Mary Blair
Date de naissance : Le 21 octobre 1911 Lieu de Naissance : McAllister, dans l’Oklahoma, aux États-Unis Date de Décès : Le 26 juillet 1978 Lieu de Décès : Soquel, en Californie, aux États-Unis |
Nationalité : Américaine Profession : Artiste |
La biographie
Peu d’artistes auront autant influencé l’œuvre de Walt Disney que Mary Blair. Artiste prolifique originaire du cœur des États-Unis, l’illustratrice a en effet marqué de son empreinte la filmographie animée des studios durant les décennies 1940 et 1950. Créatrice d’un style reconnaissable au premier coup d’œil grâce à ses couleurs pastelles magnifiques, elle a par ailleurs associé son nom et son immense talent à l’une des attractions les plus mythiques de l’Histoire, "it’s a small world", dont les scènes et la chanson, écrite par les frères Sherman, continuent d'être plébiscitées dans le monde entier.
Mary Browne Robinson est née le 21 octobre 1911 à McAllister, dans l’État de l’Oklahoma. Sœur jumelle de la petite Augusta, elle est la fille de John Donovan Robinson et de Varda Morton Valliant, tous les deux mariés en 1908. Complétée par Margaret, l’aînée de la fratrie, la famille est marquée par la pauvreté. John, comptable de son état, est malgré lui souvent en recherche d’emploi. Varda, quant à elle, se consacre à son foyer et à la religion. Au début des années 1920, les Robinson quittent l’Oklahoma et, après plusieurs déménagement et un passage express au Texas, s’installent finalement à Morgan Hill, dans le nord de la Californie. Âgées de treize ans, Mary et Augusta sont inscrites à la Morgan Hill Elementary School puis à la Live Oak Union High School. C’est sur les bancs de l’école que Mary se découvre alors une passion pour le dessin et les couleurs. Les marges de ses cahiers reflètent déjà son talent naissant.
Son diplôme en poche, Mary Blair quitte le lycée le 14 juin 1929 et rejoint les classes du San Jose State College. Elle y reste deux ans et étudie les arts dans le but de devenir à son tour professeur. Elle commence à s’exercer en peignant les portraits de ses camarades et de ses amis. Ses premières toiles sont exposées à la septième Convention annuelle de la Pacific Art Association de Fresno et remportent déjà un beau succès qui vaut à la jeune femme d’être photographiée et mentionnée dans un artiste publié le 13 avril 1931 dans les colonnes du San Jose Mercury Herald. Un second article encense l’artiste en herbe dont le talent lui vaut de décrocher une bourse d’étude et une place à l’Institut Chouinard de Los Angeles, l’une des écoles d’art les plus prestigieuses du pays. C’est dès lors une chance inestimable pour Mary Blair d’exercer et de perfectionner son art alors même que le pays souffre durement des conséquences de la Grande Dépression.
Lee et Mary Blair en 1941.
Grâce à ses enseignants, parmi lesquels les illustres Pruett Carter, l’un des directeurs, et à ses camarades de classe, dont les futures légendes de l’animation Marc Davis et Frank Thomas, Mary Blair passe certaines des plus belles années de sa vie. Carter est très impressionné par le travail de la jeune femme, qui se fait rapidement remarquer comme l’une des meilleures de sa promotion. Elle remporte même un prix de 100 dollars en 1932 grâce à l’un de ses tableaux sélectionnés pour participer au concours organisé par la firme Cannon Mills Company. Les autres élèves admirent eux aussi son talent. L’un d’eux, Lee Everett Blair, un peintre également très doué, tombe sous son charme. Cet amour naissant est partagé. Mary et Lee se marient le 3 mars 1934. Un an plus tard, ce dernier est bientôt nommé président de la California Water Color Society. Mary en devient l’une des premières membres féminines. Elle continue alors d’exposer ses créations, en particulier lors de la Texas Centennial Exposition en 1936, ou bien encore au sein de la prestigieuse galerie Tone Price de Los Angeles en 1938.
Qualifiée en 1938 par la revue The Western Woman comme « l’une des jeunes artistes de Los Angeles reconnue pour la sincérité et l’originalité de son travail », Mary Blair rejoint bientôt, avec son mari Lee, les équipes d’Ub Iwerks puis celles d’Hugh Harman et Rudolf Ising. Les temps, en effet, sont très durs et l’argent rentre difficilement. Si les deux époux pensaient faire carrière dans les beaux-arts, ils comprennent vite que l’animation est un gagne-pain indispensable pour l’instant. Bien que leurs amis et leurs proches ne cessent de leur dire qu’ils gâchent leur talent, ils participent donc à la production de quelques cartoons produits par les anciens partenaires de Walt Disney.
En mai 1940, Mary Blair est finalement repérée et engagée par les studios Disney. Bien qu’elle ne veuille pas de ce boulot, elle rejoint ainsi l’équipe de Joe Grant au sein du Character Model Development. La mission de cette division des studios est alors de trouver de nouvelles histoires, de définir la personnalité de nouveaux personnages, de concevoir les premières recherches graphiques qui donneront naissance aux futurs cartoons et aux futurs longs-métrages. Là, Mary Blair produit en particulier de très jolies peintures à l’eau pour Dumbo. Elle participe à l'élaboration de la première version de La Belle et le Clochard développée par Grant. Elle se penche également sur le projet Penelope and the Twelve Months et sur le Baby Ballet, deux séquences imaginées pour une suite de Fantasia qui ne verra finalement jamais le jour.
Peu encline à travailler encore longtemps dans le milieu de l’animation qu’elle n’apprécie pas outre mesure, Mary Blair est sonnée par la terrible grève qui touche les studios Disney au printemps 1941. La violence des manifestants qui conspuent chaque jour les employés qui passent les grilles pour aller travailler, la détresse et l’intransigeance des frères Disney qui refusent de céder sur quoi que ce soit, les bagarres presque quotidiennes devant les portes des studios la confortent dans l’idée qu’il faut partir. Mary Blair dépose donc sa démission le 13 juin 1941.
Mary Blair lors du séjour d'El Grupo en Amérique latine
(été 1941)
L’histoire n’est toutefois pas terminée. À la fin du mois de juillet, Lee apprend qu’il participe au voyage d’étude que les studios Disney organisent en Amérique latine dans le cadre de la politique de bon voisinage mise au point par l’administration Roosevelt. Le périple durera dix semaines. Accompagné par sa femme Lillian, Walt sera lui aussi du voyage. Il est d’ailleurs vivement encouragé à partir par son frère Roy qui cherche à lui faire prendre un peu de distance avec son entreprise et l’ambiance délétère qui y règne. D’autres artistes et employés sont aussi conviés, les animateurs Norman Ferguson et Frank Thomas, le scénariste et beau-frère de Walt, Bill Cottrell, et son épouse Hazell, la responsable de la publicité Janet Lansburgh et son mari le caméraman Larry Lansburgh, les scénaristes Ted Sears et Webb Smith, le responsable du layout Herb Ryman, les illustrateurs James Bodrero et Jack Miller, ou bien encore le compositeur Charles Wolcott. Mary saisit alors sa chance de parcourir l’Amérique latine en se rendant dans le bureau de Walt Disney pour lui demander une place parmi l’équipe. Ce dernier trouve l’idée formidable. Réengagée le 8 août, Mary, comme Lee, fait ses valises.
Au mois d’août 1941, le groupe d’artistes surnommé El Grupo débute sa tournée sud-américaine. Pendant dix semaines, Mary Blair et ses collègues visitent le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay, la Bolivie, le Pérou, l’Équateur et le Panama. Parcourant les rues de Rio de Janeiro, de Buenos Aires, de Montevideo et de La Paz, Mary Blair profite de ces moments exceptionnels au milieu de décors magnifiques et au contact de la population locale. Elle préfère en effet mille fois plus les rencontres avec les petites gens qu’avec les dignitaires des différents pays parcourus. L’artiste dessine alors les pêcheurs du lac Titicaca, les jardins flottants de Xochimilco au Mexique, le marché animé de Chichicastenango. Elle croque aussi la campagne argentine et ses traditionnels gauchos. Elle passe énormément de temps dans les jardins botaniques. Walt Disney est admiratif de ses croquis, dont les couleurs l’enchantent littéralement.
Lee et Mary Blair lors de leur escale à Rio de Janeiro, au Brésil
(photoreportage de la revue LIFE)
De retour aux studios, Mary Blair est heureuse d’avoir vécu cette expérience extraordinaire. Toutefois, les réjouissances sont de courte durée. La guerre qui fait rage en Asie depuis 1937 et en Europe depuis 1939 touche finalement les États-Unis. Pendant les années qui suivent, Mary Blair continue alors de travailler sur différents projets parmi lesquels Saludos Amigos et Les Trois Caballeros. En décembre 1942, elle retourne d’ailleurs à Mexico pour étudier les costumes locaux. La séquence de Las Posadas, qui découle de ce second voyage et présente les traditions de Noël au Mexique, est notamment intégralement inspirée de son travail. En 1942, Mary Blair intègre finalement les rangs de la Navy. Au grade de lieutenant commander, elle s’installe avec son mari Lee près de la base d’Anacostia, dans la banlieue de Washington. Là, l’illustratrice poursuit toutefois sa collaboration avec les studios qui l’envoient à Cuba au début de l’année 1943 afin de ramener du matériel d’étude dans l’optique de produire d’autres courts-métrages sur l’Amérique latine. Elle accepte en outre de participer à la demande de Walt à la décoration de la maternité de l’hôpital Saint-Joseph, situé juste en face des studios.
Promue en 1944 au poste de directrice artistique des (Les) Trois Caballeros aux côtés de Ken Anderson et Robert Cormack assistés de Clyde Geronimi, Jack Kinney et Bill Roberts, Mary Blair, qui occupe alors une position rarement offerte à une femme, s’envole en octobre 1944 pour la Géorgie afin de produire des recherches graphiques destinées à la production de Mélodie du Sud. Très inspirée par les plaids multicolores cousus par les habitants de la région avec des morceaux de tissus dépareillés, elle réalise alors de très jolies illustrations au pastel qui permettront de définir les ambiances, les costumes et les décors du film. Elle développe dans le même temps quelques recherches graphiques pour la séquence Two Silhouettes incluse dans La Boîte à Musique et pour le long-métrage Danny, le Petit Mouton Noir.
En 1946, Mary et Lee Blair quittent la Californie pour s’installer à New York. Lee fonde alors l’entreprise Film Graphics spécialisée dans la production de publicités. Bien qu’elle ne travaille plus aux studios, Walt Disney tient à ce que Mary demeure l’une de ses employées. Depuis sa maison de Long Island, elle produit ainsi des dizaines de concept arts en lien avec les projets en cours, les séquences C'est un Souvenir de Décembre et Johnny Pépin de Pomme incluses dans Mélodie Cocktail, ou bien encore l’adaptation de La Légende de la Vallée Endormie de Washington Irving pour Le Crapaud et le Maître d’École. Mary Blair dessine également de très nombreuses recherches inspirées de Cendrillon, d’Alice au Pays des Merveilles et de Peter Pan.
Magnifiques et hauts en couleur, tous les dessins reprennent les canons inventés par l’artiste depuis toutes ces années. Ils demeurent toutefois très éloignés du style Disney. Jugé trop plat pour l’animation, aucun, dès lors, n’est repris tel quel, ce que Disney ne cesse de regretter. L’ombre de Mary Blair plane cependant sur chaque film dont les couleurs, les décors, les costumes, et même la position des personnages dans les différentes scènes, sont évidemment tout droit sortis de son œuvre.
Au début des années 1950, Mary Blair collabore à la production de quelques films supplémentaires. Les courts-métrages Susie, Le Petit Coupé Bleu et La Petite Maison portent une fois encore sa touche. Elle illustre en outre deux livres de la collection Golden Books. Mais l’artiste décide cependant de prendre du recul et de revenir à ses premiers amours. Elle démissionne ainsi des studios et reprend sa liberté. Elle crée alors les images d’autres Golden Books parmi lesquels Baby’s House, I Can Fly, The Golden Book of Little Verses et The Up and Down Book. Elle conçoit des cartes de vœux et des illustrations pour différents magazines.
Mary Blair dessine des motifs repris sur les mouchoirs et les écharpes produits par la société Carol Stanley Studios de New York. Elle imagine des robes fabriquées par Lord & Taylor. Elle dessine des décors de Noël et de Pâques pour les spectacles montés par le chorégraphe Leon Leonidoff sur la scène du Radio City Music Hall. Elle collabore un temps avec Duke Ellington sur la comédie musicale Cole Black and the Seven Dwarfs qui ne verra finalement pas le jour.
En juin 1962, elle signe les sculptures en papier exposées sur la Cinquième Avenue dans les vitrines de la boutique Bonwit Teller. Enfin, Mary Blair participe à la réalisation de quelques spots publicitaires pour des marques comme Pepsodent et Meadow Gold Ice Cream… Multipliant les expériences, Mary Blair ne tourne toutefois pas le dos au cinéma. Elle collabore ainsi en tant que « Color Designer » à l’adaptation par David Swift de la comédie musicale How to Succeed in Business Without Really Trying sortie en salle en 1967.
En 1963, Mary Blair voit bientôt Walt Disney ressurgir dans sa vie. Le cinéaste est impliqué depuis plusieurs années maintenant dans la création d’attractions destinées aux pavillons de General Electric, de Ford et de l’État de l’Illinois pour la prochaine Exposition universelle prévue à New York à partir d’avril 1964. Il vient de plus d’accepter d’associer le talent de ses artistes à la firme Pepsi et à l’UNICEF, qui souhaitent concevoir un hommage aux enfants du monde entier. Marc Davis, Claude Coats ou bien encore Collin Campbell sont déjà sur le coup. Walt Disney est persuadé que Mary Blair peut apporter sa touche personnelle au travail engagé. L’artiste a carte blanche et, après avoir participé à quelques réunions dans les studios de Burbank, est autorisée à travailler depuis sa maison de New York. Elle apporte ainsi ses idées pour la conception de dioramas inspirés des pays du monde entier. Pour peupler les scènes, elle dessine en outre certaines des poupées d'enfants dont les costumes traditionnels sont élaborés par Alice Davis.
Subjuguée par ce nouveau travail, Mary Blair produit des dizaines, des centaines de recherches graphiques pour cette croisière autour du monde bientôt baptisée "it’s a small world". Toutes sont magnifiques avec leurs personnages tout ronds et leurs couleurs chatoyantes. Le résultat est fantastique et Walt Disney ne cache pas son admiration pour celle qui a travaillé d’arrache-pied et livré avec ses collègues une attraction d’envergure en un temps record. Enchantée d’avoir participé à ce projet fantastique, Mary Blair n’imagine alors pas les retombées de son travail. Populaire dès sa mise en route à New York en 1964, l’attraction devient l’un des symboles de Disneyland dès 1966. Elle est alors abritée dans un bâtiment dessiné par Blair et reconnaissable avec ses formes géométriques simples et ses couleurs pastelles. La croisière est ensuite reprise à Walt Disney World dès son ouverture en 1971 puis dans les autres Parcs ouverts à Tokyo, Paris et Hong Kong.
En novembre 1966, Walt Disney confie à Mary Blair une autre mission. Comme avec la maternité de l’hôpital Saint-Joseph, il souhaite en effet qu’elle s’occupe de décorer joliment le tout nouveau Jules Stein Eye Institute installé au sein de l’UCLA Center for Health Science. Blair réalise ainsi une superbe fresque murale de vingt mètres carrés dans la section réservée aux enfants. C’est sa dernière réalisation pour Walt Disney, qui décède en décembre 1966…
Hall du Contemporary Resort Hotel, Walt Disney World.
Après la mort de Disney, Mary Blair est incapable de dissimuler son émotion. Bien que le cinéaste ne soit plus là, elle poursuit les projets engagés par lui. Elle réalise deux autres fresques murales de 16,5 mètres de large et 4,5 mètres de haut. Créées avec la technique de la mosaïque, elles sont exposées à l’extérieur des attractions Adventures Through Inner Space et Bell System CircleVision construites en 1967 à Disneyland dans la section New Tomorrowland. Les visiteurs peuvent y lire la mention « The Spirit of Creative Energies Among Children » - « L’Esprit de l’énergie créatrice chez les enfants ». Une ultime fresque en céramique signée par Mary Blair est enfin installée à l’intérieur du Disney's Contemporary Resort de Walt Disney World en 1971.
Désormais loin des studios Disney et de feu son fondateur, Mary Blair continue d’exercer son art avec plusieurs petits projets personnels. L’un d’eux consiste à créer des peintures en trois dimensions. Attendant d’en avoir conçu plusieurs avant de les exposer, peut-être à San Francisco, l’artiste ne parvient malheureusement pas à aller jusqu’au bout du concept. Les difficultés personnelles prennent en effet le dessus, tout comme les problèmes de santé. Une hémorragie cérébrale l’emporte finalement tragiquement le 26 juillet 1978. Mary Blair n’avait que soixante-six ans…
Partie très vite et surtout trop tôt, Mary Blair laisse derrière elle une œuvre incommensurable, magnifique et surtout inimitable. Son impact sur l’œuvre et la filmographie de Disney est inestimable. Pour honorer comme il se doit l’artiste entrée dans l’Histoire, les studios lui décernent alors la récompense suprême, un Disney Legends Award délivré à titre posthume à son époux Lee en guise de remerciements et d’hommage pour une illustratrice de talent dont le travail continue, des décennies après sa mort, à plaire au public, et ce, dans le monde entier.
La filmographie
003 |
Saludos Amigos
Recherche Graphique / Intervenante • Animation 2D / Film "Live"
1943
Cinéma
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1943
Cinéma
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005 |
Cleanliness Brings Health
Recherche Graphique • Animation 2D • Coordinator of Inter-American Affairs
1945
Cinéma
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1945
Cinéma
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007 |
Mélodie du Sud
Recherche Graphique / Décors • Animation 2D / Film "Live"
1946
Cinéma
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1946
Cinéma
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009 |
Danny, le Petit Mouton Noir
Recherche Graphique • Animation 2D / Film "Live"
1949
Cinéma
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1949
Cinéma
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