Alice in Wonderland
Date d'ouverture : 14 juin 1958 Type d'attraction : Parcours scénique |
Durée : 4 minutes |
Le synopsis
Au détour d’un chemin sinueux, des chenilles emmènent les plus téméraires sur les pas d’Alice et de ses aventures au Pays des Merveilles. De la maison du lapin blanc au bois de Tulgey en passant par le jardin de la Reine de Cœur, le voyage s’annonce mouvementé pour les voyageurs attendus à la célébration de « non-anniversaire » dont ils sont les invités d’honneur. Pas question d’arriver en retard ! |
L'expérience
Alors qu’une folle Tea Party est organisée par le Chapelier Fou en plein cœur d’une nature sauvage et indomptable, où tasses aux couleurs flamboyantes virevoltent et manquent de s’entrechoquer, et que le Chat de Cheshire flâne non loin de là, c’est au détour d’un chemin verdoyant et d’un très joli jardin extérieur qu’une aventure s’offre aux plus audacieux. Passés un champignon géant surmonté d’un livre disproportionné au titre évocateur de l’épopée fantastique qu’ils s’apprêtent à vivre, les visiteurs se retrouvent plongés dans l’univers étonnant du Pays des Merveilles. Invités à monter à bord d’une chenille colorée, les plus téméraires embarquent pour une surprenante aventure, pénétrant rapidement dans le terrier du Lapin Blanc. Dégringolant dans un trou semblant sans fond, meubles, vases et autres cadres se mettent à tourbillonner autour d’eux.
Après avoir emprunté une porte à la poignée plutôt loquace, les voyageurs aperçoivent le Lapin Blanc et Alice à sa poursuite. Les lépidoptères et les passagers à leur bord se retrouvent alors rapidement en face des jumeaux Tweedle Dee et Tweedle Dum et retombent sur Lapin Blanc, ne pouvant dissimuler son inquiétude d’être en retard. Les visiteurs croisent ensuite les Fleurs du Pays des Merveilles, qui entonnent harmonieusement leur chansonnette Un matin de mai fleuri, tandis que la Chenille s’interroge sur l’identité des voyageurs, le Lis tigré moqueur qualifiant alors Alice et ses amis, de mauvaises herbes.
S’enfonçant dans le bois de Tulgey, après être passés à côté de panneaux de direction aux destinations aussi improbables que contradictoires, ils croisent soudainement le chemin du Chat du Cheshire et d’autres créatures étonnantes telles qu’un oiseau-crayon ou encore un hibou-accordéon. La sortie du bois mène directement à un labyrinthe de haies cachant des cartes chantantes en train de peindre distraitement en rouge des rosiers blancs.
Arrive alors la Reine de Cœur, annoncée par le Lapin Blanc et accompagnée du Roi, tous deux venus jouer une partie de croquet. Tandis que le pauvre hérisson servant de balle roule dans un rosier, les visiteurs accèdent à la salle d’audience de la Reine, qui, rouge de colère, les menace de leur couper la tête. Alors qu’une brigade de Cartes bondit vers eux, ils s’échappent in extremis en poussant les portes de la salle.
Rejoignant l’extérieur, la chenille et ses passagers se laissent glisser sur une feuille de vigne géante dans le but de rejoindre Alice et de prendre le thé en compagnie du Chapelier Fou et du Lièvre de Mars, qui barytonnent ensemble la chanson du Non-Anniversaire. Finalement, le Lapin Blanc s'esquive alors qu'un gâteau géant décoré d’une bougie dynamite explose et que les chenilles retournent à leur point de départ, signant le retour à la réalité pour les voyageurs. Était-ce un rêve ? Le Pays des Merveilles existe-t-il vraiment ? Il ne leur reste plus qu’à visiter les alentours pour le découvrir et pourquoi pas, poursuivre leur aventure farfelue.
La critique
Véritable exclusivité du tout premier Parc Disney, Disneyland Park, situé à Anaheim en Californie, Alice in Wonderland est sans doute l’une des attractions les plus mythiques de la destination. Basé sur le film d’animation Disney éponyme datant de 1951, le manège est l’un des cinq parcours scéniques dans le noir du Disneyland Park, résidant aux côtés d’un deuxième manège, Mad Tea Party, lui-même basé sur l’adaptation cinématographique de l’œuvre de Lewis Carroll. Cette zone est présente sur un plan de guide de 1963 sous le nom de Alice in Wonderland Adventures, décrivant ainsi tout ce lieu.
Inauguré le 14 juin 1958 comme étant le quatrième parcours scénique dans le noir de Fantasyland, l’attraction avait initialement été pensée comme un parcours à pieds, composé de panneaux en 2D représentant les scènes du film et proposant chacun un gag loufoque, rappelant le principe des fêtes foraines de l’époque et leurs miroirs déformants. Si l’attraction devait être présente à l’ouverture du Parc, l’idée fut finalement abandonnée, un tel parcours n’étant pas optimal en termes de débit (le fait d’être à pied permettant de s’arrêter plus longtemps devant les scènes et donc, de ralentir l’expérience). Un concept de parcours scénique sur le thème du film s’est alors imposé comme l’une des solutions possiblement envisageables, mais faute de temps et de budget, le projet sera également écarté.
L’idée ayant été mise de côté, l'espace initialement destiné à abriter l'attraction sera plutôt occupé par le Mickey Mouse Club Theater (puis par Pinocchio’s Daring Journey), bien qu’en tout premier lieu, l’attraction aurait dû se trouver dans la partie ouest de Fantasyland, non loin de Snow White’s Adventures. Deux ans après l’ouverture du Parc, à la fin de l’année 1957, le projet de parcours scénique dans le noir sur le thème d’Alice au Pays des Merveilles est remis sur la table avec à sa tête l’imagineer Claude Coats, l'un des créateurs de Haunted Mansion. Le directeur artistique du film éponyme aux côtés de Mary Blair, va donc être chargé de concevoir cette nouvelle attraction. Finalement, cette dernière sera terminée en moins d’un an et ce, grâce à l'aide précieuse de Ken Anderson, Collin Campbell et Blaine Gibson (qui avaient tous travaillé sur le film quelques années plus tôt) et au talent de Bob Gurr, technicien des effets spéciaux. Le 14 juin 1958, l’attraction est ouverte au public lors d’une cérémonie télévisuelle mettant notamment en scène Karen Pendleton (alors célèbre Mouseketeer du Mickey Mouse Club), déguisée en Alice.
Durant ses vingt-cinq premières années de vie, Alice in Wonderland ne connaît que très peu de modifications, si ce n’est que quelques coups de pinceaux et légères améliorations apportés à certains éléments du décor. Au départ par exemple, l’attraction était composée de fleurs de trois mètres de haut, animées par un moteur et de nombreuses tiges de culbuteur. Seulement, durant les premiers tests opérés sur celles-ci, la plupart ont cassé. L’équipe réfléchit alors à une solution, ils avaient besoin d’un matériau léger et résistant, capable de se tordre durant toute la journée… Une canne à pêche ! Ils se sont donc rendus à la société de cannes à pêche Sila-Flex, à Costa Mesa, et leur ont demandé de fabriquer tout un tas de cannes toutes simples, sans œillet. L'astuce a fonctionné, les fleurs ont fini par fonctionner… Pour l’éternité !
C’est le 6 septembre 1982 que l’attraction ferme ses portes en vue du grand projet de réhabilitation de Fantasyland, baptisé New Fantasyland. À l’époque, l’Imagineer Tony Baxter, créateur de Big Thunder Mountain Railroad entre autres, et dont le mentor était nul autre que Claude Coats, se charge de la supervision et va jusqu’à imaginer la nouvelle file d’attente de l’attraction, le jardin d’Alice in Wonderland. L'ancien extérieur arborait en effet des fleurs reprenant le design imaginé par Mary Blair. Le but de ce nouveau projet ? Une rénovation totale de Fantasyland consistant en la mise à jour de la majorité des attractions du Land et de leur architecture. Toutes sublimées en termes de thème et de technologie, le Land abandonne l’univers de foire médiévale des premiers jours pour embrasser le concept original de Walt Disney, celui d’un petit village européen sorti tout droit d’un livre de conte de fées. Un côté féérique renforcé et assumé, bien que déjà présent dans la première version de l’attraction, notamment à travers les véhicules en forme de chenilles, vivement appréciés et imposés par Walt Disney qui, au départ,ne faisait pas l’unanimité.
Le nouveau Fantasyland est inauguré moins d’un an plus tard, en mai 1983, mais l’attraction Alice in Wonderland n'ouvre qu’en avril 1984, son chantier ayant pris pas mal de retard… En retard, comme dans le film de 1951 et lors de l’ouverture du Parc californien, vingt-six ans plus tôt ! La réorganisation de Fantasyland a permis de regrouper cette attraction avec l’attraction Mad Tea Party, qui se situait initialement dans la cour du château. Depuis lors, celles-ci se trouvent derrière les remparts et constituent, avec la boutique The Mad Hatter présente depuis 1958, un mini-Land Alice totalement unique au monde. Parmi les nombreuses mises à jour apportées à Alice in Wonderland, il y a la disparition de plusieurs décors (les éléments placés à l’envers, par exemple) en faveur de scènes reflétant mieux les évènements du film, l'ajout de personnages et de paysages animés en images de synthèse, ainsi que l'inclusion de divers personnages du film qui n’apparaissaient pas dans la première version du manège. Ainsi, la scène finale du Non-Anniversaire a été ajoutée tandis que celle de l’Upside Down Room (située au tout début du parcours, juste après le passage dans le terrier du Lapin Blanc) a été retirée. Ces diverses modifications et ajouts permettent au parcours scénique d’être allongé d’une minute, le portant à trois minutes et trente-huit secondes. Les années qui suivent, Alice in Wonderland ne connaît plus de changements avant de fermer inopinément à l’été 2010, pour cause d’entretien de la rampe extérieure.
Un mois plus tard, en août 2010, pour se conformer aux exigences de sûreté du Département de la santé et de la sécurité au travail de la Californie, l’attraction rouvre et se retrouve équipée d’une plate-forme de sécurité temporaire comportant des balustrades latérales installées directement sous la rampe de vigne, ainsi qu'une série de bâches stylisée recouvrant la majeure partie du jardin de la file d'attente. Le 10 mars 2014, l'attraction ferme une nouvelle fois et subit de légères rénovations tant intérieures qu’extérieures. La plateforme est alors retirée, tout comme les bâches tandis que la rampe empruntée par les véhicules pour descendre sera élargie et sécurisée à l’aide de balustrades décoratives. Les modifications intérieures, quant à elles, comprennent des gags retravaillés dans plusieurs scènes, mais aussi l'ajout de nombreuses nouvelles animations projetées et de plusieurs Audio-Animatronics d'Alice elle-même. Suite à ces quelques améliorations apportées, le manège rouvre ses portes en juillet 2014.
Long d’un peu plus de deux-cent-treize mètres, le parcours d’Alice in Wonderland est la seule attraction de type parcours scénique dans le noir de l’ensemble des Parcs Disney à posséder une partie extérieure emmenant les visiteurs hors du bâtiment, permettant de les ramener doucement à l’intérieur pour assister à la scène finale. Il est aussi doté d’un étage, fait rare dans la construction des parcours scéniques des Resorts Disney se situant généralement sur un seul niveau. Ceci est notamment dû au fait que le bâtiment abritant l’attraction accueille également Peter Pan’s Flight et Mr. Toad’s Wild Ride. Si sa partie extérieure située à l’étage, amenant les visiteurs à passer au-dessus de Mr. Toad’s Wild Ride en réalité, rend l’attraction encore plus unique, elle la contraint néanmoins à fermer ses portes lorsque la météo se montre moins clémente bien que ce soit relativement rare dans le sud de la Californie avec son climat doux.
Du côté des décors, bien que les scènes se succèdent de façon un peu folle, à l’image du côté absurde des aventures d’Alice au Pays des Merveilles, ces derniers n’en sont pas pour autant négligés et renforcent l’idée d’une course effrénée. L’attraction compte un bon nombre d’Audio-Animatronics (parmi eux se retrouvent notamment les jumeaux Tweedle Dee et Tweedle Dum, le Lapin Blanc, Alice, quelques-unes des fleurs du jardin (la rose, la tulipe, la pensée ou encore le muflier), la chenille bleue fumant le narguilé, le chat de Cheshire, les cartes ou encore la célèbre Reine de Cœur), évoluant avec d’autres techniques modernes permettant une expérience toujours plus immersive dans le monde du dessin animé. L’immersion est poussée à tel point que les visiteurs évoluent au cœur du parcours au son de la voix de Kathryn Beaumont, qui a doublé la voix d’Alice dans le dessin animé.
Des projections sont également utilisées pour donner l’illusion d’objets tourbillonnant, tandis que des scènes du film sont directement projetées dans l'attraction (selon une technologie présente seulement dans quelques attractions des Parcs Disney à travers le monde), donnant ainsi un rythme plus soutenu à l’histoire. Pour n’en citer que quelques-unes, il est possible d’apercevoir la scène d’Alice courant après le Lapin Blanc, celle du jardin ou encore la partie de croquet et du hérisson roulant. Aussi, à l’époque de l’ouverture du Parc, un système de tickets était mis en place afin d’accéder aux différentes attractions. Ainsi, en 1958, chaque visiteur devait disposer d’un ticket pour chaque attraction. Dans le cas d’Alice in Wonderland, il fallait se prémunir d’un ticket D requis à l’entrée de l’attraction, devenu C dans les années 60 et B (vendu au prix de 25 cents) dès 1971. Ce système disparaît du Parc californien en 1980 au profit d’une tarification d’entrée unique.
Quand bien même celle-ci est unique et ne se trouve qu’en Californie, d’autres attractions des Parcs Disney s’inspirent de l’univers du célèbre film d’animation. La plus connue des itérations reste bien sûr celle des tasses de thé tourbillonnantes célébrant une Mad Tea Party. Ainsi, à Tokyo Disneyland, Alice’s Tea Party ressemble en tout point à l’attraction Mad Hatter Tea Party d’Hong Kong Disneyland et du Magic Kingdom de Walt Disney World Resort en Floride ainsi qu’aux Mad Hatter’s Tea Cups du Parc Disneyland en France, avec quelques différences architecturales. À Disneyland Paris, les curieux se plaisent aussi à se perdre dans Alice’s Curious Labyrinth, avant de retrouver leur route vers le château coloré de la Reine de Cœur. Une version bien différente de ce labyrinthe, faisant davantage référence au film Alice au Pays des Merveilles de 2010 et sa suite et à l’univers de Tim Burton, est proposée à Shanghai Disneyland, nommé Alice in Wonderland Maze.
Présente depuis les premières années du Parc californien, Alice in Wonderland s’est peu à peu au cours des années installée dans un véritable cocon de nature pour une plongée sans effort dans l’univers du Pays des Merveilles. Attraction familiale sans conteste à l’héritage riche et précieux, elle tient une place particulière dans l’histoire de Walt Disney Imagineering, étant la seule attraction de type parcours scénique sur le thème d’Alice aux Pays des Merveilles. Unique, Alice in Wonderland s’apprécie sans modération, jour de Non-Anniversaire ou pas !