Titre original :
BOLT
Production :
Walt Disney Animation Studios
Date de sortie USA :
Le 21 novembre 2008
Genre :
Animation 3D
3-D
Réalisation :
Byron Howard
Chris Williams
Musique :
John Powell
Durée :
97 minutes
Disponibilité(s) en France :

Le synopsis

Sur le petit écran, le chien Volt est un super héro ! Star d'une série télévisée à succès, il se livre à chaque épisode à des exploits tous plus exceptionnels les uns que les autres. La qualité de son jeu d'acteur se caractérise par un réalisme troublant dont l'origine n'est pas très reluisante. Décidés à le réduire à son seul rôle, les producteurs n'ont rien trouvé de mieux que de maintenir le chiot dans une incroyable supercherie : tenu au secret, il est enfermé, au propre comme au figuré, dans l'illusion que sa vie est ce qu'il joue...

Aussi quand, par un malheureux hasard, Volt se retrouve perdu à l'autre bout des Etats-Unis, sa découverte du monde réel ne se fait pas sans heurts, ni rencontres...

La critique

rédigée par

Après Chicken Little et Bienvenue Chez les Robinson, Volt, Star Malgré Lui est le 3ème long-métrage d'animation produit entièrement en 3D par les Walt Disney Animation Studios et le 48ème, toute technique confondue.

Il est également le premier film d'animation signé Disney à être majoritairement supervisé par John Lasseter. Pourtant, à l'origine, rien ne le prédestine à trouver le papa de Toy Story sur sa route. L'idée originale vient, en effet, de Chris Sanders, coréalisateur de Lilo & Stitch. Le scénario, quant à lui, sous le nom de projet American Dog, n'a qu'un vague rapport avec l'œuvre finale. L'histoire imaginée un temps raconte en fait les aventures d'Henry, un chien superstar qui interprète, dans une série, un agent secret à la James Bond. Perdu un beau jour dans le monde réel, en plein Nevada, il demande à deux acolytes de le ramener chez lui. L'un est Ogo, un chat borgne et l'autre, un lapin géant, conséquence fâcheuse de retombées radioactives. L'arrivée, courant 2006, de John Lasseter à la tête des studios d'animation de Mickey change considérablement la donne. Ce dernier poursuit en effet la mission de redorer le blason du label historique en permettant à l'animation Disney de retrouver le succès et la qualité évaporés au fur et à mesure des films proposés dans les années 2000. Il intervient ainsi dans tous les projets déjà en production (Bienvenue Chez les Robinson, American Dog, Raiponce) et en lance de nouveaux dont La princesse et la Grenouille prévue sur les écrans en 2009 et signant, chez Disney, non seulement le retour d'un long-métrage en animation 2D depuis La Ferme se Rebelle en 2004 mais aussi la reprise d'un conte de fée depuis Aladdin en 1992. Si Bienvenue Chez les Robinson est bien trop avancé pour y faire des changements drastiques, John Lasseter reste convaincu du contraire pour American Dog. Il ne se gène pas pour le faire savoir ! Déjà, il trouve l'histoire trop bizarre et estime les personnages peu attachants. Il souhaite repositionner le film vers une œuvre plus conventionnelle et moins risquée pour Disney. Il demande donc à Chris Sanders de modifier son projet. L'artiste refuse, se braque et se voit débarqué manu militari.

Pour reprendre les rennes d'American Dog, John Lasseter imagine un duo de réalisateurs et sollicite pour cela immédiatement ChrisWilliams (qui travaille alors sur le court-métrage, Glago's Guest) et Byron Howard. Le projet constitue en fait pour eux, leur premier travail de réalisation d'un long-métrage Disney bien qu'ils soient bien connus dans la maison. Les deux ont débuté, en effet, leurs carrières chez Mickey, dans les studios d'animation de Floride à Orlando, en travaillant entre autres sur Mulan ; Chris Williams en tant que scénariste et Byron Howard en animateur. Le premier part le plus tôt pour la Californie pour participer au projet de Kuzco, L'empereur mégalo tandis que le second reste lui aux studios floridiens jusqu'à leurs fermetures en travaillant sur l'animation de John Henry, Lilo & Stitch et Frère des ours.

Les judicieuses remarques de John Lasseter sont prises au pied de la lettre. Le scénario est ainsi recentré sur les personnages en recherchant à développer leur capital-sympathie. Le rôle-titre est modifié : Henry devient Volt (Bolt en anglais) et se voit affublé d'une maitresse en la personne de Penny, une adolescente. Oto subit, peu ou prou, le même sort : il est débaptisé en Mitaine et change de sexe en devenant une chatte maigrichonne. Le lapin géant n'est, quant à lui, plus qu'un mauvais souvenir et laisse sa place à un hamster délirant, "coach potatoes" et fan absolu de Volt. Les lieux sont également changés. Exit le Nevada, c'est à New-York que le chiot commence son périple ce qui présente l'avantage certain de devoir lui faire traverser en large les Etats-Unis pour regagner Hollywood. Le remaniement du projet atteint son paroxysme quand le titre est lui même changé : American Dog (qui n'a même pas eu le temps de se voir traduit en français) devient Volt, Star Malgré Lui.

La construction du récit est "lasseterienne" jusqu'au bout des ongles... Road movie, à l'humour omniprésent dans les réparties, situations et gestuelles mais aussi à l'émotion latente, le film emmène le spectateur dans un tourbillon de sentiments et lui arrache même un petite larme en presque fin. L'histoire, qui revisite Lassie, est ainsi divertissante, émouvante, prenante tout en évitant soigneusement les blagues de mauvais goût. Alors que la bande-annonce donnait l'impression de lorgner vers la trame de 101 Dalmatiens 2 : Sur la Trace des Héros, faisant redouter le pire quant à sa qualité, la patte de John Lasseter a fait des merveilles. Les fans de Toy Story et de Cars - Quatre roues  seront assurément comblés par Volt, Star Malgré Lui.

La galerie de personnages est la première force du film.

Volt est exceptionnel tant il est addictif. Ce chiot est superbement défini.
Graphiquement d'abord, il est librement inspiré de l'American White Shepherd, le berger blanc américain avec quelques modifications au niveau des oreilles, de la truffe et de la taille en général. Il est tellement adorable qu'il est difficile de résister à l'idée de le câliner. La scène où il apprend à faire des mimiques pour quémander à manger et celle où il les met en pratique sont ahurissantes d'émotions, au point d'inviter les cinémas à vendre des peluches à la sortie... Tabac assuré !
Psychologiquement ensuite, Volt a une personnalité d'une subtilité rare. Mélange de Truman Burbank dans Truman Show et de Buzz dans Toy Story, il n'a pas une once de méchanceté en lui.  Il est victime, comme sa maitresse, de la cupidité de quelques producteurs bien peu soucieux de son être. Envisagé comme un produit, berné effrontément, sa valeur humaine d'abord niée apparait au fur et à mesure de son périple. Comme pour WALL•E, il donne finalement une belle leçon d'humanité aux hommes qui croisent son chemin. Côté voix, John Travolta assume le version originale tandis que Richard Anconina fait des merveilles en français.

Mitaine est la compagne d'infortune de Volt. Chatte de gouttière dégourdie et bagarreuse, elle tyrannise les pigeons de New-York qui ne tardent pas à lui rendre la monnaie de sa pièce.  Sa personnalité est empreinte de pragmatisme. Cynique à souhait, ses nombreuses réparties sont extrêmement drôles. Le fil comique du film repose en grande partie sur la relation surréaliste entre les deux animaux. Mitaine voit, comme Volt, sa personnalité évoluer tout au long de l'histoire : elle se révèle ici et là pour finalement apparaitre comme une personne de grande valeur. Susie Essman, de la série Larry et son nombril  lui prête sa voix en anglais tandis que Marie Vincent, reconnaissable entre mille pour son doublage de Fran dans Une Nounou d'Enfer, assure une version française remarquable.

Alors que Mitaine est un personnage qui à l'évidence plaira plus aux adultes, Rhino s'adresse lui visiblement au public enfantin. Cet hamster, "coach potatoes", en surpoids passe le plus clair de son temps devant la télévision à zapper pour tout voir ! Utilisant une boule de plastique pour se mouvoir, il ne se pose jamais aucune question sur sa propre condition. Incapable de la moindre introspection, il prend la vie comme elle vient, en envisageant tout au premier degré. Ainsi quand il a la chance de tomber sur son héros, Volt, il fonce à ses côtés, sans conscience du danger et encore moins de l'absurdité de la situation...  En décalage constant avec la réalité, Rhino tire finalement son capital sympathie de ses mimiques hilarantes et répliques loufoques, sans jamais paraitre lourd. Contrairement à ses acolytes, le personnage n'évolue pas dans le film, sa dernière scène résumant à elle seule sa parfaite linéarité.

Penny est la maitresse de Volt. Adolescente de 12 ans, elle est la vedette de la série télé au coté de son chien. Profondément attachée à son animal, elle se désole du traitement qui lui est réservé et n'a de cesse de tenter de le sortir de sa condition. Sa relation avec Volt, décrite de façon particulièrement réaliste, fait mouche chez les  spectateurs possédant un compagnon à quatre pattes. Difficile en effet de résister à la charge émotive des retrouvailles notamment. Dans la version anglaise, Miley Cyrus, la fameuse Hannah Montana, prête sa voix au personnage, tandis qu'en France, sa doubleuse officielle prend logiquement le relai.

Si Volt, Star Malgré Lui met l'accent sur quatre personnages principaux, il dispose autour d'une panoplie d'humains ou d'animaux vraiment secondaires. Les deux groupes bénéficient d'ailleurs d'approches radicalement différentes.
Les humains sont ainsi pour la plupart cyniques et sans cœur, quand ils ne sont pas coupables de ne rien faire, à l'image de la mère de Penny trop longtemps passive. Les gens de télévision donnent eux dans la caricature et sont tout entiers soumis à la dictature de l'audimat.
Les animaux sont tout le contraire des humains. Ils entretiennent le mythe d'une solidarité inter-espèce et ne rechignent pas à aider leurs prochains, même si leurs motivations ne sont pas toujours très charitables. Omar et Fred assurent les voix de tous les "petits" personnages, à plumes et à poils, en adoptant des intonations et sonorités différentes pour chaques intervenants. Leurs prestations est un régal !

Dans son casting, Volt, Star Malgré Lui  zappe un élément de poids dans le monde de l'animation. Il ne dispose pas, en effet, de méchant charismatique. Seul un vilain par procuration apparait dans le film (le méchant de la série dans laquelle joue Volt) ; trop peu et trop artificiel (c'est clairement un personnage de fiction) pour convaincre. 

Au point de vue de la maitrise de l'animation 3D, Volt, Star Malgré Lui n'a pas à rougir. Il est tout simplement aussi beau qu'un Pixar. Sous la direction de John Lasseter, Disney a visiblement fait un bon de géant dans cette technologie. Les décors de campagnes comme de villes sont ainsi magnifiques. Les gratte-ciels new-yorkais sont superbement rendus avec des effets de couleurs et d'ombres plus vrais que nature tandis que Las Vegas semble réelle. A l'inverse, la campagne est dépeinte plus artistiquement avec certains décors prenant l'apparence de tableaux figuratifs. L'animation des personnages, quant à elle, n'a rien à envier à celle du cousin pixarien,  fluide et parfaitement crédible même dans les plus petits détails ; les pigeons en étant le meilleur exemple. Les scènes d'action de la série, rythmées à souhait et remarquablement orchestrées, sont, enfin, dignes des (Les) Indestructibles.

La musique instrumentale de John Powell vient appuyer le sentiment de grande qualité de l'ensemble. Elle souligne en effet à merveille l'action et colle parfaitement aux images, tenant le spectateur en haleine durant les épisodes de la série télé et le bouleversant dans les scènes touchantes. Il n'en est pas de même pour la seule chanson du film. Un chat, un chien et un rongeur, servant à faire le lien entre deux étapes du voyage retour de Volt, tombe, il est vrai, comme un cheveux sur la soupe et plombe le rythme tout entier. Aux paroles insipides et à la ritournelle sans personnalité, elle se situe à des années lumières des Disney des années 90. Le générique de fin, livré en 2D et inventif à souhait, a curieusement plus de chances avec I thought I lost you interprétée efficacement par Miley Cyrus et John Travolta.

Volt, Star Malgré Lui est accueilli aux Etats-Unis par un concert de louanges soulignant le retour de la qualité chez Disney. Le public curieusement ne suit pas. Le démarrage est poussif et le film peine à atteindre les 100 millions de $ de recettes. Les studios de Mickey ont visiblement perdu de leur superbe et ne parviennent plus, sur leur seul nom, à déplacer les foules, lassées sans doute par des années d'errances. Les films d'animation Disney ne sont plus des blockbusters au contraire des Pixar maison ou des concurrents DreamWorks. A force de médiocrité et de marketing imbécile (Pourquoi Volt, Star Malgré Lui  n'est-il pas sorti à Noël en France alors même que le "Disney de Noël" est une institution dans l'hexagone ?) les dessins animés Disney sont boudés par le public. Si le studio est aujourd'hui en convalescence, il n'est pas pour autant sorti d'affaires : un seul faux pas artistique et financier peut signifier, à plus ou moins long terme, la fermeture des studios d'animation historiques de Burbank. Car logique financière aidant, quel intérêt pour la Walt Disney Company de garder deux studios d'animation (Disney et Pixar) quand un seul est vraiment rentable ?

Film vraiment sympathique, Volt, Star Malgré Lui est assurément un des meilleurs longs-métrages d'animation des studios de Mickey, depuis Lilo & Stitch, même s'il lui manque le zeste magique des Disney des années 90, en s'inscrivant plutôt dans la catégorie d'un Oliver & Compagnie (en certes, beaucoup mieux) que dans celle d'un Roi Lion.
Il n'empêche ! Volt, Star Malgré Lui possède de vrais et grands atouts : des personnages ultra attachants, du rire, de l'émotion et un rythme soutenu. A apprécier d'urgence.

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