Le Colonel Hathi
Date de création : Le 18 octobre 1967 Nom Original : Colonel Hathi Créateur(s) : Bill Peet (Conception Visuelle) Ken Anderson (Conception Visuelle) Milt Kahl (Conception Visuelle) John Lounsbery (Animation) Eric Cleworth (Animation) John Ewing (Animation) Fred Hellmich (Animation) |
Apparition : Cinéma Télévision Jeux Vidéo BD Parcs Voix Originale(s) : J. Pat O’Malley (Le Livre de la Jungle, 1967) Rob Paulsen (Le Livre de la Jungle – Souvenirs d’Enfance – Saison 1, 1996) Stephen Furst (Le Livre de la Jungle – Souvenirs d’Enfance – Saison 2, 1997) Marty Ingels (The Jungle Book: Mowgli’s Story, 1998) Jim Cummings (Le Livre de la Jungle – Souvenirs d’Enfance, 1997 ; Le Livre de la Jungle 2, 2003) Voix Française(s) : Jean Martinelli (Voix parlée, Le Livre de la Jungle, 1967) Pierre Marret (Voix chantée, Le Livre de la Jungle, 1967) Marine Boiron (Le Livre de la Jungle – Souvenirs d’Enfance – Saison 1, 1996) Tony Marot (Le Livre de la Jungle – Souvenirs d’Enfance – Saison 2, 1997) Michel Barbey (Le Livre de la Jungle, Souvenirs d’Enfance, 1996) Marc De Georgi (Le Livre de la Jungle, Souvenirs d’Enfance, 1996) Vincent Grass (Le Livre de la Jungle 2, 2003) |
Le portrait
Au milieu des années 1960, les artistes de Disney se penchent sur un énième classique de la littérature anglaise, Le Livre de la Jungle. Ultime long-métrage animé supervisé activement par Walt Disney avant sa mort survenue le 15 décembre 1966, celui-ci s’inspire alors du célèbre récit de Rudyard Kipling avec ses personnages emblématiques parmi lesquels le vénérable Hathi.
Bien qu’il n’apparaisse pour l’heure pas directement dans l’histoire, le personnage d’Hathi est introduit par Rudyard Kipling dans le chapitre intitulé La Chasse de Kaa. Mowgli a d’ores et déjà fait la rencontre de l’ours Baloo qui lui inculque la Loi de la Jungle. La panthère Bagheera participe parfois à certaines de ces leçons grâce auxquelles le petit d’homme sera en mesure de survivre dans la nature. Le lecteur découvre en outre qu’au cours de son enseignement, Mowgli a également appris les Maîtres Mots de Hathi, « l’éléphant sauvage qui sait tout ce qui a rapport à ces choses ». Lors d’une sortie à la mare, le vieux pachyderme lui a par ailleurs fait découvrir les Mots des Serpents. Hathi lui a surtout inculqué une leçon importante, à savoir que tous les habitants de la jungle craignent quelque-chose. Grâce à cette morale, Baloo, Mowgli et Bagheera parviennent à chasser les Bandar-Log en les confrontant à leur pire ennemi, Kaa, le serpent de rocher. Par l’entremise de la chauve-souris Mang, l’éléphant est lui-même prévenu du terrible affrontement entre les héros et les Bandar-Log sans pour autant y participer.
Rudyard Kipling
Hathi occupe une place plus importante dans Le Second Livre de la Jungle publié en 1895. En lisant le premier chapitre, Comment vint la crainte, le lecteur apprend que le personnage est incroyablement vieux. Il est en effet mentionné que l’éléphant sauvage « vit cent années et plus ». Alors que l’eau du fleuve ne cesse de descendre au fur et à mesure que la sécheresse s’installe, c’est lui qui aperçoit le premier le Roc de la Paix. Levant sa trompe, il proclame par conséquent la Trêve de l’eau. De par la Loi de la Jungle, aucune bête n’est dès lors autorisée à en chasser une autre.
Gravure de W. H. Drake extraite du recueil The Two Jungle Books, 1895.
Avec ses fils, c’est Hathi lui-même qui se charge de veiller à ce que la règle soit bien appliquée. Ayant autrefois déjà connu des périodes de crise semblables, c’est également lui qui tente de rassurer les autres habitants de la jungle en leur confirmant que l’eau reviendra bientôt. Avec effroi, il apprend toutefois de la bouche même de Shere Khan que celui-ci s’est autorisé à tuer un homme. Le tigre a donc enfreint la loi. Pire, il s’est livré à ce crime non par besoin, mais par pur plaisir… Décrit comme le « Maître de la Jungle », Hathi ordonne à Shere Khan de quitter immédiatement les eaux de la maigre rivière. Il ne le condamne cependant pas, au grand étonnement de Mowgli qui l’interroge sur cette surprenante grâce.
Gravure de W. H. Drake, 1895.
Demandant le silence, Hathi plonge dans sa mémoire et raconte qu’au commencement de la Jungle, tous les êtres marchaient de concert, sans aucune crainte les uns des autres. En ce temps-là, la forêt était dirigée par Tha, le Premier Éléphant qui creusa les fleuves avec ses défenses et façonna la végétation. Mais la recherche de nourriture ne tarda pas à provoquer des divisions. Occupé à créer d’autres jungles, Tha confia les rênes du pouvoir au Premier Tigre. Vénéré par les autres animaux, ce dernier était un animal juste et beau. Mais au cours d’une nuit, il se retrouva au cœur d’une querelle opposant deux chevreuils. Bousculé, le tigre sauta sur l’un d’eux et lui brisa le cou. Le Premier Tigre introduisit ainsi la mort au cœur de la jungle… Affolé par l’odeur du sang, il prit la fuite vers les marais du Nord, abandonnant de fait les autres créatures à des conflits sans fin. Quand Tha découvrit le chevreuil mort, il demanda le nom du responsable, en vain. Le pouvoir fut bientôt confié à un autre gardien, le Singe Gris qui, à son tour, se détourna de sa noble mission en se moquant des autres. La Loi de la Jungle fut une fois encore bafouée. Consterné, Tha promit que chacun connaîtrait rapidement la Crainte et que celle-ci prendrait la forme d’un être sans poil marchant sur ses deux jambes – L’Homme. Tous les animaux se mirent immédiatement à avoir peur les uns des autres. Le Premier Tigre fut lui-même puni. Terrifié par l’Homme, des rayures furent tracées sur son pelage, telles une marque indélébile de son crime passé. Afin de prouver sa valeur et racheter sa faute, il reçut cependant un cadeau inespéré, celui de bénéficier chaque année d'une seule et unique journée durant laquelle la Crainte s'évanouirait. Mais le Tigre dévoya ce présent et en profita pour tuer des humains sans aucune pitié. À la fin de son récit, Hathi précise que les autres jours, en revanche, le félin redevient fébrile face aux Hommes…
Gravure de Stuart Tresilian extraite du recueil All the Mowgli Stories, 1933.
Hathi revient plus tard dans le chapitre intitulé La descente de la jungle. Le temps a passé. Mowgli a grandi et est parvenu à tuer Shere Khan. Un jour, le petit d’homme demande à Bagheera de convoquer l’auguste éléphant ainsi que ses trois fils pour leur demander un service. Autrefois, un pachyderme fut en effet blessé en tombant dans un piège tendu par les Hommes. Pour se venger, l’animal et ses trois petits vinrent une nuit pour détruire les champs de Bhurtpore puis le village tout entier. Le carnage fut reproduit à cinq reprises, chassant définitivement les humains de leurs terres. Cet éléphant qui s’attaqua jadis aux Hommes, c’était Hathi. Lui-même chassé par les Hommes, Mowgli lui demande à présent de « lâcher une nouvelle fois la Jungle » et de ravager le village voisin. Au départ réticent, Hathi accepte finalement et s’exécute. Avec l’aide de Bagheera et de ses fils, il saccage ainsi les récoltes et provoque la fuite de ces Hommes que Mowgli déteste tant…
Le colonel Hathi entre en scène de manière fracassante à la treizième minute du (Le) Livre de la Jungle. Marchant au pas avec ses troupes, il réveille Mowgli qui, avec Bagheera, est en route pour rejoindre le village des Hommes. « Oh, non ! Encore cette patrouille de l’aube… », se lamente la panthère noire. Le petit d’Homme, pour sa part, est particulièrement intrigué. Descendant de son arbre, il s’approche du cortège. « Compagnie ! En mesure ! », hurle Hathi alors que les autres pachydermes se mettent à chanter. Le colonel lui-même pousse la chansonnette sans remarquer Mowgli qui, imitant Junior, vient de rejoindre la procession. « Demi-tour ! Marche ! ». Hathi ordonne au convoi d’inverser le sens de la marche.
« Compagnie ! Halte ! ». Il est l’heure de l’inspection des troupes, « Silence dans le rang ! ». Observant les éléphants alignés en rang d’oignon, Hathi fait usage de sa canne en bambou pour redresser la croupe de sa femme Winifred. Il est ensuite temps d’inspecter les trompes. « Y’a d’la poussière », grommelle-t-il à l’un de ses subordonnés, « Soldat, rappelez-vous qu’au combat, cette trompe peut vous sauver la vie. Alors, entretenez-la, mon ami ». Les défenses peu entretenues d’un autre éléphant provoque elles aussi sa consternation.
« Esprit de corps ! C’est comme cela que je suis devenu officier au Cinquième Régiment de pachydermes du Maharadjah ! ». Comme à son habitude, Hathi se met à palabrer en se remémorant ses heures de gloire. « Voyons… C’était en 88… Ou peut-être… Cette année-là, j’ai été décoré de la Victoria Cross pour acte de bravoure et faits d’armes exceptionnels. Ah ! Ah ! C’était le bon temps ! ». Si Hathi est heureux de se rappeler le passé, ses troupes, en revanche, ruminent en l’entendant raconter la même sempiternelle histoire. « La discipline ! On respectait la discipline ! ». Le beau discours de l’éléphant est interrompu au moment où ce dernier brise sa canne en bambou en s’appuyant trop lourdement dessus.
Le colonel Hathi reprend alors son inspection. « Oh ! Une nouvelle recrue ! », s’amuse-t-il au moment d’apercevoir Mowgli, « Dîtes-moi, qu’est-il arrivé à votre trompe ? ». N’appréciant pas de voir l’éléphant lui donner les petits coups de canne sur le nez, le petit garçon se rebiffe. « Oh ! Un petit d’Homme ! », s’exclame Hathi en soulevant Mowgli avec sa trompe, « Oh ! C’est une trahison ! Du sabotage ! J’n’en veux à aucun prix dans ma jungle ! ». Bagheera arrive fort heureusement pour faire taire l’insolent Mowgli. Satisfait d’apprendre que le petit humain est en route vers son village, Hathi reprend sa marche en ronchonnant. « Oh… L’armée n’est plus ce qu’elle était. Pour qui se prennent-ils ces jeunes freluquets ?! ».
Ordonnant à ses éléphants de le suivre au pas, Hathi est coupé dans son élan par Winifred, sa femme, qui lui demande s’il n’a rien oublié. « Vous dîtes des sottises, ma chère », fanfaronne-t-il, « Un éléphant n’oublie jamais rien ! ». Se rendant enfin compte que Junior, son fils, est resté avec Mowgli, Hathi fait demi-tour. Saisissant son fils par la trompe, il stoppe alors sa marche sans prévenir ses soldats qui lui rentrent violemment dedans, provoquant le pire désordre dans les rangs !
La patrouille et son bruyant colonel sont de retour quelque temps plus tard. Les choses ont dégénéré. Shere Khan est en effet de retour dans la jungle. La chasse du tigre est d’ailleurs interrompue par le tintamarre d’Hathi et de ses éléphants. Surtout, Mowgli s’est enfui dans la jungle. Afin de le retrouver, Bagheera ordonne donc à la troupe de s’arrêter afin de savoir si elle sait où se trouve le petit. « Qui a dit halte ?!!! », s’énerve Hathi, « N’est-ce plus moi qui commande, ici ?!!! ».
« Qu’est-ce que vous croyez ? Donner des ordres à ma place, c’est de la sédition ! », s’agace-t-il en apercevant Bagheera sur une branche. Refusant au départ d’apporter son aide à la panthère, Hathi accepte malgré tout de l’écouter. Bagheera lui révèle ainsi la fuite du petit d’Homme. Ce qu’il ignore, c’est que Shere Khan, couché dans les hautes herbes, entend ses propos. « Eh bien, ce freluquet a exactement ce qu’il mérite ! », commente Hathi qui ne comprend pas la gravité de la situation, « Désolé, Bagheera… Ce sont là les fortunes et infortunes de la guerre ou autre chose de ce genre ».
Se fichant comme d’une guigne du danger qui menace Mowgli, Hathi est déjà prêt à reprendre sa marche lorsque Winifred s’interpose. « Winifred ! Qui vous a autorisé à sortir du rang ? », s’impatiente le pachyderme, immédiatement remis à sa place par sa femme qui lui demande ce qu’il ferait s’il s’agissait de son propre fils. Faisant preuve d’une belle mauvaise foi, le colonel tergiverse. Winifred le menace alors de prendre le commandement du troupeau. « Quoi ?! », s’offusque Hathi, « Une femelle à la tête de mes troupes ?! Ça s’rait l’monde renversé ! ». C’est finalement Junior qui parvient à trouver les mots pour convaincre son papa de participer aux recherches. Il demande pour cela que des volontaires se désignent. « Clairon ! Quand le petit d’Homme sera en vue, vous ferez raisonner votre instrument trois fois », commande-t-il avant de boucher la trompe de son officier qui commence déjà à sonner l’alarme.
Ordonnant à son lieutenant de prendre le flanc droit pendant que lui-même s’occupe du flanc gauche, Hathi et ses hommes se mettent en route. Tous sortent alors de l’intrigue non sans dévaster la jungle en déracinant les bambous et les arbres sur leur passage...
Lorsqu’il débute l’adaptation du (Le) Livre de la Jungle au milieu des années 1960, le scénariste Bill Peet a à sa disposition les dizaines de personnages créés par Rudyard Kipling. Afin que l’histoire rentre dans un format d’environ quatre-vingt minutes, il doit par conséquent faire des choix. Plusieurs protagonistes sont ainsi éliminés, à l’instar du vautour Chil, du porc-épic Sahi, du chacal Tabaqui, de la chauve-souris Mang, du buffle Buldeo, du phoque gris Sea Catch ou bien encore de la mangouste Rikki-Tikki, du serpent brun Karait et du cobra blanc Thuu. Après le départ de Bill Peet qui quitte les studios à cause d’un fort désaccord avec Walt Disney, l’écriture du scénario est bientôt confiée à Larry Clemmons, Ralph Wright, Vance Gerry et Ken Anderson qui, à leur tour, procèdent à des changements. D’autres personnages sont alors à leur tour trappés, en particulier les humains.
Au sein de ce casting réduit à la portion congrue par rapport à l’œuvre originale, figure notamment le vénérable Hathi. Tirant son nom d’un mot hindi signifiant tout simplement « éléphant », le pachyderme est présenté par Rudyard Kipling comme la mémoire de la jungle et surtout le gardien des traditions ancestrales. Aussi respecté que craint, son rôle est toutefois totalement réécrit par les auteurs de Disney. Ces dernier altèrent en effet considérablement le récit original et éliminent en particulier le chapitre du (Le) Second Livre de la Jungle durant lequel Hathi, sur les ordres de Mowgli, détruit plusieurs villages. Il ne conserve pas non plus l’intrigue tournant autour du Roc de la Paix. Hathi perd au passage ses trois fils adultes. Il gagne malgré tout une compagne, Winifred, et un petit garçon, Junior, qui ne sont pas présents dans l’œuvre originale.
Sous la plume des scénaristes, Hathi n'a en outre plus son caractère sacré mais devient un personnage comique à part entière. Se voyant conférer le grade de Colonel, il est désormais montré à la tête d’une patrouille de pachydermes placés sous ses ordres. Estimant que la jungle lui appartient, le vieil éléphant est une caricature de ces officiers de l’armée ayant la fâcheuse tendance à traiter leurs hommes comme du bétail. Particulièrement autoritaire et orgueilleux, celui qui exige qu’on l’appelle « Colonel Hathi » et non pas simplement « Hathi » inspecte ainsi quotidiennement sa patrouille, reprochant aux uns de ne pas se tenir correctement quand les autres adoptent selon lui une silhouette particulièrement négligée. Un arrière-train placé trop bas, des poils trop longs sur la tête ou une trompe mal nettoyée sont pour lui des négligences totalement inacceptables.
Comme Kipling dans ses nouvelles, les scénaristes reprennent l’idée que les éléphants disposent d’une mémoire à toute épreuve. Si dans Le Second Livre de la Jungle, les récits d’Hathi sont teintés d’une extrême dignité, ils deviennent cependant bien plus risibles dans le film de Disney. Le vieil éléphant ne cesse en effet de ressasser le passé au grand dam des membres de la troupe, lassés d’entendre encore et toujours les mêmes histoires. Adepte du « c’était mieux avant », Hathi se souvient en particulier de cette époque où il servait comme officier au sein du Cinquième Régiment de pachydermes du Maharadjah. Brave parmi les braves, il prétend avoir été décoré de la Victoria Cross, la distinction la plus prestigieuse de l’armée britannique créée en 1856 durant la Guerre de Crimée. Très disposé à s’écouter parler, Hathi affiche une nostalgie qui a tôt fait d’agacer sa femme, Winifred, qui ne se gêne d'ailleurs pas pour le moucher et le contredire devant ses hommes.
L’apparence graphique du Colonel Hathi est initialement développée par Bill Peet au moment de concevoir les premiers storyboards. Né à 29 janvier 1915 à Grandview, dans l’Indiana, William Peed (qui change son nom en Peet durant sa carrière) nourrit l’amour du dessin dès le plus jeune âge. Élève de l’Arsenal Technical High School puis du John Herron Art Institute, il décide de tenter sa chance sur la côte Est et postule aux studios Disney. Engagé comme animateur intervalliste sur les cartoons de Donald, il devient bientôt scénariste et travaille à ce poste sur des films comme Pinocchio, Fantasia, Dumbo, Les Trois Caballeros, Mélodie du Sud, Danny, le Petit Mouton Noir, Cendrillon, Alice au Pays des Merveilles ou bien encore Peter Pan. Toujours au cœur d’une armée de scénariste, il s’occupe seul de l’écriture des (Les) 101 Dalmatiens, une première chez Disney. Il enchaîne ensuite avec Merlin l’Enchanteur puis Le Livre de la Jungle. Une violente dispute avec Walt le décide à démissionner le 29 janvier 1964, l’empêchant de fait d’aller au bout de ce projet. Bill Peet poursuit néanmoins sa carrière d’auteur et d’illustrateur de livres pour enfants. Il décède le 11 mai 2002 à l’âge de quatre-vingt-sept ans. Un Disney Legends Award honore sa carrière.
Après le départ de Bill Peet, Ken Anderson reprend le développement de l’intrigue et des personnages. Né le 17 mars 1909 à Seattle, dans l’État de Washington, Kenneth Anderson étudie l’architecture en Europe puis à Washington avant de partir pour Los Angeles afin de trouver un travail dans l’animation. Engagé comme décorateur de plateau par MGM, il rejoint les studios Disney en 1934 et travaille sur plusieurs courts-métrages comme La Déesse du Printemps et Trois Petits Orphelins. Repéré par Walt Disney, il est nommé directeur artistique sur Blanche Neige et les Sept Nains, un poste qu’il occupe ensuite lors de la production de Pinocchio et de Fantasia. Animateur sur Le Dragon Récalcitrant et Mélodie du Sud, il participe ensuite à l’écriture de Mélodie Cocktail, Danny, le Petit Mouton Noir et Cendrillon. Promu directeur artistique de La Belle au Bois Dormant, Les 101 Dalmatiens, Merlin l’Enchanteur et Le Livre de la Jungle, Ken Anderson travaille également aux cotés de Disney à la création de Disneyland et de certaines attractions comme Peter Pan’s Flight et Mr. Toad’s Wild Ride. Après la mort de Walt, il planche sur des films comme Les Aristochats, Robin des Bois, Peter et Elliott le Dragon, Les Aventures de Winnie l’Ourson et Les Aventures de Bernard et Bianca. Associé à l’édification d’Epcot, Anderson prend finalement sa retraite en 1978. Parfois surnommé le « Dixième vieux monsieur », en référence aux Nine Old Men, il meurt le 13 décembre 1993, deux ans après avoir reçu un Disney Legends Award pour l’ensemble de sa carrière.
L’apparence finale d’Hathi est également influencée par le travail de Milt Kahl. Membre du groupe très fermé des Neuf Vieux Messieurs, l’artiste naît le 22 mars 1909 à San Francisco, en Californie. Débutant sa carrière modestement à l’âge de seize ans lorsqu’il est embauché comme dessinateur pour le journal The Oakland Post Inquirer puis pour le San Francisco Bulletin, il devient bientôt dessinateur d’affiches de cinéma. Il entre ensuite chez Disney en 1934. Se distinguant grâce à son caractère bien trempé de ses collègues qui redoutent ses colères mémorables, Kahl travaille comme intervalliste sur plusieurs cartoons de Mickey. Son talent lui permet rapidement de devenir animateur puis superviseur de l’animation. Très doué pour l’animation des humains, il collabore alors à presque tous les longs-métrages animés de Disney et donne vie à des personnages aussi fameux que Pinocchio, dont il définit l’apparence finale, Bambi, Brom Bones, Frère Lapin, Johnny Pépin de Pomme, Cendrillon, le prince Philippe et le roi Hubert, Roger Radcliff et Pongo, Merlin l’enchanteur ou bien encore Tigrou. Derrière l’animation remarquable de Shere Khan et de Madame Médusa, son ultime méchante, Milt Kahl est élevé au rang de Disney Legend en 1989, deux ans après sa mort survenue le 19 avril 1987 à l’âge de soixante-dix-huit ans.
L’animation d’Hathi est réalisée par le quatuor formé par John Lounsbery, Eric Cleworth, John Ewing et Fred Hellmich.
Originaire de Cincinnati où il voit le jour le 9 mars 1911, John Lounsbery entame sa carrière chez Disney en 1935. Spécialiste de Pluto qu'il a animé dans de nombreux courts-métrages, il donne vie à des dizaines de personnages remarquables tels que la Reine Grimhilde changée en sorcière, Grand Coquin et Gédéon, Chicken Little, Willie le géant, la rose chef d'orchestre et le chat de Cheshire dans Alice au Pays des Merveilles, Monsieur Darling, le duo Tony et Joe dans La Belle et le Clochard, les rois de La Belle au Bois Dormant, le colonel Hathi, Tigrou ainsi qu'à trois loups notables, celui de Pierre et le Loup, celui de Merlin l’Enchanteur et le Shérif de Nottingham dans Robin des Bois. Nommé coréalisateur des (Les) Aventures de Winnie l'Ourson et des (Les) Aventures de Bernard et Bianca, John Lounsbery décède le 13 février 1976 avant que les deux longs-métrages ne soient achevés. Un Disney Legends Award couronne sa carrière.
Né à Minneapolis le 3 janvier 1920, Eric Cleworth entre chez Disney en 1939. Au cours de sa carrière, il participe notamment aux productions de Peter Pan, La Belle et le Clochard, Goliath 2 et Le Livre de la Jungle. Créateur, entre autres, de Peter Pan, Jock, Sire Kay et Sire Hector, le roi Louie et Baloo ou bien encore Maléfique changée en dragon, il participe à l'écriture des (Les) Aristochats et des (Les) Aventures de Winnie l'Ourson. Il quitte les studios à la fin des années 1970. Il disparaît le 10 décembre 1999 à l'âge de soixante-dix-neuf ans.
John Ewing est né en 1928 à Wichita Falls, au Texas. Après avoir servi dans l’armée américaine, il rejoint les bancs de l’Institut Chouinard. Faisant ses gammes en tant qu’animateur, il est engagé par les studios Disney et travaille dans les années 1950 et 1960 sur différents projets comme Les 101 Dalmatiens, Merlin l’Enchanteur, Winnie l’Ourson et l’Arbre à Miel et Le Livre de la Jungle. En 1967, Ewing quitte finalement les États-Unis et s’installe en Nouvelle-Zélande où il participe à la création de différentes publicités animées. Il poursuit en outre son partenariat avec Disney en planchant sur différents courts-métrages éducatifs produits par la firme de Burbank. Toujours en sous-traitance, il est associé à la création de certains épisodes des séries télévisées Myster Mask et La Bande à Dingo. Sa filmographie compte aussi des titres comme Les Tiny Toons, Spider-Man, Taz-Mania et Les Animaniacs.
Né le 26 octobre 1926 à Camden, dans le New Jersey, Fred Hellmich est engagé par les studios Disney en 1947. En tant qu'assistant puis animateur, il travaille sur les parties animées du Mickey Mouse Club et sur les courts-métrages Pas de Cow-Boy Sans Cheval et Les Contes de Ma Mère l'Oye. Il collabore aussi aux productions de La Belle au Bois Dormant, Eyes in Outer Space, Merlin l'Enchanteur, Mary Poppins, Le Livre de la Jungle, Les Aristochats, L'Apprentie Sorcière, Robin des Bois puis Les Aventures de Winnie l'Ourson, Les Aventures de Bernard et Bianca et enfin Rox et Rouky. Employé par Hanna-Barbera pour qui il œuvre sur les séries télévisées Les Schtroumpfs, Scooby-Doo et Les Pierrafeu, ainsi que par Ralph Bakshi qui l'associe à la production des (Les) Neuf Vies de Félix le Chat et de Coonskin, Fred Hellmich décède le 16 mai 1983 durant un séjour à Séoul, en Corée du Sud.
En version originale, le Colonel Hathi est interprété par J. Pat O’Malley. Né le 15 mars 1904 à Burnley, dans le Lancashire, l’acteur aux origines irlandaises commence sa carrière au début des années 1920 en apparaissant sur scène en tant que chanteur dans l’orchestre de Jack Hylton. Après avoir enregistré des centaines de chansons populaires parmi lesquelles le tube Amy, Wonderful Amy, il se lance en solo dès 1935, année durant laquelle il se rend aux États-Unis. Il débute alors au cinéma dans Capitaine Casse-Cou puis joue dans des films comme Fidèle Lassie, Témoin à Charge, Les Feux de l’Été, The Cabinet of Caligari, Hello, Dolly! ou bien encore Cheaper to Keep Her. À l’affiche d’Après Lui, le Déluge et des séries The Adventures of Spin and Marty et Le Renard des Marais produits par les studios Disney, il prête en outre sa voix à des dizaines de personnages comme Cyril Trottegalop, Tweedle Dee et Tweedle Dum, le Morse et le Charpentier, Colonel et Jasper, le Colonel Hathi et Corniaud. J. Pat O’Malley décède le 27 février 1985 à l’âge de quatre-vingts ans.
En France, le rôle est offert à Jean Martinelli. De son vrai nom Jean Martinet, le comédien est né le 15 août 1909 dans le dix-huitième arrondissement de Paris. Pensionnaire puis sociétaire de la Comédie-Française de 1930 à 1950, il se produit au théâtre dans de nombreux classiques tels que La Tragédie de Coriolan, La Rabouilleuse, Les Affaires sont les Affaires, Asmodée, Cyrano de Bergerac, Lucrèce Borgia, Hamlet, Le Bourgeois Gentilhomme, Le Mariage de Figaro… Jean Martinelli mène en parallèle une prolifique carrière sur les écrans. Au cinéma, le public le voit ainsi dans Les Deux Orphelines, Les Trois Mousquetaires, Le Rouge et le Noir, La Main au Collet, Le Comte de Monte-Cristo, Le Président ou Gloria. À la télévision, il joue en outre dans Le Chevalier Tempête, Au Théâtre ce Soir, Un Juge, un Flic ou bien encore Staline est Mort et Le Crime de Pierre Lacaze. Martinelli est enfin très actif dans le doublage. Voix française de Gary Cooper, Burt Lancaster, William Holden et John Wayne, il incarne Shere Khan et le Colonel Hathi, ainsi que le Roi Richard dans Robin des Bois. Le comédien disparaît le 13 mars 1983 dans sa soixante-treizième année.
Les quelques paroles chantées par le Colonel Hathi dans la chanson La Patrouille des Éléphants sont quant à elles interprétées en français par Pierre Marret qui prête également sa voix à Timide dans Blanche Neige et les Sept Nains et à Bourriquet dans Les Aventures de Winnie l’Ourson.
À la télévision, Hathi est l’un des personnages principaux de la série animée Le Livre de la Jungle – Souvenirs d’Enfance. L’idée est alors de raconter la jeunesse des personnages principaux du film original. Hathi apparaît alors comme l’un des meilleurs amis de Baloo, Bagheera, Kaa, Louie et Shere Khan qui grandissent ensemble dans la jungle. Bien qu’encore enfant, l’éléphant est déjà particulièrement pointilleux sur l’ordre. Et lorsque les choses ne se déroulent pas comme il l’avait prévu, il a la fâcheuse tendance à bégayer. Il bafouille également et prononce un mot au lieu d’un autre. Dans le deuxième épisode de la première saison, Quand Hathi rencontre Winifred, il croise pour la première fois sa future compagne. Dans la seconde saison, tous les deux passent de plus en plus de temps ensemble au fur et à mesure qu’ils grandissent.
Le Livre de la Jungle – Souvenirs d’Enfance (1996-1997)
Dans Le Livre de la Jungle – Souvenirs d’Enfance, Hathi est interprété par une armée de comédiens. Dans la saison 1, il est ainsi incarné par Rob Paulsen (Marine Boiron en VF). Dans la saison 2, Stephan Furst prend la suite (Tony Marot en VF). Il apparaît en tant qu’adulte dans les compilations Le Livre de la Jungle - Souvenirs d'Enfance : Les Petits Sauvages et Le Livre de la Jungle - Souvenirs d'Enfance : Une Mémoire d'Éléphant. Jim Cummings reprend alors le rôle en version originale. En version française, Michel Barbey l’incarne dans la première compilation. Il est remplacé par Marc de Georgi dans la seconde.
The Jungle Book: Mowgli’s Story (1998)
En 1998, Walt Disney Pictures propose cette fois directement sur le marché de la vidéo le long-métrage The Jungle Book: Mowgli’s Story. Marty Ingels double l’éléphant dans cette nouvelle adaptation de l’œuvre de Rudyard Kipling. L’éléphant apparaît au moment où le niveau de la rivière est si bas que la Trêve de l’eau est instaurée. Plus tard, le pachyderme fait visiter la jungle à Mowgli et lui enseigne au passage le danger que représente le feu. C’est par ailleurs lui qui conduit le « petit d’Homme » auprès de sa mère adoptive, Raksha, tuée par Shere Khan. Hathi assiste alors le garçon dans son combat contre le terrible tigre.
Le Livre de la Jungle 2 (2003)
Au cinéma, le Colonel Hathi est de retour dans Le Livre de la Jungle 2, la suite du classique de 1967 produite par DisneyToon Studios. Ne disposant que d'un petit rôle, l’éléphant est appelé en renfort par Bagheera qui cherche à empêcher Baloo de se rendre au village des Hommes pour revoir Mowgli. L’ours échappe cependant à la patrouille en plongeant dans la rivière. Hathi est lui-même humilié lorsque le tronc enjambant le cours d’eau cède sous son poids. Plus tard, les éléphants déferlent dans la jungle en manquant d’écraser Bagheera. Tous s’entassent alors dans une grotte pour échapper aux Hommes qui viennent de pénétrer dans la jungle. Dans Le Livre de la Jungle 2, le Colonel Hathi est interprété en version originale par Jim Cummings (Winnie l’ourson, Razoul, Ed, Pat Hibulaire, Jacques 1er, Ray) . En version française, Vincent Grass prend le relai (Flotsam et Jetsam, Jumba, Jeb).
Le Livre de la Jungle (2016)
En 2006, Jon Favreau livre sa propre version du (Le) Livre de la Jungle. Réalisée en imagerie 3D, le long-métrage sublime l’œuvre de Rudyard Kipling en reprenant la trame du classique animé produit par Disney en 1967 tout en y adossant quelques passages du livre original. Si Mowgli, Baloo, Bagheera ou Shere Khan occupent une place centrale dans le récit, le Colonel Hathi s’efface pour sa part. Tous les instants comiques impliquant les pachydermes sont en effet gommés. Les animaux retrouvent alors toute la superbe et la sagesse décrite par Kipling dans ses textes. Accompagnée de la majestueuse partition du compositeur John Debney, les éléphants se voient offrir leur moment de gloire à la fin du film, au moment de détourner l’eau de la rivière afin d’éteindre le feu qui embrase la jungle.
Le Colonel Hathi réalise par ailleurs quelques petits caméos çà et là. Il est ainsi présent dans la générique de la série Disney’s Tous en Boîte. En 2016, il fait partie des centaines de personnages réunis au sein du court-métrage Il Était une Fois un Studio produit pour célébrer en grandes pompes le centenaire des studios Disney.
Comme l’ensemble des personnages, le Colonel Hathi apparaît dans les différentes adaptations du (Le) Livre de la Jungle en bande dessinée.
Côté consoles, l’éléphant est présent dans le jeu vidéo Le Livre de la Jungle conçu par SEGA. Il est alors un ennemi du niveau 3 cherchant à empêcher le joueur d’évoluer en l’aspergeant d’eau avec sa trompe. Dans le jeu Jungle Book Groove Party, il apparaît comme dans le film original à la tête de son régiment. Réveillant Mowgli, il lui enseigne les pas de danse permettant d’intégrer la troupe.
Au Disneyland Park d’Anaheim, le Colonel Hathi faisait jadis partie des personnages aux côtés desquels les visiteurs pouvaient prendre la pose. Également visible dans quelques parades, ses sorties se sont néanmoins taries avec les années.
En Floride, l’éléphant participait au spectacle Journey into the Jungle Book joué entre avril 1998 et avril 1999 sur la scène du Theater in the Wild du parc Disney’s Animal Kingdom. Toujours à Walt Disney World, Hathi possède une carte à son effigie dans l’attraction interactive Sorcerers of the Magic Kingdom.
À Disneyland Paris, le personnage offre son nom et son profil au restaurant Colonel Hathi’s Pizza Outpost ouvert à Adventureland en 1994. L’éléphant est enfin visible dans l’arbre qui orne le char Dreams of Adventure de La Parade des Rêves Disney.
Personnage pompeux et pointilleux à mille lieues de l’œuvre originale de Rudyard Kipling, le Colonel Hathi est l’un des seconds rôles les plus savoureux du (Le) Livre de la Jungle qui offre aux spectateurs deux très beaux passages de comédie burlesque.