L'Agent

Volt, Star Malgré Lui

En 2008, les studios Disney sortent en salle Volt, Star Malgré Lui, leur quarante-huitième classique animé. Les spectateurs découvrent alors l’amitié incommensurable entre Volt, chien star de la télévision américaine, et Penny, sa jeune maîtresse et partenaire dans la série qui vit pleinement sa carrière aux côtés de sa chère maman et d’un agent aussi insensible qu’intéressé.

L’Agent entre en scène à la quinzième minute du film. Volt et Penny viennent d’achever le tournage d’une scène des plus intenses. Rentrée dans sa caravane, la petite fille espère alors se détendre en s’amusant avec son chien. Mais les producteurs ont élevé et dressé Volt en le laissant croire que tout ce qu’il vivait dans la série était bel et bien réel. Aussi, l’animal est persuadé d’être effectivement un super-héros devant combattre les sombres desseins du Docteur Calico. Impossible, par conséquent, pour Penny de passer du temps avec lui en dehors des plateaux.

« Aaaahhhh ! La voilà, ma petite super star ! Tu as une séance photo pour Ado Magazine ! ». Alors que Penny demande à sa maman de ramener exceptionnellement Volt à la maison pour le week-end, l’Agent surgit de nulle part pour rappeler ses obligations à la jeune fille. « Ah ! Merveilleux ! Vraiment ! », ironise-t-il, « Une petite fille et son chien ! Vraiment touchant… ». Penny ne comprend cependant pas le second degré de son agent qui doit, par conséquent, expliquer sa mauvaise plaisanterie. « En tant qu’ami, je répondrais oui ! Absolument » s’exclame-t-il, « Mais en tant qu’agent, j’ai le devoir de te rappeler que ceci est le monde de Volt. Il doit y rester jour et nuit ».

Affichant un sourire mielleux absolument surjoué, l’Agent ne prend pas le temps de discuter davantage avec la fillette. Insensible à sa peine, il souhaite passer à autre chose. Penny tente malgré tout de faire valoir sa cause. « Bon, tu sais quoi ? Ta demande est légitime », ajoute-t-il faussement, « J’ai une idée ! On va y mettre une punaise. Boup ! Punaise ! Bonne chose de faite. On va laisser cette question en suspens et on y répondra après mure réflexion. D’accord ? Ça convient à tout le monde ? On voit la vie en rose ? Alors en route ! ».

S’agaçant de ne pas être écoutée, Penny perd patience. « Regardez-moi ce visage », s’amuse l’Agent, « J’ai une petite fille comme toi. C’est l’amour de ma vie. Je ferais n’importe quoi pour elle. Et je serais prêt à l’échanger contre toi et avec plaisir. Authentique ! ». Refusant d’écouter davantage Penny, l’Agent rappelle qu’elle doit se présenter aux essayages. La discussion est donc close, au grand dam de la petite fille qui n’a absolument pas été entendue, ni écoutée…

L’Agent resurgit après la captation d’une nouvelle séquence du feuilleton. Alors que celle-ci s’est achevée sur un cliffhanger, Penny souhaite rassurer Volt. Le scénario de la série prévoit en effet que l’adolescente est capturée par le Docteur Calico. Penny veut donc réconforter Volt et lui dire que tout va bien. « Non ! Tu ne vas pas bien ! », s’exclame l’Agent qui déboule sur le plateau, « Tu t’es faite enlevée par le diabolique Docteur Calico. C’est ce qu’il faut que ce chien croie pour le moment. Mais imagine… Ferme les yeux ! Mais imagine ce qu’il éprouvera en venant à ton secours demain !!! ». Penny tente une nouvelle fois de défendre son point de vue. « Mais, mais, mais… qu’est-ce que je vois derrière ton oreille ?! Est-ce que ?... Oui, c’est ça ! C’est une punaise ! J’ai une idée. Prenons cette punaise et plantons-la dans cette conversation. Poum ! Et nous ne la retirerons pas, non madame, avant que ce problème soit résolu ». Pour la énième fois, l’Agent ironise et refuse d’écouter l’adolescente priée d’aller répondre aux interviews pour la sortie du DVD de la série…

Lorsque Volt disparaît des studios pour secourir Penny qu’il pense être captive de Calico, l’Agent intervient de nouveau pour embobiner l’enfant. « Les nouvelles sont excellentes !!! », se réjouit-il en débarquant sans frapper dans la caravane de Penny qui pense que Volt a été retrouvé, « Oui, trésor ! Tu es l’invitée d’honneur du Top Célébrité Show de ce soir ! ». Penny soupire et se lamente auprès de sa maman qui tente de la rassurer en lui expliquant que Volt n’a peur de rien. « Et je suis sûr que Volt voudrait te voir au talk-show de ce soir », glisse l’Agent sous le regard consterné de la maman de Penny. « Enfin… Je veux dire… Peut-être pas… », se ravise-t-il malgré tout.

« Regarde qui nous venons de retrouver !!! ». L’Agent fait une nouvelle entrée fracassante dans la salle de reprographie où Penny est en train d’imprimer des avis de recherche pour retrouver son chien. Il est accompagné par un homme tenant une lourde caisse. À l’intérieur, un chien identique à Volt attend d’être libéré. En voyant l’animal, Penny retrouve le sourire instantanément. Mais sa joie est de courte durée et elle comprend rapidement que ce n’est pas son chien. « Eh bien… Ça, ça dépend de ta façon de voir les choses », explique l’Agent, « Par exemple, une fois, quand j’étais petit, j’ai demandé une bicyclette pour mon anniversaire mais mes parents m’ont offert un gant de baseball. Alors… Ah ! Ah ! Tu sais ce que j’ai fait ? J’ai fait comme si ce gant de baseball était une bicyclette. Et je montais dessus pour aller au lycée ! Authentique ! ».

Passé maître dans les bobards et les discussions stériles, l’Agent n’est toujours pas disposé à écouter la détresse et les plaintes de Penny. Il est cette fois épaulé par Mindy Parker, la responsable de la programmation, pour faire comprendre à l’adolescente qu’elle doit cesser de chercher Volt afin de reprendre son travail avec cet autre chien…

N’éprouvant plus aucun plaisir à jouer la comédie, Penny est dévastée. Et bien sûr, elle ne peut pas compter sur le soutien de son Agent qui se moque comme d’une guigne de son bien-être. Quand le feu embrase le plateau de tournage, il est l’un des premiers à prendre la fuite sans se soucier de savoir si Penny est en sécurité ou non. Dans sa course, il trébuche sur Volt. Tombé par terre, il se rend compte avec joie que le chien prodige est enfin de retour aux studios !

Finalement secourue par Volt, Penny est une ultime fois assaillie par son Agent. « Je ne sais pas ce que j’éprouverais à votre place », confesse-t-il en s’asseyant dans l’ambulance aux côtés de la mère de la jeune actrice, « Aucune maman ne devrait avoir à traverser ce genre d’épreuve ». Mais les habitudes ont la vie dure. Ignorant totalement ce qu’il vient de se passer derrière lui, il retrouve immédiatement ses vieux travers. « Je fais la promesse que nous ferons de ce malheur une chance pour nous tous », déclare-t-il, « Je vois des unes de magazines, de fabuleux contrats… Moi comme producteur exécutif ! Oh ! C’est extraordinaire ! ».

Ne pensant encore une fois qu’à lui et non à sa protégée, l’Agent provoque bientôt la colère de la mère de Penny qui lui colle une droite mémorable. Il est alors projeté hors de l’ambulance. Son téléphone éclate en touchant le sol. Les lunettes de travers, lui-même est étalé sur le sol. « Eh bien, on démissionne ! », déclare la mère de Penny en fermant les portes de l’ambulance. « Non, non, je vous en prie… Surtout pas… ». L’Agent tente de reprendre la main. « Pas de décision hâtive… Attendez… On va y mettre une punaise ! ». Ses efforts sont cependant vains. Après avoir baratiné tout le monde durant toutes ces années, l’Agent se retrouve à présent sans sa comédienne principale bientôt remplacée par une autre actrice sans doute suivie dans sa carrière par quelqu’un d’autre...

Personnage anonyme sans aucun scrupule, l’Agent fait partie de l’entourage proche de Penny. Aussi bête que méchant, c’est en effet à lui que revient la charge de gérer la carrière de la petite star. Prenant son travail très à cœur, il ne se soucie toutefois pas des états d’âme de la jeune fille. Il ne s’intéresse d’ailleurs pas plus au sort de Volt qu’il appelle simplement « le chien », comme si l’animal n’avait aucune personnalité propre. Le bien-être de Penny est tellement secondaire à ses yeux que lorsque le plateau de tournage s’embrase, il prend lâchement la fuite sans même se demander si la pauvre petite a préalablement été mise en sécurité.

Ce qui semble motiver réellement l’Agent, c’est de faire fructifier la célébrité de Penny afin de faire progresser sa propre carrière et, Graal suprême, de troquer un jour sa place d’agent contre celle de producteur exécutif, plus prestigieuse et évidemment plus rémunératrice. Certainement payé par Sovereing Entertainment, le studio qui produit la série de Volt, l’Agent tente dès lors par tous les moyens de convaincre l’adolescente de poursuivre les tournages. Et peu importe si celle-ci est malheureuse du sort qui est réservé à son chien.

Pour parvenir à ses fins, l’Agent manipule alors une belle langue de bois pour noyer le poisson à chaque fois que Penny se plaint. Faussement compatissant, il parle d’ailleurs à l’adolescente avec une voix mielleuse et doucereuse, comme s’il s’adressait à une petite fille incapable de comprendre la situation. S’imaginant fin diplomate, il tient ainsi des propos particulièrement abrupts et violents qu’il tente d’enjoliver avec des anecdotes personnelles totalement grotesques. En racontant absolument n'importe quoi, l’Agent parvient ainsi à embobiner Penny et à mettre un terme à toute forme de discussion avec elle.

L’apparence graphique de l’Agent est, entre autres, issue de l’imagination de Joe Moshier et de Byron Howard.
Originaire de San Diego, Joe Moshier découvre sa passion pour l’art dès l’adolescence. Pensant se consacrer à la bande dessinée, il débute sa carrière chez American Film Technology. Étudiant à CalArts entre 1992 et 1994, il collabore avec les studios de Chuck Jones puis entre chez Disney en tant qu’intervalliste. Promu concepteur visuel, il travaille sur Le Bossu de Notre-Dame, Hercule, Kuzco, l’Empereur Mégalo, La Ferme se Rebelle, Chicken Little, Bienvenue Chez les Robinson et Volt, Star Malgré Lui. Joe Moshier passe ensuite chez Dreamworks, S.K.G. et collabore à des productions comme Les Croods, Dragons 2, Baby Boss et Les Pingouins de Madagascar. Sa filmographie compte aussi des films comme Voyage Vers la Lune, Ron Débloque et Vivo.

Né à Misawa, au Japon, le 26 décembre 1968, Byron Howard grandit à Philadelphie puis à Issaquah, dans l’État de Washington. Diplômé de l’Evergreen State College d’Olympia, il débute sa carrière chez Disney en tant que guide au sein des Disney MGM Studios. Profitant des possibilités mises en place dans l’entreprise pour évoluer à d’autres postes, il rejoint finalement le département animation en 1994 et travaille comme animateur sur Pocahontas, une Légende Indienne, Mulan et Lilo & Stitch. Nommé aux Annie Awards pour son animation de Frère des Ours, il est choisi pour réaliser Volt, Star Malgré Lui aux côtés de Chris Williams. Il dirige ensuite Raiponce avec Nathan Greno, Zootopie avec Rich Moore, et Encanto, la Fantastique Famille Madrigal avec Jared Bush et Charise Castro Smith.

Extrait du storyboard par Joe Mateo

Totalement idiot et surtout parfaitement insensible, l’Agent apparaît sous les traits d’un homme ayant peut-être quarante ou cinquante ans. Propre sur lui avec son beau costume cintré et ses cravates à rayures, il ne se sépare jamais de son téléphone portable et de son oreillette. Son caractère hypocrite est renforcé par ce sourire qu’il affiche en toute circonstance. Son visage, émacié, est par ailleurs marqué par un regard bleu perçant qui, là-encore, est faussement joyeux.

Au moment de créer le personnage, l’artiste Joe Moshier a au départ imaginé un personnage beaucoup plus sombre et effrayant. Les premières recherches graphiques montrent en effet un agent au regard menaçant. N’affichant aucun sourire, son regard et ses cheveux étaient aussi noirs que son costume. Pour le concevoir, Moshier s’est notamment inspiré des recherches qu’il menait lui-même sur les requins. L’artiste s’est alors mis en tête de donner à l’Agent certains des aspects propres aux squales, notamment dans un regard avec des yeux perçants n’inspirant aucune confiance. Celui-ci a également hérité d’un sourire à pleines dents, presque carnassier. Au fur et à mesure de la production, le personnage de l’Agent est cependant devenu moins menaçant et plus caricatural. Sur les esquisses réalisées par Byron Howard, la chevelure noire a laissé place à une blondeur extrême. Son apparence se rapproche ainsi davantage de celle de Greg Germann, son interprète en version originale.

En version originale, l’Agent est donc interprété par Greg Germann. Originaire de Houston, au Texas, où il voit le jour le 26 février 1958, le comédien débute au théâtre dès la fin des années 1970. Installé à New York en 1982, il joue à Broadway dans Fancy This, Chicago et The Wizard of Oz. Il part finalement pour Hollywood où il débute une carrière au cinéma en jouant dans Streetwalkin’ (it), The Whoopee Boys, Chucky, la Poupée de Sang, Ce Cher Instrus, Danger Immédiat ou bien encore Pete’s Garden. Également présent à la télévision, Greg Germann remporte surtout un immense succès grâce à son rôle de Richard Fish dans la série Ally McBeal. Sa filmographie compte aussi des films comme The Last Producer, Les Pieds sur Terre, Super Papa, Bigger Than the Sky et Crazylove. Sur le petit écran, il apparaît en outre dans Desperate Housewives, Sauvez le Père Noël !, NCIS : Enquêtes Spéciales, New York, Unité Spéciale, Once Upon a Time – Il Était une Fois où il joue Hadès, et Grey’s Anatomy.

En France, le rôle de l’Agent est offert à Pierre Tessier. Né le 20 mai 1968, le comédien se produit au théâtre depuis la fin des années 1980. À l’affiche de Charlie et la Chocolaterie, Tartuffe, Madame Sans Gêne, Faust, Les Femmes Savantes, Tristan et Iseult ou bien encore Carmina Burana qu’il met également en scène, il est surtout très actif dans le doublage. Pierre Tessier est en particulier la voix française de Ryan Reynolds, Greg Germann, Chris O’Donnell, Billy Zane et Corey Stoll. Voix du Prince dans le troisième doublage de Blanche Neige et les Sept Nains, il incarne aussi le roi Agnarr dans La Reine des Neiges II et Mario dans Super Mario Bros. le Film.

Comme tous les personnages du film, Ester apparaît dans l'adaptation de Volt, Star Malgré Lui en bande dessinée publiée par Disney Comics.

Second rôle caricatural et finalement plutôt amusant, l’Agent n’en reste pas moins un égoïste notoire et un méchant que chacun adore détester.