Le Shérif de Nottingham
Date de création :
Le 08 novembre 1973
Nom Original :
Sheriff of Nottingham
Créateur(s) :
Ken Anderson (Conception visuelle)
Milt Kahl (Conception visuelle)
John Lounsbery (Animation)
Frank Thomas (Animation)
Apparition :
Cinéma
Télévision
BD
Jeux Vidéo
Parcs
Voix Originale(s) :
Pat Buttram (Robin des Bois, 1973)
Tony Pope (Walt Disney Productions’ Story of Robin Hood, 1977)
Bill Farmer (Disney’s Tous en Boîte, 2001-2003)
Voix Française(s) :
Jacques Marin (Robin des Bois, 1973)
François Delaive (Once Upon a Time – Il Était une Fois, 2013-2018)
Interprète(s) :
Wil Traval (Once Upon a Time – Il Était une Fois, 2013-2018)

Le portrait

rédigé par
Publié le 29 octobre 2023

En 1973, les studios Disney offrent au public de découvrir une nouvelle version de Robin des Bois. Tous les personnages de la célèbre légende sont alors convoqués, en particulier le Shérif de Nottingham présenté cette fois sous les traits d’un loup aussi balourd que perfide.

Le Shérif de Nottingham, antagoniste principal de la légende

Le Shérif de Nottingham fait partie des personnages incontournables de la légende de Robin des Bois. Principal magistrat de la ville de Nottingham, dans le centre de l’Angleterre, il dirige d’une main de fer toute la région du Nottinghamshire où il représente les intérêts de la couronne. Parmi ses nombreuses attributions, le Shérif est en particulier chargé d’exercer la justice, d’assurer la sécurité des habitants et surtout de garantir la sûreté des routes et du commerce. Robin est dès lors une profonde épine dans son pied. Jour après jour, le Shérif s’évertue donc à traquer le hors-la-loi et sa bande qui braconnent dans les bois et détroussent les convois afin de venir en aide aux plus misérables.


Robin Hood, gravure de Daniel Macnee, 1874

Principal antagoniste des aventures de Robin des bois, le Shérif de Nottingham peut compter sur le soutien de quelques alliés, en particulier le Prince Jean. Profitant de l’absence de son frère Richard Cœur de Lion pour s’emparer du trône, l’usurpateur lui confère en effet des pouvoirs presque illimités pour restaurer son autorité dans le centre et le nord de l’Angleterre. C’est ainsi que le Shérif est libre d’engager Sire Guy de Gisbourne, un seigneur local missionné pour assassiner Robin. Disposant de la totale confiance de son maître, le tueur à gage échoue toutefois dans sa mission. Il est alors lui-même tué par Robin. Tantôt représenté comme un puissant despote, tantôt dépeint comme un couard incapable d’arriver à ses fins, le Shérif de Nottingham tente également, dans certaines versions de l’histoire, de s’attirer les bonnes grâces de Lady Marianne, en vain.


The Sheriff of Nottingham cometh before the king at London,
Gravure d'Howard Pyle, 1883, New York Public Library

Protagoniste fictif issu d’une légende héritée d’une tradition orale avant d’être mise par écrit aux environs du XIVe siècle, le Shérif de Nottingham s’inspire peut-être de personnalités ayant réellement existé. Certains historiens avancent ainsi le nom de William de Wendeval, baron normand ayant vécu au XIIe siècle et à qui le roi Richard laissa les rênes du Royaume d’Angleterre au moment de partir pour la Troisième Croisade. D’autres parlent de William Brewer, notable et juge ayant servi dans l’administration sous les règnes de Richard Cœur de Lion, Jean Sans Terre et Henri III. Shérif du Berkshire, de Cornouailles, du Devon, du Hampshire, de Nottingham, du Derbyshire, de l’Oxfordshire, du Somerset, du Dorset, du Sussex et du Wiltshire, c’est en particulier lui qui participe aux négociations visant à payer la rançon exigée par l’empereur du Saint-Empire Henri VI en échange de la libération du roi Richard. Sa fermeté et son ardeur à récolter les impôts le rendent rapidement très impopulaire auprès de la population locale qui exige son remplacement auprès du roi.

Les Aventures de Robin des Bois (1938)
La Rose et la Flèche (1976)

Les aventures de Robin des Bois ayant été maintes fois adaptées à l’écran, le Shérif de Nottingham est l’un des méchants les plus familiers du cinéma et de la télévision. En 1922, il est incarné par Paul Dickey dans Robin des Bois d’Allan Dwan avec Douglas Fairbanks dans le rôle-titre. Eric Ardeney enfile le costume dix ans plus tard dans The Merry Men of Sherwood de Widgey R. Newman. En 1938, Melville Cooper reprend le rôle dans Les Aventures de Robin des Bois de Michael Curtiz et William Keighley avec Errol Flynn. Il est suivi par Lloyd Corrigan en 1946 dans Le Fils de Robin des Bois d’Henry Levin et George Sherman.

Robin des Bois, Prince des Voleurs (1991)
Robin des Bois (2010)

Les studios Disney s’emparent à leur tour de la légende en 1952 avec Robin des Bois et ses Joyeux Compagnons, un film de Ken Annakin dans lequel le Shérif est incarné par Peter Finch. Dans La Rose et la Flèche de Richard Lester (1976), Robert Shaw donne la réplique à Sean Connery qui joue Robin. Alan Rickman hérite du rôle dans Robin des Bois, Prince des Voleurs de Kevin Reynolds (1991). Matthew Macfadyen lui succède dans Robin des Bois de Ridley Scott (2010). Ben Mendelsohn prête ses traits au personnage dans Robin des Bois d’Otto Bathurst (2018). À la télévision, le Shérif de Nottingham est campé par David Kossof (Robin des Bois, 1953), Paul Darrow (The Legend of Robin Hood, 1975), Nickolas Grace (Robin of Sherwood, 1984-1986), Malcolm McDowell (Le Royaume des Voleurs, 2001) et Keith Allen (Robin des Bois, 2006-2009).

Le Shérif de Nottingham, gros lourdaud idiot et insensible chez Disney

Le Shérif de Nottingham est l’un des premiers personnages à entrer dans l’histoire de Robin des Bois. Son épée à la main, il apparaît en effet dans la forêt en train de pourchasser le héros et son comparse, Petit Jean. Une fois encore, les deux forbans parviennent à lui filer entre les doigts.

Le Shérif revient à la quinzième minute. « Messire de mauvaise nouvelle », comme le surnomme Adam de la Halle, est en chemin pour collecter les impôts auprès des pauvres âmes de Nottingham. Marchant gaiment dans la rue en chantonnant, il aperçoit bientôt Frère Tuck qui se rend chez Corniaud, le maréchal-ferrant. « Je suis là, que ça vous plaise ou non », plaisante-t-il en frappant à la porte, « Recevez les salutations amicales de votre très cher collecteur de taxes locales ».

Loin de se laisser berner par Corniaud qui a caché l’argent offert par Frère Tuck dans son plâtre, le Shérif récupère le fruit de l’impôt en secouant énergétiquement la jambe cassée du pauvre malheureux. « Eh voilà ! Bien joué ! », s’amuse-t-il, « Ils ne savent plus quoi inventer ! Ça fait très mal, hein Corniaud ? Mais le Prince Jean dit que les taxes, c’est douloureux ! ». En riant de la situation, le Shérif ne tarde pas à s’attirer les foudres de Frère Tuck.

Se moquant comme d’une guigne des insultes du prêtre, le Shérif reprend sa route joyeusement. Toujours prompt à s’en prendre aux malheureux, il débarque alors chez Madame Lapin et s’empresse de mettre la main sur le bel écu que le petit Bobby s’est vu offrir pour son anniversaire. « Le Prince Jean te souhaite aussi un bon anniversaire », ironise-t-il. Sans vergogne, le Shérif en profite pour voler au passage le maigre pécule récolté par un misérable aveugle. Il ignore alors que ce vagabond qu’il vient de détrousser n’est autre que Robin des bois lui-même. En somme, le Shérif a volé celui qui, quelque temps plus tôt, s’est servi dans le trésor royal !

Maître dans l’art du déguisement, Robin se joue une nouvelle fois du Shérif durant le concours de tir à l’arc organisé par le Prince Jean. Déguisé en cigogne, le Renard se permet de railler le représentant de la loi bien sûr de lui concernant la suite des événements. « Excusez-moi compère, je dois aller gagner le tournoi ! ».

Au moment de décocher sa flèche, le Shérif est toujours aussi sûr de lui lorsque Robin revient à la charge pour le chambrer. « Écoute, sécateur à pattes », répond le vil loup, « Si tu tires seulement moitié aussi bien que tu croasses, tu es meilleur que Robin des bois ! ». Interrogé au sujet de Robin, le Shérif continue de pérorer. « Il tremble devant moi », affirme-t-il sans sourciller, « Il s’est gardé de se montrer aujourd’hui. Il sait trop que je peux le reconnaître malgré ses déguisements ».

Mais à force de fanfaronner, la situation se retourne contre Robin. Trop d’indices laissent à penser que cette mystérieuse cigogne est suspecte. Le Shérif de Nottingham est dès lors bien décidé à la coincer. L’arrestation de Robin ne se passe toutefois pas tout à fait comme prévu… Suspicieux, le Shérif ne comprend pas l’ordre donné par le Prince Jean de relâcher finalement le prisonnier. Il découvre alors que Petit Jean est lui-même en train de menacer le souverain. Un duel s’engage alors entre le loup et l’ours. Quand la foule commence à s’en mêler, l’affrontement devient bientôt général. Malmené durant la bataille, le Shérif est en particulier acculé par Gertrude, la dame de compagnie de Marianne.

Malgré cette débâcle, la bonne humeur du Shérif de Nottingham n’est pas entamée. Toujours aussi guilleret, il pénètre dans le château en chantant le dernier air à la mode, une chanson moquant le caractère du Prince Jean. Riant de bon cœur avec Triste Sire, l’imbécile ne se rend pas compte que son maître a tout entendu. « Mais… Mais… Sire, c’est l’air en vogue », tente-t-il de se justifier, « Tout le village chante cette complainte... ».

Furieux, le Prince Jean le charge d’augmenter drastiquement les taxes et d’enfermer les mauvais payeurs. Se livrant à cette basse besogne non sans un certain plaisir, le Shérif pressure ainsi la population et remplit la prison. Il s’autorise même à piller le tronc des pauvres, provoquant l’ire de Frère Tuck qui se retrouve à son tour enchaîné pour « haute trahison envers la couronne »...

Dans les heures qui suivent, le Shérif de Nottingham reçoit la charge de préparer la potence. Frère Tuck sera pendu à l’aube, un bon moyen selon le Prince Jean de faire sortir Robin du bois. Avec délectation, le Shérif vérifie donc la corde. Il s’assoit ensuite devant la geôle du prélat et s’endort en attendant le moment fatidique de l’exécution. La surveillance de la prison est alors laissée à ses deux sbires, Niquedouille et Pendard, qui veillent tant bien que mal.

Agacé par les hurlements du premier et presque embroché par l’une des flèches du second, le Shérif est rapidement intrigué par des bruits suspects. « Il y a quelque malice qui se trame ici », explique-t-il en reprenant sa ronde. Il est néanmoins rapidement calmé par Robin qui, déguisé en Niquedouille, lui chante une comptine pour l’aider à s’endormir de nouveau.

Plongé dans son sommeil, le Shérif n’aperçoit pas Petit Jean en train de libérer les détenus. Il ne voit pas plus Robin occupé quant à lui à voler le trésor royal au nez et à la barbe du Prince Jean. Une pièce échappée d’un sac le réveille soudain. Mais le Shérif est une fois encore mis hors d’état de nuire par Petit Jean qui revêt son uniforme afin ne pas éveiller les soupçons de Pendard, à son tour neutralisé.

Désormais en sous-vêtements, le Shérif participe à la grande bataille finale qui oppose dans la cour du château ses gardes au petit peuple. Une torche à la main, il tente d’arrêter Robin. Sa rage est telle qu’il enflamme malgré lui un rideau. Rapidement, toute la tour prend feu. Le brasier l’empêche de poursuivre Robin qui parvient dès lors à fuir.

Le retour du Roi Richard ramène enfin le calme à Nottingham. Comme le Prince Jean et Triste Sire, le Shérif de Nottingham est finalement déchu de son rang. Mis aux fers, il est alors condamné aux travaux forcés.

La Conception du personnage

Lorsque débute la réalisation de Robin des Bois au tournant des années 1960-1970, le département animation des studios est plongé dans l’incertitude. La mort de Walt Disney a forcément laissé un grand vide. Le Livre de la Jungle et Les Aristochats, les derniers projets initiés par lui, sont à présent achevés. Se pose alors la question de continuer ou non de produire d’autres longs-métrages animés. Hésitant à renoncer, les artistes font malgré tout le choix de poursuivre l’œuvre du papa de Mickey. Réunis derrière le réalisateur Wolfgang Reitherman, ils portent bientôt leur choix sur une nouvelle adaptation animée de la légende de Robin des Bois. Le mot d’ordre est alors de produire ce nouveau film à moindre frais dans des délais aussi rapides que possible.

Rassemblant la vieille garde composée d’animateurs comme Milt Kahl, Frank Thomas, Ollie Johnston, John Lounsbery, Eric Larson et Hal King entourés pour l’occasion d’artistes plus jeunes tels que Don Bluth et Dale Baer entre autres, le projet est principalement porté par le scénariste Larry Clemmons et le directeur artistique Ken Anderson qui décident de ne pas miser sur des personnages humains mais plutôt sur un casting d’animaux. Reprenant un concept initié dix ans plus tôt au moment de la production de Chantecler et le Renard, une adaptation de Chantecler d’Edmond Rostand et du (Le) Roman de Renard qui ne convaincra pas Disney et ne verra dès lors jamais le jour, les rôles principaux sont ainsi distribués à toute une ménagerie s’inspirant de l’imagerie populaire.

Rusé, Robin des bois prend la forme d’un renard. Le colosse Petit Jean est un ours. Le cupide Prince Jean, roi de pacotille, est un lion dégarni. Triste Sire, son conseiller persifleur, est un serpent. Les habitants de Nottingham sont quant à eux autant de chiens, lapins, hiboux, chevaux, cochons, tortues et autres ratons-laveurs.

Initialement, le rôle du Shérif de Nottingham est attribué à un bouc, un ruminant souvent représenté dans les dessins animés comme un être stupide fonçant tête baissée sans réfléchir. Sur une proposition de Wolfgang Reitherman, le concept est toutefois modifié. Le bouc est ainsi remplacé par un loup. L’idée est alors d’utiliser un animal qui, dans l’inconscient collectif, est davantage associé à la méchanceté, la prédation et la perfidie, une image largement entretenue par les Fables de La Fontaine et les contes populaires des frères Grimm ou de Charles Perrault tels que Le Petit Chaperon Rouge, Les Trois Petits Cochons ou bien encore Pierre et le Loup.

Le Shérif de Nottingham apparaît donc sous les traits d’un loup anthropomorphe. Balourd ventripotent et nonchalant, il fait partie des animaux les plus massifs de Nottingham. Son costume se limite à une large chemise orange avec ses manches bouffantes roses et lavande. Un petit chapeau à plume et ses souliers orange complètent l’ensemble. Une ceinture permet au Shérif de porter son épée et la bourse dans laquelle il dépose le fruit de ses rapines. Une médaille autour du cou et une étoile accrochée sur sa chemise indiquent son haut rang. Étonnamment, le costume du Shérif de Nottingham rappelle davantage la mode en vigueur durant le règne d’Henry VIII au XVIe siècle que celle en vogue à l’époque de Richard Cœur de Lion et Jean Sans-Terre.


Feuilles de modèles

De par son imposante carrure, le Shérif de Nottingham représente une vraie menace pour les habitants de Nottingham, bien plus impressionnés par lui que par le chétif Prince Jean. Le loup est d’ailleurs le méchant le plus actif du film, le souverain et son conseiller, Triste Sire, restant davantage dans l’ombre pour ourdir les pires complots. Officier de terrain, le Shérif possède toutefois une faiblesse majeure, sa vigueur d’esprit somme toute limitée. Bien qu’il prétende le contraire, celle-ci l’empêche en effet de cerner immédiatement les plans de Robin. Passablement idiot, le personnage sait toutefois manier avec habileté l’ironie et le sarcasme et faire souffrir ses administrés… Totalement cruel et amoral, il n’éprouve aucune pitié pour les plus pauvres et les plus misérables qu’il extorque sans aucun scrupule. Il ne semble pas plus respectueux avec son maître, le Prince Jean, dont il se paye la tête allègrement en reprenant la satire inventée par les villageois.

Concept-art par Ken Anderson

Seul personnage majeur de l’intrigue dont le public ne connaît pas le véritable nom, le Shérif de Nottingham est notamment conçu par Ken Anderson en partenariat avec Milt Kahl.
Né le 17 mars 1909 à Seattle, dans l’État de Washington, Kenneth Anderson étudie l’architecture en Europe puis à Washington avant de partir pour Los Angeles afin de trouver un travail dans l’animation. Engagé comme décorateur de plateau par MGM, il rejoint les studios Disney en 1934 et travaille sur plusieurs courts-métrages comme La Déesse du Printemps et Trois Petits Orphelins. Repéré par Walt Disney, il est nommé directeur artistique sur Blanche Neige et les Sept Nains, un poste qu’il occupe ensuite lors de la production de Pinocchio et de Fantasia. Animateur sur Le Dragon Récalcitrant et Mélodie du Sud, il participe ensuite à l’écriture de Mélodie Cocktail, Danny, le Petit Mouton Noir et Cendrillon. Promu directeur artistique de La Belle au Bois Dormant, des (Les) 101 Dalmatiens, Merlin l’Enchanteur et Le Livre de la Jungle, Ken Anderson travaille également aux cotés de Disney à la création de Disneyland et de certaines attractions comme Peter Pan’s Flight et Mr. Toad’s Wild Ride. Après la mort de Walt, il planche sur des films comme Les Aristochats, Robin des Bois, Peter et Elliott le Dragon, Les Aventures de Winnie l’Ourson et Les Aventures de Bernard et Bianca. Associé à l’édification d’Epcot, Anderson prend finalement sa retraite en 1978. Parfois surnommé le « Dixième vieux monsieur », en référence aux Nine Old Men, il meurt le 13 décembre 1993, deux ans après avoir reçu un Disney Legends Award pour l’ensemble de sa carrière.

Ken Anderson
Esquisses par Ken Anderson

Membre du groupe très fermé des Neuf Vieux Messieurs, Milt Kahl naît le 22 mars 1909 à San Francisco, en Californie. Débutant sa carrière modestement à l’âge de seize ans lorsqu’il est embauché comme dessinateur pour le journal The Oakland Post Inquirer puis pour le San Francisco Bulletin, il devient bientôt dessinateur d’affiches de cinéma. Il entre ensuite chez Disney en 1934. Se distinguant grâce à son caractère bien trempé de ses collègues qui redoutent ses colères mémorables, Kahl travaille comme intervalliste sur plusieurs cartoons de Mickey. Son talent lui permet rapidement de devenir animateur puis superviseur de l’animation. Très doué pour l’animation des humains, il collabore alors à presque tous les longs-métrages animés de Disney et donne vie à des personnages aussi fameux que Pinocchio, dont il définit l’apparence finale, Bambi, Brom Bones, Frère Lapin, Johnny Pépin de Pomme, Cendrillon, le prince Philippe et le roi Hubert, Roger Radcliff et Pongo, Merlin l’enchanteur ou bien encore Tigrou. Derrière l’animation remarquable de Shere Khan et de Madame Médusa, son ultime méchante, Milt Kahl est élevé au rang de Disney Legend en 1989, deux ans après sa mort survenue le 19 avril 1987 à l’âge de soixante-dix-huit ans.

Milt Kahl
Esquisses par Milt Kahl

L’animation du Shérif de Nottingham est supervisée par John Lounsbery. Originaire de Cincinnati où il voit le jour le 9 mars 1911, l’artiste entame sa carrière chez Disney en 1935. Spécialiste de Pluto qu'il a animé dans de nombreux courts-métrages, il donne vie à des dizaines de personnages remarquables tels que la Reine Grimhilde changée en sorcière, Grand Coquin et Gédéon, Chicken Little, Willie le géant, la rose chef d'orchestre et le chat de Cheshire dans Alice au Pays des Merveilles, Monsieur Darling, le duo Tony et Joe dans La Belle et le Clochard, les rois de La Belle au Bois Dormant, le colonel Hathi, Tigrou ainsi qu'à deux autres loups notables, celui de Pierre et le Loup et celui de Merlin l’Enchanteur. Nommé coréalisateur des (Les) Aventures de Winnie l'Ourson et des (Les) Aventures de Bernard et Bianca, John Lounsbery décède le 13 février 1976 avant que les deux longs-métrages ne soient achevés. Un Disney Legends Award couronne sa carrière.

John Lounsbery
Dessin d'animation

Certaines apparitions du Shérif sont également animées par Frank Thomas. Né le 5 septembre 1912 à Fresno, en Californie, l’artiste fait ses gammes à l’Université de Stanford puis à l’Institut Chouinard avant d’entrer chez Disney en 1934. Il donne alors vie, entre autres, à Mickey, les nains, Pinocchio, Bambi et Pan-Pan, Madame de Trémaine, la Reine de Cœur, le Capitaine Crochet, Lady et le Clochard, les trois bonnes fées, Pongo et Roger ou bien encore Mowgli et Baloo, ainsi que Winnie l’Ourson, Bernard et Bianca et Rox et Rouky. Membre du groupe de jazzmen The Firehouse Five Plus Two, Frank Thomas est élevé au rang de Disney Legend en 1989. Il décède le 8 septembre 2004 à l’âge de quatre-vingt-douze ans.

Frank Thomas
Dessin d'animation
Les Voix du Shérif de Nottingham

Parlant avec un fort accent du Sud des États-Unis alors même que l’intrigue de Robin des Bois se situe évidemment dans le cœur de l’Angleterre, le Shérif de Nottingham est interprété en version originale par Pat Buttram. Né le 19 juin 1915 à Addison, en Alabama, le comédien débute sa carrière dès l’adolescence en participant à diverses pièces de théâtres et autres émissions de radio produites dans son lycée. Engagé par la station WLS de Chicago qui lui offre une place dans l’émission National Barn Dance, il obtient bientôt sa propre émission sur CBS. Dans les années 1940, Pat Buttram déménage à Hollywood où il devient ponctuellement l’un des partenaires de Roy Rogers avant de rejoindre Gene Autry avec qui il joue dans des dizaines de films, notamment The Strawberry Roan en 1948, ainsi qu’à la télévision et à la radio dans The Gene Autry Show. Le comédien prête dans le même temps sa voix à plusieurs personnages tels que Napoleon dans Les Aristochats, le Shérif de Nottingham dans Robin des Bois, Luke dans Les Aventures de Bernard et Bianca et Chef dans Rox et Rouky. Son ultime rôle est celui de l’animateur du Parc Opposum dans Dingo et Max sorti un an après sa mort survenue le 8 janvier 1994 à l’âge de soixante-dix-huit ans.

Pat Buttram
Jacques Marin

En version française, le rôle est confié à Jacques Marin. Né le 9 septembre 1919 à Paris, l’acteur étudie au Conservatoire national supérieur d’art dramatique avant de débuter une carrière riche au théâtre, à la télévision et au cinéma dès les années 1940. Il joue ainsi dans des films comme Le Beau Voyage, Jeux Interdits, Si Paris Nous Était Conté, La Traversée de Paris, Porte des Lilas, Les Tricheurs, Les Vieux de la Vieille, Le Président, Fantômas se Déchaîne, Mais Où Est Donc Passée la Septième Compagnie ?... Réputé pour son incarnation du Français moyen, il attire les cinéastes américains qui le dirigent entre autres dans Charade et Marathon Man. Pour les studios Disney, il joue le capitaine Brieux dans L’Île sur le Toit du Monde et l’inspecteur Bouchet dans La Coccinelle à Monte-Carlo. Il prête par ailleurs sa voix à l’Archevêque de Cantorbéry dans Le Prince et le Pauvre. Jacques Marin décède le 10 janvier 2001 à Cannes.

Les Autres Apparitions du Shérif de Nottingham

En 1952, les studios livrent leur propre version de la légende dans Robin des Bois et ses Joyeux Compagnons. Le personnage du Shérif est alors incarné par le comédien Peter Finch (L’Histoire des Miniver, L’Enlèvement de David Balfour, Le Procès d’Oscar Wilde, La Fille aux Yeux Verts, Le Vol du Phoenix, Un Dimanche comme les Autres, Network).

Robin des Bois et ses Joyeux Compagnons
Walt Disney Productions’ Story of Robin Hood

La version animale du Shérif de Nottingham est de retour dans le livre-disque Walt Disney Productions’ Story of Robin Hood édité en 1973 par Disneyland Records. Quatre ans plus tard, en 1977, Buena Vista Distribution, Co. propose une nouvelle version du disque. Narrée cette fois par Bob Holt, l’histoire reprend dans les grandes lignes celle du vinyle précédent. Le rôle du Shérif est pour l’occasion repris par Tony Pope, la voix de Dingo dans Footmania pour Dingo et Qui Veut la Peau de Roger Rabbit, qui campe également Robin des Bois.

On a Volé les Dessins Animés
Le Club des Méchants

Le Shérif fait partie des nombreux personnages présents dans le public de la série animée Disney’s Tous en Boîte. Il apparaît ainsi notamment dans les épisodes On a Volé les Dessins Animés, La Saint-Valentin de Dingo, Le Club des Méchants et la compilation Mickey : La Magie de Noël. Les quelques répliques du loup sont alors récitées par Bill Farmer, la voix de Dingo depuis les années 1980.

Mickey, la Magie de Noël
Once Upon a Time - Il Était une Fois

Dans Once Upon a Time - Il Était une Fois, le rôle du Shériff est davantage étoffé. Humilié par le passé par Robin qui a ravi à sa place le cœur de Marianne, l’officier fait la rencontre de Rumplestitskin à qui il offre de révéler la cachette du voleur en échange d’une nuit avec Belle. Il essuie alors un refus catégorique et se fait couper la langue. À Storybrook, Keith, un client régulier du Rabbit Hole Bar, est l’alter ego du Shérif dans le monde « réel ». Lui-même tombe sous le charme de Belle et subit la vengeance de Mr. Gold. Visible dans les saisons 2 à 6 de la série, le personnage est interprété par Wil Traval (Red Widow, Jessica Jones, Arrow).

Disney Heroes: Battle Mode
Disney Sorcerer’s Arena

Le Shérif de Nottingham apparaît enfin dans le jeu vidéo Disney Heroes: Battle Mode (2018). Il est également l’un des adversaires à combattre dans Disney Sorcerer’s Arena (2020).

En 2023, les Walt Disney Animation Studios célèbrent en grande pompe leur centième anniversaire avec Il Était une Fois un Studio, un court-métrage spécial dans lequel sont exceptionnellement rassemblés des centaines de personnages Disney d’hier et d’aujourd’hui. Le Shérif de Nottingham est notamment de la partie et figure sur la grande et belle photo de famille prise sur l’esplanade du Roy E. Disney Animation Building.

Le Shérif de Nottingham dans les Parcs Disney

Le Shérif est l’un des personnages que les visiteurs des Parcs Disney peuvent rencontrer de temps en temps, en particulier au Disneyland Park ou à Disneyland Paris.

Unleash the Villains

Le méchant fait en outre partie des méchants participant à Unleash the Villains, le spectacle d’Halloween produit aux Disney’s Hollywood Studios, l’un des Parcs de Walt Disney World en Floride.

Second rôle particulièrement croustillant, le Shérif de Nottingham est l’un des plus beaux méchants de la décennie qui complète de manière amusante le bestiaire de Robin des Bois.

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