Mr. Toad's Wild Ride
Date d'ouverture : Le 17 juillet 1955 Type d'attraction : Parcours scénique |
Durée : 2 minutes |
Le synopsis
À l’intérieur du manoir Toad Hall, les invités de Maître Crapaud sont embarqués dans une folle aventure à travers la campagne anglaise et la ville de Londres, à bord de la nouvelle lubie de l’amphibien, des bolides flambant neufs du début du XXe siècle, vers… Nulle part en particulier ! |
L'expérience
Dans un petit village rustique où les clameurs des habitants se joignent à la musique harmonieuse d’un carrousel à la myriade de chevaux de bois, un majestueux manoir anglais de style élisabéthain se tient fièrement près des remparts du château avoisinant. Nommée Toad Hall, l’élégante demeure appartient à Mr. J. Thaddeus Toad, connu aussi sous le nom de Crapaud Baron Têtard, aventurier incorrigible et riche excentrique vivant dans la campagne anglaise proche de Londres et ayant développé une passion toute nouvelle pour l’automobile. Sur les murs du manoir, des médaillons à l’honneur du maître des lieux et de ses amis sont finement sculptés et accompagnés d’une phrase les décrivant, permettant aux promeneurs de passage de les connaître avant même de les avoir rencontrés. Ainsi, Angus MacBadger est reconnu pour « offrir de sages conseils bien trop souvent raillés » (« Offers Sage Advices So Often Scorned » en anglais), Mr. Mole est identifié comme étant un « ami loyal et sympathique » (« A Loyal & Sympathetic Friend » en langue de Shakespeare) et Mr. Rat « essaie de soigner la Motormania de Crapaud » (« Tries to Cure Toad's Motormania » en anglais sur le mur) tant bien que mal. Trônant au-dessus de l’édifice, une girouette représentant une automobile conduite par Crapaud résume à elle seule la passion effrénée du propriétaire du manoir.
Au-dessus de la grande porte ouverte de la demeure, surmontée d’une statue de son propriétaire tenant à bout de doigts son monocle, peut se lire, de part et d’autre des armoiries de sa noble lignée, la devise familiale latine « Toadi Acceleratio Semper Absurda » ou en français « L'accélération avec Crapaud est toujours absurde », avertissant les habitants les plus curieux qui souhaiteraient entrer dans la résidence de l’amphibien, du caractère fantasque et risque-tout de leur hôte.
Franchissant le seuil du manoir Toad Hall, les visiteurs découvrent une entrée des plus chaleureuses, au charme typique des demeures campagnardes anglaises. Des colonnes de bois, surplombées de chapiteaux à l’effigie de Crapaud, soutiennent le plafond tandis que des ouvertures dans les murs donnant sur l’extérieur sont parées de fenêtres décorées de vitraux multicolores. Sur le mur de droite, une grande fresque murale rend compte des aventures du propriétaire des lieux, donnant comme un avant-goût des péripéties que les invités s‘apprêtent à vivre, étant dépeint ici parcourant la campagne à bord de son bolide ou prenant la pose sur son cheval Cyril et entouré de ses amis et ennemis. Près d’une fenêtre arquée vitraillée, une sublime statue de Crapaud semble ici accueillir les invités. Non loin, douze véhicules sont mis à disposition des convives ; ces derniers, afin qu’ils soient identifiables, portent le nom de l’hôte du manoir ou le nom d’une personne ayant marqué sa vie : Mr. Toad (M. Crapaud), Ratty (M. Rat), Mole (M. Taupe), MacBadger (MacBlaireau), Cyril, Winky (M. Moustache) et Weasel (les Belettes).
Les invités prennent alors place dans l'un des bolides mais dès le démarrage, ils traversant la pièce au plafond à la charpente de bois sombre visible et foncent dans la bibliothèque du Manoir, manquant de renverser le pauvre Angus MacBlaireau qui, perché en haut d’une échelle, essayait de ranger des livres avant l’arrivée en trombe de l’automobile. Les passagers passent alors à travers la cheminée, et évitant de nouveau la collision avec une armure exposée, arrivent dans l'un des couloirs du Manoir, où sont accrochés les portraits de famille. Des belettes assistent à la scène pendant qu’elles se balancent sur les chandeliers. La voiture déboule ensuite dans la salle à manger où elle sème le chaos, empêchant ce pauvre Monsieur Taupe de finir son repas en paix. Après une énième embardée, le véhicule sort enfin de Toad Hall où il a causé de nombreux dégâts.
Dorénavant dans la campagne anglaise, l’automobile peut laisser libre cours à sa puissance et fonce sur les chemins de terre, évite un policier tentant de l'arrêter et tourne brusquement devant la maison de Monsieur Rat. Devant une conduite aussi dangereuse, un autre agent de la police anglaise cherche à intercepter la folle équipée sans y parvenir : la voiture hors de tout contrôle poursuit sa route à vive allure. Cette furieuse course-poursuite avec les forces de l’ordre manque de renverser un pauvre berger, son troupeau de moutons arrêté sur un pont ayant aussi eu une belle frayeur.
À présent, les passagers se retrouvent au cœur de la capitale londonienne, sous le ciel étoilé, mais le véhicule, toujours hors de contrôle, fonce vers la Tamise. Un brusque virage les sauve du plongeon pour prendre la direction d’un hangar des docks. D’un péril à un autre, cette course folle ne laisse pas de répit : l’entrepôt sert à stocker de nombreux explosifs ! Dans son inarrêtable lancée, l’automobile met le feu aux poudres, engendrant une explosion titanesque qui permet aux pauvres invités sonnés mais conscients de Crapaud de passer à travers le mur en brique du hangar.
La voiture poursuit sa course effrénée dans les rues de Londres et y sème l’anarchie, comme si l'explosion lui avait donné un regain d’énergie. Mais catastrophe, un camion de livraison de la société « Smollett Deliveries » arrive en sens inverse ; le véhicule est obligé, pour échapper à un destin funeste, de pénétrer dans le pub de Monsieur Moustache qui, surpris, plonge sous son comptoir, laissant s’échapper deux pintes de bière virevoltant dans les airs.
Se retrouvant sur une place, où trône une fontaine de Crapaud et de son fidèle compagnon Cyril, l’automobile continue sa virée, frôle un établissement de boissons nommé The Green Dragon et propage le fatras : passant devant l’établissement The Green Dragon, un boulanger est bousculé et laisse tomber sa précieuse fournée de tourtes tandis que des ouvriers du bâtiment remettant en état le toit de chaume d’un édifice vocifèrent contre le véhicule qui manque de renverser l'échafaudage. Pour autant, il est difficile d’échapper à son destin. Bien que la police n’ait pas réussi à arrêter la voiture folle, elle entre dans le palais de justice, où le Procureur condamne les passagers, pourtant pauvres témoins de cette aventure, embarqués malgré eux, à l'incarcération.
Cependant, ils évitent de peu la prison et ses cellules humides et se retrouvent mystérieusement sur une voie de chemin de fer. Un train arrive à vive allure et la collision est inévitable. Accusant de nombreux péchés, les enfers attendent les passagers. Un démon, qui ressemble étrangement au Procureur, indique le chemin aux nouveaux damnés : est-ce celui de la rédemption ou du châtiment ? Après avoir croisé une poignée d’êtres démoniaques, un énorme dragon vert essaye de lancer une gerbe de flamme, enveloppant la voiture dans un panache de fumée.
Était-ce simplement un mauvais présage du futur ou un simple mauvais rêve ? Car voilà les passagers de cette folle aventure de retour au Toad Hall, manoir de Crapaud. Après une folle virée sans égratignures, ils débarquent de leur incontrôlable tacot et partent explorer les environs à pied cette fois… Quel soulagement de se retrouver piéton !
La critique
There is only one Mister in Disneyland: Mr. Toad.
Il n’y a qu’un Monsieur à Disneyland : Monsieur Crapaud.
Walt Disney, Fondateur, The Walt Disney Company
Attraction mythique inspirée de la séquence La Mare aux Grenouilles faisant partie du Classique Disney Le Crapaud et le Maître d’École de 1949, Mr Toad’s Wild Ride accueille ses premiers visiteurs à l’Est de Fantasyland dès l’ouverture de Disneyland Park le 17 juillet 1955 : elle fait partie du club très prestigieux des attractions présentes à l’inauguration du Parc de Walt Disney, remplies de nostalgie malgré leurs profondes mises à jour. Mais ce n’est pas la seule caractéristique qui la distingue.
Le pari un peu fou de cette attraction est de faire vivre aux visiteurs de Disneyland Park une séquence absente du court-métrage de 1949 : en effet, les spectateurs ne voient jamais Crapaud conduire une automobile dans le dessin animé mais seulement une photo en une d’un journal ! Voilà donc la parfaite occasion pour eux de découvrir cette nouvelle lubie de Toad : l’automobile. Cette particularité différencie l’attraction des autres de Fantasyland, puisque Peter Pan's Flight et Snow White's Adventures reproduisent les aventures que les personnages vivent dans leurs dessins animés respectifs.
Pour créer cette aventure empreinte de l’essence du moyen-métrage, une équipe de choc d’Imagineers fut assemblée : Bill Martin, directeur artistique de Fantasyland et véritable touche-à-tout, traça le parcours de l’attraction ; Ken Anderson, animateur de légende ayant travaillé sur Pinocchio, réalisa la fresque murale à l'entrée et certains décors ; Claude Coats, artiste responsable de décors dans des séquences de Pinocchio ou de Fantasia, dessina l’intérieur ; Bob Gurr travailla sur les huit véhicules originaux tandis que Robert A. Mattey qui, se basant sur les dessins de Anderson et de Coats, conçut les effets et nombreux gags. La collaboration de ces légendes de l’animation et de l’ingénierie aboutit à une expérience de quatre-vingt-dix-huit secondes riches en gags visuels et décors sur panneaux de bois, qui cependant ne font pas face aux décors des autres attractions inaugurales qui sont d’une qualité bien supérieure. En effet, Peter Pan's Flight et Snow White's Adventures bénéficient à l’ouverture de décors en trois dimensions tandis que Mr Toad’s Wild Ride n’a le droit qu’à des décors peints, certes sublimes mais en deux dimensions.
Enfin, en 1983, l’ajout de voix et paroles énoncées le long du parcours donnent du corps à l’attraction. Célèbre acteur américain de doublage, Corey Burton prête alors son ton au policier ou encore au juge. L’artiste né à Los Angeles en 1955 n’en est pas à sa première collaboration avec Disney, ayant déjà travaillé par le passé de nombreuses fois avec le département animation de la firme, devenant ainsi le narrateur de Fantasia lors de sa restauration en 2000, Zeus dans la série télévisée Hercule ou encore le Prince Achmed dans Aladdin. Son timbre n’est pas non plus inconnu dans les Parcs Disney américains, et ce, depuis les années 1980 dans des attractions telles que Cranium Command à Epcot, it’s tough to be a bug! à Disney’s Animal Kingdom ou encore dans Pirates of the Caribbean et Seven Dwarfs Mine Train de Magic Kingdom.
Ainsi, comme pour les autres attractions de Fantasyland en 1955, les visiteurs sont au cœur de l’action et vivent l’aventure dans les chaussures du personnage principal, ici Crapaud, en prenant place à bord de bolides (caractéristique que seul Mr Toad’s Wild Ride a conservé). Mais comment rendre cette sensation de folle virée à pleine vitesse dans la campagne anglaise ? La réponse évidente réside en un parcours de montagnes russes : Walt Disney juge l’idée inadaptée à un public jeune ou âgé, et opte pour un parcours scénique à bord d’automobiles de 1903, contemporains de Crapaud et ses comparses.
Les véhicules à bord desquels s'installent les visiteurs de Toad Hall sont le produit de l'inventivité des équipes de Arrow Development. Pour la société californienne de conception et de construction d’attractions, il s’agit de la première collaboration avec Disney qui fut très vite reconduite puisque cinq autres attractions inaugurales de Disneyland ont été construites par Arrow Development : Mad Tea Party, King Arthur Carrousel, Dumbo Flying Elephants, Casey Jr. Circus Train, et Snow White's Adventures. Les wagons furent directement inspirés par une petite voiture ancienne que Karl Bacon et Ed Morgan, ingénieurs de Arrow Development, avaient dans la cour de leur atelier. Ces deux hommes sont de véritables visionnaires dans la conception d’attractions dont l'une des plus grandes inventions vint quelques années plus tard : les rails tubulaires pour les montagnes russes de Matterhorn Bobsleds en 1959. Bruce Bushman (directeur artistique au sein des Studios Disney et qui travaillait sur le développement du Parc depuis 1953) en fit ensuite un croquis à partir duquel les équipes de Arrow Development réalisèrent un prototype et des gabarits en contreplaqué. Ces derniers ont par la suite servi à fabriquer les pièces métalliques et les éléments en fibre de verre pour les wagons de deux places. D’un poids d’environ quatre-vingt-dix kilogrammes chacun, ces véhicules sont propulsés par un moteur électrique. Avec ces douze véhicules et son temps de parcours très court, Mr. Toad’s Wild Ride avait alors un débit de sept-cents visiteurs par heure. Cela changea cependant en 1997 où les wagons d’origine furent remplacés par des véhicules à quatre places.
En 1955, à l’instar du reste du Land plongé dans le thème d’une foire médiévale, essentiellement pour des raisons économiques, une tente formait l’entrée de Mr. Toad’s Wild Ride, cachant son bâtiment partagé avec les attractions Peter Pan's Flight et Alice in Wonderland, cette dernière occupant le premier étage à partir de 1958. Le thème de l'attraction crée inévitablement un anachronisme étrange avec son extérieur stylisé du Moyen Âge. Ce n'est donc que bien plus tard dans son histoire que ce contresens thématique sera corrigé.
De plus, à son ouverture, l’attraction était accessible contre remise d’un C-Ticket, ou coupon C. En effet de 1955 à 1982, que ce soit au Disneyland Park ou au Magic Kingdom de Walt Disney World Resort, les visiteurs devaient, en plus de l’admission au Parc d’une valeur de quelques dollars, acheter des coupons pour accéder à chacune des attractions, vendus sous la forme d’un Value Book, carnet regroupant plusieurs coupons. Ces coupons étaient divisés en trois catégories allant de A à C, départageant les attractions les plus simplistes des plus populaires et plus avancées techniquement. La catégorie D fut ajoutée en 1956 tandis que la dernière catégorie, les E-Tickets, n’arrive qu’en 1959. Malgré l’abandon du système, le terme E-Ticket est resté dans le langage courant pour désigner les attractions les plus prisées des Parcs Disney.
Seulement six ans après son ouverture, en 1961, Mr. Toad’s Wild Ride bénéficie de premières améliorations au même titre que d’autres attractions de Fantasyland. En plus d’aménagements techniques, le parcours se dote de nouvelles scènes et surtout de nouveaux gags ! Ainsi des personnages du film et d’autres inédits font leur apparition : Monsieur Taupe, MacBlaireau et un majordome (de l’espèce humaine) sont ajoutés dans le manoir, Monsieur Rat trouve sa place dans le village tandis qu’une poignée de policiers partent à la poursuite de ce véhicule incontrôlable et sillonnant la campagne anglaise. Dans la scène finale des enfers, l’une des plus atypiques et effrayantes conclusions d’attractions du Land, la scénographie autrefois composée de panneaux de contreplaqué peints et de démons en deux dimensions est remplacée par un véritable décor de caverne aux stalactites et stalagmites formées par de la roche rougeâtre parmi lesquelles des statues d’êtres démoniaques se cachent. Concernant les effets, les portes que le véhicule traverse, fonctionnant auparavant mal et endommagées par la percussion des automobiles, sont améliorées. De même, la scène de l'entrepôt donne maintenant un sentiment d'insécurité permanent par la présence de nombreux tonneaux et caisses d’explosifs qui ont l’air de s’écarter miraculeusement du chemin.
En 1983, le New Fantasyland, projet visant à doter Fantasyland d’un nouveau look plus proche de la vision de Walt Disney en abandonnant l’inspiration de foire médiévale datant de l’ouverture du Parc, permet de donner à Mr. Toad’s Wild Ride un nouveau visage et la splendeur que l’attraction mérite. Ainsi, au lieu de pénétrer dans une tente médiévale pour accéder à l’attraction, les visiteurs font maintenant face au majestueux Toad Hall tel qu’il est présenté dans le moyen-métrage, ce manoir de style Tudor se distinguant par ses pierres anciennes, ses briques rouges et sa panoplie de cheminées hautes élancées vers le ciel. Les Imagineers ne sont pas partis de zéro pour créer cette façade puisqu’ils s'inspirent directement des croquis de Ken Anderson ayant travaillé sur les premiers concepts de Disneyland et sur l’attraction Storybook Land Canal Boats dans laquelle le manoir Toad Hall est aussi présent. L’intérieur n’est pas en reste puisqu’il a été refait de fond en comble, des rails en passant aux décors physiques ! La longueur du circuit s’en retrouve augmentée de vingt-cinq pour cent tout en permettant d’ajouter de nouvelles scènes, de nouveaux gags mais également d’élargir la gare. Dorénavant, les véhicules, qui grâce à l’allongement du parcours passent à douze (plus trois en réserve), au lieu de la huitaine d’origine, sortent avec fracas de l’âtre de la cheminée au lieu de simplement passer devant, donnant dès la file d’attente un avant-goût de la folle aventure qui attend les visiteurs, immortalisée également par une fresque présentant le parcours que l’automobile prendra. L’ajout le plus important reste l’inclusion de la ville de Londres comportant le pub de Winky, scène reprise de la version floridienne de l’attraction, ainsi que la totalité de la place flanquée de la fontaine immortalisant M. Crapaud, son compagnon Cyril et le tribunal de justice.
De nombreux détails se cachent dans cette expérience très courte et à moins de savoir où regarder, il est facile de passer à côté même pour l’œil le plus aguerri à cet exercice. Les plus simples détails à trouver sont ceux dissimulés dans la file d’attente. Dans la peinture murale, située à l’entrée de l’attraction, un hommage à Walt Disney et à sa passion pour les les trains est donné via la représentation d’une locomotive en haut à droite intitulée W.E.D. Railway. Il est également facile d’imaginer qu’il s’agit aussi d’un clin d’œil à la WED Enterprises, société créée en 1952 (WED faisant référence aux initiales de son créateur Walter Elias Disney) pour construire et concevoir le Disneyland Park, devenant Walt Disney Imagineering dès 1986. Comme souvent, des Mickey cachés se sont glissés également dans l’attraction. L’un d’entre eux est dissimulé dans l’œil de la statue de M. Crapaud, présente dans la file d’attente. Un second, plus difficile à repérer à cause de la vitesse des véhicules, est situé juste après l’armure dans le vitrail.
Au niveau de la bibliothèque du Manoir, dans laquelle les visiteurs bousculent sans ménagement MacBlaireau, il est intéressant de noter les titres des ouvrages classiques connus, revisités à la sauce amphibien. Il est possible d’y retrouver des livres tels que I Was a Teenage Tadpole (J’Étais Un Jeune Têtard en français, un possible clin d’œil au film I Was A Teenage Werewolf ou J’Étais un Jeune Loup-Garou de 1957), Toadenomics (Économie des Crapauds), The Travels of a Toad (Les Voyages d’un Crapaud), The Ribbit Heard Round The World (Le Croassement Entendu à l’Autre Bout du Monde, un clin d'œil à la phrase « The shot heard round the world » ou en français « Le coup de feu entendu autour du monde », une expression sportive qui prend ses racines dans la guerre d'indépendance des États-Unis), Mother Toad (Mère Crapaud, une référence à peine dissimulée au personnage de Mère l'Oie du recueil Les Contes de Ma Mère l'Oye de Charles Perrault) et des volumes d’une encyclopédie appelée Aquatic Life (Vie Aquatique). D’autres titres font référence directement à des classiques de la littérature : Frogean Psychology: A Tadpole Grows in Brooklyn (Psychologie Grenouillesque : Un Têtard Grandit à Brooklyn), possible référence au roman semi-autobiographique de Betty Smith A Tree Grows in Brooklyn édité en 1943, Twice Toad Tales (Roman Doublement Crapaud), jeu de mot reprenant le recueil de nouvelles Twice Told Tales (Contes Racontés Deux Fois) de Nathaniel Hawthorne sorti en 1962, For Whom the Toads Croak (Pour Qui Croassent Les Crapauds), référence au roman For Whom The Bell Tolls (Pour Qui Sonne Le Glas) d'Ernest Hemingway paru en 1940, Twelve Angry Toads (Douze Crapauds en Colère) référence au téléfilm de 1954 Douze Hommes en Colère de Reginald Rose, Wart and Peace (Verrue et Paix) référence au roman historique Guerre et Paix de Tolstoï sorti de 1865 à 1869, ou encore A Quest of Flies (Une Quête de Mouches), des titres qui semblent n'avoir aucun sens pour des humains mais tout à fait logiques pour le maître des lieux, un batracien hors du commun.
D’autres clins d’œil savoureux se cachent dans le parcours de l’attraction. Dans la scène de Londres, il est possible d’apercevoir à l’étage du Constabulary (Poste de Police) une silhouette qui laisse peu de doute sur l’identité de la personne : un couvre-chef Deerstalker, une pipe… Il s’agit bel et bien de Sherlock Holmes, qui a été une source d’inspiration pour Monsieur Rat, comme son allure vestimentaire le démontre. Il s’agit ici d’un hommage à Basil Rathbone, narrateur du segment La Mare aux Grenouilles qui cite le célèbre détective dans le moyen-métrage, un rôle mythique qu’il incarna à plus de quatorze reprises au cinéma, de La Voix de la Terreur en 1942 à La Clef en 1946 ! Sur le quai de débarquement, un tableau de Crapaud dans un costume bleu tenant à la main un chapeau de plume est accroché au mur : il s’agit d’une reproduction du tableau L’Enfant Bleu de Thomas Gainsborough, un peintre britannique du XVIIIe siècle. Dernier détail amusant pour les cinéphiles, le design des belettes a été repris dans le film Qui Veut la Peau de Roger Rabbit, classique de 1988 produit par Touchstone Pictures et Walt Disney Animation Studios.
Véritable icône de Disneyland Park depuis 1955, l'attraction est naturellement présente à Walt Disney World Resort dès son ouverture en 1971 à Fantasyland de Magic Kingdom. Cette copie de Mr. Toad’s Wild Ride a cependant la particularité d’avoir deux parcours ou circuits légèrement différents, notamment aux niveaux des scènes présentées. Après vingt-sept ans de bons et loyaux services et malgré une popularité évidente et une âpre campagne de la part des fans sur Internet, prémisse de nombreuses autres pétitions qui apparurent ensuite sur la toile, l’attraction fut fermée le 7 septembre 1998 pour être remplacée par The Many Adventures of Winnie the Pooh, qui possède quelques clins d’œil à son prédécesseur : un portrait de Winnie et de Monsieur Taupe et un autre de Crapaud avec Maître Hibou sont présents dans l’attraction. Une autre référence à l’attraction, plus macabre, est faite au Pet Cimetery de Haunted Mansion avec une tombe de Crapaud. À Disneyland Paris, le Toad Hall Restaurant reprend la façade de Mr. Toad’s Wild Ride, rendant ainsi hommage à l’attraction et permettant de découvrir une reproduction fidèle de la demeure de Crapaud, du salon à la salle de jeux en passant par le jardin d’hiver.
En 2005, pour les cinquante ans de la destination, l’attraction reçut l’écusson « Class of 1955 - An Original » ( « Promotion 1955 - Original ») sur sa façade de briques pour illustrer sa place particulière dans les Parcs Disney et dans les cœurs des fans.
Contrairement aux autres parcours scéniques de Fantasyland qui ouvrirent avec le Parc en 1955, Mr. Toad’s Wild Ride ne propose pas aux visiteurs de revivre l’histoire de Crapaud en reprenant le court-métrage du (Le) Crapaud et le Maître d’École. Bénéficiant d’une importante mise à jour et d’un ravalement de façade significatif en 1983, cette attraction inédite du Disneyland Park propose aux visiteurs une expérience renversante à travers une séquence absente du film dont il s’inspire, rendant l’expérience folle, unique et incontournable à la fin atypique pour un Parc Disney !