L'Archevêque de Cantorbéry
Date de création : Le 16 novembre 1990 Nom Original : The Archbishop Créateur(s) : Daan Jippes (Conception visuelle) Alvaro Arce (Conception visuelle) Jean Gillmore (Conception visuelle) Mark Kausler (Animateur) |
Apparition : Cinéma Voix Originale(s) : Frank Welker Voix Française(s) : Jacques Marin Interprète(s) : Walter Hudd (Le Prince et le Pauvre – 1962) |
Le portrait
En 1990, les artistes de Disney offrent aux anciennes gloires des studios un formidable retour sur les écrans avec Le Prince et le Pauvre. Inspiré de l’œuvre de Mark Twain, le court-métrage est ainsi l’occasion pour Mickey de briller en endossant les rôles du Prince et du Pauvre. Également de la partie, Donald, Dingo, Pluto et Pat complètent le casting aux côtés de personnages inédits créés pour l’occasion à l’image de l’Archevêque.
L’Archevêque n’entre dans l’histoire que durant les dernières minutes du film. Le vieux Roi est mort. Le Prince doit être couronné dans l’instant. Toute la cour d’Angleterre est alors rassemblée dans la cathédrale. Le Chambellan a sorti la couronne des coffres. Vêtu de son habit d’apparat blanc et or et coiffé de sa mitre, le prélat attend près du trône l’arrivée du futur souverain.
Honoré de sacrer ainsi le futur Roi, l’Archevêque ignore qu’un complot se trame en coulisse. Le Prince qui se présente devant lui n’est en réalité que Mickey, simple sujet de sa majesté vivant dans les quartiers misérables de Londres. Le vrai héritier est pour sa part retenu captif dans un cachot par l’infâme Capitaine Pat bien décidé à s’emparer du pouvoir. Cherchant à gagner du temps, le Pauvre tergiverse au moment de s’asseoir sur le trône sous le regard de l’Archevêque qui ne comprend rien de la situation. Devant les hésitations de Mickey, il doit ainsi faire preuve d’un certain autoritarisme en ordonnant à ce dernier de prendre place sur le champ.
Tenant la couronne à bout de bras, l’Archevêque partage avec l’assemblée le plaisir qui est le sien de sacrer le Roi. Voyant la situation lui échapper, Mickey tente tant bien que mal d’esquiver la couronne sous l’œil de l’ecclésiastique qui ne comprend décidément pas pourquoi son monarque se montre si nerveux et récalcitrant. « Restez tranquille ! », ordonne-t-il avant d’être interrompu dans sa tâche par Mickey, désormais bien décidé à dire toute la vérité. C’est à ce moment que le Prince, libéré de sa geôle, fait irruption dans la cathédrale. Commence alors l’affrontement final avec Pat et ses sbires. Effrayé, l’Archevêque, qui ne lâche pas la couronne, se réfugie derrière le trône. Il est bientôt encerclé par les gardes.
La situation revenue à la normale et le Capitaine Pat enfin neutralisé, l’Archevêque ne sait plus où donner de la tête. Observant le Prince en haillons et le Pauvre en costume de sacre rire aux éclats, il ne sait sur quelle tête poser la couronne. L’émotion est telle qu’il bafouille... « Ainsi donc, je vous couronne Prince d’Angleterre », lance-t-il à l’assemblée avant de se reprendre, « Euh... Non... Roi... Roi d’Angleterre » ! Happy End !
Au milieu des années 1980, les artistes de Disney profitent du succès du (Le) Noël de Mickey et se lancent dans une nouvelle production d’envergure visant à réunir une nouvelle fois à l’écran les grandes vedettes des studios. Cherchant l’inspiration dans les classiques de la littérature, leur choix se porte bientôt sur Le Prince et le Pauvre, le roman de Mark Twain paru en 1883. S’opère alors la répartition des rôles. Mickey, Donald, Dingo, Pluto, Pat, Clarabelle, Horace ou bien encore les Fouines de La Mare aux Grenouilles reprennent ainsi du service. Pour certains personnages secondaires, en particulier les habitants de Londres, les membres de la cour et l’Archevêque de Cantorbéry, les artistes s’amusent à créer de toutes pièces de nouveaux protagonistes.
L’Archevêque apparaît donc sous les traits d’un hibou, un animal qui, comme la chouette, est parfois associé dans l’imaginaire collectif à la sagesse, à la connaissance et à la majesté. Monsieur Hibou dans Bambi, ou bien Maître Hibou dans Les Aventures de Winnie l’Ourson s’inscrivent notamment dans cette représentation de l’intelligence et du savoir. Pour renforcer le caractère solennel et vénérable du personnage, choix est rapidement fait de lui donner un certain âge. Les joues sont tombantes. Les yeux sont cernés. Les sourcils sont épais. Le plumage, blanc et gris, renforce le côté ancien du prélat. Sa mitre, son costume de sacre, sa crosse terminent de lui donner une certaine respectabilité.
Recherches graphiques de Daan Jippes
Comme l’ensemble des personnages du film, l’Archevêque est notamment conçu par les développeurs visuels Daan Jippes, Alvaro Arce et Jean Gillmore.
Né à Amsterdam le 14 octobre 1945, Daniel Jan (Daan) Jippes se passionne dès l’enfance pour l’œuvre de Carl Barks et de Floyd Gottfredson. Grand amateur de bande dessinée belge, en particulier des albums de Morris ou Franquin avec qui il se lie d’amitié, il débute dès les années 1960 en tant qu’artiste de layout pour l’éditeur Oberon Publishing. Auteur et dessinateur de plusieurs planches publiées dans la revue Pep, il rencontre son public grâce à l’album Bernard Voorzichtig : Twee Voor Thee créé en association avec le scénariste Martin Lodjewik. En 1972, il est bientôt recruté par la filiale Produits dérivés de Disney qui lui confie la réalisation d’illustrations publiées en Une des différents magazines maison. Il rejoint ensuite les États-Unis et les studios d’animation de Mickey pour qui il travaille sur des films comme Bernard et Bianca au Pays des Kangourous, Le Prince et le Pauvre, La Belle et la Bête et Aladdin. Auteur de nombreux comics, dont l’adaptation de Qui Veut la Peau de Roger Rabbit, Daan Jippes rejoint Ambimation et participe à la production de Balto. De retour aux Pays-Bas, il collabore avec le Studio Jan Kruis tout en restant lié avec Disney qui lui demande de redessiner plusieurs aventures des Castors Juniors initialement créées par Carl Barks. Crédité aux génériques d’Excalibur, l’Épée Magique, Mulan ou bien encore Le Roi Lion 2 : L’Honneur de la Tribu, il storyboarde également le long-métrage Mickey, Donald, Dingo - Les Trois Mousquetaires.
Alvaro Arce débute lui sa carrière dans l’animation en 1961. Employé par les studios de Bob Clampett, il travaille aussi pour les Larry Harmon Productions, Warner Bros., UPA et Format Productions avant de rejoindre Hanna-Barbera pour qui il œuvre comme story-boarder sur The Abbot and Costello Show, Les Pierrafeu, Les Jetson, Yogi l’Ours, Les Schtroumpfs, Les Snorky ou Scooby-Doo... Bientôt propriétaire de son propre studio avec lequel il réalise des courts-métrages éducatifs notamment diffusés dans l’émission Sesame Street, il travaille pour Disney sur des séries comme Les Gummi, La Bande à Picsou et Super Baloo, ainsi que sur Bernard et Bianca au Pays des Kangourous, La Belle et la Bête et Le Roi Lion. En 1990, il s’envole pour l’Espagne à l’invitation de Lapiz Azul qui le charge de former un groupe d’artistes européens. De retour au Chili, Alvara Arce reprend la tête de son propre studio.
Dessins d'animation de l'Archevêque
Après avoir travaillé sur des séries comme Fraggle Rock, Mystérieusement Vôtre : Signé Scooby-Doo ou Les Muppet Babies, Jean Gillmore entre chez Disney à la fin des années 1980 comme artiste de développement visuel. À ce poste, elle livre des centaines de recherches graphiques pour des films comme Le Prince et le Pauvre, La Belle et la Bête, Aladdin, Le Roi Lion, Pocahontas, une Légende Indienne, Le Bossu de Notre-Dame, Hercule et Mulan. Reconnue pour son talent incroyable, elle collabore brièvement avec les studios Pixar sur 1001 Pattes (a bug’s life) puis revient chez Disney sur des productions comme Tarzan, Fantasia 2000, Kuzco, l’Empereur Mégalo, Atlantide, l’Empire Perdu et La Planète au Trésor - Un Nouvel Univers. Après quelques années en free-lance durant lesquelles elle planche notamment sur Barbie : Cœur de Princesse et Rio, elle travaille avec les équipes de Clochette et la Pierre de Lune, Zootopie, La Reine des Neiges et sa suite ou bien encore Raya et le Dernier Dragon.
L’animation de l’Archevêque est confiée à l’animateur Mark Kausler. Né le 10 août 1948 à Saint-Louis, l’artiste débute dans les années 1960 en tant qu’assistant animateur sur le film Yellow Submarine. Dans les années 1970, il rejoint les rangs de Disney et travaille sur Les Aventures de Bernard et Bianca. Alternant avec d’autres studios, sa filmographie compte également des titres comme Bugs Bunny’s Looney Christmas Tales, ‘Cat and Mouse’ at the Home, Taram et le Chaudron Magique, Basil, Détective Privé, Footmania pour Dingo, Qui Veut la Peau de Roger Rabbit, Oliver & Compagnie, Bobo Bidon, La Petite Sirène, Scooby-Doo : Agence Toutou Risques, La Belle et la Bête, Le Voleur et le Cordonnier, Le Marsupilami, Fantasia 2000... Réalisateur du reboot de la série Les Super Nanas en 2016, il oeuvra précédemment sur Osmosis Jones, Les Looney Tunes Passent à l’Action, Campez Lazlo !...
En version originale, l’Archevêque est interprété par Frank Welker. Né le 12 mars 1946 à Denver, dans le Colorado, celui qui double également le Roi a associé son nom à des centaines de productions depuis le début de sa carrière à la fin des années 1960. Apparaissant en tant qu’acteur dans Filles et Show-Business, L’Ordinateur en Folie et Pas Vu, Pas Pris, il est ainsi entre autres la voix de Toby et Félicia dans Basil, Détective Privé, de Dumbo dans Qui Veut la Peau de Roger Rabbit, de Max dans La Petite Sirène, de Joanna et de l’aigle Marahute dans Bernard et Bianca au Pays des Kangourous, de Sultan dans La Belle et la Bête, d’Abu, Rajah et la Caverne aux merveilles dans Aladdin. Frank Welker a aussi interprété le Yeti dans Dingo et Max, Flit dans Pocahontas, une Légende Indienne, l’oisillon dans Le Bossu de Notre-Dame puis Khan et Cri-Kee dans Mulan.
En version française, le rôle est confié à Jacques Marin. Né le 9 septembre 1919 à Paris, l’acteur étudie au Conservatoire national supérieur d’art dramatique avant de débuter une carrière riche au théâtre, à la télévision et au cinéma dès les années 1940. Il joue ainsi dans des films comme Le Beau Voyage, Jeux Interdits, Si Paris Nous Était Conté, La Traversée de Paris, Porte des Lilas, Les Tricheurs, Les Vieux de la Vieille, Le Président, Fantômas se Déchaîne, Mais Où Est Donc Passée la Septième Compagnie ?... Réputé pour son incarnation du Français moyen, il attire les cinéastes américains qui le dirigent entre autres dans Charade et Marathon Man. Pour les studios Disney, il joue le capitaine Brieux dans L’Île sur le Toit du Monde et l’inspecteur Bouchet dans La Coccinelle à Monte-Carlo ; il prête par ailleurs sa voix au Shérif de Nottingham dans Robin des Bois. Jacques Marin décède le 10 janvier 2001 à Cannes.
Les studios Disney avaient déjà adapté l’œuvre de Mark Twain en 1962. Réalisé par Don Chaffey, Le Prince et le Pauvre avait alors été pensé comme un téléfilm en trois parties diffusé dans l’émission hebdomadaire Walt Disney’s Wonderful World of Color.
Guy Williams, le légendaire interprète de Zorro, campait Miles Hendon aux côtés du jeune Sean Scully dans les rôles du Prince Edward et du pauvre Tom Canty. Également au casting, l’acteur Walter Hudd (Rembrandt, Le Triomphe de l’Amour, Le Dernier Homme à Pendre, Coulez le Bismark !) endossait lui le costume de l’Archevêque de Cantorbéry.
Personnage assez truculent et amusant, l’Archevêque participe à son modeste niveau à donner au (Le) Prince et le Pauvre un caractère tout à fait charmant et particulièrement intemporel.