La Couleur de l'Argent
Titre original : The Color of Money Production : Touchstone Pictures Date de sortie USA : Le 17 octobre 1986 Genre : Comédie dramatique |
Réalisation : Martin Scorsese Musique : Robbie Robertson Durée : 119 minutes |
Disponibilité(s) en France : |
Le synopsis
Un champion de billard, tricheur invétéré, a laissé tomber le jeu pour devenir simple représentant en alcool. Quand il rencontre par hasard un jeune joueur aussi ambitieux que talentueux, les vieux démons remontent à la surface... |
La critique
La couleur de l'argent est un exemple parfait de la nouvelle politique menée par le Président de la Walt Disney Company, Michael Eisner, à partir des années 80. Résolu à redonner à son studio ses lettres de noblesses, il entreprend, en effet, de mettre à l'affiche des productions ambitieuses, faisant appel à des acteurs de renom, des stars montantes et des réalisateurs réputés tout en s'appuyant sur des scénarii élaborés. La signature des studios de la Walt Disney Company redevient, alors, sous son impulsion, peu à peu, de nouveau fréquentable et synonyme de grande qualité. La politique des labels aide d'ailleurs grandement à ce changement de mentalité et de réputation. Touchstone se permet ainsi des types de productions résolument adultes que la signature Walt Disney, elle-même, n'aurait jamais pu assumer, du fait de son ancrage dans le public familial.
Paul Newman reprend donc, dans la neuvième production du jeune label Touchstone, le rôle d'Eddie Felson qu'il avait déjà tenu, en 1961, dans L'arnaqueur de Robert Rossen. Martin Scorsese se charge cette fois-ci de le diriger. Et comme bien souvent avec ce réalisateur de talent, le charme opère. Paul Newman fait ainsi des merveilles au point de se voir décerner l'Oscar du Meilleur Acteur. Le casting, sans aucun doute point fort du film, offre également à un jeune premier, tout frais sorti de Top Gun, un rôle dans un nouveau registre pour lui, assurément plus intimiste et cérébral. Tom Cruise, définitivement rayonnant, re-signera d'ailleurs avec Touchstone deux ans plus tard pour Cocktail.
Encensé par la critique, La couleur de l'argent bénéficie d'une réputation très favorable. Sa qualité est pourtant perfectible. Son rythme est, il est vrai, excessivement lent. Le film se focalise ainsi sur la psychologie des personnages, usant et abusant de sous-entendus et de non-dits jusqu'à l'ennui. Décortiqués à l'extrême, ils ne parviennent pas un instant à se rendre attachants au point de se demander si Martin Scorsese lui-même ne cherchait pas, en fait, à provoquer chez le spectateur un rejet salutaire au regard de la noirceur des rôles-titres. Le récit n'est pas, lui aussi, exempt de défauts. Le propos se perd dans les méandres de l'histoire et reste, somme toute, confus de bout en bout, y compris dans sa conclusion.
La couleur de l'argent est à voir pour se faire sa propre opinion. Chef d'œuvre abouti dans son genre ou film prétentieux et insipide, la question reste posée...