La Drôle de Vie de Timothy Green
Le synopsis
Malgré leur fort désir d’être parents, Jim et Cindy ne parviennent pas à avoir d’enfants. Le soir même où ils obtiennent la certitude médicale qu’ils ne le seront jamais, il s’enivrent pour oublier et imaginent par jeu un fils idéal. Mère Nature intervient alors dans la nuit et, via un gros orage, leur « livre » Timothy, tout droit sorti de terre... |
La critique
La Drôle de Vie de Timothy Green est le genre de film qui surprend son auditoire alors même qu'il n'en attendait pas grand chose. Il aborde ainsi des sujets aussi difficiles que l'infertilité, l'adoption, le rôle des parents, les relations familiales ou le chômage avec un d'optimisme touchant. C'est un conte moderne, symboliquement doux et plein d'espoir. Un gros coup de cœur pour un « petit » film, certes passé inaperçu mais pourtant éblouissant de tendresse...
Pour s'apprécier pleinement, La Drôle de Vie de Timothy Green doit absolument être pris pour ce qu'il est : un conte se situant à mille lieu des aspirations d'un public cynique, à la recherche d'un discours social ou familial, brut et violent. Il est, en effet, construit comme une allégorie abordant des sujets difficiles devenant en cela une œuvre pour enfants qui s'adresse aux adultes ! Il aborde ainsi le délicat problème de la stérilité, de la décision d'adopter, de l'envie d'être parents, de sa capacité à l'être sans s'épargner de revisiter la lutte des classes, la violence scolaire ou la dureté économique. Tous ces sujets cruels sont vus par le prisme du jeune Timothy Green, faux candide et vraie créature divine. Est-il un fils de Dieu, de Mère Nature ou un être simplement magique ? Pas de réponse à cette interrogation qui en appelle d'ailleurs une autre instantanément : est-il vraiment utile de le savoir ? Évidemment que non ! Seule importe en fait sa capacité à redonner l'espoir aux gens qu'il côtoie : ce couple en mal d'enfant, cette tante âgée qui perd son mari, cette sœur et belle-sœur dans les non-dits, ce patron en panne de solutions, cette adolescente incomprise... Il se crée toujours une relation touchante entre Timothy et les gens, à commencer par ses parents adoptifs qui prennent la parentalité en pleine face, sans y être suffisamment préparés. C'est donc l'enfant qui aident ses parents à grandir. Et cela fait, il leur délivre une ultime leçon : laisser « son » enfant quitter le nid et embrasser sa propre vie...
Au delà du cocon restreint de la cellule familiale, le jeune Timothy permet également de remettre de l'ordre dans l'entourage familial, professionnel et amical du couple. Ses interventions simples et sereines apaisent les tensions et règlent l'un après l'autre les problèmes rencontrés dans la petite ville de Stanleyville. Il offre ainsi à sa mère, Cindy, de prendre une revanche sur sa sœur toujours prompte à glorifier ses propres - et surfaites - réussites mais aussi sur sa patronne en libérant sa parole. Il apprend à son père adoptif, Jim, de renouer avec son propre père et solder le passif et lui donne également le courage d'affronter son jeune patron impuissant à prendre les bonnes décisions pour affronter les effets de la mondialisation sur son entreprise.
Joli conte dans son scénario, La Drôle de Vie de Timothy Green est aussi très touchant de par sa photographie et sa cinématographie. Les images respirent ici la sérénité. La Nature est omniprésente : la verdure du printemps, la chaleur de l'été et les couleurs de l'automne ne se contentent pas ainsi de rythmer le récit mais accompagnent le propos. Certaines scènes sont d'ailleurs émouvantes au plus haut point alors même qu'elles sont, à la base, d'une simplicité déconcertante. La recherche de l'énergie du Soleil par Timothy, qui lève alors les bras au ciel pour recueillir la lumière comme le font toutes les plantes chlorophylliennes, est à chaque fois bouleversante. Le film regorge de symboles qui sont autant d'odes à la différence et à l'acceptation de soi : tout ce qui fait la richesse d'un individu et qui peut pourtant être rejetés par les autres !
Le casting de La Drôle de Vie de Timothy Green sert merveilleusement son
récit.
Jennifer Garner est ainsi Cindy Green, l'épouse du couple qui ne peut avoir
d'enfant. Émouvante à souhait quand elle prend conscience du caractère
irrémédiable de son infertilité, elle sait tout aussi bien être touchante dans
ses maladresses à vouloir être une mère parfaite. Ce cadeau, venu ciel ou de la
Nature, lui permet donc d'apprendre et d'évoluer vers le rôle de mère qu'elle
pensait pourtant avoir dans le sang, prenant conscience dès lors qu'en cette
matière, rien n'est évident. Avant La Drôle de Vie de Timothy Green,
l'actrice a participé à bon nombre de films pour différents labels de la Walt
Disney Company : Washington Square (1997) chez
Hollywood Pictures,
Mr. Magoo (1997) chez
Disney, Pearl Harbor (2001)
chez
Touchstone Pictures, Daredevil
(2003) et Elektra (2005) chez Marvel
Studios sans oublier son rôle marquant de Sydney Bristow dans la série
Alias (2001-2006) chez ABC
Studios.
Joel Edgerton joue, quant à lui, Jim Green, le père du petit Timothy. Encore
plus que sa femme, cet homme regorge d'espoirs. Foncièrement bon, il veut
devenir le père qu'il n'a pas eu. N'ayant jamais été soutenu par son propre
paternel, il a, en effet, développé un manque de confiance en soi qu'il veut
exorciser avec son fils. Comme sa femme, sa maladresse dans l'éducation de
Timothy est absolument touchante et rend ce personnage, qui cherche toujours à
bien faire, terriblement attachant. L'acteur sera reconnu principalement pour sa
participation dans les films Lucasfilm, Star Wars : Épisode II - L'Attaque des Clones et Star Wars : Épisode
III - La Revanche des Sith en tant qu'Owen, l'oncle adoptif de Luke
Skywalker, alors jeune.
Timothy Green est interprété par CJ Adams. Ce jeune comédien en herbe est tout
simplement parfait pour le rôle ! Il a su allier une naïveté due à son état
d'être « magique » à une maturité innée, indispensable à la réussite de sa
mission. S'attachant à faire comprendre les éléments essentiels de la vie aux
habitants de la petite ville de Stanleyville, il apprend lui-aussi au contact
des autres, notamment par exemple via les sentiments qu'il développe pour Joni,
sa camarade de classe. CJ Adams a été repéré par le réalisateur, Peter Hedges,
quand les deux ont tourné le film
Touchstone Pictures, Coup de
Foudre à Rhode Island.
Le reste du casting est pour sa part bien plus anecdotique que les acteurs
principaux, essentiellement du fait des traits caricaturaux demandés à chacun
des comédiens : ici, la patronne acariâtre, là, le fils du patron incompétent,
là bas la sœur castratrice, plus loin encore le père distant, etc.
La Drôle de Vie de Timothy Green a été plutôt mal accueilli par la presse
américaine qui lui reproche sévèrement sa naïveté et son manque de cynisme ;
comme s'il était désormais incongru de chercher s'adresser aux adultes par le
biais d'un conte ? Pourtant, une simple histoire, joliment racontée, peut tout à
fait bouleverser son public tout en posant de vraies questions !
Si le film rapporte 51 millions de dollars, soit assez pour rembourser son
budget estimé entre 25 et 40 millions de dollars, ses résultats ne lui
permettent pas en revanche de prétendre à une vraie carrière à l'international ;
son sujet étant en outre foncièrement américain pour pouvoir prétendre emporter
l'adhésion dans d'autres marchés. Il sortira toutefois dans les salles
françaises à la fin du printemps 2013.
Belle réussite, La Drôle de Vie de Timothy Green est un « petit film » touchant, magnifiquement réalisé et porté par un trio d'acteurs convaincants : à déguster simplement !