Le Prince Achmed
Date de création : Le 25 novembre 1992 Nom Original : Prince Achmed Créateur(s) : T. Daniel Hofstedt |
Apparition : Cinéma Jeux Vidéo Voix Originale(s) : Corey Burton Voix Française(s) : Michel Elias (Aladdin - 1992) Valery Schatz (Aladdin - 2019) Interprète(s) : Billy Magnussen (Aladdin – 2019) |
Le portrait
En 1992, les studios Disney emmènent les spectateurs dans l’univers enchanté des 1001 Nuits avec Aladdin, leur 31e grand classique animé. L’exotisme est alors au rendez-vous avec un héros courageux, des animaux sauvages hauts en couleur, des palais luxuriants et une séduisante princesse courtisée par de nombreux princes parmi lesquels le pédant Prince Achmed.
Le Prince Achmed apparaît à la dixième minute du film. Le public a déjà fait la connaissance du grand méchant, Jafar, meurtrier en puissance, et d’Aladdin, le héros au grand cœur qui, avec son petit singe Abu, est obligé de voler pour survivre. Parvenant une fois de plus à échapper aux gardes du palais, le jeune mendiant est alors attiré vers la grand rue où la foule s’est rassemblée.
Passablement blasés, tous sont réunis pour assister à la venue d’un énième prétendant pour la princesse. Vêtu de son plus beau costume et monté sur son fier destrier blanc, le Prince Achmed ne prend même pas la peine de lever les yeux pour saluer cette foule qu’il méprise tant. Sa parade est bientôt interrompue par deux enfants qui traversent la rue sans regarder. « Hors de mon chemin, répugnante marmaille ! », lance-t-il alors avec dégoût en brandissant son fouet.
Prêt à frapper le petit garçon et sa grande sœur, le Prince est interrompu dans son élan par Aladdin qui lui arrache son fouet des mains avant de le lui lancer au visage. Lui reprochant ses manières, le héros s’attire à son tour les foudres du prétentieux prétendant qui, d’un violent coup de pied, le pousse dans une flaque de boue.
Moqué par la foule, Aladdin, sans se laisser démonter, retourne la situation à son avantage. « Eh ! Regarde-ça, Abu ! C’est pas tous les jours qu’on voit un cheval avec deux arrières trains ! », lance-t-il en direction du Prince et de son cheval qui se dandine de la croupe. La foule éclate de rire. Vexé, Achmed s’arrête aux portes du palais pour répondre à cette moquerie par une attaque. « Et toi, tu n’es qu’un vaurien, un malfrat ! Tu es né pour être un vaurien. Tu mourras en vaurien ! Et il n’y aura que tes puces pour te pleurer ! ».
Les portes du palais se referment lourdement sur Aladdin, piqué au vif par cette accusation gratuite. Elles ne tardent néanmoins pas à se rouvrir. Dès le lendemain matin, le Prince Achmed, furieux, prend en effet la poudre d’escampette. Une humiliation succédant à une autre, c’est cette fois Jasmine qui lui a manqué de respect en laissant son tigre, Rajah, lui mordre le derrière. Le costume déchiré et son caleçon à cœurs à l’air, le Prince Achmed entend ne pas rester ici une seconde plus. « Bonne chance à qui épousera cette furie ! », hurle-t-il au sultan avant de quitter la pièce. Prenant le chemin du retour vers son propre royaume, le Prince Achmed disparaît ainsi de l’histoire.
Se contentant de deux apparitions sommaires et d’un rôle finalement bien maigre, le Prince Achmed est conçu afin de faire avancer rapidement l’histoire d’Aladdin en offrant au public deux éclaircissements sur le reste de la distribution. Le méchant permet en effet d’insister plus encore sur le caractère humain d’Aladdin qui, sans réfléchir, se précipite au secours de ces deux enfants sur le point de prendre une sévère raclée. Surtout, Achmed est l’occasion d’introduire de manière amusante dans l’intrigue la princesse Jasmine tout en faisant comprendre au public son tempérament indépendant et sa volonté de ne pas se conformer aux règles rigides d’une société patriarcale basée sur des traditions désuètes et liberticides pour les femmes.
Aussitôt vu, aussitôt reparti, le Prince Achmed se présente sous les traits d’un jeune homme orgueilleux et sans cœur dont le mépris pour les autres s’affiche clairement sur son visage. Son nez, aquilin, et sa bouche, tombante, renforce ce dégoût qu’il nourrit pour les petites gens. Doté de sourcils noirs broussailleux, de rouflaquettes coiffées en spirales et d’une petite moustache elle-même entortillée, Achmed porte un costume violet rehaussé d’un turban à plume noire et d’une cape rose. Ses épaulettes et sa ceinture, cousues d’or, brillent sous l’effet du soleil, tout comme la petite boucle qu’il porte à l’oreille gauche. Des petits cœurs rouges ornent ses sous-vêtements mis à l’air après que Rajah a mordu les fesses du « pauvre » bougre !
Le Prince Achmed se promène sur le dos d’un cheval en tout point semblable à lui. L’animal est coiffé. Sa crinière est bouclée. Sa selle, rose, est elle-même décorée de boutons en or. Arborant les mêmes sourcils broussailleux, le destrier semble aussi méprisant et méprisable que son maître.
T. Daniel Hofstedt
L’animation du Prince Achmed est entièrement réalisée par T. Daniel Hofstedt. Diplômé du California Institute of the Arts, l’artiste débute sa carrière au sein des studios Hanna-Barbera où il travaille sur la série Les Schtroumpfs avant de rejoindre les rangs des Sullivan/Bluth Studios où il collabore à la production de Fievel et le Nouveau Monde, du (Le) Petit Dinosaure et la Vallée des Merveilles et de Charlie, mon Héros. En 1991, il passe chez Disney et anime Gazeem et le prince Achmed dans Aladdin. Amateur de poésie et de musique et grand fan de baseball, Hofstedt donne ensuite vie à Simba jeune, à Ben et Lon dans Pocahontas, une Légende Indienne, aux gardes et aux gitans dans Le Bossu de Notre-Dame ainsi qu’aux Muses dans Hercule et à l’Empereur dans Mulan. Il enchaîne ensuite avec le capitaine et les marins de Tarzan puis Monsieur Arrow dans La Planète au Trésor - Un Nouvel Univers. Au générique de La Ferme se Rebelle, Mickey, Donald et Dingo - Les Trois Mousquetaires et Winnie l’Ourson et l’Éfélant, il anime les masques et les poupées vaudous dans La Princesse et la Grenouille. Sa filmographie compte aussi des films comme Les Looney Tunes Passent à l’Action, Le Pôle Express, Speed Racer, Planes, Tom et Jerry au Pays de Charlie et la Chocolaterie et Space Jam : Nouvelle Ère.
En version originale, le Prince Achmed est interprété par Corey Burton. Né le 3 août 1955 à West Los Angeles, en Californie, il fait partie des acteurs américains les plus actifs dans le doublage. Débutant au théâtre dès l’âge de dix-sept ans, il se découvre une passion pour l’imitation, laquelle lui permet d’être rapidement repéré puis engagé par les studios Disney dans les années 1980. Son talent lui vaut alors de prêter sa voix à des centaines de personnages parmi lesquels le Professeur Owl dans les compilations Disney Sing-Along-Songs, Droopy, le Capitaine Crochet, Ludwig Von Drake, les Titans, Tac, Gaëtan La Taupe, Monsieur La Lorgnette ou bien encore le Comte Dooku.
En France, le rôle est tenu par Michel Elias. Originaire de Neuilly-sur-Seine où il naît le 18 février 1948, le comédien se spécialise lui aussi dans le doublage. Voix-off de nombreuses publicités parmi lesquelles les barres Ovomaltine (« C’est de la dynamite ! »), il incarne des dizaines de personnages comme Pumbaa, Miss Piggy, Brent Mustangburger, Zangief et le Docteur Drakken. Dans Aladdin, Michel Elias prête aussi sa voix à la Caverne aux Merveilles et à Gazeem.
Dans L’Exil du Cœur, le quinzième épisode de la saison 6 de Once Upon A Time - Il Était une Fois, le Prince Achmed est incarné par le comédien Zahf Paroo (Edgemont, Defying Gravity, Polaris, The Magicians, Good Doctor). Comme dans le classique animé, le personnage espère obtenir la main de la princesse Jasmine. Remis à sa place par cette dernière, il s’emporte contre Jafar qui le change en une simple canne de bois.
Dans le remake réalisé par Guy Richie en 2019, la princesse Jasmine est une fois encore confrontée à des prétendants. Parmi eux, le Prince Anders a spécialement fait le voyage depuis son royaume de Skanland. Incarné par le comédien Billy Magnussen (Into the Woods : Promenons-Nous Dans les Bois, Le Pont des Espions, Mourir Peut Attendre), le personnage change de nom, d'origine géographique et surtout de caractère. Loin d’être aussi prétentieux et agressif, le prince devient un intervenant beaucoup plus souriant et sympathique. En France, Anders est doublé par Valéry Schatz.
Le Prince Achmed fait enfin partie des personnages d’Aladdin pixélisé dans le jeu-vidéo Disney Crossy Road.
Présent seulement une poignée de secondes dans Aladdin, le Prince Achmed est de ces bouffons que le public adore détester.