses machinations. Son royaume se voit privé de toutes relations commerciales avec Arendelle. Le notable est embarqué de force dans son navire et disparaît de l'intrigue.
Le Duc de Weselton est l'un des personnages les plus complets et les plus complexes de La Reine des Neiges. Car celui qui se présente comme le méchant au début du film tient un rôle de premier ordre. Il doit faire en sorte de maintenir le spectateur sur une fausse piste jusqu'au dernier quart du film. Et pour cela, rien n'est laissé au hasard. Comique puis dangereux, le personnage doit captiver son auditoire. Cela passe en particulier par de belles scènes de comédie, au début du long-métrage, en particulier sa danse ridicule. Cela passe aussi par ses manières et son apparence sérieuse au premier abord mais rapidement tournée en dérision, notamment avec son postiche qui se décolle de son crâne lorsqu'il se penche pour faire sa révérence à la Reine. Puis la comédie s'efface au profit de la menace. Et le Duc est d'autant plus dangereux qu'il semble terrorisé par ce qu'il se passe. Sa peur en fait quelqu'un de terrible tant les décisions qu'il prend à la hâte menace les héroïnes.
Finalement, le Duc de Weselton est-il un méchant ? La question peut se poser. Car le principal antagoniste demeure Hans, le prince ambitieux bien décidé à éliminer les deux princesses pour confisquer le trône. Cependant, le Duc reste un vrai parasite, un vaniteux ambassadeur venu à Arendelle pour son propre profit et celui de son royaume. Tel un espion, il ne songe pas une minute au bien des autres mais uniquement à l'enrichissement de Weselton. Et même l'invitation à danser, qui semble pourtant courtoise, n'est pas désintéressée. Elle est en effet le seul moyen de parler en privé avec la princesse afin de découvrir les secrets de son pays. Au final, les intentions du Duc sont mauvaises dès lors qu'elles peuvent nuire à Arendelle. Mais là où un Ratcliffe semble être capable de tuer pour accaparer les richesses des Indiens, il apparaît évident que Weselton est une menace moindre, un beau lâche, même si ses sbires sont quand même dangereux.
Militaire vêtu d'un uniforme typique des armées du XIXe siècle, le Duc de Weselton est un petit bonhomme monté sur talonnettes et tiré à quatre épingles. A l'origine, son rôle devait être celui du régent, à la tête d'Arendelle à la mort des parents d'Elsa et Anna. Le personnage, alors interprété par l'acteur Louis CK, est finalement devenu un partenaire commercial étranger. Il a notamment été développé par Shiyoon Kim et Jean Gillmore. Elève de CalArts, Shiyoon Kim a notamment travaillé sur Lutins d'Elite : Mission Noël, Raiponce, Winnie l'Ourson, Paperman et Les Mondes de Ralph, ainsi que sur Les Nouveaux Héros. Artiste depuis les années 1980, Jean Gillmore a, elle, collaboré aux productions de La Belle et la Bête, Aladdin, Le Roi Lion, Pocahontas, une Légende Indienne, Toy Story, Le Bossu de Notre-Dame, Hercule, Mulan, Tarzan, Fantasia 2000, Atlantide, L'Empire Perdu ou La Planète au Trésor - Un Nouvel Univers. Comme le rappelle Kim, le personnage du Duc de Weselton a été envisagé comme un maniaque, dont le rang est renforcé par les lunettes, les médailles, une posture raide et un torse bombé qui lui donne le sentiment d'être supérieur aux autres.
Dans la version originale, le Duc de Weselton est interprété par Alan Tudik, acteur à l'affiche de Wonder Boys, Chevalier, I, Robot, 3h10 pour Yuma, Abraham Lincoln, Chasseur de Vampires et qui a prêté sa voix à Sa Sucrerie et à Alistair Krei dans Les Nouveaux Héros. En France, c'est un comédien incontournable qui double le méchant, Bernard Alane, présent au théâtre, à la télévision et au cinéma, notamment au générique d'Hibernatus, et voix française, entre autres, de Stanley Tucci, et d'Atchoum, Bambi, Clopin, La Muraille, Maître Hibou, Fil, le Docteur Doppler, Averell Dalton, Assurancetourix et Panoramix.
Once
Upon a Time - Il Etait une Fois
Personnage récent d'un succès mondial, le Duc de Weselton a, comme l'ensemble du casting de La Reine des Neiges, obtenu une apparition dans la quatrième saison de la série Once Upon a Time - Il Etait une Fois. Il y est interprété par Jonathan Runyon. Il est également présent furtivement dans La Reine des Neiges II. Lorsqu'Elsa découvre enfin la mystérieuse Ahtohallan, il est en effet révélé par la magie des lieux, son effigie de glace se dandinant comme lors de la fête suivant le couronnement de la Reine.
Le Duc de Weselton est au final l'une des réussites de La Reine des Neiges, avec une apparence et un rôle assez savoureux. Surtout, sa position est très importante non pas dans l'histoire, mais dans son déroulement. En détournant l'attention des spectateurs, il est finalement la clé du retournement final. Belle prouesse !