Bruno Madrigal
Date de création : Le 24 novembre 2021 Nom Original : Bruno Madrigal Créateur(s) : Bill Schwab (Directeur Artistique) Byron Howard Jose Luis Velasquez Llorelay Bové Meg Park Jin Kim Nick Orsi James Woods |
Apparition : Cinéma Voix Originale(s) : John Leguizamo Voix Française(s) : José Garcia |
Le portrait
En 2007, avec Bienvenue Chez les Robinson, Disney mettait en scène une famille pléthorique et fusionnelle dans laquelle chaque membre, avec ses particularités et des bizarreries, était parfaitement adoré et soutenu par les autres. Quatorze ans plus tard, avec Encanto, la Fantastique Famille Madrigal, les studios de Mickey reprennent de nouveau ce concept de la famille nombreuse et hors du commun, mais avec cette fois une vision moins optimiste. Les Madrigal sont en effet une fratrie dissonante et loin d’être soudée. Au cœur des mésententes, figure en particulier le personnage de Bruno, l’oncle excentrique ostracisé par les autres à cause de ses visions annonciatrices de grands malheurs.
Bruno apparaît dès les premières secondes d’Encanto, la Fantastique Famille Madrigal. Abuela Alma raconte en effet à la petite Mirabel l’origine de sa famille et de l’incroyable magie qui l’entoure. Après avoir assisté à la mort tragique de son mari Pedro, elle s’est jadis retrouvée seule avec ses triplés, Pepa, Julieta et Bruno. Effondrée, elle a alors vu une chandelle apparaître à ses pieds. Enchanté, l’artefact a donné naissance à la Casita, la maison familiale elle-même emplie de magie. Désormais en sécurité, Alma a dès lors pu élever ses enfants, eux-mêmes touchés par la grâce le jour de leurs cinq ans. En ouvrant leur porte, tous ont effectivement récupéré une part de la magie et un don extraordinaire. Bruno a ainsi reçu celui de voyance.
Des années plus tard, l’heure est venue d’ouvrir la porte du dernier-né de la famille, le jeune Antonio. Le village voisin est en ébullition et chacun attend avec impatience de découvrir le don offert par la chandelle au petit garçon. Les enfants, en particulier, ne tiennent plus en place. Trop jeunes pour avoir pu assister aux précédentes cérémonies, ils assaillent Mirabel de questions. Ils veulent en savoir plus sur les membres de la famille dont les visages ont été peints sur une fresque ornant l’un des murs du village. Ils veulent connaître leur pouvoir respectif. Après avoir parlé de Pepa et de sa capacité à influencer la météo, Mirabel pointe du doigt le visage de Bruno. Elle est toutefois interrompue dans son élan. Chacun sait en effet qu’il ne faut surtout pas parler de Bruno, considéré par tous comme un oiseau de mauvais augure heureusement parti répandre le malheur ailleurs...
Comme dans le village, prononcer le nom de Bruno à l’intérieur de la Casita est absolument défendu. Abuela semble ainsi avoir effacé son fils de sa mémoire. Ses sœurs, Pepa et Julieta, ont fait un trait sur celui qui, selon la première, n’a causé que du tort à la famille. Les gendres, Agustín et Félix, suivent quant à eux le mouvement et n’en parlent pas non plus, surtout pour ne pas provoquer la colère de Pepa dont le caractère est explosif. Les enfants, Isabela, Luisa, Dolores, Camilo et Antonio, trop jeunes, n’ont pour certains pas précisément connu leur oncle et préfèrent ne pas trop poser de questions à son sujet. Seule Mirabel continue dès lors de s’interroger sur cet oncle à qui tout le monde a tourné le dos. Sa volonté de savoir est d’autant plus forte qu’elle pressent que les choses vont mal. Elle sent que la maison est en train de craquer. Elle en est persuadée, quelque chose cloche...
Observant la photo de famille incomplète sur laquelle Bruno n’apparaît pas, Mirabel décide de trouver par elle-même des réponses à ses questions et de comprendre ce qui coince. Sa cousine Dolores, qui entend tout, semble être la personne idéale pour débuter ses investigations. Elle confirme ainsi que la maison craque mais aussi que Luisa ne dort plus de la nuit. Mirabel court donc aussitôt interroger sa sœur. Luisa lui confie bientôt la détresse qui est la sienne. Sa force, colossale, semble se dérober. Pourtant, tout le monde compte sur elle. La pression sur ses épaules est énorme. Luisa confirme que quelque chose dysfonctionne. Elle invite Mirabel à continuer son enquête. Les réponses se trouvent peut-être dans la tour de Bruno...
Prenant son courage à deux mains, Mirabel se risque à pousser la porte de Bruno. L’endroit est désolé, désertique. Contrairement aux autres portes de la maison, celle de Bruno est lugubre. Le bois est sec, sans aucune once de magie lumineuse. À l’intérieur, il y a du sable et de la poussière partout. Une lourde main en pierre indique qu’il faut monter un escalier interminable afin de trouver, à son sommet, des réponses sur l’avenir. Mirabel gravit une à une les marches mais le pont pour entrer dans la pièce suivante est détruit. Elle parvient néanmoins à parvenir de l’autre côté du précipice. L’intérieur de la pièce suivante est en ruine. Des poteries brisées jonchent le sol. Les bas-reliefs représentant Bruno sont terrifiants. Quelques morceaux d’émeraudes brisés attirent l’attention de Mirabel. Il s’agit de la dernière prophétie de Bruno. Elle parle de Mirabel... et du danger qui pèse sur la famille et la Casita...
Parvenant à s’extraire in extremis de la tour de Bruno avec chacun des morceaux brisés de la prophétie, Mirabel regagne sa chambre. Avant de partir, son oncle a vu quelque chose de sombre la concernant. Elle doit en savoir plus. Mais à qui demander ? Sûrement pas à Pepa, sa tante, qui déteste son frère. Il aurait en effet jadis ruiné son mariage en annonçant une terrible tempête. Bien que son mari Félix se souvienne que la journée était néanmoins formidable, Pepa ne se rappelle que du fait que la fête fut soi-disant gâchée à cause de Bruno. C’est ce qu’elle continue de raconter à ses enfants, en particulier Dolores qui confie à Mirabel entendre parfois Bruno fureter au loin. Les cousines n’aperçoivent alors pas l’ombre qui avance discrètement au balcon. Ses yeux verts brillent dans l’obscurité. Est-ce Bruno ? Est-ce Camillo qui, doué pour prendre l’apparence des autres, explique bientôt que son oncle n’a pour seule compagnie que les rats et qu’il vaut mieux ne pas voir son nom inscrit dans l’une de ses prophéties !
Sur la place du village, tout le monde semble d’accord avec Pepa. Bruno n’est qu’un cassandre pessimiste dont les visions, toutes plus négatives les unes que les autres, ont tôt fait de ruiner la vie des pauvres gens. Poisson mort... Prise de poids... Perte de cheveux... C’est forcément la faute de Bruno qui avait vu tout cela dans ses prédictions. Seule Isabela semble contente. Bruno lui a dit que son pouvoir serait extraordinaire, ce qui convient parfaitement à la jeune fille, très superficielle. Dolores, quant à elle, est moins à la joie. Bruno lui a dit que l’homme de sa vie se marierait à une autre, ce qui n'a pas manqué de lui briser le cœur...
Refusant de croire les commérages que tout le monde répète à l’envi depuis dix ans, Mirabel s’isole dans sa chambre pour recoller les morceaux de sa prophétie brisée. L’effondrement imminent de la Casita est confirmé. Et Mirabel semble au cœur de ce prochain malheur. Dévastée, elle est bientôt surprise par son père, Agustín, qui accepte de garder le secret sur les découvertes de sa fille. Mais l’oreille sensible de Dolores, qui entend tout, a surpris leur conversation. Il ne faut que quelques instants pour que toute la maison soit au courant... Cerise sur le gâteau, les révélations ébruitées par les uns et les autres ont tôt fait de ruiner la demande en mariage de Mariano envers Isabela. Pour Abuela, Mirabel est la seule responsable de ce désastre !
Acculée, elle quitte la table afin de suivre les rats qui viennent de voler les morceaux de la prophétie. Grâce à eux, elle aperçoit un passage dissimulé derrière un tableau. À l’intérieur des murs de la maison, elle voit bientôt une ombre... Elle se lance à sa poursuite. Évitant les poutres, les tuyaux, les trous, elle essaye de ne pas perdre la trace de cet inconnu qui lui sauve miraculeusement la vie en la retenant dans sa chute.
Et cet inconnu, c’est Bruno ! Bruno, l’oncle « démoniaque ». Bruno, l’annonciateur de mauvaises nouvelles. Bruno, le paria que tout le monde pensait être parti très loin. Bruno qui, durant toutes ces années, n’est en fait jamais parti de la maison. Caché dans les fondations et dans les murs de la Casita, il est en réalité resté là, tout seul, auprès de sa famille qu’il aime tant. Il a récupéré un vieux fauteuil et amassé quelques affaires usagées et s’est aménagé une chambre. Piquant de la nourriture durant la nuit, il s’est arrangé une petite place derrière le mur de la cuisine afin de manger « aux côtés » des siens.
L’esprit quelque peu dérangé, Bruno s’est construit des amis imaginaires, Hernando et Jorge, sortes de doubles de sa personnalité. Rongé par la solitude, il a apprivoisé les rats qu’il met en scène dans des décors de terrain de football, de jeu télévisé et de telenovelas peints sur des morceaux de carton. Averti que la Casita n’allait pas bien, il a surtout passé tout ce temps à colmater les fissures, à reboucher les trous et à faire en sorte que tout ne s’effondre pas trop vite... Confiant sa détresse et sa tristesse, Bruno a en réalité disparu car il savait ce qui allait se passer.
Après avoir vu la porte de Mirabel disparaître et la magie renier la petite-fille, Abuela lui a en effet autrefois demandé de lire l’avenir. C’était il y a dix ans. Bruno a alors vu la fillette devant la Casa Madrigal. Une vision montrait la maison intacte. L’autre montrait la maison en train de se fissurer. Pour éviter que cette prophétie ne revienne aux oreilles des autres, et pour éviter que quelqu’un s’en prenne à Mirabel, Bruno a ainsi préféré briser la tablette et partir. Estimant toutes les accusations prononcées contre lui absolument injustes, il a dès lors passé ces dernières années à faire en sorte que sa vision de l’avenir ne s’accomplisse jamais.
Si Bruno explique à Mirabel que ses prophéties ne sont qu’une version de l’avenir et qu'elle n’est pas gravée dans le marbre tant qu’elle ne s’est pas concrétisée, il refuse de lui venir en aide davantage. Tentant de mettre la jeune fille dehors, il ne parvient cependant pas à s’en débarrasser aussi facilement. Mirabel est tenace. Bruno hésite. Il pourrait effectivement essayer de retenter une nouvelle prédiction. Mais impossible de le faire ici, dans sa « chambre ». Antonio, capable de parler avec les rats qui l’ont averti de la présence de Bruno, propose alors à sa cousine et à son oncle d’aller dans sa chambre.
Alors qu’au-dehors, le ciel s’assombrit un peu plus, Bruno se prépare pour sa prochaine vision de l’avenir. Il forme un cercle en versant du sable sur le sol. Assis en tailleur en face de Mirabel, il prend une allumette et embrase un petit tas de feuilles mortes. Il s’était pourtant promis de ne plus jamais se projeter ainsi dans le futur. Mais il n’a pas le choix. Quelques incantations et sa porte reprend de la lumière. Ses yeux s’illuminent d’un vert perçant. Il saisit les mains de Mirabel. Le sable s’élève dans les airs. L’avenir se déroule sous leurs yeux. L’effondrement de la maison est proche. Toute la famille est potentiellement en danger. La clé pour éviter tout cela, c’est Mirabel qui doit absolument se réconcilier avec sa sœur, Isabela, dont elle a ruiné les fiançailles. Comme prévu, l’avenir peut donc encore être modifié. C’est au tour de Mirabel de jouer. En attendant, Bruno fait le choix de retourner d’où il vient, dans les entrailles de la maison.
La réconciliation entre Mirabel et sa sœur, au lieu d’apporter l’espoir tant espéré, est en fait le pire remède. Isabela a compris qu’elle était libre d’abandonner cette posture de belle jeune fille propre sur elle pour laisser aller son caractère rebelle. Le mariage avec Mariano n’aura de fait pas lieu car elle n’en a jamais voulu. Pour Abuela Alma, c’est inacceptable. La situation est en train de lui échapper. Elle ne le tolère pas. Tout est de la faute de Mirabel qui a retourné l’esprit de ses sœurs et fait grand mal à la famille depuis trop longtemps. Déversant sa colère, la grand-mère se montre particulièrement injuste avec sa petite-fille. Des paroles méchantes sont prononcées. Soudain, la flamme de la chandelle tremble. La maison se fissure. Rien ne peut plus empêcher la Casita de s’effondrer et la magie de s’évaporer...
S’estimant responsable de tous ces malheurs, Mirabel, comme Bruno avant elle, fait le choix de quitter sa famille. Tout le monde se lance bientôt à sa recherche, y compris Abuela qui comprend que la situation est allée trop loin. Retrouvant sa petite-fille sur le bord de la rivière, elle lui raconte son passé, sa jeunesse, la rencontre avec Pedro et la naissance des triplés. Elle se remémore les bons moments mais aussi les pires, comme la mort de son tendre époux. La réconciliation entre les deux femmes permet le retour de la magie. Il est dès lors temps de ressouder cette famille brisée. Cela passe évidemment par le retour du fils prodigue, Bruno, qu’Abuela, submergée par l’émotion, embrasse avec tout l’amour d’une mère.
Les retrouvailles entre Bruno et les autres membres de la famille sont tout aussi émouvantes. Pepa et Julieta sont si heureuses de retrouver leur frère qu’elles lui sautent au cou. Maintenant que tout le monde est réuni, il est temps de reconstruire la maison. Avec l’aide du voisinage, la Casita est ressuscitée. Chacun apporte sa pierre à l’édifice, y compris Jorge et Hernando... Enfin... Bruno !
Reste à remettre une poignée sur la porte. Encouragée par Bruno, Abuela et Antonio, c’est à Mirabel que revient cet honneur. Le miracle de la famille, ce n’est pas la magie, c’est elle, celle qui a permis de réunir tout le monde pour la photo de famille et de réintégrer Bruno auprès des siens...
Personnage fantasque, Bruno est l’un des triplés d’Alma et Pedro. Frère de Julieta et de Pepa, il est ainsi le seul garçon de la famille avant la naissance de ses neveux. Mouton noir des Madrigal, Bruno est doué du don de voyance, un pouvoir formidable qui, faute de maladresse, s’avère rapidement être pour lui une véritable calamité.
Ses prédictions ont effectivement fait de lui l’oiseau de mauvais augure du village, l’annonciateur de mauvaises nouvelles, une sorte de cassandre que tout le monde craint et que beaucoup détestent. Incapable d’interpréter ses prophéties de manière ludique et de les expliquer clairement avec un peu de nuances, Bruno est l’incarnation vivante de la vérité vraie, de celle qui, quoiqu’il arrive, est inévitable. La mort d’un animal de compagnie, la prise de poids ou la perte des cheveux avec l’âge sont en effet des fatalités auxquelles personne ne peut échapper. Le vrai coupable de ces malheurs, c’est le destin lui-même. Mais personne ne veut vraiment entendre ces mauvaises nouvelles. Aussi, plutôt que de voir la vérité en face, beaucoup se sont alors retournés contre Bruno, le maladroit liseur d’avenir accusé de catastrophes pourtant entièrement indépendantes de sa volonté.
Terrifié par le regard des autres, Bruno est un être rongé par l’anxiété, un défaut qu’il partage avec sa sœur Pepa. Néanmoins, c’est un être au grand cœur soucieux des autres, une qualité que possède également sa sœur Julieta. Ce qui compte le plus pour lui, c’est sa famille qu’il aime par-dessus tout. En cela, il est proche de l’état d’esprit de sa chère mère, Alma. C’est pour protéger sa famille, et en particulier la petite Mirabel, qu’il est parti avec le terrible secret révélé par sa prophétie. Il est d’ailleurs prêt à protéger et défendre une fois de plus sa nièce en affrontant sa propre mère après la destruction de la Casita.
Bien que décrit comme un monstre sadique par les gens du village ou bien par Camillo qui se complet à amplifier les rumeurs qu’il a pu entendre çà et là pour impressionner Mirabel, Bruno est un homme sensible et timide. Âgé d’une cinquantaine d’années, il n’apprécie pas du tout cette mauvaise publicité faite autour de lui. Il ne comprend en effet pas pourquoi on l’accuse de tous les maux, lui qui ne fait que dire la vérité aux autres afin de les mettre face à la réalité et, le cas échéant, les prévenir avant que l’avenir ne se concrétise vraiment. Vrai gentil, Bruno préfère alors vivre reclus, loin de tout confort et loin des siens, afin d’avoir la paix qu’il estime mériter.
Trouvant sa solitude aussi lourde qu’injuste, Bruno a ainsi vécu dix ans à l’écart du monde. Observant sa famille depuis les coursives dissimulées derrières les murs, il n’a plus que pour seuls amis les rats de la maison qu’il a dressés pour lui tenir compagnie et voler dans la maison ce dont il a besoin, notamment de la nourriture. Isolé depuis trop longtemps, Bruno a par ailleurs adopté une attitude particulièrement farfelue. Ses troubles du comportement sont devenus nombreux. Superstitieux, il jette du sel par-dessus son épaule. Il évite de marcher sur les fissures de la maison. Il tape en mesure sur les poutres en bois, il marmonne, il s’immobilise soudain et se raidit... Il s’est en outre inventé plusieurs personnalités. Il est ainsi Bruno, le gentil fils abandonné des autres. Mais il est également Hernando, celui qui n’a peur de rien ! Parfois, il endosse le costume de Jorge, celui qui, sa truelle à la main et un seau sur la tête, rebouche les fissures de la Casita.
Bien qu’il prétende être très heureux de cette vie solitaire, Bruno souffre indéniablement de l’éloignement avec sa famille. Aussi, les retrouvailles avec sa mère, Alma, sont forcément remplies d’émotions. Bruno est d’ailleurs surpris de voir sa mère, cette femme qu’il a craint si longtemps, littéralement fondre dans ses bras. Il n’imaginait pas non plus voir Pepa lui sauter au cou. Rassuré de voir que les gens ne lui veulent en réalité pas de mal, Bruno reprend ainsi tout naturellement sa place dans sa famille, et ce sans aucune rancœur vis-à-vis du passé.
Bruno apparaît sous les traits d’un homme grand et mince. Âgé de cinquante ans, il est le dernier-né des triplés, deux informations révélées par le réalisateur Jared Bush sur son compte Twitter (Julieta étant l’aînée). Marqué par ses années de solitude, il a hérité en grande partie du visage de son père, Pedro, notamment son nez et son menton. Ses cheveux, longs et ondulés, deviennent grisonnants. Une fine moustache et une fine barbe rappellent également l’apparence de son paternel. Les cernes sous ses yeux sont profonds du fait de nombreuses nuits sans sommeil. La mélancolie et le chagrin se lisent sur son visage...
Recherche graphique par Bill Schwab
Bruno porte une chemise bordeaux, des pantalons marrons et une paire de sandales de cuir. Ses vêtements sont en grande partie dissimulés sous un ruana vert, une sorte de poncho que le personnage utilisait jadis comme costume de cérémonie au moment de recevoir les personnes souhaitant connaître leur avenir. Ponctuée de motif épousant la forme d’un sablier, la tenue, traditionnelle, remplace alors la robe de chambre visible sur certains concept-arts. Lorsqu’il entre en transe pour lire une de ses visions, ses yeux couleur noisette deviennent verts telle une émeraude, une pierre qui, selon les croyances colombiennes, permet de prédire l’avenir. Les plaques sur lesquelles les visions de Bruno sont gravées sont également faites d’émeraude.
Feuille de modèles par Meg Park
Dans les premières versions du script d’Encanto, la Fantastique Famille Madrigal, Bruno était au départ un homme plus jeune. À peu près aussi vieux que Mirabel, il était alors son compagnon d'aventures dans ce qui s'apparentait plus, à l'époque, à un "buddy movie". Dans d'autres recherches graphiques, Bruno apparaissait parfois sous les traits d’un oncle plus grand et massif. Joufflu et rondouillard, son crâne était par ailleurs tantôt dégarni, tantôt marqué par une chevelure plus longue. Le vert a rapidement été assigné au personnage de Bruno. La teinte tranche alors avec celles des autres protagonistes du film, notamment le rose d’Abuela, le jaune-oranger de Pepa, Félix, Camillo et Antonio, le turquoise, le mauve et le bleu de Julieta, d’Agustín et de leurs filles Isabela et Luisa, ainsi que les couleurs chaudes propres aux habitants du village.
À l’origine, le personnage devait en outre s’appeler Oscar. Le prénom a toutefois rapidement été changé. Le patronyme Oscar Madrigal est en effet très répandu en Colombie. D’autres prénoms ont alors été envisagés : Arlo, Andre, Anki, Marco, Emo... L’idée de le nommer Bruno est finalement venue de Lin-Manuel Miranda, le parolier du film, qui avait besoin d’une rime en « no » au moment d’écrire la chanson Ne Parlons Pas de Bruno.
L’apparence graphique de Bruno est issue du travail de l’équipe réunie autour du directeur artistique Bill Schwab.
Bill Schwab débute sa carrière au début des années 1990. Il collabore alors avec plusieurs studios, notamment Pixar (Toy Story), Paramount et MTV Films (Beavis et Butt-Head se Font l’Amérique), Cartoon Network (Time Squad, la Patrouille du Temps), Nickelodeon (Jenny Robot, The Fairly Odd Parents), IDT Entertainment (Une Sacrée Sorcière) et Rhythm & Hues. En 2005, il entre chez Disney et devient character designer sur Raiponce, La Princesse et la Grenouille, Lutins d’Élite : Mission Noël, Les Mondes de Ralph, La Reine des Neiges, Vaiana, la Légende du Bout du Monde et La Reine des Neige II. Ponctuellement employé sur la série La Ferme en Folie produite par Nickelodeon en 2007 ou bien sur American Dad pour le compte de 20th Century Fox Television en 2010, il est promu directeur artistique d’Encanto, la Fantastique Famille Madrigal.
Plusieurs artistes ont planché sur le personnage de Bruno parmi lesquels le réalisateur Byron Howard ainsi que Jose Luis Velasquez, Lorelay Bové, Nick Orsi et James Woods. Son apparence finale s’inspire en particulier du travail de Jin Kim et de Meg Park.
D’origine coréenne, Jin Kim travaille pour Hanna-Barbera avant de débuter comme animateur freelance pour Disney sur des séries comme Myster Mask, La Bande à Dingo, Bonkers ou Aladdin. Embauché en 1995, il anime Amphitryon et Alcmène dans Hercule puis participe à la production de Tarzan et Fantasia 2000. Parmi les artistes ayant donné vie à Kuzco, à Jim Hawkins et à Buck, il devient character designer et planche à ce poste sur Volt, Star Malgré Lui, La Princesse et la Grenouille, Raiponce, Les Mondes de Ralph, La Reine des Neiges, Les Nouveaux Héros, Zootopie, Vaiana, la Légende du Bout du Monde, Ralph 2.0 et La Reine des Neiges II. En 2016, il retourne en Corée du sud et devient l’un des créateurs du film Blanche-Neige, les Souliers Rouges et les Sept Nains. De retour à Los Angeles en 2018, il collabore aussi avec Glen Keane sur Voyage Vers la Lune. En août 2019, il revient chez Disney et se voit associé à la production de Raya et le Dernier Dragon et Encanto, la Fantastique Famille Madrigal.
Meg Park débute, quant à elle, sa carrière dans les années 2000. Tout en travaillant ponctuellement pour Paramount, Illumination, Google Spotlight Stories, Passion Pictures ou bien encore Sony, elle devient directrice artistique chez Disney. Là, elle participe notamment à la conception des personnages de Ralph 2.0, 101, Rue des Dalmatiens, Raya et le Dernier Dragon, Nous, Toujours, Encanto, la Fantastique Famille Madrigal. Elle apparaît en outre au générique de films comme Le Grinch, Ron Débloque et Le Parc des Merveilles.
En version originale, Bruno Madrigal est interprété par John Leguizamo. Né le 22 juillet 1964, l’acteur est originaire de Bogota, la capitale de la Colombie. Arrivé aux États-Unis avec sa famille alors qu’il n’a que quatre ans, il grandit à New York, où il étudie le théâtre auprès de Lee Strasberg au sein de l’Actors Studio. Il débute alors au cinéma au milieu des années 1980. Après plusieurs petits rôles, il joue dans 58 Minutes pour Vivre - Die Hard 2, Super Mario Bros., Le Fan, Romeo + Juliet, Spawn et Moulin Rouge !. Voix de Sid dans L’Âge de Glace, il complète sa filmographie avec des longs-métrages comme Assaut sur le Central 13, Miracle à Santa Anna, Kick-Ass 2, Cartel, John Wick ou bien encore Dans Leur Regard. Présent au théâtre et à la télévision, il double Gor Koresh dans la série Star Wars : The Mandalorian.
En France, le rôle est tenu par José Garcia. Né le 17 mars 1966 à Paris, le comédien se découvre une passion pour le milieu du spectacle alors qu’il n’est qu’un jeune enfant. Peu intéressé par l’école, il se destine à devenir acteur et suit les leçons de Francis Huster au Cours Florent et ceux de l’Actors Studio dispensés en France. Habitué aux petits rôles, il devient chauffeur de salle pour l’émission Nulle Part Ailleurs de Canal+. Repéré par Philippe Gildas et Antoine de Caunes, il forme bientôt un duo comique avec ce dernier. Le succès est au rendez-vous. José Garcia tient rapidement le haut de l’affiche de comédies comme La Vérité Si je Mens ! qui lui vaut d’être nommé au César du Meilleur Espoir Masculin en 1997. Il enchaîne ensuite avec d’autres films comme Jet Set, Le Vélo de Ghislain Lambert, Le Boulet, Blanche, Après Vous, Astérix aux Jeux Olympiques, Le Couperet, Nous Finirons Ensemble... Voix du lion Alex dans Madagascar, il double également Mushu dans Mulan et sa suite.
En 2023, les Walt Disney Animation Studios célèbrent fièrement leur centième anniversaire avec Il Était une Fois un Studio, un court-métrage spécial dans lequel sont exceptionnellement rassemblés des centaines de personnages Disney d’hier et d’aujourd’hui.
Il Était une Fois un Studio
Devenu incontournable, Bruno Madrigal est évidemment de la partie. Il pose ainsi sur la grande photo de famille prise sur l’esplanade du Roy E. Disney Animation Building. Il a par ailleurs l’honneur d’apparaître dans le générique du film.
Placé malgré lui au cœur d’une chanson entraînante devenue virale, Bruno est sans conteste l’une des grandes révélations d’Encanto, la Fantastique Famille Madrigal. Personnage loufoque victime d’un don vu par les autres comme une malédiction, il parvient en effet à emporter le cœur du public grâce à une interprétation sans fausse note, à la fois amusante et touchante.