La Reine de Cœur

En 1951, les studios Disney marquent un grand coup avec la sortie d’Alice au Pays des Merveilles, leur treizième long-métrage animé. Boudé au moment de sa sortie avant de finalement devenir culte au cours des décennies suivantes, le film tente alors de reproduire à l’écran toute la folie de l’œuvre de Lewis Carroll grâce à ses personnages loufoques et hauts en couleur au premier rang desquels figure l’incontournable et irrésistible Reine de Cœur.

Le 4 juillet 1865, Lewis Carroll marque d’une pierre blanche la littérature anglaise avec la parution des (Les) Aventures d’Alice au Pays des Merveilles, conte fantastique, satirique et illogique écrit pour la jeune Alice Liddell, dix ans, à partir d’une histoire inventée par l’auteur durant une promenade en barque le long de l’Isis, la branche de la Tamise qui coule à Oxford. Traduit en français dès 1869, l’ouvrage met en scène la petite Alice, une fillette rêveuse qui, après avoir aperçu un mystérieux lapin blanc très pressé, se retrouve plongée malgré elle dans un monde imaginaire peuplé de créatures toutes plus invraisemblables les unes que les autres.

Lewis Carroll

Durant ses pérégrinations dans cet univers incroyable, elle croise notamment une souris qui déteste les chats, un Dodo prenant la tête d’une course cocasse, un lézard malchanceux, un petit chien joueur, une chenille fumant le narguilé, un pigeon terrifié par les serpents… Dans le chapitre VI, « Porc et Poivre », elle arrive jusqu’à la demeure de la Duchesse. À l’intérieur, règne un vacarme épouvantable. Soudain, la porte s’ouvre et une assiette vole avant de s’écraser contre un arbre. Intriguée, Alice se décider à entrer et découvre la Duchesse en train de dorloter un bébé pendant que sa cuisinière brasse le contenu d’un grand chaudron. La soupe qui mijote est si poivrée que l’enfant et sa tutrice ne cessent d’éternuer. Seule la cuisinière et un mystérieux Chat grimaçant semblent épargnés.

Illustration de John Tenniel, Chapitre VI "Porc et Poivre", 1869

Lorsque la soupe est enfin prête, la cuisinière retire le chaudron du feu avant de se mettre à jeter tout ce qui lui passe sous la main. Si personne ne semble y prêter attention, Alice est néanmoins choquée. Une casserole vient de passer non loin du nez du bébé. La jeune fille se décide à intervenir. Dans un grognement rauque, la Duchesse lui conseille alors de s’occuper de ses affaires mais Alice persiste. Saisissant cette occasion pour étaler sa science, elle en vient à évoquer le jour et la nuit ainsi que la révolution de la Terre. « Ah, Vous parlez de faire des révolutions ! », s’écrie la Duchesse, « Qu’on lui coupe la tête ! ». Effrayée, Alice se saisit de l’enfant et s’échappe de la maison. Ne cessant de grogner, le bébé se transforme bientôt en porc. Étonnée, l’héroïne le relâche donc dans la nature loin de l’hystérie de la Duchesse et de sa cuisinière.

Illustration de John Tenniel, Chapitre VI "Porc et Poivre", 1869

Continuant à errer, Alice se retrouve nez à nez avec le Chat grimaçant qui lui explique que tout le monde est fou dans ce pays. Cela se confirme lors de l’étrange partie de thé avec le Chapelier, le Lièvre et le Loir. Au début du chapitre VIII, « Le Croquet de la Reine », la fillette parvient jusqu’à un superbe jardin. Là, trois jardiniers s’affairent à recouvrir les rosiers de peinture rouge. Des fleurs blanches ont en effet été plantées par erreur et il faut à tout prix corriger cela avant que la Reine de Cœur ne s’en rende compte, sous peine d’avoir la tête tranchée.

Illustration de John Tenniel, Chapitre VIII "Le Croquet de la Reine", 1869

Comme ils le craignaient, la souveraine arrive bientôt. Précédée par ses courtisans, ses enfants, ses invités, le Lapin blanc et le Valet de Cœur, celle-ci demande à Alice de se présenter. Acceptant de révéler son prénom, l’enfant provoque malgré elle la colère de la Reine. Interrogée sur l’identité des trois jardiniers, Alice s’autorise à répondre qu’elle l’ignore et que ce ne sont pas ses affaires. Face à tant d’insolence, la Reine de Cœur sort de ses gonds. « Qu’on lui coupe la tête ! », hurle-t-elle avant d’être raisonnée par le Roi.

Illustration de John Tenniel, Chapitre VIII "Le Croquet de la Reine", 1869

Après avoir sauvé les trois jardiniers condamnés à mort par la Reine, Alice est invitée à participer à une partie de croquet. Le jeu est cependant différent de tout ce que la petite fille a l’habitude de voir. Des hérissons vivants servent de boules ; des flamants roses de maillets. Certains soldats, courbés en deux, font office d’arches. Surtout, la Reine ne supporte pas la défaite et s’évertue à condamner à mort quiconque l’éloigne de la victoire. Son courroux est tel qu’au bout d’une demi-heure, elle se retrouve seule en jeu avec le Roi et Alice. La partie est finalement ajournée lorsque la Reine se met en tête de conduire Alice auprès du Griffon afin qu'il lui présente la Fausse-Tortue.

Illustration de John Tenniel, Chapitre VIII "Le Croquet de la Reine", 1869

Dans le chapitre XI, « Qui a volé les tartes ? », Alice assiste à une parodie de procès. Le Valet de Cœur est accusé d’avoir chapardé les tartes cuisinées par la Reine. Le Roi officie en tant que juge. Plusieurs témoins sont invités à la barre au nombre desquels le Chapelier, le Loir et la cuisinière de la Duchesse. Alice est elle-même obligée de déposer avant d’être chassée du tribunal. Le Roi rappelle en effet que selon la loi, toute personne mesurant plus d’un mille de haut doit quitter la cour. Contestant faire une telle taille, Alice s’attire les foudres du couple de souverains. Condamnée à avoir la tête coupée, elle est assaillie par les cartes… C’est à ce moment qu’elle est sortie de son sommeil par sa sœur et ramenée à la réalité !

Illustration de John Tenniel, page de titre, 1869

Assorti de très belles illustrations signées par Sir John Tenniel, Les Aventures d’Alice au Pays des Merveilles est complété dès 1871 d’une suite. Intitulée De l’Autre Côté du Miroir, celle-ci met en scène Alice qui, comme par magie, parvient à pénétrer à l’intérieur du miroir accroché au-dessus de la cheminée du salon. Elle se retrouve ainsi à l’intérieur du reflet de sa maison où tous les objets sont vivants. Dans l’âtre, elle aperçoit des pièces d’échecs, notamment le Roi et la Reine Rouges puis le Roi et la Reine Blancs. Plus tard, elle entre en discussion avec des fleurs douées de parole. Leurs échanges sont néanmoins interrompus par l’arrivée subite de la Reine Rouge dont la taille a considérablement augmenté. D’une simple pièce d’échecs de quelques centimètres de haut, cette dernière a grandi tant et tant qu’elle dépasse à présent la fillette d’une demi-tête.

Illustration de John Tenniel, Chapitre I "La Maison du Miroir", 1871

La rencontre est alors loin d’être courtoise. « D’où viens-tu ? Et où vas-tu ? », interroge la Reine, « Lève la tête, réponds poliment et n’agite pas tes mains sans arrêt ». Exécutant les ordres, Alice explique avoir perdu son chemin. « Je ne comprends pas pourquoi tu prétends que tu as perdu ton chemin », l’interrompt la Reine, « Tous les chemins qui sont ici m’appartiennent ».

Illustration de John Tenniel, Chapitre II "Le Jardin des Fleurs Vivantes", 1871

Découvrant que ce nouveau pays est en réalité un plateau d’échecs, Alice commence à l’explorer. Durant son périple, elle côtoie des insectes mystérieux dont les corps sont faits de fruits, de nourriture et de plantes. Elle fait ensuite la rencontre de Bonnet Blanc et Blanc Bonnet qui lui racontent l’histoire du Morse et du Charpentier et le sombre destin des petites huîtres. Elle sympathise avec la Reine Blanche. Elle écoute le Gros Coco discourir. Elle est sauvée des griffes du Cavalier Rouge par le Cavalier Blanc.

Illustration de John Tenniel, Chapitre II "Le Jardin des Fleurs Vivantes", 1871

À l’issue de la partie d’échec, Alice, jusqu’ici simple pion, devient Reine. Elle demande alors à la Reine Rouge et à la Reine Blanche de lui apprendre à devenir une souveraine digne de ce nom. S’ensuit une discussion décousue entre la petite fille et les deux pièces d’échecs qui multiplient les questions saugrenues. Reine du Miroir, Alice tente de comprendre les règles stupides qui régissent le royaume. Attablée avec la cour, elle est finalement réveillée par Kitty, l’un des petits de sa chatte Dinah qui la ramène à la réalité…

Illustration de John Tenniel, Chapitre IX "La Reine Alice", 1871

Parfois évoquée par les habitants du Pays des Merveilles, la Reine de Cœur n’entre en scène que durant le dernier acte d'Alice au Pays des Merveiles. Perdue au beau milieu de la forêt de Tulgey, Alice désespère de retrouver un jour son chemin. Par l’entremise du Chat du Cheshire, elle est guidée jusqu’aux jardins de la Reine où trois cartes à jouer s’affairent à repeindre les rosiers. Les pauvres bougres ont en effet planté des rosiers blancs. Il faut donc camoufler à tout prix l’erreur avant que la souveraine ne s’en rende compte.

Les trompettes royales annoncent cependant l’arrivée imminente de la Reine. Sans perdre une minute, les cartes jettent l’échelle, les pinceaux et les pots de peintures par-dessus les haies. Mais cela ne sert à pas à grand-chose. La peinture répandue partout n’est pas sèche et la Reine ne tarde pas à se rendre compte de la supercherie. « Hum… Qui ose peindre mes roses en rouge ?! », clame-t-elle en arrachant l’un des rosiers du sol, « Qui ose peindre mes roses en rouge ?! Qui a souillé d’un rouge épais mes plus jolis rosiers ?! Il faut qu’on punisse ces traitres ! On leur coupera la tête ! ».

Alors que l’As, le 2 et le 3 de trèfle sont condamnés à mort et embarqués sous les vivats de l’assistance, la Reine aperçoit soudain Alice. « Qu’est-ce que c’est que ça ? », demande-t-elle. Se rendant compte qu’il s’agit d’une petite fille, la monarque s’adoucit. Ne laissant pas le temps à Alice d'en placer une, elle reperd toutefois immédiatement son sang-froid. « Levez la tête ! Parlez distinctement ! Et ne tortillez pas vos doigts ! La pointe des pieds en dehors ! Faîtes la révérence ! Ouvrez la bouche, ouvrez la grande ! Et répondez toujours ‘Oui, votre Majesté’ ! ».

Retrouvant son calme, la Reine de Cœur interroge Alice. « Maintenant, veuillez-nous dire d’où vous venez et où vous allez ». Rassurée, Alice tente d’expliquer qu’elle cherche les moyens de rentrer chez elle. « Les moyens ?! », s’agace la Reine, « Sachez qu’ici, tous les moyens sont à moi ! ». Intimant l’ordre à Alice de cesser de poser des questions, la souveraine retrouve de nouveau son calme. Souriante, elle propose à la petite fille de jouer au croquet avec elle.

Sans tarder, les cartes sont distribuées et éparpillées sur le terrain pour servir d’arches. Le Lapin blanc presse les flamants roses d’aller se ranger dans l’étui à maillets. Retroussant ses manches, la Reine se saisit de l’un des oiseaux. Un petit hérisson est placé devant elle en guise de boule. Elle se prépare à jouer mais s’interrompt, gênée par le bruit. Juste à côté d’elle, Alice est en effet aux prises avec deux flamants hilares qui refusent de se laisser attraper. « Silence !!! », s’égosille la Reine avant de reprendre la partie. Incapable de viser correctement, elle rate sa cible. Le Roi doit alors intervenir pour que le hérisson se mette à courir vers les arches qui n’hésitent pas à s’avancer pour que le petit animal ne rate pas sa cible.

Observant cette triche en bande organisée, la Reine n’est pas choquée outre mesure. Mieux, elle est ravie. Ne comprenant pas tout à ces règles douteuses, Alice applaudit malgré tout. La souveraine continue de jouer. Une carte n’est cependant pas en place, empêchant le petit hérisson de passer sous elle. « Qu’on lui tranche la tête !!! », hurle la Reine contre l’infortuné As de cœur, immédiatement exfiltré du terrain.

« C’est votre tour, ma chère », annonce mielleusement la Reine à Alice, désarçonnée par tout ce qu’elle vient de voir. Assise sur son flamant rose, la souveraine observe la petite fille qui a le plus grand mal à jouer. Son oiseau est récalcitrant. Les cartes se couchent pour empêcher le hérisson de marquer des points. Si Alice est furieuse, la Reine jubile.

C’est à nouveau à son tour de jouer. Pendant qu’elle se dirige vers son hérisson, le Chat du Cheshire surgit dans son dos. « À qui donc parlez-vous ?! », s'étonne la Reine alors qu’Alice échange avec le félin. Alice tente de montrer le Chat, mais celui-ci ne cesse de disparaître. « Je vous avertis, jeune fille », prévient la Reine, « Si jamais je perdais mon sang-froid, vous perdriez la tête ! C’est compris ?! ». Amusé de la situation, le Chat du Cheshire prend sur lui de provoquer la colère de la dirigeante. Pour ce faire, il coince le bec du flamant rose dans la robe de la Reine qui, soudain, se retrouve les quatre fers en l’air.

« Quelqu’un va avoir la tête coupée !!! », tempête-t-elle, folle de rage. Alice est pointée du doigt. « Coupez-lui la tête !!! », ordonne la Reine. Le Roi s’interpose néanmoins et suggère de juger l’enfant. Sans tarder, les sujets se réunissent dans la salle du procès. Le Lapin blanc lit les charges retenues contre Alice. « L’inculpée au banc des prévenus est accusée d’avoir voulu pousser la Reine de Cœur à faire une partie de croquet et de l’avoir par la suite volontairement tourmentée, excitée, exaspérée de telle sorte que notre bien-aimée… ». Écoutant son serviteur lire son parchemin, la Reine perd patience. « Oh !!! Passons ces détails ! Arrivons au moment où j’ai perdu mon sang-froid ».

Le sourire jusqu’aux oreilles, la Reine se tourne vers Alice. « Est-ce que l’accusée est prête à entendre la sentence ? ». Alice attend d’abord qu’on la juge. « La sentence d’abord ! », vocifère la Reine, « On vous jugera après, effrontée ». L’héroïne conteste cette infraction à la loi. « La loi, c’est moi, jeune péronnelle !!! », braille la Reine, rouge de colère, « Coupez-lui la tête !!! ».

Le Roi intervient de nouveau pour faire entrer quelques témoins. Le Lièvre de Mars est convoqué à la barre afin d’annoncer qu’il n’a rien à dire. Toujours endormi au fond de sa théière, le Loir n’apporte pas plus d’informations. Le Chapelier termine de distraire tout le monde en suggérant à la Reine qu’aujourd’hui est le jour de son non-anniversaire. Un gâteau est installé devant elle. Soufflant ses bougies, la souveraine ouvre son paquet cadeau contenant une couronne. Le Chat du Cheshire apparaît soudain. En essayant de prévenir la Reine, Alice provoque la panique du Loir, effrayé lorsque la petite fille prononce le mot « chat ». Le Lièvre et le Chapelier se ruent sur leur ami pour le calmer, piétinant allègrement la Reine.

Seul moyen de calmer le Loir, la confiture est projetée dans la face de la Reine, bientôt assommée par mégarde par le Roi. La panique s’empare immédiatement de la salle. Debout au milieu de ce capharnaüm, Alice se retrouve malgré elle avec le pot de confiture et le maillet entre les mains. Fulminant de rage, la Reine exige qu’on lui coupe la tête.

Pensant que tout est perdu, Alice retrouve par hasard quelques morceaux de champignon dans la poche de son tablier. Grâce à eux, elle parvient à grandir encore et encore. Effrayé, le Roi rappelle que la Loi exige que toute personne de plus d’un kilomètre de haut doit quitter la cour sur le champ. Profitant de sa grande taille, Alice règle ses comptes avec la Reine. « Votre majesté, c’est trop drôle. Vous n’êtes pas une reine. Vous n’êtes qu’une vieille pompeuse, tyrannique, méchante, grossière et laide… ».

Pointant la Reine du doigt, Alice ne se rend pas compte que les effets du champignon magique s’estompent progressivement. Inlassablement, la petite fille retrouve sa véritable taille face à la souveraine qui se frotte déjà les mains. Le Chat du Cheshire s’empresse de répéter toutes les injures prononcées par Alice. « Tranchez-lui la tête !!! », hurle la Reine.

Prenant ses jambes à son cou, Alice s’enfuit du château. Poursuivie par des centaines de cartes à jouer, elle traverse le labyrinthe. Derrière elle, tous les habitants du Pays imaginaire semblent s’être réunis pour la capturer ou en tout cas la retarder. La panique est totale. « Elle s’enfuit ! », constate la Reine, « Arrêtez cette insolente ! Coupez-lui la tête !!! ».

Alice parvient finalement à se sortir de ce cauchemar lorsque, dans le monde réel, elle s’extirpe enfin du sommeil dans lequel elle était plongée.

L’idée d’adapter Alice au Pays des Merveilles germe dans l’esprit de Walt Disney dès le début des années 1930. À l’époque, le papa de Mickey est à la recherche d’un sujet pour son premier long-métrage animé. Il se souvient alors de l’œuvre de Lewis Carroll qu’il avait découverte lorsqu’il était enfant. Le roman l’avait à l’époque beaucoup marqué, à tel point qu’au tout début de sa carrière, il avait baptisé sa première héroïne Alice et l’avait plongée dans une sorte de Pays des merveilles animé. Dès 1932, l’information sort dans la presse que cette transposition d’Alice au Pays des Merveilles prendra la forme d’une collaboration inédite entre les artistes de Disney et la comédienne Mary Pickford qui incarnera la jeune Alice au milieu de dizaines de personnages animés.

Mary Pickford de passage aux studios Disney pour des essais en vue du tournage d'Alice au Pays des Merveilles

Si les journaux font déjà leurs choux gras de ce partenariat alléchant, le projet ne se concrétise cependant pas. Paramount Pictures a en effet déjà acquis les droits de l’œuvre de Lewis Carroll. Un film écrit par Joseph L. Mankiewicz et William Cameron Menzies est d’ailleurs déjà en cours de production sous la direction de Norman McLeod avec un casting quatre étoiles composé de vedettes telles que Charlotte Henry dans le rôle-titre, W. C. Field (Humpty Dumpty, le Gros Coco), Cary Grant (la tortue Mock), Gary Cooper (le Valet Blanc), Ned Spark (la Chenille) ou bien encore May Robson (la Reine de Cœur). Forcément déçus, Walt Disney et Mary Pickford jettent dès lors l’éponge. En 1936, les studios sortent néanmoins en salle De l’Autre Côté du Miroir, une libre adaptation du roman éponyme de Lewis Carroll dans laquelle Mickey danse avec une première version de la Reine de Cœur représentée sous la forme d’une carte à jouer dont l’effigie est une amusante caricature de la comédienne Greta Garbo.

Après la sortie triomphale de Blanche Neige et les Sept Nains présenté pour la première fois le 21 décembre 1937 au Carthay Circle Theatre, Walt Disney se sent pousser des ailes. Des dizaines de films sont alors mis en chantier parmi lesquels une nouvelle adaptation d’Alice au Pays des Merveilles. Le scénariste Al Perkins est chargé de livrer une première ébauche. La Reine de Cœur figure déjà parmi les personnages retenus, tout comme le Chat du Cheshire, le Lièvre de Mars et le Chapelier Toqué. En 1939, l’artiste britannique Dave Hall est engagé pour définir la charte graphique du film à partir des dessins originaux de John Tenniel dont les studios ont acheté les droits. Kay Nielsen produit lui aussi quelques esquisses. La Seconde Guerre mondiale et l’impact financier catastrophique de la fermeture des marchés européens contraignent cependant Walt Disney à ajourner la production sine die.

Esquisses de Dave Hall

Il faut attendre l’année 1944 pour que la production d’Alice au Pays des Merveilles soit relancée avec, initialement, la jeune Luana Patten dans le rôle principal. D’autres artistes sont alors mobilisés. Aldous Huxley et Cap Palmer rédigent tour à tour un nouveau scénario dans lequel la Reine de Cœur occupe toujours une place importante. Aucun des deux scripts n’aboutit néanmoins. Après avoir une nouvelle fois été remisé au placard, le projet revient sur le bureau de Jack Kinney avant d’être finalement confié au trio de réalisateurs Clyde Geronimi, Hamilton Luske et Wilfred Jackson. Des artistes comme Mary Blair, John Hench, Claude Coats, Ken Anderson et Don DaGradi sont à présent chargés de définir le style graphique du film.

Esquisses de Mary Blair

Reconnaissables entre mille, les esquisses de Mary Blair sont certainement celles qui influencent le plus la création d’Alice au Pays des Merveilles. Sur ses croquis, l’illustratrice représente en particulier la Reine de Cœur sous la forme d’une femme imposante dont la silhouette, plus large que haute, la rend particulièrement grotesque. Faisant le choix de s’éloigner quelque peu des dessins originaux de John Tenniel sur lesquels la forme de la Reine est très anguleuse, Blair conserve l’idée d’une tête disproportionnée avec une bouche énorme. Coiffée d’une couronne en or surmontant une tignasse noir corbeau ébouriffée, la Reine est vêtue d’une robe rouge, noire et jaune. Sur certains concept arts, Mary Blair garde en outre le sceptre surmonté d’un cœur déjà présent sur les gravures de Tenniel.

Esquisses de Mary Blair

Au moment de concevoir la Reine de Cœur, aussi bien Lewis Carroll que John Tenniel avaient forcément en tête l’image de la Reine Victoria. Fille du prince Édouard-Auguste de Kent et de la princesse allemande Victoire de Saxe-Cobourg-Saalfeld, celle-ci voit le jour au palais de Kensington, à Londres, le 24 mai 1819. À la mort de son oncle, le roi Guillaume IV, en 1837, elle hérite du trône. Elle n’a alors que dix-huit ans et peut compter sur le soutien de son Premier ministre, Lord Melbourne. Forte d’une belle popularité, le début de son règne est marqué par le rapprochement avec la France et surtout l’accroissement de l’influence de l’Angleterre dans le monde grâce à la création du plus grand empire colonial de l’époque. Proclamée Impératrice des Indes, Victoria subit néanmoins des crises nombreuses, notamment en Irlande où la famine fait rage, ou bien dans les rues de Londres où les Anarchistes et les Républicains manifestent parfois violemment contre la monarchie jugée d’un autre temps. La seconde partie de son règne est ternie par la disparition de son mari, le Prince Albert, le 14 décembre 1861. Anéantie, Victoria se plonge dans un veuvage qui transparaît notamment dans sa garde-robe désormais uniquement composée de vêtements noirs. À la tête de la nation la plus puissante du monde, elle se retire dans son château de Windsor où elle meurt quarante ans plus tard, le 22 janvier 1901, après quelques soixante-trois ans de règne.

Surnommée la « Grand-mère de l’Europe » après avoir placé ses petits-fils et petites-filles sur les trônes d’Angleterre, d’Allemagne, de Russie, de Roumanie, de Grèce, de Norvège et d’Espagne, Victoria possède une image de forte austérité au moment où Lewis Carroll se lance dans l’écriture d’Alice au Pays des Merveilles. Veuve depuis quatre ans, la souveraine a perdu sa rondeur et sa jovialité d’autrefois et affiche désormais un visage de plus en plus sinistre au fur et à mesure que les années passent. Dans sa volonté de raconter une histoire absurde et, certainement, de faire rire son public initial, à savoir la jeune Alice Liddle et ses sœurs, Lorina et Edith, Lewis Carroll s’amuse à grossir le trait en dépeignant une souveraine acariâtre et tyrannique dont les emportements sont aussi soudains que les moments de complaisance. Cherchant toujours à avoir le dernier mot, celle-ci agite sans arrêt la menace de faire décapiter quiconque la contrarie.

Dans la mouture finale d’Alice au Pays des Merveilles, les scénaristes de Disney conservent l’image de cette reine autoritaire et braillarde. Pour renforcer la bouffonnerie du personnage, ils amplifient d’ailleurs davantage encore ses changements d’humeur. Dans la même phrase, la Reine de Cœur peut ainsi être mielleuse avant de perdre son sang-froid et devenir haineuse.

La Reine de Cœur de Disney ne s’inspire pas uniquement de la Reine de Cœur de Lewis Carroll. Afin d’offrir davantage de densité au personnage, noyé au milieu de tant d’autres protagonistes dans l’œuvre originale, les scénaristes font en effet le choix de fusionner la Reine de Cœur avec la Duchesse et la Reine Rouge. L’apparence de la Reine de Cœur de Disney reprend ainsi certains traits de la Duchesse, elle-même amatrice de décapitation. Certaines lignes de dialogues de la méchante sont par ailleurs empruntées à la Reine Rouge. C’est notamment cette dernière qui, dans De l’Autre Côté du Miroir, ordonne à Alice de lever la tête et de cesser d’agiter ses mains. C’est également la Reine Rouge qui précise avec autorité que tous les moyens lui appartiennent.

La légende raconte qu’en plus des descriptions offertes par Lewis Carroll dans ses deux histoires, les artistes de Disney se seraient malicieusement inspirés de la chroniqueuse Louella Parsons pour créer leur Reine de Cœur. Surnommée la « Reine d’Hollywood » par les uns et la « Vipère d’Hollywood » par les autres, la journaliste possédait en effet une plume particulièrement bavarde et indiscrète. Connue pour ses potins publiés dans des centaines de titres de presse, beaucoup lui attribuaient par ailleurs un très mauvais caractère.

Une autre source d’inspiration était enfin la comédienne Jody Gilbert. Reconnaissable à sa carrure imposante, l’actrice et chanteuse originaire du Texas était à l’époque l’une des grandes vedettes de la comédie américaine à l’affiche de films tels que Passez Muscade (1941), Faisons les Fous (1948) et Blonde Dynamite (1950). Elle fut alors invitée aux studios Disney afin de tourner quelques prises de vues de référence destinées ensuite à aider les animateurs à donner vie au personnage.

La partie de croquet et la séquence du procès sont animées par Frank Thomas. Né le 5 septembre 1912 à Fresno, en Californie, l’artiste fait ses gammes à l’Université de Stanford puis à l’Institut Chouinard avant d’entrer chez Disney en 1934. Il donne alors vie, entre autres, à Mickey, les nains, Pinocchio, Bambi et Pan-Pan, Madame de Trémaine, la Reine de Cœur et le Bouton de porte, le Capitaine Crochet, Lady et le Clochard, les trois bonnes fées, Pongo et Roger ou bien encore Mowgli et Baloo, Winnie l’ourson et Porcinet, Robin des Bois, Bernard, Bianca, Brutus et Néron ainsi que Rox et Rouky. Membre du groupe de jazzmen The Firehouse Five Plus Two, Frank Thomas est élevé au rang de Disney Legend en 1989. Il décède le 8 septembre 2004 à l’âge de quatre-vingt-douze ans.

La scène des rosiers peints en rouge et quelques plans de la partie de croquet impliquant le Chat du Cheshire sont pour leur part créées par Eric Larson. Membre, comme Frank Thomas, du groupe des Neuf Vieux Messieurs, celui-ci est originaire de Cleveland où il voit le jour le 3 septembre 1905. Apprenant le dessin dès l’adolescence, il débute sa carrière en tant que rédacteur du journal de la fac puis comme graveur et enfin comme scénariste pour la radio. Grâce à l’entremise de Richard Creedon, il est engagé le 1^er juin 1933 chez Disney où il œuvre sur des dizaines de cartoons avant de collaborer à la production de Blanche Neige et les Sept Nains. En charge des animaux de la forêt, il enchaîne ensuite avec Pinocchio, Fantasia, Bambi, La Boîte à Musique et Mélodie du Sud. Créateur de Figaro, des chevaux ailés, des centaures, de Monsieur Hibou, de Sacha ou bien encore de Frère Lapin, il donne par ailleurs vie à Cendrillon, à la Chenille et à Peg. Remplacé par Clyde Geronimi à la direction de La Belle au Bois Dormant, Eric Larson travaille sur Les 101 Dalmatiens, Merlin l’Enchanteur, Mary Poppins, Le Livre de la Jungle, Les Aristochats, L’Apprentie Sorcière, Robin des Bois et Les Aventures de Winnie l’Ourson. Dernier vétéran encore en poste dans les années 1980, il forme la nouvelle génération avant de se retirer le 28 février 1986. Eric Larson disparaît le 25 octobre 1988.

La Reine qui perd son sang-froid à cause du Chat du Cheshire est également dessinée par Hal King. Né le 3 mai 1913, il rejoint les studios Disney à la fin des années 1930. Intervalliste puis assistant animateur, il collabore à Pinocchio, Fantasia, Bambi ou bien encore Les Trois Caballeros. Également au travail sur des dizaines de cartoons, il devient rapidement l'un des grands spécialistes de Donald. Au générique de la plupart des longs-métrages jusqu'aux (Les) Aventures de Winnie l'Ourson, il est animateur des souris de Cendrillon, du Grand Duc et de Lady. Il sert également de mentor à toute la nouvelle génération, notamment Dale Baer, puis se retire finalement dans les années 1980 après avoir aidé au développement des (Les) Gummi et des (Les) Wuzzles. Il décède en 1986.

Cliff Nordberg se charge enfin des dernières apparitions de la Reine durant la course-poursuite entre les habitants du Pays des Merveilles et Alice. Né le 18 avril 1917 à Salt Lake City et recruté par les studios Disney en 1938, Cliff Nordberg participe à la production de dizaines de courts-métrages et de tous les longs-métrages de La Boîte à Musique à Rox et Rouky. À son actif, figurent notamment des personnages comme Lucifer, le Chapelier toqué, le Lièvre de mars et le Loir, le Capitaine Crochet et Tick Tock Croc, Lady, le sergent Tibs, Nanny, Horace et Jasper Badun, Dinky et Piqueur. L’animateur décède le 20 décembre 1979 à l’âge de soixante-deux ans.

En version originale, la Reine de Cœur est incarnée par Verna Felton. Née le 20 juillet 1890 à Salinas, en Californie, la comédienne débute sa carrière dès sa plus tendre enfance en jouant et chantant sur des petites scènes. Surnommée « The Child Wonder », elle est bientôt engagée dans une troupe avec qui elle part en tournée. À l’affiche de différences pièces de théâtre, notamment The Defiance of Doris écrite spécialement pour elle par Herbert Bashford, elle apparaît à la radio dans des programmes comme The Cinnamon Bear, The Jack Benny Program, The Abbott and Costello Show et Hallmark Playhouse, puis à la télévision dans The Amos ‘n Andy Show, The Ray Bolger Show, I Love Lucy ou bien December Bride. À l’affiche des longs-métrages Le Grand Passage, La Fille des Boucaniers, Six Filles Cherchent un Mari et The Oklahoman, elle prête sa voix à des dizaines de personnages parmi lesquels Pearl Sleghoople dans Les Pierrafeu, la Matriarche dans Dumbo, la Marraine-Fée, la Reine de Cœur, Tante Sarah, Flora, la Reine et Winifred dans Le Livre de la Jungle. Verna Felton décède le 14 décembre 1966 à l’âge de soixante-seize ans.

Dans le doublage français réalisé en 1951, la souveraine est interprétée par Germaine Kerjean. Née au Havre le 22 juillet 1893, la comédienne débute au cinéma dès les années 1920 dans des films comme Monte-Cristo, Goupi Mains Rouges, Les Mystères de Paris, Naïs, Coiffeur Pour Dames, Nana et Par un Beau Matin d’Été. Pensionnaire de la Comédie-Française entre 1946 et 1956 à l’affiche de plusieurs classiques parmi lesquels L’École des Ménages, Britannicus, Le Mariage de Figaro, Ruy Blas, Richard III et Médée, Germaine Kerjean participe en parallèle à plusieurs doublages. Elle prête ainsi sa voix aux comédiennes Judith Anderson, Agnes Moorehead, Kathleen Freeman, Ethel Barrymore, en plus des personnages de la Matriarche dans Dumbo, la Reine de Cœur et Winifred. L’actrice s’éteint le 6 mai 1975 à l’âge de quatre-vingt-un ans.

Lors de l’enregistrement du second doublage d’Alice au Pays des Merveilles, Germaine Kerjean est remplacée par Paule Emmanuèle. Originaire de Fontenay-aux-Roses où elle voit le jour le 14 mai 1927, elle se produit au théâtre dans Quatuor, Le Séducteur et La Locomotive, et au cinéma dans La Jeune Fille, La Peau Douce et L’Alliance. Également présente à la télévision dans quelques seconds rôles, c’est surtout dans le domaine du doublage qu’elle imprime sa marque. Paule Emmanuèle est ainsi la voix française de Lois Maxwell dans les rôles de Moneypenny, Shelley Winters, Elizabeth Taylor, Kathleen Freeman, Gene Rowlands, Lauren Bacall, Anne Bancroft, Suzanne Pleshette… Côté animation, elle vocalise également la Reine de Cœur, Tante Sarah, Flora et Big Mama.

Comme beaucoup de protagonistes d’Alice au Pays des Merveilles, la Reine de Cœur apparaît à de nombreuses reprises à la télévision au gré d’émissions diverses et variées proposant de voir ou revoir des extraits du long-métrage, lui-même maintes fois diffusé sur les ondes. Les téléspectateurs peuvent ainsi avoir un premier aperçu très bref du personnage dans le programme spécial Operation Wonderland, un making-of réalisé dans le but de faire la promotion du film juste avant sa sortie en salle. Alice au Pays des Merveilles est par ailleurs mis à l’honneur dans le deuxième épisode de l’émission d’anthologie Disneyland qui propose au public de voir ou revoir le classique dans une version raccourcie de quelques minutes.

Plus récemment, la Reine de Cœur fait partie de la cohorte de personnages Disney qui composent le public du club de Mickey dans la série animée Disney’s Tous en Boîte. Visible dès le générique, elle fait une courte apparition dans l’épisode On a Volé les Dessins Animés durant lequel Pat Hibulaire tente d’échapper à Mickey en se cachant sous les jupons de la souveraine.

Dans l’épisode La Saint-Valentin de Dingo, elle repousse les avances de Mortimer à grand coup de flamant rose. Dans Commérages, elle participe à répandre une fausse rumeur lancée par Clarabelle et Daisy. Au casting du film Mickey, la Magie de Noël, elle participe enfin au coup d’État orchestré par Cruella, Crochet, Maléfique, Hadès, Jafar et Ursula qui cherchent à prendre le contrôle du club de Mickey dans Mickey, le Club des Méchants. Elle donne alors l’ordre à ses cartes à jouer de chasser Mickey et Minnie avant d’enfermer tous les autres personnages gentils dans les cuisines du club.

Dans un tout autre registre, la Reine de Cœur est caricaturée dans le court-métrage Bienvenue au Club des (Les) Simpson. Aux côtés de Kaa, la Reine Grimhilde, Cruella, Maléfique, Ursula, Crochet, Hadès, Scar et Jafar, elle tente de convaincre Lisa Simpson de rejoindre le camp des méchants, selon eux bien plus amusants.

Bienvenue au Club (2022)

Le 16 octobre 2023, les studios Disney célèbrent leur centenaire en grande pompe avec un court-métrage spécial, Il Était une Fois un Studio, dans lequel des centaines de personnages sont réunis. La Reine apparaît au moment où Belle se met à entonner la chanson Quand On Prie la Bonne Étoile. Elle figure ensuite sur la grande photo de famille prise par Dingo sur l’esplanade du Roy E. Disney Animation Building.

Il Était une Fois un Studio (2023)

À noter qu’une toute nouvelle Reine de Cœur est créée en 2022 pour la série Alice et la Pâtisserie des Merveilles. Le personnage est assagi afin de correspondre au public très jeune de ce programme diffusé sur Disney Junior. Se situant des générations après le film original, la série met en scène l’arrière-petite-fille d’Alice qui hérite du livre de recettes de son arrière-grand-mère. Elle cuisine alors des desserts pour les habitants du Pays des Merveilles, en particulier la souveraine qui lui passe des commandes énormes. Dans l’épisode The Curious Case of Crumbs, les téléspectateurs apprennent au passage son nom complet, Reine Valentina Corazón, Comtesse Cariño, Reine de Cœur.

Alice et la Pâtisserie des Merveilles (2022)

Le 11 octobre 2024, la Reine de Cœur apparaît dans The Most Wonderful Time of the Year, le traditionnel court-métrage d’Halloween des (Les) Simpson. Accompagnée par d’autres méchants de l’écurie Disney ainsi que par le criminel Tahiti Bob, elle chante alors le bonheur qui est le sien de célébrer ce qu’elle considère comme le plus beau jour de l’année.

The Most Wonderful Time of the Year (2024)

La Reine de Cœur fait partie des nombreux personnages de contes de fées réunis dans la série Once Upon a Time - Il Était une Fois. Interprétée à des âges différents par Rose McGowan, Jennifer Koenig et Barbara Hershey, elle répond au nom de Cora Mills. Dans la Saison 2, il est révélé qu’elle est la mère de Regina, la Méchante Reine, ainsi que de Zelena, la Méchante Sorcière de l’Ouest.

Once Upon a Time - Il Était une Fois (2011-2016)

Dans le spin-off Once Upon a Time in Wonderland, Cora, la Reine de Coeur, fait la rencontre d’Anastasia, la Reine Rouge. Elle complote alors en secret afin de ruiner la romance entre cette dernière et le beau Will Scarlet.

Once Upon a Time in Wonderland

La Reine de Cœur apparaît dans le téléfilm Descendants : L’Ascension de Red proposé sur la plate-forme Disney+. Nommé Bridget, la souveraine règne sans partage sur le Pays des Merveilles. Nourrissant une haine ancienne à l’encontre de Cendrillon, elle profite de l’entrée de sa fille, Red, pour fomenter un coup d’État dans le royaume d’Auradon.

Descendants : L'Ascension de Red

Déjà présente dans la version animée de 1951, la confusion entre la Reine de Cœur et la Reine Rouge est entretenue dans plusieurs productions en prises de vues réelles. En 1992, les studios Disney lancent la série Adventures in Wonderland. Mêlant des acteurs et des marionnettes, le programme met en scène Alice et sa chatte Dinah qui, lorsqu'elles se retrouvent face à un problème, traversent le miroir à la recherche de solutions. Allant et venant à travers le Pays des Merveilles, elles croisent alors les étranges habitants parmi lesquels la Reine Rouge.

Adventures in Wonderland (1992-1995)

En 2010, Tim Burton réalise une nouvelle vision d’Alice au Pays des Merveilles. Pour l’occasion, la scénariste Linda Woolverton conçoit une antagoniste principale, Iracebeth, en fusionnant les personnages de la Reine de Cœur et de la Reine Rouge imaginés par Lewis Carroll dans ses romans. Si dans le film, la grande méchante est en effet présentée comme la Reine Rouge, plusieurs de ses actes sont en réalité imputés à la Reine de Cœur dans les œuvres originales. Comme elle, Iracebeth nourrit en particulier une obsession pour les décapitations. L’épisode des tartes volées est également associé à la Reine de Cœur dans Les Aventures d’Alice au Pays des Merveilles.

Alice au Pays des Merveilles (2010)

Des années après sa dernière venue, Alice est de retour au Pays des Merveilles. Ayant totalement oublié ses aventures passées, elle redécouvre alors les personnages emblématiques de la région, en particulier la Reine Rouge qui, après avoir détrôné sa sœur, Mirana, la Reine Blanche, règne à présent d’une main de fer grâce à son fidèle Valet, Ilosovic Stayne, et ses cohortes de cartes à jouer. Entourée par une cour aussi servile qu’hypocrite, la souveraine tyrannique nourrit malgré tout une véritable paranoïa qui la pousse à faire décapiter tous ceux qu’elle estime être néfastes. Un serviteur est ainsi exécuté pour avoir osé manger ses tartes.

Alice au Pays des Merveilles (2010)

Incarnée par Helena Bonham Carter (Harry Potter et l’Ordre du Phénix, Le Discours d’un Roi, Les Misérables, Cendrillon), la Reine Rouge est de retour dans la suite d’Alice au Pays des Merveilles, Alice de l’Autre Côté du Miroir. Après qu’Alice a volé la chronosphère, la souveraine lance à ses trousses le Temps. Par accident, celui-ci conduit alors l’héroïne dans le passé, le jour du couronnement d’Iracebeth, humiliée par le Chapelier qui ne parvient pas à poser la couronne sur une tête si grosse. Elle assiste également à l’humiliation de la Reine qui, lorsqu’elle était enfant, fut accusée à tort d’avoir volé les tartes, alors que la responsable n’était autre que sa sœur, Mirana.

Alice de l'Autre Côté du Miroir (2016)

Parmi les méchants les plus populaires de l’écurie Disney, la Reine de Cœur a été particulièrement mise en valeur au fil des décennies avec la création de très nombreux produits dérivés à son effigie.

Comme l’ensemble des protagonistes d’Alice au Pays des Merveilles, elle apparaît évidemment dans les différentes adaptations publiées en bande dessinée, en particulier la première conçue en 1951 par Bob Grant dans la collection Walt Disney's Treasury of Classic Tales publiée par l’éditeur DELL. La même année, les lecteurs la retrouvent dans une autre aventure, Walt Disney’s Unbirthday Party with Alice in Wonderland, scénarisé par Don Christensen avec de très belles planches d’Al Hubbard.

Alice au Pays des Merveilles, Les Petits Livres d'Or

La Reine de Cœur est présente par ailleurs dans des dizaines d’ouvrages. Parmi eux, figure en particulier un très beau volume de la collection des (Les) Petits Livres d’Or agrémenté de magnifiques dessins signés par Al Dempster. D’autres publications affichent elles aussi l’image de la Reine. Si certaines reprennent le récit original, d’autres imaginent de nouvelles intrigues à l’image d’Un Joyeux Non-Anniversaire de Liz Braswell.

La presse a elle-même de temps en temps offert sa Une à la Reine de Cœurs. C’est le cas de la revue Disneyland éditée dans les années 1970.

Côté jeux vidéo, la Reine de Cœur est un ennemi que les joueurs retrouvent dans plusieurs titres. Elle est notamment le dernier boss que doit affronter la célèbre souris dans la version japonaise du jeu Mickey Mousecapade créé en 1987 par Hudson Soft. Dans la version américaine, elle est cependant remplacée par Maléfique. Dans Disney Le Retour des Méchants développé par Buena Vista Games pour Windows, la méchante est enfin parvenue à décapiter Alice. Le joueur doit alors parcourir les allées d’un labyrinthe et affronter les régiments de cartes à jouer pour retrouver la tête et la repositionner sur le corps de l’héroïne.

La Reine de Cœur fait partie des antagonistes de Kingdom Hearts. Attaquée par les sans-cœurs, elle incrimine Alice, condamnée à avoir la tête coupée. Sora, Donald et Dingo doivent alors trouver les preuves de l’innocence de la fillette, bientôt kidnappée par Maléfique. Dans Kingdom Hearts Re: Chain of Memories, elle accuse une fois encore Alice de lui avoir volé ses souvenirs. Personnage mineur de Kingdom Hearts 358/2 Days, la souveraine est de retour dans Kingdom Hearts Re:coded où ses souvenirs ont une fois encore été volés. Elle accuse de nouveau Alice ainsi que Sora. Dans Kingdom Hearts Union X, elle s’en prend encore et toujours à Alice, rendue responsable de ses sautes d’humeur.

Les joueurs peuvent croiser la Reine de Cœur près d’"It's a small world" dans le jeu Kinect : Disneyland Adventures. Les concepteurs l’ont également intégrée aux jeux Disney INFINITY, Disney Magical World 2, Disney Tsum Tsum, Disney Emoji Blitz et Disney Magical Dice.

Présente dans les jeux Disney Magic Kingdoms, Disney Heroes: Battle Mode et Disney Sorcerer’s Arena, la Reine est l’antagoniste principale d’Alice in Wonderland, l’adaptation du film en prises de vues réelles sorti en 2010.

La Reine de Cœur est présente dans les foyers sous la forme de centaines de jouets, figurines, peluches, poupées et autres jouets. Plusieurs figurines de la collection Funko POP! représentent notamment la méchante. Une très belle poupée de la Disney Villains Designer Collection offre une version inédite de la monarque.

Deux statuettes en porcelaine de la Walt Disney Classics Collection rendent hommage à la Reine de Cœur. La première, intitulée Let the Game Begin et produite uniquement durant l’année 1999, est un clin d’œil à la scène de la partie de croquet. La seconde, Who’s Been Painting My Roses Red, sculptée par Patrick Romandy-Simmons en 2008 à destination des seuls adhérents du club, montre la Reine qui arrache de colère l’un de ses rosiers.

La Reine de Cœur est enfin l’un des méchants de jeu de société Disney Villainous développé en 2018 par Prospero Hall. Elle possède aussi de nombreuses cartes à son effigie dans le jeu Disney Lorcana lancé par Ravensburger en 2023.

La popularité de la Reine de Cœur est telle que les visiteurs des Parcs Disney ont ou ont eu plus d’une occasions de la croiser. La méchante est ainsi l’un des personnages qu’il est courant de rencontrer dans les allées de Disneyland, que ce soit aux États-Unis, au Japon, en France ou en Chine.

Elle peuple notamment l’attraction Alice in Wonderland inaugurée en 1958 au Disneyland Park d’Anaheim. Dans la version actuelle ouverte en 1984 et rénovée en 2014, le public embarqué à bord d’un véhicule en forme de chenille l’aperçoit en train de jouer au croquet, puis en rage lors du procès d’Alice. Avec les autres méchants emblématiques de Disney, la Reine participe aux célébrations organisées chaque année pour la fête d’Halloween à Disney California Adventure. Parmi elles, figurent notamment les soirées spéciales Mickey’s Halloween Treat, Mickey’s Trick-or-Treat Party et Mickey’s Halloween Party, ou bien encore Oogie Boogie Bash - A Disney Halloween Party. La Reine est également à l'honneur lors du spectacle sons et lumières World of Color: Villainous.

À Walt Disney World, en Floride, la Reine de Cœur possède sa propre carte dans le jeu interactif Sorcerers of the Magic Kingdom. Elle participe aux parades Celebrate a Dreams Come True Parade et SpectroMagic, au spectacle Disney Villains Mix and Mingle et aux soirées spéciales Disney’s Not So Spooky Spectacular et Mickey's Not-So-Scary Halloween Party. Aux Disney’s Hollywood Studios, elle est présente lors des événements Unleash the Villains, ainsi que dans le spectacle Wonderful World of Animation.

À Tokyo Disney Resort, les visiteurs peuvent se restaurer au Queen of Hearts Banquet Hall. Ils sont alors accueillis par la Reine et le Roi, représentés sous la forme de statues. L’effigie des deux souverains est également imprimée sur les plateaux. Membre de la parade Dreaming Up!, un char de la Happiness is Here Parade épouse sa silhouette. Son image est enfin projetée sur le château lors du spectacle sons et lumières Once Upon a Time.

À Disneyland Paris, la Reine de Cœur défile lors de différentes parades telles que La Parade des Rêves Disney et la Disney Magic on Parade. À Fantasyland, les promeneurs qui s’aventurent dans les allées d’Alice’s Curious Labyrinth peuvent la voir surgir à travers les haies.

Toujours à Paris, au Parc Walt Disney Studios, les spectateurs retrouvent la méchante lors du spectacle Alice et la Reine de Cœur : Retour au Pays des Merveilles. Installé le 25 mai 2024 dans l’ancienne arène de feu Moteurs... Action ! Stunt Show Spectacular, rebaptisée Theater of the Stars, le show voit s’affronter Alice et la Reine dans une bataille musicale électrisante illustrée par des acrobaties réalisées en BMX. À la fin de la représentation, le public doit alors décider qui de l’héroïne ou de la grande méchante a remporté la victoire.

À Hong Kong Disneyland, la Reine apparaît lors du spectacle Villains Night Out!.

À Shanghai Disneyland, elle participe à la Villains Cavalcade. Un autre labyrinthe, Alice in Wonderland Maze, rend enfin hommage au film de 2010.

Parmi les plus populaires de l’écurie Disney, la Reine de Cœur reste une méchante incontournable dont les sautes d’humeur et les colères – grotesques – rendent chacune de ses apparitions absolument irrésistibles.