Date de création : Le 19 juin 1998 Nom Original : Khan Créateur(s) : Alex Kupershmidt (Superviseur de l'Animaton) Sasha Dorogov Branko Mihanovic |
Apparition : Cinéma Vidéo |
Le portrait
Au fil des années, la galerie de personnages Disney s’est enrichie de dizaines de fiers destriers… Premiers rôles ou simples figurants, faire-valoir ou acteurs à part entière de l’histoire, tous accompagnent les princes et les princesses, les héros et les héroïnes, les méchants et tant d’autres personnages dans leurs aventures à l’instar de Bride abattue, Cyril Trottegalop, Major, Samson, Capitaine, Frou-Frou, Philibert, Achille, Pégase, Pile-Poil et plus récemment de Buck, Angus, Maximus ou Sitron. En 1998, un autre spécimen vient à son tour rejoindre l’écurie Disney, Khan, l’étalon noir de Mulan.
Khan apparaît à l’écran dès les premières minutes de Mulan. La jeune héroïne s’apprête à rencontrer la Dame marieuse. Le temps presse. Elle charge Petit Frère, son chien, de nourrir les poules. Grâce à un bricolage sommaire mais astucieux, l’animal parcourt la cour à toute vitesse en traînant derrière lui un sac de grains percé. Les poules, lancées à sa suite, picorent. Khan, en train de brouter calmement dans son enclos, observe, dubitatif, le chien qui passe comme un dératé devant lui… Un hennissement méprisant semble indiquer qu’il désapprouve ce genre de méthodes.
Khan est de retour quelques instants plus tard. Fa Li et Grand-Mère Fa patientent en ville en attendant que Mulan, en retard comme d’habitude, se décide à arriver. La jeune fille arrive enfin grâce à son cheval lancé au triple galop. Grand-Mère Fa prend soin de l’animal au moment où Mulan entre chez les préparatrices chargées de la laver, de l’habiller et de l’apprêter pour sa rencontre avec la Dame marieuse. L’entretien, finalement, se passe mal. Mulan, désespérée, rentre à la maison. Croisant le regard de son père Fa-Zhou qui comprend que tout ne s’est pas passé comme prévu, l’héroïne cache son visage derrière celui de son cheval, aussi anéanti qu’elle.
Après l’annonce faite par Chi-Fu que chaque famille doit envoyer un homme pour rejoindre l’armée impériale, Mulan décide de prendre les choses en main et de remplacer son père, à présent vieux et handicapé. Les cheveux coupés, l’armure familiale sur les épaules, elle rejoint Khan à l’écurie. Le cheval, réveillé avec fracas, est pris de panique mais aussitôt rassuré en reconnaissant le regard tendre de sa chère maîtresse. Tous les deux partent sous la pluie. L’orage permet de camoufler le bruit des sabots. Ensemble, Mulan et Khan filent vers leur destin.
Au petit matin, Mulan et Khan font un arrêt. Le cheval, couché par terre, prend un peu de repos en grignotant quelques tiges de bambou. Mulan répète son rôle de soldat. Khan ne peut s’empêcher de « pouffer » en découvrant la jeune fille qui, tant bien que mal, tente d’imiter le comportement d’un homme. Ses mimiques et sa voix sont grotesques. Khan montre son amusement. Mulan, vexée, lui jette sa chaussure à la tête.
La rigolade est de courte durée. Soudain, des flammes s’élèvent derrière une énorme pierre. L’ombre menaçante de Mushu surgit. Khan se cache derrière Mulan, elle-même dissimulée derrière un rocher. La supercherie est toutefois rapidement démasquée. Mushu révèle sa véritable identité et surtout sa véritable taille. Khan, qui pense qu’il s’agit-là d’un serpent et non d’un dragon miniature, le piétine violemment. La relation entre le cheval et le dragon débute mal. Elle s’envenime lorsque Mushu traite Khan de « vache ». Khan tente de le chiquer. « Couché, la Noiraude ! », lance Mushu au cheval, consterné ! (« Down Bessie ! » en version originale, peut-être une référence à Bessie, le cheval blanc de la série Les Petites Canailles).
Durant l’entraînement dispensé sous les ordres de Shang, le fils du Général Li, Khan tente de soutenir autant que possible Mulan. Il la protège également de ses compagnons d’armes lorsque ces derniers se précipitent, nus, dans la rivière où l’héroïne pensait pouvoir prendre son bain à l’abri des regards. Il manifeste également la tristesse qui est la sienne lorsque Shang renvoie Mulan, dont les performances sont jugées lamentables. Ses relations avec Mushu sont par ailleurs toujours aussi compliquées. Lorsque ce dernier demande de lui servir de monture pour entourlouper Chi-Fu et lui donner l’ordre d’envoyer les hommes à la guerre, le cheval éjecte le dragon qui doit alors se contenter d’un panda !
Le régiment de Shang part bientôt à la guerre. Khan est chargé de tirer le chariot renfermant les fusées d’attaque. Mushu fait finalement exploser une partie du chargement. Le chariot est en flammes. Mulan s’empresse de couper les liens du cheval en danger. Lorsque la bataille commence entre les hommes de Shang et la terrifiante armée de Shan-Yu, Khan échappe à la surveillance d’un soldat afin d’aller secourir Mulan, qui vient de se précipiter un canon sous le bras pour déclencher une avalanche et ainsi ensevelir l’ennemi. Le cheval se comporte également en héros afin de sauver Shang, emporté par la coulée de neige. Khan, comme Mulan, est lui-même sauvé in-extremis d’une chute vertigineuse du haut d’une falaise grâce à Yao, Ling et Chien Po.
Lorsque l’identité de Mulan, blessée, est enfin révélée, Khan, une fois encore, tente de protéger sa maîtresse. Tentant d’empêcher qu'elle ne soit exécutée, il tente de s’interposer, en vain. Et quand Mulan est abandonnée à son triste sort au milieu de la montagne enneigée, Khan est une fois encore présent pour lui venir en aide. Afin de la tenir au chaud, il retire sa couverture qu’il place sur les épaule de la jeune femme. Désemparé, il se couche à ses côtés pour qu’elle profite de sa propre chaleur corporelle. Il est en outre une fois encore consterné par Mushu qui le traite cette fois de « chèvre » !
Bientôt, Mulan découvre que l’armée de Shan-Yu n’a pas été anéantie et que certains Huns sont encore vivants. Khan est alors chargé de galoper le plus vite possible vers la capitale afin que sa maîtresse puisse prévenir Shang. Le cheval ne participe toutefois pas à la bataille finale. Après l’élimination de Shan-Yu et le sauvetage de l’Empereur, Khan rejoint finalement Mulan sur les marches du palais. Courbant l’échine pour honorer celle qui vient de sauver la Chine et qui est également saluée par toutes les personnes présentes autour d’elle, l’étalon, ravi, raccompagne finalement l’héroïne à la maison et disparaît de l’intrigue…
Le cheval de Mulan tient son nom du terme « khan », un titre qui, autrefois, était donné aux dirigeants et aux rois des peuplades nomades mongoles. Signifiant « celui qui commande », le nom, dont la première lettre ne se prononce théoriquement pas, est ainsi associé dans l’Histoire à des personnages aussi marquants que Gengis Khan et son petit-fils Kubilaï Khan, les puissants chefs de l’Empire mongol qui, sous leurs règnes entre la fin du XIIe et celle du XIIIe siècle, fut le plus grand royaume de tous les temps. Connu en Occident grâce aux écrits de Marco Polo, notamment Le Devisement du Monde, Kubilaï Khan fut par ailleurs le maître d’une grande partie de l’Asie et donna en particulier naissance à la dynastie Yuan qui dirigea la Chine jusqu’en 1368. Également porté par les souverains bulgares entre le VIIe et le IXe siècle, le terme « khan » fut par ailleurs employé dans l’Empire ottoman jusqu’à sa partition et sa disparition en 1922.
Lorsqu’il se lance dans la production de Mulan au début des années 1990, les artistes de Disney s’engagent dans un projet d’un nouveau genre auquel ils ne se sont jusqu’ici jamais frottés : porter à l’écran une légende chinoise presque totalement inconnue en Occident. Un voyage en Chine auquel participent le réalisateur Barry Cook, la productrice Pam Coats, l’animateur Mark Henn, le directeur artistique Ric Sluiter et le responsable du layout Bob Walker est alors organisé en juin 1994 afin de permettre à chacun de s’imprégner de cette culture ancestrale. Des centaines de recherches graphiques sont ainsi conçues au fur et à mesure de leurs pérégrinations dans les villes et les campagnes chinoises. Suivant notamment la Route de la soie, l’équipe visite en particulier le Mausolée de l’Empereur Qin. Remontant au IIIe siècle avant Jésus Christ, le site en surtout connu pour renfermer les centaines de statues en terre cuite représentant les soldats de l’armée impériale. Les artistes s’en inspirent pour reproduire le régiment de Shang et les troupes du général Li. Les représentations de chevaux, toujours en terre cuite, sont à cette occasion elles aussi photographiées et couchées sur le papier. Les grottes de Mogao, dans la province de Gansu, dans le centre de la Chine et aux portes du désert de Gobi, sont également une formidable source d’inspiration grâce aux peintures qui recouvrent les parois de certaines salles.
Conquis par ce séjour en Chine, les artistes de Disney font le choix de s’inspirer de l’esthétique chinoise pour concevoir les décors et les personnages de Mulan. Le dessinateur Zhang Shiming, entre autres, conçoit des dizaines de croquis inspiré de l’art asiatique. Le directeur artistique Ric Sluiter et le responsable des décors Hans Bacher font le choix d’un style épuré. Chargé d’harmoniser l’apparence des personnages, Chen-Yi Chang prend le même chemin. Alors qu’il apparaît plutôt massif et plus rond sur les storyboards créés par le scénariste Chris Sanders, ou bien qu'il reprend le style Disney sur les dessins de Mark Henn, Khan se voit bientôt transposé en une figure originale reprenant les canons de la peinture chinoise d’antan. Son corps, massif, est ainsi associé à des pattes très fines et à un museau allongé et lui aussi très fin. L’étalon devient une créature élancée, très élégante, à l’exact opposé des chevaux lourds et imposants de Shan-Yu et des Huns.
Magnifique pur-sang à la robe noire rehaussée de blanc sur les pattes et sur le museau, Khan est pensé comme l’ami protecteur de Mulan. Loyal et fidèle à chaque instant, il est le seul personnage du film à accepter l’héroïne telle qu’elle est et à ne porter sur elle aucun jugement de valeur. La beauté et la valeur de Khan sont proportionnelles à son sens du sacrifice. L’animal aime sa jeune maîtresse et entend la protéger, qu’importe la situation et qu’importe le danger. Ses émotions sont d’ailleurs calquées sur celles de Mulan. Il est profondément triste suite à la confrontation de cette dernière avec la Dame marieuse. Il est terrifié par l’ombre faussement menaçante de Mushu. Il est courageux et tête-brulée sur le champ de bataille…
Khan représente dans le même temps l’un des éléments comiques du film. Fier, pour ne pas dire arrogant, le cheval éprouve en effet un tel mépris pour tous les autres animaux du script, qu’il s’agisse de Petit Frère, de Mushu ou de Cri-Kee, que leurs confrontations sont à chaque fois de belles occasions de faire sourire les spectateurs !
L’animation de Khan est supervisée par Alex Kupershmidt. Entré chez Disney en 1982, il débute sa carrière au sein de Walt Disney Imagineering, la société en charge du développement des Parcs à thème. Il passe finalement dans la section cinéma d’animation et participe à la production de Lapin Looping, Bernard et Bianca au Pays des Kangourous, La Belle et la Bête, Aladdin et Le Roi Lion. Animateur de Gaston, Aladdin et les Hyènes, il anime aussi le Général Li dans Mulan. Il est par la suite le superviseur de Stitch dans Lilo & Stitch puis de Koda dans Frère des Ours. Son nom est inscrit au générique de Chicken Little, Bienvenue Chez les Robinson, Comment Brancher son Home Cinéma, Volt, Star Malgré Lui, La Princesse et la Grenouille, Raiponce, Winnie l’Ourson, Les Mondes de Ralph, Paperman et À Cheval.
Pour mieux cerner la personnalité de Khan et définir son caractère, Kupershmidt décide, avant de se lancer, d’imaginer le passé du personnage. Il imagine alors que le cheval a une dizaine d’années. Mulan l’a achetée elle-même avec ses parents lorsqu’elle n’avait que six ou sept ans. Dès lors, l’animal connaît l’héroïne depuis qu’elle est toute petite. Ils ont grandi ensemble. Une relation de confiance s’est ainsi tissée entre eux. Khan n’a aucune arrière-pensée sur sa maîtresse, qu’il connaît par cœur et qu’il sait un peu en marge de la société et, par de nombreux aspects, bien différente de ses voisins et des autres adolescents de son âge. Tous les deux se comprennent. Pour montrer cette symbiose, le superviseur de Khan s’est alors grandement inspiré des dessins réalisés par ses collègues au travail sur le personnage de Mulan afin de donner au cheval, muet, les mêmes expressions que la jeune femme.
Pour renforcer le côté gracieux d’un personnage particulièrement grand et massif, Alex Kupershmidt fait également très tôt le choix de faire bouger le moins possible le cheval. Forcément plus imposant que n’importe quel autre protagoniste avec lequel il partage ses scènes, Khan, qui plus est avec sa robe noire forcément visible au milieu de décors pastel, risque en effet d’envahir littéralement l’écran. Décision est donc prise de limiter au maximum ses mouvements.
Feuilles de Modèles de Khan
Dans sa tâche, Alex Kupershmidt est épaulé par Sasha Dorogov et Branko Mihanovic.
Originaire de Russie, Sasha Drogorov débute sa carrière dans les années 1980 avant d’intégrer les studios Disney au début des années 1990. Là, il travaille notamment sur Pocahontas, une Légende Indienne, Le Bossu de Notre-Dame, Mulan, Fantasia 2000, Lilo & Stitch et Frère des Ours. Il devient enseignant en animation au sein de sa propre école, le Drogorov’s Animation Institute.
Branko Mihanovic collabore, lui, au développement du jeu vidéo dérivé du (Le) Roi Lion. Il anime avec Dorogov les Amérindiens dans Pocahontas, une Légende Indienne, puis les personnages de Lilo et Kenai. Il sert ensuite comme animateur sur Georges le Petit Curieux, produit par Universal.
Khan apparaît furtivement dans Lilo & Stitch. Comme Mulan, il est en effet représenté de profil sur l’affiche du film punaisée au mur de la chambre de Nani.
L’animal est surtout de retour en 2004 dans Mulan 2 : La Mission de l’Empereur, la suite du grand classique de 1998 produite par DisneyToon Studios pour sur le marché de la vidéo. Son rôle consiste alors à servir de monture à Mulan, en route avec les filles de l’Empereur pour le royaume de Quigong. Détestant toujours autant Mushu, le cheval tente en parallèle d’empêcher ce dernier de briser le couple que forme l’héroïne avec Shang.
Dans le remake en prises de vues réelles réalisé par Niki Caro en 2020, Khan accompagne une fois encore Mulan à la guerre. Son nom, toutefois, est changé en Black Wind aussi bien en version originale qu’en version française.
Côté produits dérivés, Khan apparaît de temps à autre sous la forme de jouets et autres ornements. Il accompagne notamment Mulan sur une superbe statue de la Walt Disney Classics Collection. Dans un autre genre, son image est utilisée sur plusieurs cartes du jeu Disney Lorcana.
Khan est enfin ponctuellement présent dans certains Parcs Disney à travers le monde.
À Shanghai Disneyland, il apparaît notamment dans la parade Mickey’s Storybook Express ainsi que dans la croisière Voyage to the Crystal Grotto.
Royal Banquet, Disneyland Hotel
À Disneyland Paris, les clients du Royal Banquet, le buffet à volonté du Disneyland Hotel, peuvent faire de belles rencontres avec les personnages. Dans la salle du Carrousel, ils peuvent en outre admirer les portraits de certains chevaux de l'écurie Disney, Angus, Maximus et Khan.
Khan fait partie de ces nombreux acolytes qui, depuis des décennies, accompagnent les héros et les héroïnes Disney dans l’accomplissement de leur destin. Bénéficiant d’un design particulièrement soigné et d’un caractère très noble, il contribue à apporter beauté et héroïsme à Mulan grâce à son dévouement sans faille pour sa jeune maîtresse, partie avec lui faire la guerre.