L'Ile aux Phoques
Titre original : Seal Island Production : Walt Disney Productions Date de sortie USA : Le 21 décembre 1948 Série : Genre : Documentaire |
Réalisation : James Algar Musique : Oliver Wallace Durée : 27 minutes |
Disponibilité(s) aux États-Unis : |
Le synopsis
Sur une île aux confins de l'Alaska, des phoques males dans la force de l'âge préparent les lieux pour installer, en parfaits polygames, leur harem pour la saison des amours. Dès le mois de juin, les femelles vont en effet non seulement venir y mettre bas mais aussi tomber à nouveau enceinte. Pendant quatre mois, toute la colonie reste ainsi sur l'île : les petits entament leur éducation tandis que les jeunes males célibataires tentent de prendre la place de leurs aînés... |
La critique
A la fin des années 40, Walt Disney, grand passionné de flore et de faune devant l'Eternel, embauche deux documentaristes, Alfred et Elma Milotte. Il leur confie bien vite la mission d'aller tourner en Alaska. L'idée s'avèrera fameuse... L'analyse de la banque d'images ramenée du continent gelé impressionne, en effet, beaucoup le papa de Mickey. Il s'arrête notamment sur des séquences sur les phoques. Il demande alors au couple de cinéastes de se concentrer dessus en les expurgeant de toute présence humaine, en particulier les autochtones. Sans le savoir, le tout premier court-métrage de la série des True-Life Adventures est mis sur les rails. Pourtant, l'aventure aurait pu en rester là. RKO, le distributeur des studios Disney de l'époque, ne partage pas, il est vrai, l'enthousiasme de son patron. Il considère ainsi le court-métrage final peu attractif. L'utilisation d'une accroche en animation ne change d'ailleurs pas la donne : le public ne se déplacerait pas - c'était sûr ! - pour regarder, pendant une demi-heure, un simple documentaire animalier. Ni une, ni deux, le Maître passe outre et contourne le refus. Il a l'idée, en effet, de demander à un ami, propriétaire d'un cinéma de Pasadena - le Crown Theater - de diffuser le film pendant une semaine afin qu'il soit qualifiable pour les Oscars. Le stratagème fonctionne à merveille : L'île aux phoques emporte l'Oscar du Meilleur Documentaire. La légende veut que Walt Disney, triomphant, aurait invité son frère Roy à emporter l'Oscar chez RKO en lui conseillant de "leur taper la tête avec". Le distributeur fait bien sûr son mea culpa et commande aussitôt de nouveaux épisodes de True-Life Adventures : la série est née.
L'île aux phoques est à l'évidence une pierre angulaire de
l'oeuvre de Walt Disney tout entière. Le court métrage inaugure, il est
vrai, un nouveau domaine de prédilection pour le studio : le documentaire
animalier. Certes, le papa de Mickey n'est pas le premier à avoir eu l'idée
de filmer des animaux. Loin s'en faut. Mais il est assurément le premier à
rendre le genre, jusque là confiné à la seule communauté scientifique,
accessible au grand public. Le Maître de l'animation poursuit ici une
démarche entamée durant la Seconde Guerre Mondiale avec notamment Victory Through Air Power. Mais au delà de son statut de
documentaire populaire et divertissant, L'île aux phoques a
autre chose de remarquable. Il est la première incursion de Walt Disney dans
la production de films entièrement live. Passée une petite introduction de
30 secondes en animation, tout le court-métrage est, en effet, en prises de
vue réelle. Il est ainsi bien éloigné de la signature des Studios de Mickey
de l'époque. En fait, Walt Disney voit déjà plus loin et trace en secret les
contours d'un vague projet d'émission télé, la future
Disneyland.
Tour à tour attendrissant, passionnant, prenant, et instructif, L'île
aux phoques est un court-métrage qui n'a pas pris une ride. Les
qualificatifs manquent d'ailleurs pour décrire une expérience
cinématographique extraordinaire qui, encore aujourd'hui, reste une
référence du genre. Il est à découvrir de toute urgence !